Everynight Whisper "peace" to Your Husband

Cette première semaine chez les aurors avait été fantastique pour Rowena. Chaque seconde avait été aussi exaltante que stimulante. Elle s'était bien intégrée à l'équipe à laquelle on l'avait affectée et, même si Ansgard lui avait fait la misère, elle avait joué le jeu de la plus forte tête et ne s'était pas laisser reléguer aux archives.

Elle avait déjà fait quelques retours à Lleroy, son patron et là, elle n'attendait plus que le visa de Mustang sur le montage de l'émission de dimanche. Cooper l'avait déjà approuvé. Sauf objection du chef d'équipe, tout serait diffusé dimanche lors du prime qui avait rendu Rowena si célèbre. On était vendredi soir, la plupart des gens sortaient pour bien commencer le weekend. C'était exactement ce qu'allait faire notre pétillante journaliste à ceci près qu'elle ne sortait pas avec Hoyt mais avec sa caméra bulle.
Hoyt n'avait pas été une oreille très attentive à l'enthousiasme débordant de Rowena. Lorsqu'elle était rentrée le lundi soir, complètement euphorique, elle n'avait même pas pris le temps de se changer. Il l'avait laissée raconter sa journée dans les moindres détails et arpenter vingt cinq mille fois les quinze mètres carrés de son bureau pour dépenser son excès de zèle tandis qu'il revoyait un placement juteux. Au final une fois que le moment d'extase non partagé été retombé, Rowena avait refermé la porte du bureau de Hoyt qui lui demandait si ça avait été sa journée chez les aurors.

Donc, lorsque la fin de la semaine était arrivée et comme il aurait été bizarre qu'elle vienne au bureau des aurors même le weekend Rowena s'était lancée dans un nouveau reportage. Quelque chose de moins chronophage qu'elle laisserait à la direction pour diffusion quand elle prendrait des vacances... un jour... Hoyt lui avait parlé des îles Moustique pour leurs d'étain. Pour août donc.

Rowena poussa la porte du Veritaserum, le bar branché du moment, ouvert par un de ses collègues journalistes d'ailleurs. La musique était plus qu'à fond. Les serveuses portaient des shorty en vinyle qui mettaient en valeur tout ce qu'il fallait. Le bar était blindé d'étudiantes en chaleur et de petits caïds qui se le disputaient aux gamins de la haute et aux mecs un peu plus de son âge à elle qui draguaient les petites minettes pour se faire mousser. Très divertissant. Pour l'occasion, Rowena avait lâché ses tailleurs ultra chic pour se fondre dans la masse. Un chemisier couleur chair tout fin qui était aussi sage qu'évocateur. La hauteur de ses talons aurait donné des vertiges à n'importe qui. Un jean slim qui lui faisait ce cul d'enfer que le magazine PlayWitch ne cessait de lui demander de livrer à ses photographes. Évidemment, si Play Witch avait pu mettre Rowena Whisper en couverture... mais pour le moment la piquante blonde avait refusé toutes leurs avances. Accessoirisez le tout et vous aviez une super reporter sur le terrain, à fond dans son rôle. Ne lui restait plus qu'à trouver un observatoire idéal et ...

Elle releva ses lunettes sur ses cheveux qu'elle portait mis longs pour changer de sa coupe courte de la semaine. Son regard s'arrêta sur un type au bar ou plutôt sur ses larges épaules. Il était en train de discuter avec une gamine qui ne savait plus comment mettre en avant son 95C rembourré alors que n'importe quel oeil avisé lui aurait plutôt conseiller de miser sur ses longues jambes. Voilà. Ce type était parfait. L'aimant à minettes, la trentaine, visiblement le mec bien dans son jean mais pas près de se stabiliser. En gros le genre de type qui devait passer tous ses vendredi soirs là, dans la masse des gamins qui ne tenaient pas l'alcool et qui ne cherchait que le sexe et la biture.

La gamine glissa son adresse dans le jean du type. Rowena haussa un sourcil, amusée et alla s'asseoir au bar, juste à côté du type. C'est là qu'elle reconnut ce fameux carré d'épaules qu'elle avait déjà suivi toute la semaine... Tout d'un coup, il ne pouvait plus être le badass sexy qui plait à toutes les femmes :

« Décidément. », elle se retourna vers Ansgard, un large sourire sur les lèvres. La coïncidence était vraiment drôle de son point de vue, « Un demi Vélane fraise-mandragore... », le cocktail le plus léger de la carte, pétillant avec à peine une touche d'alcool histoire de dire... « c'est lui qui m'invite. », fit-elle avec un clin d'oeil pour Ansgard.

C'était uniquement pour le faire un petit peu chier sinon ça n'était pas drôle. Et puis, elle ne s'était toujours pas venger de la petite demi heure qu'elle avait passé enfermée dans le placard des fournitures de bureau...

Ansgard n'avait rien à voir avec le reste de sa fratrie, ou même de sa famille. D'ailleurs, c'était peut-être le premier énergumène à penser ou à vivre de cette façon, tant est si bien, qu'il entrait souvent en conflit avec ses proches. Pour des raisons diverses et variés, mais il n'y avait pas eut un jour dans cette putain de vie, où Ansgard avait suscité de l'admiration de la part de sa famille, de ses proches. Ou alors, on ne lui avait jamais rien dit. Ce n'était pas faute d'essayer d'attirer leur attention ou quoique ce soit d'autre, mais ils étaient tout bonnement hermétique à ce qu'il pouvait bien vouloir faire, montrer, exprimer de ce qu'il ressentait réellement. Ansgard avait toujours entendu des Sven par-ci, Elke par-là, mais jamais, on ne l'avait félicité, ou dans une moindre mesure, posé des questions sur ses agissements, et ce besoin qu'il avait de vouloir à tout prix vivre sa vie à deux cent pour cent, au risque de la mettre en danger par moment. Le pire étant dans son métier, où Ansgard était parfois d'une témérité à ne rien déplaire à la maison Gryffondor. Sans son intuition poussé, Ansgard serait depuis longtemps mort, cela ne faisait aucun doute pour sa mère.

Pourtant, il avait toujours été choyé, vivant du même régime que l'on avait imposé à son frère et à sa soeur. Mais voilà : Entre l'un qui était diablement intelligent au point de s'ennuyer toujours de tout, et l'autre qui était rêveuse au point de se faire avoir par tout et n'importe quoi si l'on ne veillait pas sur elle, Ansgard s'était très vite senti de côté. Alors, pour se sentir vivre, il avait sombré dans la décadence la plus totale, les sports extrêmes, jusqu'à expérimenter des expériences morts imminentes, sans vraiment vouloir mourir. C'était comme si tout les trucs dangereux étaient une passion chez cet homme qui, pourtant, s'il s'en donnait, pouvait tout réussir sur un plan social, comme professionnel. Il ne serait pas donc pas considéré par son frère comme de la chair à canon de bas étage, que l'on envoyait au casse-pipe faut de téméraire lobotomisé par on ne sait quel sortilège. Ansgard en voulait tellement à son frère, parfois... Un jour, peut-être qu'il se rendrait compte de ce mal être qui le poussait à faire tout ça. Si son nom voulait dire : Lance de Dieu, sa colère serait divine. Cela ne faisait aucun doute.

Néanmoins, on était encore loin de tout cela. Ansgard Mustang était du genre à sortir tous les soirs, à ne dormir que trois heures par nuit, afin de profiter de sa vie comme il le pouvait. Passage à la douche à la sortie du taf', rejoindre ses amis aux divers points de rendez-vous, et allons-y pour passer une soirée de folie. Il faisait partie d'une bande de potes totalement déjantés capable du pire en l'espace de quelques secondes. Ils étaient d'ailleurs connus dans certains bars, ce qui leur valaient l'interdiction d'y revenir : Autant vous dire que pour un Chef d'équipe chez les Aurors, ça le faisait moyen. Malgré ça, il continuait toujours, passant plus de temps à rire, à boire, à séduire et à faire la fête qu'à se prendre le chou avec tous ses sentiments qu'il refoulait toujours un peu plus loin, se fichant éperdument des remontrances de ses supérieurs. Il avait beau être un casse-coup, c'était tout de même un excellent agent. Au bureau, on rigolait souvent en le comparant à Milan Hatcher : Deux exacts opposés. Pour vous dire, Ansgard était bien content d'être cet opposé là !

Ansgard se rendait au Véritaserum ce soir. Il n'avait pas de rendez-vous de prévu, mais son intuition lui disait que c'était là-bas où il devait aller ce soir. Il lui fallait donc se préparer comme il se devait pour un Vendredi soir : Be aware, girls, la salle de bain de Ansgard pourrait vous rendre complètement jalouse. Et pour cause, si le reste de son appartement est à la limite de l'insalubre (on exagère toujours un peu les traits, m'enfin...), sa salle de bain était toujours parfaite. Il n'y avait pas un poil, ni même un cheveu qui traînait. Ses vêtements sales étaient toujours dans sa bassine à linges sales, et sa baignoire toujours extrêmement bien rincés, rangés, propre, etc, etc. Son lavabo était l'endroit de tous les désirs féminins. Il y avait tant de produits de beauté (pour homme, bien entendu) pour entretenir sa peau, cacher sa fatigue, de cire pour ses cheveux et son style négligé qu'il n'y avait pas une femme en ce bas monde qui n'aurait pas été jalouse en voyant un tel rangement, mais surtout un tel désir de plaire chez un homme. Autant vous dire que même si physiquement, Ansgard ne cassait pas des briques, il avait ce petit quelque chose qui faisait qu'il était loin du beauf et de sa grosse bedaine à regarder son match de Quidditch.

Ainsi, lorsqu'il entra dans le Véritaserum, bien habillé, avec une petite touche très rock'n'roll, avec ses différents accessoires à l'effigie de têtes de morts, ou encore son chapelet autours du cou que l'on percevait à travers son tee-shirt noir, des têtes féminines se tournèrent vers lui pour le regarder passer, laissant derrière lui l'odeur d'une fragrance boisée. Ansgard se dirigea vers le bar, s'asseyant sur un grand tabouret, commandant un Red Warlock Castle (un Whisky pur Feu qu'on lui servit avec deux glaçons sur un lit de sirop à la cerise accompagné d'un peu de jus de pomme) qu'on lui servit dans la minute. Il tourna la tête à gauche et à droite, comme pour voir s'il reconnaissait du monde, lorsqu'il entendit :
« Décidément. » Ansgard et sa tête de six pieds de long, bonjour.
« Un demi Vélane fraise-mandragore... » Il sourit. Rowena et ses goûts de petites étudiantes lors de leurs premières soirées, comme si elles souhaitaient se donner du courage pour sauter le pas (sauter tout court, en faites). Ansgard se retourna vers elle, un sourire hypocrite sur son visage, tandis qu'elle rajoutait :
« c'est lui qui m'invite. » Il tourna la tête vers le barman, rajoutant : « Sur le compte de Hoyt Whisper, s'il te plaît. »

Il s'approcha d'elle, posant son verre à côté du sien, tandis qu'il montait sur le tabouret à côté d'elle. Autant faire la causette avec Miss Casse-couille de première ordre. « Alors, Miss Bellerose, que faites-vous dans un pareil endroit ? » Oui, oui, il se souvenait bel et bien de son nom de jeune fille. Ce qui pouvait signifier deux choses : Soit, il lui faisait un rappel sous-entendu de leur super passé à Poudlard, Soit, il lui faisait intimement remarqué qu'elle était dangereuse de sortir un Vendredi Soir, là où tous ses désirs les plus fous pouvaient prendre forme au risque de la mener à l'adultère. Ansgard savait très bien qu'elle faisait attention à son image, elle devait sûrement venir ici pour son travail et un reportage toujours plus débile que celui qu'elle réalisait actuellement à ses côtés au bureau des Aurors.

La tête de six pieds de long d'Ansgard Mustang était impayable. Rowena le gratifia d'un nouveau sourire, toute fière d'avoir produit son petit effet. Il ne tarda pas à s'en remettre cependant. Il commençait à avoir l'habitude même si, pour une fois, la présence de Rowena était purement fortuite.

Elle le regarda prendre le tabouret à côté d'elle, avec un petit sourire. C'était quand mieux quand il ne cherchait pas systématiquement à se débarrasser d'elle et d'un autre côté, c'était aussi plus agréable de ne pas rester seule toute la soirée même si elle était là pour le travail.

« Alors, Miss Bellerose, que faites-vous dans un pareil endroit ? »

Miss Bellerose. Plus personne ne l'appelait comme ça depuis qu'elle avait quitté Poudlard et épousé Hoyt. Elle avait fait du chemin depuis. Rowena Bellerose n'existait plus que pour ses grands parents dans leur petite maison de campagne. Là, elle était la célébrissime Rowena Whisper et personne ne se posait la question de savoir si c'était vraiment son nom ou si c'était celui de son mari.

« Miss Bellerose ? Tu ne nous rajeunis pas là Ansgard. », fit-elle un brin amusée. Elle n'allait pas lui dire qu'elle était mariée, il le savait parfaitement bien puisqu'il venait d'ouvrir un compte au Véritaserum au nom d'Hoyt. S'il avait su le pauvre... « Je fais un reportage sur les nouveaux divertissements de la jeunesse londonienne. Particulièrement ceux qui ne vont pas plaire à papa et maman. », répondit-elle.

Juste comme elle disait cela, un jeune homme vint les aborder pour demander un autographe. Rowena sortit une plume et parapha le paquet de clopes du gamin qui était déjà complètement sous le charme. Quand il repartit, Rowena confessa :

« Tu vois rien pour ça, ton prochain verre est pour moi. Tu fais un excellent repousse-ado-en-rut... » Elle porta son cocktail à ses lèvres puis fronça les sourcils comme une petit ampoule venait de s'allumer dans son crâne, « D'ailleurs, tu attendais quelqu'un ? »

Loin d'elle l'idée de se mettre au milieu. Après tout elle était là pour travailler elle.

« Miss Bellerose ? Tu ne nous rajeunis pas là Ansgard. » Ansgard eut un sourire. Elle n'avait pas tord. Cela faisait un truc du genre onze ans qu'elle était mariée avec Hoyt, portant ainsi son nom de Whisper depuis. Ansgard et Rowena s'étaient complètement perdue de vue depuis Poudlard. Il avait apprit la nouvelle du mariage grâce à la presse, qu'il lisait encore à l'époque, pensant que se tenir informer de l'actualité quand on était Auror était quelque chose d'important. C'était avant que le moule Auror ne fonde sur lui et en fasse un tout autre homme. La presse était les pires menteurs du monde, ne disant que ce qu'ils voulaient bien dire, ou était bridé lorsque cela dérangerait le Ministère comme ça l'était actuellement avec tous les merdiers qu'engrangeaient la chasse des anciens Mangemorts de Voldemort. Ansgard était plutôt mitigé sur la question. Mais c'était un tout autre débat, et vous comprendrez donc pourquoi depuis, il avait un avis plutôt négatif sur la presse. « Freedom of expression... My ass. » « C'est vrai que t'étais plutôt jolie avec quelques années de moins. »

Ansgard s'en fichait bien d'être vache avec elle. Elle le méritait bien à Poudlard, il n'y avait donc pas de raisons pour que cela ne change, à moins qu'elle ne le lui prouve. Ansgard faisait partie de ces hommes qui ne peuvent évoluer dans une relation tant qu'il ne se passe rien d'importants entre eux. Pour le moment, ils n'avaient rencontré aucun problème durant leur co existence qui pourrait changer leur relation en les rapprochant ou en les repoussant l'un de l'autre, il n'y avait donc pas de raisons pour qu'il change. « Je fais un reportage sur les nouveaux divertissements de la jeunesse londonienne. Particulièrement ceux qui ne vont pas plaire à papa et maman. » Super passionnant. « Intéressant. » Loin d'être enthousiaste, il disait juste ça pour clore la discussion. Il s'en branlait de son travail. Il n'aimait déjà pas parler de son job en dehors de ses heures de 'taf, il n'allait donc pas l'écouter parler d'un truc qui l'intéressait encore moins que son propre travail. Il leva son verre à son encontre, sirotant son verre qu'il ferait également passé sur le compte de Hoyt, tandis qu'un jeune homme à peine sortit de l'adolescence s'approchait d'elle pour un autographe.

« Tu vois rien pour ça, ton prochain verre est pour moi. Tu fais un excellent repousse-ado-en-rut... » Ansgard s'étouffa. « Il est gay, ça se voit non ? T'es pas sortit pendant combien d'années pour ne pas le remarquer ? S'il était enthousiaste, c'est uniquement parce que t'es une star de la BBMC. » Il avala un nouveau une gorgée d'alcool, rajoutant : « Ca doit être rageant d'être dans l'âge ingrat... La trentaine chez une femme, pour un homme, c'est : Pas assez d'expérience, et le temps qui commence déjà à s'annoncer... » Il avala une autre gorgée, reposant enfin son verre. Elle n'avait pas la plastique d'une femme de vingt ans, ni l’expérience d'une femme de quarante. Sans compter le malus du mariage depuis onze ans, soit depuis ses vingt ans, elle devait pas être très passionnante. Ansgard n'en dit pas plus, préférant la laisser siroter son verre. « D'ailleurs, tu attendais quelqu'un ? » « Non, pas ce soir, je suis juste là pour passer un peu de temps avant de rentrer. » Il jeta un coup d’œil aux alentours, tandis que la musique changeait de rythme.

« C'est vrai que t'étais plutôt jolie avec quelques années de moins. »

Rowena manqua s'étouffer dans son cocktail. Petit con va!

« Toi par contre tu n'as pas bougé... », répondit-elle un brin sarcastique. Toujours aussi con, pensa-t-elle. Elle se retint de sortir son poudrier pour vérifier que le temps n'avait pas fait tant de dégâts que ça. Mais elle trouverait bien une excuse pour aller faire un petit check-up aux toilettes l'air de rien.

Par chance, il lui fallait plus que ça pour ébranler sa confiance. A tout juste trente ans, elle était populaire voire adulée par le grand public. Les plus prestigieux magasines n'arrêtaient pas de la courtiser, d'ailleurs, elle devrait peut-être reconsidérer la proposition de PlayWitch pour clouer le bec de Mustang... Enfin bref, il ne valait pas la peine qu'elle se donne tant de mal.

Il demanda ce qu'elle faisait là pour meubler un peu la conversation et après un échange de réponses minimalistes, Rowena vit approcher un de ses fans...

« Il est gay, ça se voit non ? T'es pas sortit pendant combien d'années pour ne pas le remarquer ? »
« Il n'est ab-so-lu-ment pas gay! », répondit-elle, bouche bée.

Pour le coup elle était sûre d'elle à 250%, elle avait justement beaucoup trop d'amis gays pour ne pas avoir chopé leur radar.

« S'il était enthousiaste, c'est uniquement parce que t'es une star de la BBMC. » , rajouta notre indélicat compagnon de soirée...
« Je crois pas non. Je ne nie pas que la célébrité joue, mais figure toi que j'ai toujours eu du succès avec les hommes. Tout le monde ne peut pas en pincer pour les petites minettes à peine majeures. Il y a aussi des mecs qui se sentent les couilles de lever de vraies femmes. », répondit-elle avec son petit air de rien fétiche. Dans sa tête une miniature d'elle même était en train d'étrangler Mustang en secouant ses petites mains à lui en briser la nuque...
« Ca doit être rageant d'être dans l'âge ingrat... La trentaine chez une femme, pour un homme, c'est : Pas assez d'expérience, et le temps qui commence déjà à s'annoncer... »
« Seulement pour les hommes comme toi qui ont la trouille de trop aimer ce qu'ils regardent. On ne sait jamais... tu pourrais t'attacher. Ou pire... », répondit-elle, toujours joueuse. Elle termina son verre et conclut, « ... tu pourrais ne pas être à la hauteur. Mais je comprends tout à fait, avec ce genre de filles, il n'y a pas trop de conversation. Neuf fois sur dix, elles sont être tellement saoules quand elles couchent qu'elles n'ont même pas de point de comparaison. Pas de risque. No stress. C'en serait presque astucieux comme mode de vie... »

C'était lui qui avait commencé non?

Quelque chose en elle était en train de franchement se délecter de voir sa petite tête de Gryffondor se manger ça dans les dents. Le pire c'était encore de savoir qu'elle avait probablement raison sur... allez 80% de la ligne. On pouvait appeler ça un strike.

« Je crois pas non. Je ne nie pas que la célébrité joue, mais figure toi que j'ai toujours eu du succès avec les hommes. Tout le monde ne peut pas en pincer pour les petites minettes à peine majeures. Il y a aussi des mecs qui se sentent les couilles de lever de vraies femmes. » Au royaume des aveugles, le borgne est roi, comme on dit, pensa Ansgard, avec un sourire railleur affiché sur son visage. Elle était si sûre d'elle que c'en était à la fois si sexy, et en même temps si énervant. Il enchaîna, là où elle répondit directement, joueuse, ne voulant visiblement pas céder face à sa tête de fer qu'il était. Ansgard commençait déjà à retrouver le plaisir qu'il ressentait à lui tenir tête. Miss Bellerose... Elle en avait quand même bien bavé à Poudlard par sa faute, mais elle avait toujours tenu bon, ne montrant jamais aucun signe de faiblesse. Lui, Gryffondor jusqu'au bout des ongles, Elle, Serpentard jusqu'à la racine de ses cheveux. Des choses qui n'avaient visiblement pas changé.

« Seulement pour les hommes comme toi qui ont la trouille de trop aimer ce qu'ils regardent. On ne sait jamais... tu pourrais t'attacher. Ou pire... » Ansgard éclata de rire, rajoutant : « Comment ? Y-a-t-il encore des gens qui croient à l'amour au XXIème siècle ? » Pour un scoop, ça, c'en était un de scoop. Ansgard faisait partit de ces hommes à penser que l'amour n'était que futilité, que seul les faibles d'esprits y croyaient encore pour se rassurer dans leurs divers échecs sentimentaux. Ansgard disait souvent que sans sentiment, ça se passait toujours mieux, et que le jour où ça commençait à apparaître, il valait mieux mettre les voiles avant que ça parte en sucette. C'était une très bonne technique qui lui avait valu plusieurs fois d'éviter de s'arracher les cheveux face à des filles qui s'annonçaient beaucoup trop collante. Par chance, il existait tout un tas de potions pour les femmes dans leur genre pour remonter la pente de leur désastreux échec sentimental. Ansgard avala une gorgée de son verre, les yeux à demi-fermé tant cette conversation était d'un passionnant.

« ... tu pourrais ne pas être à la hauteur. Mais je comprends tout à fait, avec ce genre de filles, il n'y a pas trop de conversation. Neuf fois sur dix, elles sont être tellement saoules quand elles couchent qu'elles n'ont même pas de point de comparaison. Pas de risque. No stress. C'en serait presque astucieux comme mode de vie... » « C'est donc ça qu'on apprend dans les magazines de femme ? La psychologie de comptoir de bar ? » Il secoua la tête, avant de changer radicalement d'expression faciale. Son regard devient tout d'un coup plus mutin, plus charmeur, tandis que son sourire était séduisant. Même Rowena, du haut de ses talons et de sa fierté de femme frigide au possible, ne pouvait résister à un tel regard de braise. Ansgard lui proposa alors : « Je peux te prouver qu'une partie de jambe en l'air, qu'une relation sans lendemain, c'est quelque chose de vivifiant autant pour le corps, que pour le moral. » Il fit apparaître une plume, un parchemin, sur lequel il écrivit : Bon pour un coup d'un soir. avant de lui glisser dans son sac pour reprendre : « Je serais ravi de te prouver que j'ai raison, et que ça risque de bien te détendre. » Il lui envoya un baiser avec un clin d'oeil, finissant son verre d'un trait.

« Comment ? Y-a-t-il encore des gens qui croient à l'amour au XXIème siècle ? », Ansgard riait à gorge déployée. Rowena attendait juste le bon moment pour répondre
« Dis celui dont les parents ont trente ans de mariage au compteur et toujours le même regard amoureux quand ils sortent... », elle eut un petit éclat de rire moqueur et replongea ses lèvres dans son cocktail.

Ce n'était pas qu'elle s'intéressait outre mesure à la famille Mustang mais leur affaire était très bien côté en bourse notamment parce que la stabilité de ce couple rayonnait sur l'image positive de son PDG : Mademoiselle Mustang. Hoyt n'arrêtait pas d'en parler lui qui ne s'intéressait à rien d'autre qu'à la bourse.

Après tout, Rowena n'était pas censée savoir que le couple avait hérité sa conception de l'amour d'un autre temps... Leurs petites chamailleries se poursuivaient et allaient bon train. Avec ça, Rowena avait complètement délaissé les étudiants et leurs habitudes déplorables et finalement, elle passait plutôt un bon moment même si leurs petites joutes restaient très puériles. Il y avait longtemps que Rowena n'avait plus retrouvé l'adolescente fière et arrogante qu'elle avait été. Une vraie graine de Serpentard.

« Je peux te prouver qu'une partie de jambe en l'air, qu'une relation sans lendemain, c'est quelque chose de vivifiant autant pour le corps, que pour le moral. »
« Oh monsieur se sent quelque chose à prouver ? », répondit-elle sans manquer une seconde qu'il avait radicalement changé d'attitude. Elle tira sur sa paille, regardant le tombeur de ses dames droit dans les yeux avant d'éclater de rire, « Je suis conquise, fais moi l'amour sauvagement là, tout de suite, sur le bar mi amor! », se moqua-t-elle en papillonnant des cils.

Elle n'allait quand même pas le laissait gagner sous prétexte que oui, il était probablement le mec le plus sexy du bureau (voire du bar où ils se trouvaient en ce moment), oui le côté bad boy faussement négligé faisait son petit son petit effet même sur une femme marié, etc.

Elle le regarda sortir une plume et bout de papier minable, toujours curieuse de voir jusqu'où Ansgard Mustang pouvait pousser la connerie.
Elle prit le petit bout de papier et y lu Bon pour un coup d'un soir.

« Je serais ravi de te prouver que j'ai raison, et que ça risque de bien te détendre. »
« Ah ah c'est très drôle Mustang. Je ne savais pas qu'on faisait des tarifs promotionnels chez les gigolos maintenant... »

Elle reprit son verre, froissant le papier en une petite boule insignifiante qui finirait par atterrir dans son sac avec l'addition malgré tout. A son doigt, son alliance parlait pour elle. C'était une bague extrêmement simple, à ce point que s'en était surprenant sur le doigt d'une star telle que Rowena.

« Bref. Je te remercie mais j'ai déjà ce qu'il me faut à la maison de ce côté-là. »

C'était un mensonge plus qu'éhonté mais après tout, Ansgard n'était pas au lit avec Hoyt et Rowena donc comment aurait-il pu le savoir ?

« Oh monsieur se sent quelque chose à prouver ? » Ansgard lui lança un regard amusé, avec une pointe de défi. Même sa bouche la défiait d'essayer. Il secoua la tête, commandant une deuxième tournée pour Rowena et lui, avant de l'entendre dire : « Je suis conquise, fais moi l'amour sauvagement là, tout de suite, sur le bar mi amor! » Ansgard ne se fit pas prier, la prenant aux mots. Il descendit de son tabouret, s'approchant d'elle dans une attitude purement virile, mais pas moins séductrice, le regard plein de chaleur, avant de la retourner violemment sur son tabouret, de sorte à ce qu'elle lui fasse face. Il saisit ses jambes, la maintenant contre le comptoir, avant de pousser son tabouret du pieds. Ansgard la souleva de quelques centimètres, approchant son bassin du sien, entre ses jambes, frottant son entre-jambe contre le sien, lui caressant de son nez son visage, avant de plonger sa mâchoire contre la sienne, effleurant la peau de son cou avec ses lèvres, avant de remonter tout doucement vers son oreille, en lui disant : « Je serais ravi de te prouver que j'ai raison, et que ça risque de bien te détendre. »

« Ah ah c'est très drôle Mustang. Je ne savais pas qu'on faisait des tarifs promotionnels chez les gigolos maintenant... » Ansgard éclata de rire, avant de se reculer, et de la lâcher tout doucement de sortes à ce qu'elle puisse se remettre sur ses jambes. Il s'éloigna d'elle, dans une attitude nonchalante mais pas moins sexy, avant d'attraper son verre qu'on lui avait porté. Ansgard s'assit sur son tabouret, buvant une bonne gorgée de son alcool, reposant son regard sur Rowena, se surprenant entrain de penser : Elle est quand même sacrément bien foutue, la salope. Il avala une autre rasade de son alcool pendant qu'elle lui disait : « Bref. Je te remercie mais j'ai déjà ce qu'il me faut à la maison de ce côté-là. » Ansgard éclata de rire à nouveau, tournant son visage vers elle, alors qu'il s'appuyait sur ses bras contre le comptoir. « T'fou pas de ma gueule, on sait tous les deux que la seule chose qu'il touche, c'est sa queue quand il se lave. J'ai mes p'tites informations sur toi. » Ansgard leva son verre vers elle, rajoutant : « Je n'allais quand même pas te laisser entrer dans mon équipe sans avoir autant de dossiers sur toi que toi, tu as sur moi, bébé. »

Bien sûr qu'elle en avait sur lui, c'était indéniable. Mais il ne rougissait que très peu de ces conneries. Ansgard était fier de ce qu'il était, et il ne comptait pas changer au grand damn de ses parents. Même Sven, au fond, adorait la façon qu'il avait d'être toujours ainsi, au dessus des règles, des lois, de se montrer aussi salaud que bon avec les gens juste parce qu'il savait qu'il était quelqu'un de bien, mais qu'il ne fallait pas prendre pour un con. Ansgard, c'était un peu le bad boy qu'on trouvait à la fois chiant, exécrable, et en même temps, tellement génial. C'était comme ça depuis sa sixième année à Poudlard, et il n'avait vraisemblablement pas changé. Disons qu'il avait juste un peu plus de poils, d'expériences et d'adrénalines qu'auparavant. Rowena avait beau dire ce qu'elle voulait, Ansgard restait persuadé que s'il voulait, elle tomberait sous ses coups de reins, et qu'elle reviendrait lui en redemander. Avec un peu de chance, il lui donnerait même un passe V.I.P pour venir quand elle le voulait chez lui.

Les petits jeux d'Ansgard et Rowena avaient toujours été méchamment mesquins du temps de Poudlard. En grandissant, ça devenait plus bon enfant curieusement. C'est pour cela que lorsque Rowena, moqueuse, l'invita à lui faire démonstration de ses talents, là tout de suite, elle s'était attendue à ce qu'il rit et lève les yeux au ciel ou face genre de lui proposer d'aller faire un tour à l'hôtel. Et au bout d'une réplique ou deux ils se seraient silencieusement mis d'accord pour passer à un autre sujet.

Elle ne s'attendait donc pas à ce qu'il fasse mine de la prendre au mot et d'ailleurs, quand il descendit de son tabouret pour s'approcher d'elle, sortant son meilleur regard de braise, la seule réaction de la blonde fût un rire incrédule. Elle allait justement le renvoyer à la niche d'un mais bien sûr Ansgard quand il lui fit faire volte face. Tout d'un coup, il avait saisi ses cuisses à pleines mains et dans deux secondes, il lui faisait effectivement l'amour sauvagement sur le comptoir. Bon bien sûr, elle savait que c'était du chiqué mais mine de rien le jeu d'acteur d'Ansgard était convainquant. Ajoutez à cela l'effet de surprise et les hormones frustrées d'une femme aussi active que Rowena et : vous n'obtenez plus aucune réaction du tout. Les yeux effarés, elle se retrouvait les mains contre son torse comme un petit oiseau pris sous la patte d'un chat avec même pas la volonté de le repousser. Ses paupières papillonnaient. Elle ne revenait tout simplement de ce qu'il osait. Ce n'est que quand il se permit quelques caresses limite que son corps, réagissant au quart de tour, tira la sonnette d'alarme.

« Je serais ravi de te prouver que j'ai raison, et que ça risque de bien te détendre. »
« Non mais ça va aller Ansgard... », fut tout ce qu'elle put répondre en lui tapotant amicalement l'épaule pour qu'il retourne bien sagement sur son tabouret. Ce qu'il finit par faire pour aller reprendre une gorgée de ce qu'il avait commandé.

Allez savoir pourquoi, juste à ce moment-là, Rowena se rappela d'une conversation qu'elle avait eu avec Siobhán à propos d'être télégénique et qui avait amené l'écossaise à lui confier de trois petites anecdotes sur la façon dont elle et sa meilleure amie reluquaient les fesses du chef parfois quand elles se faisaient chier en débrief... Ca ne manqua pas, Rowena avait justement les yeux posés sur les fesses de Mustang. Elle se reprit vite avant qu'il ne se retourne.

« Mais t'es en rut ma parole !! »

Elle aussi prit une gorgée de son cocktail, se sentant tout à coup la gorge sèche. C'était probablement le meilleur moment pour rappeler Hoyt à son bon souvenir et même à celui de Mustang. On n'est jamais trop sûr...

« T'fous pas de ma gueule, on sait tous les deux que la seule chose qu'il touche, c'est sa queue quand il se lave. J'ai mes p'tites informations sur toi. », Rowena lui adressa un regard de vipère qu'il avait déjà du voir un milliard de fois au bas mot « Je n'allais quand même pas te laisser entrer dans mon équipe sans avoir autant de dossiers sur toi que toi, tu as sur moi, bébé. », se justifia-t-il.
« Mais tu serais surpris mon cher... », répondit-elle en appuyant sur le mon cher. Il n'y avait pas de bébé entre eux, « Je n'ai aucun vilain dossier sur ta vie privée, moi. », finalement, elle préférait évacuer la question de sa vie de couple avec Hoyt, Mustang se serait trop fait moussé après et elle n'avait exactement pas envie d'être la fille de trente ans qu'il avait décrite tout à l'heure : pas assez bandante pour un type comme lui, et trop mariée pour s'amuser le vendredi soir et se faire les parties de jambes en l'air digne d'un Wizard VS Wild. Dans le fond, c'était de ça qu'elle avait toujours eu envie mais Hoyt n'était pas ce genre-là, et elle aimait sincèrement Hoyt. Il n'y avait pas que le sexe dans la vie de toute façon. « Je te l'ai dit en arrivant : c'est juste l'auror qui m'intéresse. »

Une autre façon de lui redire qu'elle n'était pas intéressée par sa proposition. Le ton s'était légèrement refroidi même s'il restait clairement amical. Rowena descendit son verre. L'allusion à Hoyt l'avait refroidie c'était vrai et Ansgard n'était définitivement pas l'oreille attentive dont elle avait envie. Ansgard était...

« Bon allez, je pense que je vais me rentrer. Ça serait dommage que tu rates la gamine au string fluo pour tailler une bavette avec la fille qui approche la date de péremption. », elle sauta de son tabouret et jeta quelques gallions au serveur en lui faisant signe de garder le change. Elle n'allait quand même pas laisser leurs verres sur le compte de Hoyt et se donner plus de raisons de culpabiliser d'avoir regarder rien qu'un tout petit peu les fesses d'Ansgard.

Elle se retourna finalement vers Ansgard et lui envoya un baiser en signe de bonsoir puis, tournant le dos, elle passa fièrement son sac sur l'épaule et sortit. Elle avait toujours été très bonne pour sauver les apparences. Il fallait quand on présentait des émissions en direct à la télé.

L'air frais de l'extérieur lui fit un bien fou. Plongeant sa main dans son sac, elle retrouva son paquet de clopes occasionnelles. C'était bien le moment de s'en griller une là.

« Mais tu serais surpris mon cher... » Elle appuyait sur le mon cher comme pour lui faire comprendre d'arrêter tout de suite de lui donner des surnoms débiles qu'il n'utilisait uniquement pour faire chier les gens. Il n'était pas du genre à dire mon bébé, mon amour, mon ange, ma chérie. Au diable, ces appellations tordues de couple qui n'ont vraisemblablement rien compris à la vie. Ansgard avait visé juste, car elle sembla se refroidir même si elle resta très chaleureuse. Rowena avait un certain don pour jouer avec ses sentiments qu'il trouva tout d'un coup, fascinant. « Je n'ai aucun vilain dossier sur ta vie privée, moi. » « Je suis agréablement surpris, et j'm'excuse donc d'en avoir sur toi. » Il n'en dit pas plus, préférant la laisser digérer ce qu'il venait de lui envoyer dans les dents. Sa vie de couple avec Hoyt était au plus bas, d'après ce qu'on lui avait raconté, mais elle faisait tout pour que Rita Skeeter ne le sache pas, alors il n'en avait parlé à personne, lançant même un sortilège d'oubli sur son indic'. Disons que malgré tout, il avait un profond respect pour la vie privée des gens. Un héritage dû à sa formation d'Auror sans aucun doute, où l'on apprenait à ménager les victimes lorsqu'ils devaient les interroger pour le bien des diverses enquêtes criminelles. « Je te l'ai dit en arrivant : c'est juste l'auror qui m'intéresse. » Ansgard eut un petit sourire, se surprenant à penser un : Dommage qu'il noya dans une autre gorgée de son verre.

« Bon allez, je pense que je vais me rentrer. Ça serait dommage que tu rates la gamine au string fluo pour tailler une bavette avec la fille qui approche la date de péremption. » Ansgard leva son regard vers elle, qui déjà prenait la fuite. Il n'eut pas le temps de lui demander d'attendre, qu'il finissait son verre d'un trait pour tenter de la rattraper, et de s'excuser de son comportement. Jouant des coudes dans la foule, il finit par parvenir à la porte qu'il ouvrit pour sortir dehors. Il la vit là, emmitouflé dans sa petite veste d'été, entrain de s'allumer une cigarette. Il sortit un paquet de sa poche, s'en grillant une à son tour, avant de s'approcher d'elle, un sourire sur ses lèvres. Il lui dit : « Allez, viens boire un café, ou manger un truc avec moi. Je te dois bien ça. » Il cracha sa fumée, insistant : « Et tu viens. » Il s'avança alors, fumant sa clope tranquillement, laissant ses jambes le porter tranquillement dans les rues du chemin de traverse.

Au bout d'une dizaine de minutes où Ansgard en avait fumé deux, l'une sur l'autre, ils finirent par arriver devant une petite taverne tranquille, moderne, avec des places en terrasses délimités par des barrières en fer forgées. Des petites plantes en pots pendaient du plafond, et Ansgard lui tira une chaise d'un mouvement de doigt avant de s'asseoir en face d'elle. Un serveur vint vers eux, un sourire sur ses lèvres, les accueillant comme il se doit, demandant à Rowena de lui signer sa serviette avec un sourire, puis il repartit pour aller leur chercher deux boissons (Ansgard avait prit un café). Ansgard ralluma une clope, avant de s'étirer, étalant ses jambes sur chaque côté de la chaise de Rowena. Le serveur revint avec leur première commande, leur proposant une carte. Ansgard acquiesça, et lorsqu'il lui donna la carte, et qu'il partit, l'Auror leva sa tête du menu pour lui dire : « C'est bon, les jeux sont terminés. Je veux bien être ton ami, Rowena. Dis-moi ce que t'as, je vois bien que ça va pas. » Il enterrait définitivement la hache de guerre pour sortir le drapeau blanc, le drapeau de l'amitié. Ce qui en voulait, bien entendu, pas dire qu'il allait stopper ses petits conneries à son encontre, hein, mais disons qu'il éviterait de tenter de la blesser par tous les moyens qu'il connaissait. Il resterait bon enfant, quoi.

« Allez, viens boire un café, ou manger un truc avec moi. Je te dois bien ça. »

Rowena sursauta, retournant à Ansgard un oeil farouche sous un sourcil en accent circonflexe. Il lui fallut trente secondes pour se repasser au ralenti ce qu'il venait de proposer. Elle allait refuser quand il prit les devants.

« Et tu viens. »

Rowena leva les yeux au ciel, tirant une taffe sur sa cigarette avant de l'écraser tandis qu'Ansgard, lui, s'en regrillait une. Elle lui emboîta le pas sans rien dire jusqu'à une petite taverne ouverte sur l'extérieur. Ils s'installèrent en terrasse et un serveur vint tout de suite s'occuper d'eux. Rowena eut un sourire amusé quand le serveur lui demanda poliment un autographe. C'était peut-être idiot, mais elle aimait bien qu'on la reconnaisse dans la rue et qu'on la sollicite. Ça avait la booster quand elle était déjà au top et ça lui remonter le moral quand elle avait le moral dans les chaussettes. Un peu comme un doudou dont elle n'aurait pas eu à avoir honte.

Ansgard prit un café noir et Rowena un thé aux agrumes. On les leur apporta assez rapidement et avec la carte des menus en prime. Rowena parcourait la page des hamburgers quand Ansgard se risqua à rompre le silence de derrière son menu :

« C'est bon, les jeux sont terminés. Je veux bien être ton ami, Rowena. Dis-moi ce que t'as, je vois bien que ça va pas. »

A nouveau, Rowena le gratifia de toute son attention, saupoudrée de sourcils en accent circonflexe. Elle posa sa carte, croisant les jambes avec élégance comme elle le faisait quand elle était en interview.

« Tu es vraiment un type surprenant Ansgard... », fit-elle pour ne pas répondre à la question qu'il avait posée.

A sa décharge, s'ils s'étaient vu dix ans plus tôt dans une boule de cristal en train d'avoir cette conversation, ils en auraient probablement eu des sueurs froides. Elle resta un long moment à le fixer, comme si elle cherchait le piège là dedans, ou quelque chose d'autre à dire pour changer de sujet.

Finalement :

« Tsss, c'est bon j'abdique. », elle attrapa une nouvelle cigarette et l'alluma sans le quitter du regard, « Je reconnais qu'avec Hoyt c'est loin d'être ça en ce moment. Généralement c'est un truc qui reste entre les quatre murs de mon appartement... Enfin notre appartement. »

Elle jeta un rapide regard de côté, comme pour voir s'il n'y avait pas d'oreille indiscrète. Un rapide coup d'oeil sous la table. Pas de bestiole suspecte. Finalement elle reporta son regard sur Ansgard.

« Il est tellement accro à son boulot... », rajouta-t-elle aussi agacée que si elle avait eu Hoyt en face d'elle et qu'elle avait pu l'étrangler de ses mains. Et c'était Rowena Whisper qui reprochait à quelqu'un d'être accro au taff. Elle tira une latte et fit tomber la cendre de sa cigarette dans le cendrier, « Tu vois cette semaine c'était dingue au bureau, c'est un truc que tu comprendras peut-être pas, mais en tant que journaliste, pour moi être dans ton équipe c'est... je sais pas... c'est... disneyland... », elle lui adressa un regard pour s'assurer qu'il voyait de quoi elle parlait vu qu'elle faisait référence à un truc moldu, « C'est le genre de truc que t'as envie de partager en rentrant à la maison le soir, tu vois. », sous entendu, c'était le genre de truc qu'elle n'arrivait plus à partager avec Hoyt depuis une éternité.

Elle se demanda un instant pourquoi elle lui racontait tout ça et dans un second temps pour quel genre de femme désespérée elle allait passer après cette petite confiance. Qu'importe. Elle était la championne quand il s'agissait de faire croire aux autres que quelque chose lui passait là...

« Tu es vraiment un type surprenant Ansgard... » Ansgard eut un sourire, et il lui répondit après lui avoir fait un clin d’œil. « Et encore, tu n'as rien vu. » Il eut un petit rire, posant sa carte, une fois qu'il eut choisi ce qu'il voulait. Machinalement, alors qu'il avait toute l'attention de Rowena, il se mit à faire tournoyer sa cuillère dans son café sans pour autant la toucher. Elle le regarda longuement, comme pour juger sa sincérité flagrante, ce retournement de situation. Ansgard l'était. Il n'avait rien à cacher, et même s'il n'aurait jamais cru personne (y compris sa mère) du temps de Poudlard si on lui avait dit qu'il serait assis à la terrasse d'un petit restaurant sur le chemin de traverse, on ne pouvait pas faire plus sérieux. De toute façon, il n'avait rien à gagner à continuer de la rendre folle. Ils étaient adultes maintenant, et même si c'était bien marrant de la descendre plus bas que terre alors qu'à côté, tout le monde venait lui demander un autographe, il comptait y mettre un terme.

« Tsss, c'est bon j'abdique. » Elle alluma une cigarette, l'incitant à le faire. Lorsqu'il porta sa clope à ses lèvres pour l'allumer, il entendit sa mère lui dire : Déjà quatre en moins de dix minutes, Ansgard ! Elle n'avait rien dit, n'était pas là, et était sûrement occupé à faire autre chose. Il reposa sa cigarette sur la table, à côté de sa fourcette, tandis qu'elle reprenait : « Je reconnais qu'avec Hoyt c'est loin d'être ça en ce moment. Généralement c'est un truc qui reste entre les quatre murs de mon appartement... Enfin notre appartement. » Ansgard nota le fait qu'elle se reprenait sur ce qu'elle venait de dire. C'était un détail pour certains, mais pour Ansgard, cela signifiait beaucoup. Il était Auror, pas boulanger. Ce genre de détails, ils étaient formés pour les déceler et les comprendre, afin d'analyser au mieux la personne lors d'un interrogatoire, ou sur le feu de l'action. Là, elle s'était repris sur la possession de son appartement, ce qui pouvait dire énormément de choses. C'était comme si en elle, au plus profond de son âme, il y avait déjà une cassure dans sa relation avec son mari. Ansgard se redressa alors, comme pour lui prêter toute son attention.

« Il est tellement accro à son boulot... » Ansgard se gratta machinalement l'oreille. Si elle, elle disait ce genre de choses, c'est qu'il devait être sacrément addict. Rowena était connue pour être une acharnée du travail. Ce qui lui avait valu la possibilité de suivre son équipe, d'ailleurs. Il soupira mentalement, avant de se reprendre : Lui, aussi, il était accro à son job'. Quoique de toute manière, il n'en avait pas trop le choix. Être appelé à tout moment avait quelque chose d'important, mais en même temps, d'agaçant. Bon, c'était le boulot qui voulait ça aussi. S'il avait voulu avoir des horaires fixes, il aurait travaillé au Département de la Coopération Magique. Des vrais branleurs. « Tu vois cette semaine c'était dingue au bureau, c'est un truc que tu comprendras peut-être pas, mais en tant que journaliste, pour moi être dans ton équipe c'est... je sais pas... c'est... disneyland... » Ansgard éclata de rire. « Ouais, enfin, c'est pas l'éclate tous les jours non plus, hein. » Précisa-t-il, même si c'était souvent ce même discours qui revenait chez les gens qui passaient au bureau des Aurors pour une quelconque raison.

« C'est le genre de truc que t'as envie de partager en rentrant à la maison le soir, tu vois. » Ansgard pigea rapidement le truc. « Laisse-moi deviner : Il t'a demandé comment ça c'était passé, mais ne t'a pas écouter ? » Il secoua la tête, blasé. « Ce que je ne comprends pas, c'est que vous aviez l'air de réellement être proche du temps de Poudlard, même après. » Ansgard ne rajouta pas qu'il ne le portait pas dans son coeur. Disons que c'était plutôt mal venue vu que jusqu'à maintenant, Rowena non plus, n'était pas dans son coeur. Elle ne l'était d'ailleurs toujours pas. Disons, que leur relation évoluait vers quelque chose de plus sain pour leur relation au travail. Ansgard étant condamné à se la supporter, autant que ça se passe sous les meilleurs auspices possibles.

« Ouais, enfin, c'est pas l'éclate tous les jours non plus, hein. »

Elle le gratifia d'un demi-sourire amusé. Elle se doutait bien que pour lui ça ne l'était pas. Généralement, il était plus difficile de s'émerveiller du quotidien que de l'extraordinaire. Il aurait par ailleurs été difficile d'échanger les places sauf à traîner Ansgard dans les investigations qui s'apparentaient le plus à de l'espionnage mais Rowena n'était pas folle : on n'inviter pas un auror à participer à ses petites activités pas très légales, même si elle ne se faisait pas de soucis. Il savait probablement déjà comment elle obtenait certaines informations sensibles...

Sans vraiment avoir à se forcer, Rowena commença à raconter à Ansgard ce qui faisait son quotidien à elle, du moins pour la partie conjugale. Curieusement, l'auror n'eut pas besoin qu'on lui fasse un dessin :

« Laisse-moi deviner : Il t'a demandé comment ça c'était passé, mais ne t'a pas écouter ? »

Rowena leva les yeux au ciel, trempant les lèvres dans son thé en maudissant intérieurement Hoyt pour ça. Elle n'avait pas vraiment l'intention d'en dire plus que ça à la base. L'anecdote en elle-même résumait assez bien l'ensemble des choses qui n'allaient pas dans son couple.

« Ce que je ne comprends pas, c'est que vous aviez l'air de réellement être proches du temps de Poudlard, même après. »
« Les deux doigts d'une même main. », répondit-elle en laissant son regard vagabonder sur les passants,
« Avec Hoyt on partageait tout. Une vision. Des convictions. L'idée que peu importe l'endroit d'où tu viens tu peux t'en sortir quoiqu'il arrive, avec la hargne. », ses yeux brillaient d'une lueur particulière comme elle se rappelait de ce Hoyt là, celui dont elle était tombée amoureuse. La petite lumière s'effaça bien rapidement comme elle reprenait, « Je sais pas... parfois j'ai l'impression qu'il a oublié tout ça. Qu'il n'y a que le cours de la bourse qui compte. Et bordel, qu'est-ce que ça craint! »

Rowena montrait une facette de sa personnalité très différente de l'image policée qu'elle donnait aux téléspectateurs le dimanche soir dans son Rowena Whisper Show.

Rowena était loin d'être une fille de la haute à la base et elle, s'en rappelait parfaitement bien contrairement à Hoyt.

Ansgard écoutait attentivement Rowena. Il était loin du cliché et des rumeurs que l'on entendait à son sujet en ce qui concernait avoir une discussion avec une femme. C'était d'ailleurs chose assez surprenante, car cette même-femme n'était autre que Rowena Whisper, avec qui il avait eut de nombreux conflits au cours de sa scolarité à Poudlard. C'était, bien entendu, sans oublié les petits pics qu'ils se lançaient au cours du travail, et qui était retransmis à la télévision à transmission magique, au point de rendre ce duo tout simplement incroyable, et addictif. Ils avaient d'ailleurs été la source d'inspiration d'une série télévisé, mais ils n'en étaient pas encore au courant.

Ansgard était loin de s'imaginer que ce qui se passait entre eux, à ce moment-précis, servait les desseins de sa mère, qui n'attendait qu'une chose, qui tombe enfin sur elle, et que leur relation ne s'apaise pour qu'ils puissent enfin, tous les deux, voir qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Elle était la féminité qu'il fallait à Ansgard, qui ne côtoyait que très rarement des femmes de forts caractères pour des raisons qu'il ignorait lui-même.

Le serveur revint quelques minutes après avoir déposé les boissons pour prendre leur commande. Ansgard prit un hamburger avec frites et un supplément de frites et de fromages, avant de laisser Rowena prendre sa commande. Puis, il dit : « Ouais, ça craint. Pose-lui un ultimatum, mets le au pieds du mur. C'est sûrement sympa de se donner corps et âmes dans le travail, comme on le fait tous, mais il faut savoir aussi débloquer cinq minutes. » Il termina son café, rajoutant : « Le truc, c'est qu'il faut se trouver quelque chose à côté. Moi, j'aime sortir, faire la fête, et finir dans le lit d'une inconnue, juste parce que ça me permet d'évacuer tout le stress que j'accumule en journée. Si je fais pas ça, à quarante ans, j'ai les cheveux blancs. » C'était une raison qui justifiait son comportement. Beaucoup partagerait sa vision des choses. « Mais, j'avoue que parfois, j'aimerais bien rentré, mettre les pieds sous la table, et parler de tout et de rien, aider mon fils à faire ses devoirs, etc, etc. Puis-là, je me dis que je suis Auror, et que j'ai autant de chance de faire mes vieux jours, que de gagner à la loterie. » Il baissa le regard, regrettant presque de lui avoir fait cette confidence. Elle lui en avait fait une, il s'était presque senti obliger de lui en faire une pour qu'ils soient quittes, qu'elle ne se sente pas à sa merci, là où, quelques années auparavant, il en aurait très certainement profiter.

Son frère était déjà marié, et il avait déjà une petite fille remarquable. Sa petite sœur venait tout juste de s'installer, et lui, il était là, errant, seul, dans les rues de Londres, à noyer sa solitude et son stress dans un litre d'alcool, et une partie de jambe en l'air. Oui, il adorait ça, mais un alcoolique aime bien l'alcool lui aussi. Ansgard se mit à se poser tout un tas de questions sur ce sujet, et ça ne lui plaisait pas trop. Il ne montrait rien, mais ses pensées le tourmentaient là-dessus. Il eut un petit sourire, sachant très bien que sa mère aimerait le voir ainsi, à réfléchir sur son avenir plutôt qu'à tenter de mettre sa vie en danger à la moindre occasion.

« Pose-lui un ultimatum, mets le au pieds du mur. »

Rowena haussa un sourcil. Ansgard devenait de plus en plus intéressant. Jusque là, l’idée de poser de confronter Hoyt sur leur relation qui partait à vaux l’eau s’était toujours révélé inefficace. Peut-être parce qu’il n’y avait pas d’enjeu. Elle pestait ou tantôt se montrait plus compréhensive. Lui, acquiesçait, affirmant qu’il comprenait. Puis, tout continuait sur ce même petit bonhomme de chemin qu’elle ne supportait plus. Le mettre au pied du mur si cela changeait quelque chose ? pourquoi pas. Mais comment ? Rowena n’avait pas envie de jouer avec le feu. Pour le moment il n’était pas question de divorce ou de séparation. Simplement d’arranger les choses. Il fallait juste qu’elle trouve la bonne carotte à attacher à son fil.

« Le truc, c'est qu'il faut se trouver quelque chose à côté. Moi, j'aime sortir, faire la fête, et finir dans le lit d'une inconnue, juste parce que ça me permet d'évacuer tout le stress que j'accumule en journée. Si je fais pas ça, à quarante ans, j'ai les cheveux blancs. »

C’était un argument comme un autre et ça donnait un peu plus de profondeur à ses activités nocturnes. Vu sous cet angle, Rowena pouvait comprendre, mais ça n’était toujours pas ce à quoi elle aspirait.

« Je me rappelle au début quand on était dans la galère, que je touchais des primes miséreuses comme pigiste et que Hoyt passait ses journées à lécher les bottes de types comme Roy Langston-Kipling, on se retrouvait le soir derrière Central Hyde pour frapper des cognards. » , elle eut un petit rire attendri en y repensant. C’était la belle époque. Quelque part, ils n’avaient rien mais ils avaient tout. Du temps. De la complicité. Un petit appart’ patchworké de coupure de journaux qui ne ressemblait qu’à eux. Des après midi entières pour faire l’amour en attendant de trouver une nouvelle mission. Des nuits à refaire le monde. Les choses avaient bien changées depuis.

Non pas que Rowena se plaignait de sa situation. Elle ne manquait de rien, vivait dans un appartement aussi luxueux que moderne. Ils rentraient tous les mois deux salaires plus que conséquent. Les deux tiers de la Grande Bretagne l’adorait et ceux qui la détestait parlaient d’elle quand même. Sur le plan professionnel c’était un sans faute pour elle, la consécration. Honnêtement, Rowena Whisper ne manquait de rien sinon d’un peu de temps et de complicité avec son mari. Du temps qu’elle aurait pu mettre à profit pour faire l’enfant qu’elle aurait voulu avoir il y a déjà quatre ans par exemple.

« Mais, j'avoue que parfois, j'aimerais bien rentrer, mettre les pieds sous la table, et parler de tout et de rien, aider mon fils à faire ses devoirs, etc, etc. Puis-là, je me dis que je suis Auror, et que j'ai autant de chance de faire mes vieux jours, que de gagner à la loterie. »

La moyenne d’âge au bureau des aurors parlait d’elle-même. Il n’y avait qu’à regarder Cooper Matthews, plus jeune auror promu au poste de chef, ou encore compter les agents qui avaient plus de quarante ans. Ils n’étaient pas légion. Le bureau avait beau recruter les meilleurs, il y avait pas mal de perte et lorsqu’on voulait fonder une famille, le mieux était encore de partir comme l’avait fait Jenny Olson pas plus tard que deux semaines auparavant.

Parler de cela avec Ansgard changeait radicalement la vision que la journaliste avait de son ancienne bête noire. En abordant des sujets plus sérieux, il cassait un peu l’image du playboy trentenaire qui affolait les courriers du cœur de la BBMC et c’était tant mieux. Rowena n’avait jamais douté qu’il fût bien plus qu’un bel assemblage de muscle avec un peu de jugeote et un instinct de survie hors du commun mais jusque-là, cette théorie reposait surtout sur des spéculations.

« Ouais je comprends. Parfois il m’arrive de jouer avec le feu aussi. Il m’arrive même d’abuser carrément. » , confessa-t-elle à son tour. Elle n’était pas censée lui dire ce dont elle était capable pour obtenir les informations qu’elle voulait mais il en fallait pour pouvoir diffuser des reportages comme celui qu’elle avait fait sur les dictatures de Corée ou encore le régime pas si exemplaire d’Ugo Mendes en Colombie, « Dans ces moments-là je me dis que c’est peut-être pas pour rien qu’à trente ans j’ai toujours pas le gosse que j’avais programmé pour mes vingt-six. Mais bon. J’en sais rien. Est-ce qu’il faut s’arrêter de vivre pour autant ? Après tout il y en a au taquet des parents qui ont un métier dangereux mais… je sais pas, c’est pas exactement ce que j’imaginai moi non plus pour mon gamin.» ,

Le serveur revient avec leur deux hamburgers, double steak et cheddar pour Rowena. La journaliste mordit à pleine dent et la première bouchée lui arracha un mh de plaisir.

« Excuse-moi, ça doit faire au moins un millénaire que j’ai pas mangé un vrai hamburger ! »

On s’en doutait à voir sa tête. Le tofu-burger de Hoyt lui avait presque fait oublier quelle extase gustative c’était que de manger un vrai bon hamburger.

« Dans ces moments-là je me dis que c’est peut-être pas pour rien qu’à trente ans j’ai toujours pas le gosse que j’avais programmé pour mes vingt-six. Mais bon. J’en sais rien. Est-ce qu’il faut s’arrêter de vivre pour autant ? Après tout il y en a au taquet des parents qui ont un métier dangereux mais… je sais pas, c’est pas exactement ce que j’imaginai moi non plus pour mon gamin.» Ansgard esquissa un sourire, attrapant l'assiette que le serveur voulut poser devant lui. Il attrapa le sel, salant ses frites, avant de rajouter une bonne dose de ketchup dans son hamburger, histoire d'avoir encore plus de sauces et d'en mettre bien partout lorsqu'il le saisirait à deux mains. Il servit de l'eau à Rowena, puis s'en servit un verre. Il saisit son hamburger à deux mains, avant de dire : « Si j'avais écouté ma mère, je me serais retrouvé Professeur à Poudlard, enseignant sûrement les Duels, ou la Défense contre les Forces du Mal. Mais... Je sais pas. Je sais que c'est plus intéressant d'avoir un 'taf tranquille pour avoir une vie sociale remplie, mais la simple idée de savoir que je risquerais de me faire chier les deux tiers de mon temps de travail, ça me donne pas envie d'aller dans cette voie-là. »

Ansgard croqua dans son hamburger, et comme prévu, il perdit du bacon, du fromage et de la sauce de son sandwich. Il mâcha, tout en faisant un petit bruit de ravissement, comme s'il prenait un plaisir intense à mâcher cet hamburger qui aurait fait pleuré n'importe quel diététicien. Il le reposa, s'essuyant les mains pour prendre une frite entre ses doigts. « Mais d'un autre côté, avoir un gamin... C'est comme si on avait réussi sa vie. » Il but une gorgée d'eau, rajoutant : « Je ne savais pas que tu souhaitais avoir des gamins, Rowena. J't'imaginais bien adopter ou je-ne-sais-quoi quand tu aurais quarante ou cinquante piges. Des petits chinois pour se faire bien mousser devant les médias. » Il éclata de rire, avant de reposer son verre pour saisir son hamburger de nouveau.

Alors qu'il croquait à pleine dents dedans, Ansgard changea complètement son point de vue sur Rowena. Il ne s'en rendit probablement pas compte sur le coup, mais elle était loin du cliché de la femme forte du XXIème siècle, qui voulait faire tout un tas de choses, tout en pensant que les hommes ne servaient à rien, et qu'ils étaient tout simplement indigne de confiances. Non, elle semblait être réfléchie, et même si elle avait mit sa carrière professionnelle en avant, elle semblait vouloir des choses assez simple enfin de compte. Elle voulait être une femme accomplie sur tous les pans de sa vie : Que ce soit professionnel ou personnel. Ansgard mâchait sa viande, tandis qu'il relevait son regard vers elle. Il eut un sourire, en voyant qu'elle prenait un plaisir tout particulier à manger son hamburger. Comme si cela faisait des années qu'elle n'avait pas mangé ça. « On dirait que t'as pas mangé pendant trois semaines ! » Encore un coup de crocs. Il pouvait parler lui, il était pas mieux.

« Si j'avais écouté ma mère, je me serais retrouvé Professeur à Poudlard, enseignant sûrement les Duels, ou la Défense contre les Forces du Mal. Mais... Je sais pas. Je sais que c'est plus intéressant d'avoir un 'taf tranquille pour avoir une vie sociale remplie, mais la simple idée de savoir que je risquerais de me faire chier les deux tiers de mon temps de travail, ça me donne pas envie d'aller dans cette voie-là. »

Rowena leva les yeux au ciel. Elle ne comprenait que trop bien. Choisir la voie de la facilité, un petit job pépère qui paie suffisamment bien pour entretenir la peinture de la clôture blanche et les croquettes du chien. Ou se donner à fond dans quelque chose d'exaltant mais n'avoir pas le temps de profiter ni du chien ni de la petit clôture... Bref. C'était un peu l'histoire de leur vie. Rowena ne regrettait pas ses choix mais parfois elle se demandait où elle en serait maintenant si elle avait pris l'autre option.

« Je crois que c'est ce que veulent tous les parents. Une chance qu'ils ne peuvent pas choisir à notre place, enfin... y a des barjos partout. »

Ils attaquèrent leur hamburger savourant les premières bouchées avant de reprendre

« Mais d'un autre côté, avoir un gamin... C'est comme si on avait réussi sa vie. », Rowena acquiesça petit mh. Si c'était vrai pour lui ça l'était aussi pour elle, et d'autant plus que sa capacité à être mère avait une date de péremption, « Je ne savais pas que tu souhaitais avoir des gamins, Rowena. J't'imaginais bien adopter ou je-ne-sais-quoi quand tu aurais quarante ou cinquante piges. Des petits chinois pour se faire bien mousser devant les médias. »

Rowena le regarda avec un air con puis au bout de deux secondes elle éclata de rire et il lui fallut bien deux secondes et quelques tapes sur le genoux pour s'en remettre :

« Oh non quoi, des petits chinois ? Tu m'as pris pour Devilina Pretty ?! », elle s'essuya le coin des lèvres avant d'ajouter, « Enfin remarque, si je continue sur ma lancée il me restera plus qu'à me faire une mini équipe de Quidditch internationale. Non je déconne. Ça me dirait trop rien d'adopter, du moins par défaut. Après si j'ai déjà des enfants ou au moins un, je dis pas. J'ai grandi avec mes grands-parents et j'avoue que j'ai une certaine idée de la famille. Un peu édulcorée peut-être mais franchement parfois je me verrais bien dans le scénario avec la petite maison, le jardin et le chien, tout ça. Ça m'ennuierait à mourir au bout d'un certain temps, c'est sûr et certain, mais il suffirait d'une manière ou d'une autre que j'arrive à concilier ce scénario là avec mon scénario habituel... », elle tira sur la paille de son coca et conclut avec un petit sourire, « Mais tu vois, moi non plus je pensais pas que tu pouvais être du genre à vouloir des enfants... »

Il n'y avait aucun commentaire particulier là dessous. Elle plongea son regard dans le sien une seconde comme si elle venait de le rencontrer. C'était un peu le cas d'une certaine manière. Ils ne s'étaient jamais livré de cette façon-là à l'autre, et en ce qui concernait Rowena, se livrer n'était de toute façon pas une habitude.

« On dirait que t'as pas mangé pendant trois semaines ! »
« Si tu savais depuis quand j'ai pas mangé un vrai hamburger. Tu vois un jour on a eu l'idée de tester le hamburger végétarien et depuis, vas savoir pourquoi, j'ai pas mangé un vrai hamburger. »

Elle éclata de rire, concluant.

« Ce qu'on peut être con parfois... »

À l'annonce des petits chinois, Rowena éclata tout bonnement de rire, arrachant un petit rire de la part d'Ansgard qui saisissait de nouveau son hamburger, avant de mordre à grand coups de dents dedans. Visiblement, cela la fit beaucoup rire, car elle ne put s'empêcher de rebondir là-dessus. « Oh, non quoi ! Des petits chinois ? Tu m'as pris pour Devilina Pretty ?! » Ansgard eut un petit rire étouffé par sa bouche pleine. Elle continua, un peu plus sérieuse, mais pas trop. « Enfin remarque, si je continue sur ma lancée il me restera plus qu'à me faire une mini équipe de Quidditch internationale. Non je déconne. Ça me dirait trop rien d'adopter, du moins par défaut. Après si j'ai déjà des enfants ou au moins un, je dis pas. J'ai grandi avec mes grands-parents et j'avoue que j'ai une certaine idée de la famille. Un peu édulcorée peut-être mais franchement parfois je me verrais bien dans le scénario avec la petite maison, le jardin et le chien, tout ça. Ça m'ennuierait à mourir au bout d'un certain temps, c'est sûr et certain, mais il suffirait d'une manière ou d'une autre que j'arrive à concilier ce scénario là avec mon scénario habituel... » Ansgard reposa son sandwich dans sa salade, qui décorait sobrement son assiette. Il s'essuya les mains avec sa serviette, terminant sa bouchée, avant de boire une bonne gorgée d'eau. Il rebondit : « Je pense pas que tu puisses réellement t'ennuyer. Quelque part, on recherche tous cela, ce n'est pas pour rien. Si t'es avec la bonne personne, pourquoi chercher quelque chose à côté ? Très sérieusement, je ne pense pas que je finirais ma vie chez les Aurors, sauf si je dois évoluer dans les hautes sphères du Ministère. » « Mais tu vois, moi non plus je pensais pas que tu pouvais être du genre à vouloir des enfants... »

Ansgard eut un petit sourire, baissant son regard lorsqu'elle plongea le sien dans le sien. Il en rêvait. Refaire le même schéma que ses parents avaient préconçu était un bon plan, même s'il n'aimait pas se l'avouer pour diverses raisons toutes aussi obscures les unes que les autres. Pourtant, lorsqu'il les voyait dans le jardin, marchant main dans la main, ou se chamaillant comme deux enfants, en plus de cette quiétude qu'il ressentait de les voir si heureux, il ne pouvait s'empêcher de vouloir la même chose. Tout comme son petit frère l'avait fait avec Tempérance, bien que tout semblait les repousser. Maintenant, ils avaient une petite fille adorable qu'il adorait prendre dans ses bras. Ce n'était pas compatible avec son métier, il le savait, et c'était pour cela qu'il n'avait jamais trop cherché, préférant aller s'amuser en vivant le temps présent, ou en se mettant en danger afin de ressentir réellement ce que c'était que la vie. C'était une autre façon que de se dire qu'il était voué à finir seul parce qu'il aimait trop son boulot pour le laisser de côté. Heinrich, son père, lui avait clairement dit qu'il devait écouter son cœur, et arrêtait de faire attention à sa mère et ses désirs d'avoir des petits-enfants, ou ce que les femmes désirent, généralement de leurs enfants. Il fallait qu'il vive, pour réellement savoir ce qu'il voulait. Comme il lui avait dit, au final, lui, ça ne s'était pas mal terminé, bien au contraire.

Ansgard releva le regard, changeant alors de sujet en la regardant. « On dirait que t'as pas mangé pendant trois semaines ! » « Si tu savais depuis quand j'ai pas mangé un vrai hamburger. Tu vois un jour on a eu l'idée de tester le hamburger végétarien et depuis, vas savoir pourquoi, j'ai pas mangé un vrai hamburger. » Ansgard retira son hamburger de sa bouche, répétant tout doucement les mots hamburger végétarien. Il éclata de rire, puis en rigolant, il lui dit : « Sérieux, qu'es-tu fou avec un mec végétarien ? T'es sûr qu'il aime les femmes ? » Rien de méchant là-dedans. Pour lui, les végétariens, ils avaient juste rien compris à la vie. Comment pouvait-on se passer de choses aussi essentielles que la viande et le gras ? Bouffer des carottes et du céleris... Putain, mais on est pas des lapins, sérieux. Il lui montra son sandwich, et il croqua à pleine dents tout en lui disant la bouche pleine : « Ca, c'est un mec, ça ! » Il manqua de s'étouffer en éclatant de rire, en sentant les bouts de viandes tombaient dans son assiette.

« Je pense pas que tu puisses réellement t'ennuyer. Quelque part, on recherche tous cela, ce n'est pas pour rien. Si t'es avec la bonne personne, pourquoi chercher quelque chose à côté ? Très sérieusement, je ne pense pas que je finirais ma vie chez les Aurors, sauf si je dois évoluer dans les hautes sphères du Ministère. »

Rowena reposa son hamburger pour mieux l'écouter. Elle ne s'était jamais posé le problème de cette façon-là et lui, avait une façon plutôt rassurante d'envisager ce changement de cap. Sous un angle qui ne l'aurait jamais effleurée. Elle sourit posément, considérant les choses autrement. A la réflexion, lui n'avait peut-être pas de relation amoureuse stable mais de son côté, Rowena n'avait de relation amicale assez profonde pour avoir abordé la question avec quelqu'un d'autre qu'Hoyt au final.

Leur petite discussion continua leur chemin jusqu'à ce qu'ils abordent la question fatidique du hamburger végétarien :

« Sérieux, qu'est-ce tu fou avec un mec végétarien ? T'es sûr qu'il aime les femmes ? »

Rowena se pinça les lèvres pour éviter d'éclater de rire mais le sourire qui se forçait un chemin sur ses lèvres et le regard oblique rieur la trahissaient complètement.

« Noooon! Enfin non! non! Bien sûr que si il aime les femmes. J'voulais dire "non" pour le végétarisme. Hoyt est pas végétarien c'est juste les hamburgers et les fast food en général. C'est son délire. »

A titre d'exemple, Ansgard lui joua le mâle dans toute sa splendeur et le moins qu'on pouvait dire :

« OMG t'es un porc Ansgard! », pouffa Rowena en le regarda semer des bouts de viande partout.

Visiblement elle était plus amusée que rebutée. C'était déjà une bonne nouvelle.

« Ça, c'est un mec, ça ! »
« Je viens d'avoir une révélation là, tu me vends du rêve. », fit-elle en se couvrant la bouche comme elle sentait qu'elle partait en fou rire.

Bientôt, la célèbre journaliste se retrouvait pliée en deux sur sa chaise à n'en plus pouvoir. Il lui fallut bien quelques minutes pour s'en remettre et essuyer une larme ou deux. Elle pencha la tête en arrière pour reprendre son souffle, les yeux dans les étoiles :

« Putain, on s'ennuie pas avec toi chef. »

Rowena était effectivement bien loin de la petite BCBG qui passait si bien à l'écran. Tout comme Ansgard, en dehors du cadre professionnel, c'était autre chose. Probablement que ses fans les plus assidus l'adulaient aussi pour cette facette là mais le commun des sorciers ne l'auraient même pas soupçonnée.

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