Ce n’était un secret pour personne, Yume Maeda en sixième année à Serpentard était loin d’être un cadeau. Oui, c’était une vraie plaie, pire une lésion ! Elle ne laissait jamais passer une occasion de démontrer (une fois de plus) qu’elle avait un caractère de cochon. Et se réveiller à l’aurore un dimanche matin, quoi de plus beau pour se pousser une petite gueulante ? Elle n’avait pas dormi de la nuit. Ces derniers temps on l’aurait cru amoureuse des insomnies. Elles étaient devenues de supers amies de Yume ! La nippone pesta dans son dortoir jusqu’à ce que Lora lui envoie un coussin en pleine figure. Comment ? Lora E. Esperenza, la meilleure amie qu’elle ait jamais eu, l’unique amour de sa vie, sa folie, son tout veniat de lui faire comprendre qu’elle ferait mieux de se la fermer ? Hachi poussa un dernier juron et se tut. Elle ne se serait certainement pas arrêté si la demande (assez originale il faut l’avouer) était venue de quelqu’un d’autre, mais elle ne savait presque rien refuser à Lora. Et oui, le monde sait maintenant que Yume Maeda peut se montrer faible quand on sait la prendre… Qu’est ce qu’elle allait bien pouvoir faire un dimanche matin ? Elle laissa un instant ses prunelles sombres se balader à travers toute la chambre. Léger arrêt sur son bureau. Propre, bien rangé, chaque chose avait sa place et si trouvait. Yume était maniaque. Elle examina quelques devoirs qui été resté là toute la semaine sans qu’elle daigne même y jeter un œil. Elle pourrait les faire… quoi que… noooon. Faire ses devoirs ? Et puis quoi encore ? Elle était Yume Maeda après tout. Elle s’étira de tout son long tel un chat au réveil, détendant chacun de ses muscles. Un frisson la parcourut. Il démarra du bout de ses orteils, se déplaça à travers ses chevilles, gagna ses jambes, atteint son buste, déboula dans ses bras et enfin fini sa course à la racine de ses cheveux noirs de jais.

Hachi poussa un soupir rempli d’agacement et se redressa. Elle s’assit en tailleur sur son lit et soupira une seconde fois pour bien montrer à quel point elle était irritée. Elle surprit un regard assassin de Kae qui signifiait clairement que cette dernière avait une furieuse envie de dormir. Yume repoussa les couvertures et glissa les pieds dans ses chaussons, soigneusement positionnés au pied de son lit. La jeune femme s’étira une dernière fois puis fit son lit. Elle secoua les couvertures, remit en place les coussins ainsi que le traversin et recula de quelques pas pour admirer son travail. Parfait, rien ne dépassait. Elle crut entendre Kae maugréer que les elfes de maison étaient la pour ça mais lorsque Yume se retourna, son amie dormait déjà, où bien faisait mine de dormir. La Serpentard, en bonne représentante de sa maison, pensait aussi qu’il fallait donner du travail aux elfes de maison, après tout, ils étaient là pour ça. Cependant, elle ne pouvait s’empêcher de ranger, de nettoyer, d’ordonner. C’était plus fort qu’elle. Yume traîna les pieds jusqu’à son armoire. Elle attrapa sa paire de boots, un jean troué au genou gauche et un T-shirt noir représentant les Bizarr’ Sisters, son groupe préféré. La jeune femme passa une main dans ses cheveux sombre histoire de les rendre un peu plus présentables puis traça habilement un trait épais de crayon autour de ses yeux. Elle enfila ensuite une veste noire, les matinées étaient fraîches à Poudlard et sortit du dortoir après avoir jeter un coussin sur Lora, histoire de la taquiner encore un peu. C’est donc le sourire aux lèvres que Hachi quitta la salle commune des Serpentard, froide, silencieuse et sombre.

Ce qu’elle aimait lors des journées de libres c’est que chaque élève pouvait s’habiller comme il le souhaitait. Yume aimait varier les styles. Un jour rockeuse, le lendemain fashion, baba cool, grunge, punk, petite fille model, manga girl, parfois même gothique. En réalité, la jeune femme se vêtissait selon son humeur du jour. Beaucoup avait un style de vêtements bien défini à Poudlard. Pas elle. Elle aurait pu entrer dans toutes les catégories. Elles songeaient à proposer une journée shopping à Lora, Sara, Laureline et Kae pendant la prochaine sortie à Pré-Au-Lard lorsqu’elle arriva au bout de sa course. Elle grimpait les escaliers quatre à quatre pour sortir des sous-sols lorsqu’elle constata qu’elle mourrait de faim. Hachi entra donc dans la grande salle avec des yeux pétillant de gourmandise. Elle s’assit à la table des Serpentard où se trouvait un quatrième année qu’elle connaissait de vue. Ils se saluèrent rapidemment. La jeune Maeda s’installa et engloutit l’assiette de Pudding qui se trouvait devant elle. Elle se désaltéra ensuite avec un jus de citrouille bien frais. Un pur délice. Yume resta un moment assise à la table à rêvasser. Elle pensait à l’été qui se terminait, puis au soleil. Le lever de soleil sur Poudlard, elle ne l’avait pas vu depuis deux mois. Il ne fallait pas qu’elle le rate. Elle se leva et sortit de la grande salle en accélérant le pas petit à petit. L’air était froid. La Serpentard sentait l’herbe encore jaunâtre des récentes chaleurs estivales craquer sous ses pieds. Les feuilles des arbres étaient parsemées de petites perles d’eau dues à la rosée du matin. Hachi, qui, comme d’habitude, ne regardait pas où elle mettait les pieds se cogna contre une branche. Elle s’adossa à un arbre pour tâter sa cheville et poussa un juron en japonais imperceptible et surtout, incompréhensible. Yume entortillait son pied dans l’air pour soulager le mal. Elle décida de ne plus penser à la douleur et se retourna vers le lac.

Il était sublime. Sombre, calme, mystérieux. La jeune femme aimait à se demander quelles sortes de créatures vivaient dans ses profondeurs. Comment les êtres de l’eau percevaient-ils la surface ? Etait-ce pareil sous l’eau que sur Terre ? Alors qu’elle admirait le ciel jaune orangé du lever de soleil, Hachi s’aperçut qu’elle n’était pas seule ce matin là à avoir eut envie de regarder l’aurore. Elle s’approcha de la personne qui s’était posée là, assise sur la souche d’un arbre mort. Lorsqu’elle arriva à sa hauteur, Yume reconnut Olivia Evans. Elle était à Gryffondor, en même année que la nippone. Cette dernière la connaissait de vue car elles avaient des cours en commun depuis maintenant six ans. Il ne manquait plus que ça… cette matinée aurait put être mieux que ce qu’elle n’avait commencée… si seulement Hachi ne s’était pas retrouvée juste à côté d’une de ces pathétiques Bouffondor. De quoi pester tout le reste de la journée… mais aussi de quoi s’amuser…

HACHI – « Salut Olivia… » susurra-t-elle avec un sourire qui ne présageait rien de bon.