Enfin, ce cours de métamorphose était terminé ! Rangeant rapidement mes affaires, je sortis rapidement de la pièce, ombre que j'étais comme toujours. Ce cours était certes l'un de mes préférés mais j'avais depuis au moins une bonne heure une envie de solitude pressante qui me faisait presque étouffer à la présence de tant de personnes autour de moi. J'avais toujours détesté la foule, même si elle se résumait en une classe. Je ne connaissais qu'un unique remède à cela : trouver un lieu vide de toute personne pour me détendre quelque temps, et replonger dans cette bulle de rêve, qui m'était aussi indispensable que l'oxygène. Et à cette heure-ci, je ne connaissais qu'un seul lieu digne d'intérêt pour ce genre de requête : la tour d'astronomie. Les cours étant terminés, personne n'y restait et je pourrais y observer le coucher de soleil et (qui sait), même y rester une partie de la nuit. J'étais en effet également un peu insomniaque, et pouvait rester plusieurs jours sans dormir sans trop en ressentir d'effets, y étant habituée.

Ainsi, à la fin de ce cours, je partis rapidement vers la salle commune des Poufsouffles en prenant garde de ne bousculer personne et ainsi ne pas me faire repérer. Ce serait en effet dommage de se faire avoir ainsi, jusqu'au moment où j'étais le plus dans cette bulle de monde parfait. Quant je n'y étais plus, j'avais tellement l'impression d'être hors de mon propre esprit ! Arrivant enfin à cette fameuse salle, je grimpais jusqu'à mon dortoir où je poussais un soupir lasse : apparemment, on m'avait encore défait le lit à baldaquin et éparpillé des livres de cours. Les ramassant d'un rapide sortilège appris à cause de la répétition de ces "blagues", je ne pris cependant pas la peine de refaire le lit. Emportant quelques manuels avec moi ainsi que du parchemin que je glissais dans mon sac, je saisis ensuite une cape assez chaude entièrement grise avant de ressortir tel un fantôme de ce lieu.

Hey ! Tu fiches quoi Valingaï ?

Prenant le parti d'éviter de parler à cette personne que je connaissais principalement de vue et qui était de deux ans mon aîné. Lorsque je sentis qu'il me prit par le bras, je gardais toujours les yeux baissés.

Les gamines comme toi restent dans la salle commune, ils devraient avoir peur du méchant loup non ?

Lorsque je le sentis déserrer sa poigne de mon bras, je m'en échappais, partant enfin vers les couloirs. Je n'avais pas répondu, comme d'habitude. A quoi bon ? Personne ne me comprenait, même pas ma famille... Enfin, à part ma mère. Courant rapidement vers la tour d'Astronomie, je finis enfin par l'atteindre, pour m'apercevoir qu'il pleuvait. Soupirant une nouvelle fois, je m'installais dans un petit coin que j'avais repéré auparavant, et qui était toujours au sec. Laissant glisser mon sac au sol, j'enlevais enfin la capuche de ma cape, laissant mes cheveux noirs pendre le long de mon visage si pâle, mes yeux bleu outremer fixant le temps morose avec cette lueur toujours morne. Oui, un jour, je m'en irais de ce fichu château, et je partirais loin, seule vers le lieu où l'on m'accepterait pour ce que j'étais, ou que l'on me fichait la paix au moins.

N'ayant pas envie pour le moment de sortir un de mes devoirs à faire en avance, j'entourais mes genoux pliés contre mon ventre et y posais mes genoux. Ainsi, j'observais le monde et cette forêt qui semblait encore plus lugubre , même si je n'en voyais que les cimes de ma position. Je n'avais pas véritablement envie de m'aventurer sous la pluie après tout...

Soudain, la porte de la tour s'ouvrit, laissant passer une silhouette féminine que je ne reconnus pas forcément. Je ne savais pas si elle me voyait, étant à moitié dans l'ombre mais d'un sens, j'espérais que non. A moins qu'elle soit gentille, et là, cela changeait tout. Cependant, lorsque je la vis avancer à petits pas pressés vers mon abri, je ne fis même pas attention à l'identité de la personne...