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 Sujet: Waiting on an Angel
Dim 18 Mai - 23:27
| | Invité
 - Juin 2002, Manoir Mc Illian, Ecosse - Note : les pseudo accompagnés d'une étoile *
évoquent que la phrase qui suit est prononcée en français dans le dialogue.  _  _  _Angus Mc Illian_ Rose Mandrake_ Jasmin DesnotresChapitre I : La Genèse Rose * - Tonton !!
Jasmin * - Ma chérie ! Tu as grandi, dis moi...
Des rires enfantins revinrent en écho dans l'immense jardin du manoir. La petite blonde s'était précipitée vers son grand père, sa petite poupée de chiffon à la main. La fillette courait à travers l'herbe fraîchement taillée, sa petite robe blanche flottant fièrement au vent, dans son sillage l'on sentait déjà un parfum d'orchidée doux et sucré. Le sorcier attrappa sa petite nièce dans un large sourire, la portant dans ses bras avec panache sous le rire pétillant de la petite Rose qui enlaça alors son cou avec vivacité. Jasmin posa sa main sur la petite tête blonde de la jeune Mandrake, profitant de ce rare instant de retrouvailles. Il détacha alors la petite et la fixa dans un éternel sourire. Sa petite bouille, ses lèvres rosées et ses yeux azurés lui rappelaient sa propre soeur, Lëtalia, la défunte épouse de Sir Angus. Le sorcier embrassa alors la petite fille sur la joue qui se mit à rire de nouveau, visiblement joyeuse. Rien ne valait le rire cristallin et pur d'un enfant.
Jasmin * - Alors, tu as appris à compter en français jusque quinze ?
Rose * - Mais oui, je te l'ai dit par hibou... Un, deux, trois... rétorqua la petite en comptant sur ses doigts, dix, dix-et-un, dix-et-deux, treize...quatorze... quinze... rajouta la fillette en fronçant les sourcils sous le rire amusé de son grand oncle. I missed you, you know, répliqua-t-elle en l'enlaçant de nouveau.
Jasmin * - Toi aussi ma petite Rose.
Angus - Monsieur Desnostres, étant ici en Ecosse je vous prierai de parler Anglais comme les autres...
Une silhouette s'avança vers les deux insouciants. Droite, fière et pleine de prestance. L'homme arqua les sourcils mais inclina la tête en guise de salutation, éthique de l'aristocratie oblige. Le sourire de Jasmin s'effaça, son regard se fit plus dur bien que le visage de sorcier semblait impassible. La prestance anglaise contre l'élégance française. La jeune Rose tourna à son tour son regard bleu vers son grand-père, mais à l'époque sa pétillance ne s'était pas encore éteinte. Elle ne semblait craindre rien ni personne, et restait dans cette utopie enfantine que ses parents viendraient la chercher. C'est ainsi que tous les soirs, elle attendait aux grilles du manoir, espérant voir une silhouette familière venir l'emmener très loin d'ici.
Rose - Mais tu sais, papa dit que le français est très difficile et qu'il faut s'entrainer tous les jours, dit-elle en hochant la tête.
Angus - Ton père n'étant plus là, il est inutile d'en faire mention Rose.
Jasmin - Je vous interdit de lui parler sur ce ton, répliqua-t-il alors froidement.
Angus - Et bien je vois que vous êtes ravis de me revoir.
Jasmin - Tout autant que vous puissez l'être pour moi, Sir Mc Illian.
Un silence pesant s'installa. L'Ecossais se contenta d'esquisser un sourire ravi et narquois sous le regard glacial du français qui tenait toujours la petite dans ses bras. Cette dernière, non touchée par les propos cinglants d'Angus, avait posé son regard bleu sur sa poupée de chiffon agrémentée d'une petite paire d'ailes d'anges, avec laquelle elle jouait distraitement. La petite Rose encore non souillée du monde pesant de son grand-père, semblait s'être enfermée dans une bulle de savon, non perturbée par les mots cruels de ce vieux sorcier un peu trop tyrannique. Le silence s'était tant fait autour d'eux que l'on entendait le chant joyeux des oiseaux qui attira alors la curiosité de la fillette blonde. Soudain la voix d'Angus trancha l'air, ferme mais diplomate.
Angus - Et bien ne restons pas là. Vous êtes venus pour me parler de quelque chose d'important, il me semble.
Jasmin - En effet.
Le Français acquiesça, gardant toujours la petite Rose dans les bras tandis qu’Angus tourna les talons, l’invitant à le suivre. Comment Lëtalia avait-elle pu épouser un tel homme aigri. Il était froid, sans cœur et imbu de lui-même, allant jusqu’à rendre coupable sa propre fille Satine de la disparition de Lëtalia. Ils traversèrent alors l’immense jardin magnifiquement entretenu, et arrivèrent enfin aux abords d’une terrasse donnant vue sur un superbe lac. Jasmin s’assit alors sur l'une des chaises blanches, convié par l’invitation quelque peu froide d’Angus, et posa Rose sur ses genoux qui n’avait toujours pas lâché sa petite poupée de chiffon.
Angus - Venons-en aux faits, si vous le voulez bien.
Jasmin - Je suis ici pour Rose.
Angus - Vous n’avez en aucun cas le droit de garde, seulement celui de visite. Vous devez vous plier aux lois écossaises…
Jasmin - Je le sais. Mais je suis ici pour une raison de tradition familiale.
Angus - Ah oui, et laquelle ?
Rose * - M’apprendre le français.
La fillette qui jusque là avait son regard rêveur posé sur le lac s’était retournée vers son grand-père. Sous cette vague d’innocence et de spontanéité enfantine, Jasmin ne put s’empêcher d’esquisser un sourire amusé, abaissant brièvement son regard sur le petit ange de chiffon que tenait la fillette, et qu’il lui avait offerte pour son quatrième anniversaire.
Jasmin - Pour lui apprendre une magie particulière… L’exorcisme.
Angus - Certainement pas, dit-il dans un rire cynique, la famille Mc Illian pratique la magie noire depuis des générations.
Jasmin - Et la famille Desnostres est vouée à la magie blanche depuis toujours.
Angus - Voilà un bien désagréable dilemme, répondit-il avec ironie.
Jasmin - C’est certain… Mais je souhaite apprendre à Rose cette magie. C’est une tradition familiale importante.
Angus - Je suis sa famille à présent.
Jasmin - Vous ne pouvez pas séquestrer cette enfant et la traiter comme une moins que rien. Elle a bien plus de valeur et de potentiel que vous ne le laissez entendre. Vous la sous-estimez…
Rose - Je n’ai pas de valeur si je ne connais rien à la magie noire, rétorqua la fillette d’un ton sage, jouant toujours avec sa poupée de chiffon.
Angus esquissa un sourire ravi et narquois, hochant alors doucement la tête il narguait ouvertement le Français qui désormais lui lançait des regards noirs. La première chose qu’il avait à faire une fois qu’il se retrouverait seul face à sa petite-nièce, serait d’avoir une conversation avec elle afin de lui faire comprendre certaines choses. La colère monta alors à l’intérieur du jeune sorcier qui tentait de garder son calme malgré sa voix agressive.
Jasmin - Lëtalia aurait voulu que cette tradition soit perpétuée. Vous vous êtes refusés à soumettre cette magie à votre propre fille Satine, savez-vous combien Lëtalia en a souffert sans même vous l’avouer ? En me refusant cette faveur, vous souillez sa mémoire.
Mc Illian, pour une très rare fois, détourna alors son regard bleu électrique qu’il posa à terre. Sa défunte épouse avait été tout pour lui, elle était celle qui avait attendri son cœur de pierre. Il l’aimait tant, qu’une souffrance indicible noua son palpitant avec violence. Il ne souhaitait pas souiller sa mémoire. Jamais. Angus déglutit difficilement et posa ses yeux sur Rose qui lui ressemblait tant. Tout comme Satine. Un léger silence s’installa durant lequel la jeune Mandrake soutenait innocemment le regard de son grand-père.
Angus - C’est entendu. Je vous accorde deux mois de garde en France, chaque été. Le sorcier se leva avant de poser son regard sur Jasmin. J’attends que vous fassiez vos preuves… Et partez à présent.
Jasmin - Avec Rose.
Angus - Je la veux de retour ici le 1er Aout à midi pile.
Angus tourna les talons, tandis que Jasmin affichait un sourire victorieux. Son regard pétillant se posa sur sa petite-nièce qui n’avait guère suivit cette conversation trop sérieuse à son goût. Le Français se leva, la fillette encore et toujours dans ses bras, et lui adressa un sourire.
Jasmin * - On rentre à la maison.
Rose * - En France ? Est-ce qu’on pourra voir Paris ?
Jasmin * - Si tu es sage, dit-il dans un sourire avant de transplaner avec la fillette.
Dernière édition par Rose Mandrake le Lun 26 Mai - 15:18, édité 3 fois |
| | | | Sujet: Re: Waiting on an Angel
Mar 20 Mai - 20:08
| | Invité
- Juillet 2006, Demeure des Desnotres, France - Je croyais vivre
mais je ne servais à rien.
~ Rose's diary ~
   Léandre _______ Rose _______Jasmin____
Chapitre II : L'apprentissage
Rose - Puis je vis descendre du ciel un ange, qui avait la clef de l'abîme et une grande chaîne dans sa main. Il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans.
Jasmin - Ca ira pour aujourd'hui Rose.
La voix du sorcier résonna comme une libération. La jeune fille soupira d'un soulagement tandis que le livre lourd se referma sous les mains de son grand Oncle. Depuis l'accord avec Angus, elle venait passer ses étés ici en France, dans la demeure de ses ancêtres, partageant son temps entre l'apprentissage de la foi, de l'ancienne magie exorciste et les moments d'insouciance enfantins. La première année n'avait guère été évidente pour la fillette encore jeune. Elevée dans la laïcité il lui avait fallu apprendre à louer une religion qu'elle connaissait peu afin de pouvoir maîtriser la pratique de l'exorcisme et ainsi invoquer des anges venus d'un autre monde. Sans vraiment le savoir, elle commençait à auto-mutiler son âme, blessée par ces invocations pesantes et difficiles. D'année en année, sa pétillance naturelle s'atténuait, perdue entre l'éducation stricte basée sur la magie noire de son grand-père, et l'enseignement religieux ayant attrait à la magie blanche de son grand-oncle. La jeune fille s’étira, assise sur la terrasse elle profitait des doux rayons du soleil. Du haut de ses douze ans, elle observait sa peau blanche à laquelle elle tentait désespérément de lui donner des couleurs, sous le sourire de son oncle Jasmin qui se cala un peu plus dans son siège. Elle se sentait bien ici, sans oppression ni paroles tranchantes, Rose passait ses temps libres à prendre des bains de soleil sous le chant des grillons. Jasmin se leva et rentra dans la maison aux baies ouvertes afin d’y déposer la Bible qu’il avait dans les mains, tandis que le regard de la petite-nièce se perdait sur l’horizon.
Léandre - On a finit sa leçon ? C’est l’heure de passer à la pratique hein ?
Rose - Salut Léandre, dit-elle dans un sourire à l’homme qui venait d’arriver.
Léandre - Comment ça va ma belle ? Ton oncle t’en fais voir de toutes les couleurs j’suis sûr... Remarque il peut pas être plus barbant que certains curés...
Jasmin - Je suis ravi du compliment que tu m’accordes.
Jasmin était retourné à la terrasse, un grand sourire aux lèvres. Les deux sorciers se firent une accolade amicale mais ferme. La jeune fille s’accouda sur la table, pensive. Elle appréciait beaucoup ce Léandre, un ami d’enfance de son grand-oncle. C’était grâce à lui qu’elle avait compris que ce n’était pas l’influence magique qui faisait le bien ou le mal, mais la façon dont on s’en servait. En effet Léandre était issu d’une famille portée sur la magie noire, et il restait pourtant une personne très sympathique et franche, opposée à tout ce qui avait trait aux mangemorts. Il était la figure même de la tolérance et du rêve d’un avenir paisible. Jasmin fit un clin d’œil à Rose, l’heure du cours pratique était venu. La jeune fille lui tira la langue avec taquinerie et se leva alors, suivant les deux sorciers dans le jardin bordé d’arbres hauts. Situés à plusieurs mètres de distance l’un de l’autre, Rose et Léandre se faisaient face, comme s’ils étaient prêts à s’affronter dans un duel imminent. Jasmin s’approcha alors de la jeune blonde et s’accroupit afin de se mettre plus ou moins à sa hauteur.
Jasmin - Ne doute pas cette fois Rose. Pas comme hier. Ne doute pas et tu n’auras pas mal, cette fois, d’accord ?
Rose - D’accord... répondit-elle d’une voix hésitante, son regard allant de Léandre à son oncle.
Jasmin - Tu as la foi, ton esprit est pur et intouchable...Ne laisse pas la crainte souiller ton âme... Respire à fond... Léandre va y aller d’abord doucement pour que tu t’y remettes petit à petit...
La jeune fille hocha la tête en réponse de son oncle qui se releva alors. Ce dernier fit un signe à Léandre que le duel pouvait commencer, se reculant de quelques pas en arrière. Le ciel s’assombrit alors, chargé de lourds nuages noirs, le vent siffla avec agressivité, le froid s’installait peu à peu. Léandre releva lentement la tête, son regard vide témoignait de sa transe passagère. Soudain une forme d’abord incertaine et massive fit son apparition devant le sorcier, lui tournant le dos et se posant face à Rose, toujours relativement éloignée. Le démon commença à prendre forme, sa silhouette ténébreuse se dessina, ses yeux brillèrent d’une lueur rouge agressive, et ce regard injecté de sang ne quittait plus la jeune fille. La première fois qu’elle avait vu ce monstre, Rose avait sentit en elle une vague d’angoisse et de peur qui l’avaient empêchée d’agir. Aujourd’hui habituée du fait des entraînement quotidiens face à Léandre, la jeune fille ne frémit pas, elle garda son calme et sa sérénité, son aura se fit apaisante et apaisée. Elle ferma alors les yeux, repensant aux mots de son grand Oncle. Ne pas douter d’elle-même. Un rayon de lumière vint alors percer les nuages noirs, laissant s’engouffrer une lueur blanche qui se répandit sur le jardin. Le vent s’atténua et le ciel recouvra son bleu, tandis qu’une silhouette aux contours lumineux se dessina devant la jeune fille. L’ange ouvrit ses ailes dans toute sa splendeur, l’invocation prenait sur sa force morale, néanmoins Rose se sentait encore forte. Le combat s’entama, les entités s’envolèrent alors dans les airs à quelques mètres du sol afin de mener leur lutte. L’Ange encore jeune se démenait comme il le pouvait face au démon obscure. A chaque blessure infligée, la jeune fille sentait sa faiblesse s’aiguiser et gagner sur sa force, mutilant un peu plus son âme d’une force mystique indicible. Pourtant l’Ange tenait bon, il parvenait même à prendre le dessus sur la force maléfique. Jasmin se tourna alors vers Léandre et lui adressa un nouveau signe de tête, il pouvait à présent donner tout ce qu’il avait. La force du démon se décupla, tandis que l’oxygène se faisait rare dans les poumons de la jeune fille qui peinait à respirer. Plus les blessures de l’ange se faisaient violentes, et plus elle voyait trouble. Soudain Rose tomba à terre, genoux au sol, tenant fébrilement sa tête blonde dans sa main, fermant alors les yeux. L’Ange tombé également à terre disparut à son tour, Léandre quant à lui ordonna à son démon de partir, et les deux sorciers se précipitèrent vers la jeune Mandrake. Son oncle l’aida doucement à se relever dans un sourire.
Jasmin - Magnifique. Tu as tenu tête comme il se devait.
Rose - J’y arriverai jamais... c’est trop dur, répondit-elle au bord de l’épuisement, le visage blême.
Léandre - Tu vaux beaucoup plus que ce que tu ne penses. Souviens t’en.
Jasmin - On va arrêter là pour aujourd’hui.
Rose hocha la tête, on l’aida à la ramener à la maison tant elle se sentait trop faible pour marcher seule. Son esprit n’était pas encore assez endurci pour une telle chose, aussi son oncle la prit dans ses bras afin de rejoindre la demeure. Aujourd’hui il n’était pas intervenu, signe qu’elle s’était améliorée. A chaque journée d’entraînement, Jasmin invoquait également son propre Ange, quitte à s’affaiblir de jour en jour, afin de parfaire l’éducation magique de sa petite nièce. Il posa doucement la jeune Rose dans un canapé, lui adressant un bref sourire, sans doute conscient des efforts qu’il devait demander à la fillette de douze ans. Cette dernière lui sourit en retour, son estomac se serrant un instant à l’annonce des paroles qu’elle prononça alors :
Rose - Je veux pas rentrer chez mon grand-père demain. Je veux rester ici...
Jasmin - Je ne peux pas te garder avec moi Rose, je n’ai pas le droit. On se verra dans un an, c’est promis.
Une peur des lendemains se cachant dans sa voix. La jeune fille sourit une dernière fois, sa pétillance périssait avec son enfance volée. Puis elle s'endormit, à bout de forces.
Dernière édition par Rose Mandrake le Ven 23 Mai - 23:53, édité 1 fois |
| | | | Sujet: Re: Waiting on an Angel
Ven 23 Mai - 23:48
| | Invité
- Juin 2008, Manoir Mc Illian, Ecosse -
L'ami que j'aimais est maintenant poussière
Moi aussi, ne vais-je pas connaître le même sort,
Et ne plus jamais me lever pour l'éternité ?
~ Rose's Diary ~   Léandre _______ Rose ________Angus____ Chapitre III : L'annonce de la Faucheuse et la Prophétie Professeur - Miss Mc Illian, c'est l'heure de votre leçon d'escrime !
Une voix criante s'élevait du bas des immenses escaliers du manoir, à cet appel un soupir agacé s'échappa des lèvres rosées de la jeune fille allongée sur son lit. Ses yeux bleus fixant son baldaquin, ses mains frêles posées sur son ventre couvert d'une robe blanche, elle pensait à mille et une choses. Pourquoi fallait-il que ce soit l'appel d'un professeur qui ne l'éveille, et non pas celui du prince à qui elle pouvait penser. De nouveau, la voix du sorcier s'éleva, toujours conciliant malgré une petite pointe désabusée qu'il s'efforçait de cacher. La jeune Rose le savait, en ce temps d'insouciance où son enfance n'avait pas été encore complètement brisée, il arrivait régulièrement qu'elle se joue de ses enseignants. Et à chaque étrange disparition de la jeune héritière, les domestiques se devaient de fouiller le manoir de fond en comble sous le regard amusé de la jeune blonde. Baignée dans une lumière blanche, Rose tourna la tête dans une sérénité déconcertante, comme si aucune voix n'appelait son nom et ne demandait sa présence. Ses prunelles azurées se posèrent sur sa petite poupée de chiffon, dessinant sur ses lèvres un sourire léger et faisant pétiller ses yeux d'une nostalgie particulière. Des bruits de pas montant les escaliers de marbre menant à sa chambre se firent alors entendre, et aussitôt la jeune fille se redressa, posa ses pieds rapidement à terre et se dirigea à grands pas vers la large fenêtre qu'elle ouvrit alors. Une légère brise s'engouffra, venant caresser sa peau d'opale tandis qu'un sourire mutin vint s'apposer sur ses lèvres. Rose se retourna brièvement, jetant un coup d'oeil vers la porte d'entrée de sa chambre jaugeant ainsi le degré de proximité de son professeur. Soudainement, la vue de la jeune Mandrake se troubla, le mal s'immisça dans son cerveau qui ne comprenait plus ce qui se passait, et infiltra ses poumons avec force. La tête lui tourna, l'oxygène commençait à lui manquer, et la jeune fille commença à happer l'air comme elle le pouvait. Etrangement le mal s'en alla aussi vite qu'il était venu, lui laissant une légère souffrance au niveau de sa poitrine que Rose ne releva pas. Sans doute s'était-elle levée trop vite. L'insouciante haussa les épaules puis avec une agilité féline, elle enjamba la barrière de son balcon, son regard pétillant de malice et d'amusement. Apposée sur un tout petit morceau de béton marbré, acculée contre ladite barrière, ses mains fermement refermées sur celle-ci, la jeune fille fixa l'arbre centenaire posté en face d'elle, se refusant de regarder dans le vide. En un saut, elle rejoint le perchoir tant désiré, la jeune Rose avait tant de fois effectué cette même acrobatie pour échapper à quelques cours barbants que ç'en était facile. Avec douceur, elle descendit alors de l'arbre et alla se caler sous sa fenêtre, bien adossée contre le mur. D'ici son prédateur ne pouvait là voir d'en haut. Rose se pinça alors les lèvres, amusée.
Elle leva alors la tête, ses mains blanches plaquées contre le mur, attendant la venue de son enseignant sur le balcon. Il verrait ainsi qu'elle s'était une fois de plus jouée de lui, gromellerait dans sa barbe avant de tourner les talons et d'affirmer à Angus qu'il ne remettrait plus jamais les pieds ici, s'il était question d'enseigner à un élève fantôme... Comme à chaque fois que la jeune Rose lui échappait ainsi. Mais le Professeur revenait, car dans le fond il aimait beaucoup la jeune Mandrake qui le lui rendait bien, elle se montrait simplement taquine avec lui par moments. Une fois qu'elle eut le champ libre, Rose put alors quitter sa cachette de fortune et se promener dans l'immense jardin du manoir. Bien malheureusement pour la jeune fille, la satisfaction fut de courte durée car elle se retrouva nez à nez avec son grand-père. Rose se figea alors, ses yeux bleus vinrent soutenir le regard électrique d'Angus, plus par crainte et surprise que par provocation. Le vieux sorcier aux airs froids posa alors ses yeux au loin, comme si la fillette n'existait pas, comme s'il se posait sur un pied destale si haut qu'elle en était que plus insignifiante.
Angus - C'est la deuxième fois que je te surprends à échapper à tes cours, et ce n'est certainement pas ta seule tentative de fuite quant à ton enseignement. Je vais me sentir obligé d'apposer des barreaux à ta fenêtre Rose.
Rose - Non, s'il-te-plaît, c'était juste... pour m'amuser. Ne fais pas ça, je serai sage c'est promis.
Angus - Idiote que crois-tu que diraient de moi les sorciers de la haute société s'ils apprenaient que je séquestre ma petite-fille ? L'envie ne m'en manque pas mais l'éthique m'en empêche, dit-il dans un sourire froid, à ne pas savoir s'il plaisantait ou non. Et les promesses... Au vu de ce que tu te traînes comme père, la notion d'honnêteté ne doit pas être dans tes veines comme elle pouvait l'être pour lui.
Rose - Mon père était...
Angus - Dépêche-toi donc d'aller en cours avant que je ne m'énerve vraiment.
La jeune fille frissonna et posa son regard à terre, penaude. Elle s'apprêta à tourner les talons, quand soudain un frémissement lui parcourant la nuque se fit de nouveau sentir. Son coeur s'accéléra, Rose se mit à tousser avec force, cherchant à happer l'air qui se refusait d'infiltrer ses poumons. La jeune fille s'asphyxiait, un goût amer de sang vint se faire sentir dans sa bouche. Ses jambes commencèrent à vaciller, et son cerveau qui n'était plus assez fourni en oxygène commença à se troubler, tout autant que sa vue. La jeune fille se sentit alors tomber, et ce fut le trou noir.
***
Medicomage - Miss Mc Illian est atteint de la phtisie, Sir.
Angus - Et bien, est-ce grave ?
Medicomage - ... La phtisie est bien souvent mortelle. Autant être franc avec vous, si je ne pouvais que vous offrir les moyens de médecine moldue, elle ne survivrait pas deux ans. D'autant que c'est assez fulgurant, les symptômes se sont développés avec une rapidité pour le moins morbide...
Angus - Vous n'êtes pas un maudit moldu, vous êtes sorcier, soignez-la.
Medicomage - C'est bien ce que je compte faire, Sir Mc Illian, répondit-il en arquant un sourcil à la remarque discriminatoire d'Angus. Mais vous devez savoir que ces soins ne feront que rallonger son espérance de vie, c'est un maladie incurable au point où elle en est, et je ne fais pas de miracles. Je peux l'aider à alléger ses souffrances, pas la sauver.
Angus - En ce cas donnez-lui dix ans de plus, ce sera déjà amplement suffisant.
Les voix s'éloignèrent en écho, signe que les deux interlocuteurs également. La jeune fille ouvrit doucement les yeux, la lumière blanche dilata alors quelque peu ses pupilles trop longtemps restées dans l'obscurité. Son regard se posa du dais de son baldaquin à la femme âgée d'une cinquantaine d'années, assise sur une chaise de bois blanc, son visage enfoui dans ses mains ridées. La jeune Rose plissa les yeux, reconnaissant alors sa nourrice, du moins la domestique responsable de l'héritière Mc Illian. Amanda avait toujours été pour elle comme une deuxième mère, c'était auprès d'elle que Rose venait chercher réconfort et tendresse lorsqu'elle n'allait pas bien. Les lèvres de la Gryffondor s'entrouvrirent, appelant à cette femme muée en des pleurs silencieux, mais aucun son ne put sortir. Rose tenta alors de se redresser, mais seuls les bruissements de ses draps de satin vinrent témoigner de sa tentative de se relever, car la force n'y était pas encore. Peu à peu, elle se devait de retrouver ses esprit. Amanda tourna alors la tête, et se précipita soulagée au chevet de la jeune blonde, caressant ses cheveux blonds de sa main âgée dans un sourire que lui rendit Rose.
Amanda - Miss Mandrake, votre sourire ne s'efface jamais. Je suis heureuse de voir vous éveiller enfin.
Rose - J'ai... dormi longtemps ?
Amanda - Cinq heures. Quoi de plus normal, il faut beaucoup dormir pour bien grandir !
La vieille femme sourit alors, son visage était illuminé d'une fausse jovialité, car elle avait toujours horreur de dramatiser les situations. Pour Amanda, nier la gravité de la maladie qu'ils venaient de découvrir à la jeune fille était un moyen de la combattre, c'était avant tout une guerre psychologique. Rose enserra sa main de la force qui lui restait, avant de tourner ses yeux bleus vers la porte. Derrière celle-ci s'était tenue une conversation dont elle avait tout entendu. Etrangement le ton grave du médicomage et son avertissement quant à la courte durée de vie de la jeune Mandrake ne semblaient pas la troubler plus que cela. Rose plissa un instant les yeux, avant de tourner son visage blême vers la domestique.
Rose - Amanda... Qu'est-ce que c'est, la phtisie ?
Amanda - Peu importe, ça se soigne et il est hors de question que vous vous fassiez du souci pour ça. Le médicomage a laissé les médicaments qu'il vous faut. Vous verrez, dans deux jours tout sera parti.
La domestique hocha la tête avec détermination et dans un sourire tendre. La vieille femme savait que rien de ce qu'elle pouvait avancer était vrai, néanmoins elle voulait y croire. Rose lui offrit un nouveau sourire, sa nourrice était la seule à l'appeler ainsi, "Miss Mandrake", et cela lui faisait du bien. Son regard se posa alors pensivement sur le dais de son lit, mais ses paupières se firent bien trop lourdes et la jeune fille ne tarda pas à tomber de nouveau de sommeil, faible et fatiguée.
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| | | | Sujet: Re: Waiting on an Angel
Lun 26 Mai - 14:15
| | Invité
*** Les jours passèrent, et les médicaments du médecin faisaient effet. Ce mal étrange ne venait plus oppresser ses poumons, tant et si bien que Rose oublia bien vite les propos tenus par ledit médicomage. Elle se sentait bien, à ses yeux la santé lui était revenue, il n'y avait plus de quoi s'inquiéter. Assise sur une chaise arborrant une large terrasse, Rose regardait distraitement ses jambes se balancer allégrement au rythme de son envie. Non loin d'elle se tenait son grand-père silencieux, l'arrivée imminente du français semblait attiser sa colère qu'il dissimulait néanmoins. Au bout de longues minutes muettes et interminables, une silhouette familière apparut alors, s'approchant à pas lent des deux Mc illian. Sans hésiter, Rose sauta à terre, se dirigeant à grand pas vers Léandre qui arborrait un sourire forcé. La jeune blonde lui offrit un sourire ravie ainsi qu'un regard interrogatif, se mettant alors sur la pointe des pieds dans l'attente d'une deuxième silhouette familière.
Rose - C'est toi qui viens me chercher ? Où est...
Léandre - ... ton oncle ?
Rose aquiesça d'un signe de tête, un sourire toujours ravi sur les lèvres. Elle aimait le mois de Juin tout autant que celui de Septembre qui étaient ceux de sa libération. Chaque année depuis sept ans, Jasmin venait chercher sa petite nièce et bien que l'enseignement magique qu'il lui offrait était pour le moins épuisant, Rose préférait cent fois la tendresse de son oncle que la rudesse de son grand père. Léandre ne put que lui offrir un sourire compatissant en retour, sa gorge nouée ne pouvait sortir les mots cruels, d'autant plus que l'état de santé de la jeune blonde se trouvait être inquiétant, bien qu'elle paraissait en pleine forme. En vérité Jasmin avait déjà fait part de ses craintes à Léandre quant aux symptômes faibles et bénins qu'avait pu développer la jeune Rose l'année précédente, ce à quoi Léandre lui avait répondu qu'il ne devait s'agir que d'un mauvais rhume. Aujourd'hui il s'en voulait terriblement d'avoir sous-estimé les mots de son ami. Le français lui fit un clin d'oeil amical lorsque la silhouette d'Angus s'avança à son tour d'un pas lent mais ferme.
Angus - Seul Mr Desnotres est autorisé à venir chercher sa petite nièce. Nous avions passé un accord.
Léandre - Je le sais, répondit le démonologue. Je viens... Apporter quelque chose à Rose.
Rose - Pourquoi, qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle avec une lueur d'inquiétude dans le regard.
Léandre - Ton oncle... m'a demandé de te donner ceci.
Le français déglutit difficilement, sortant de la poche intérieure de son veston une enveloppe scellée qu'il tendit à Rose. La jeune fille le fixait d'un air interrogatif et inquiet, tant et si bien que Léandre ne put la regarder dans les yeux. Il était certain qu'à l'intérieur de l'esprit de la Gryffondor se dessinaient les pires scénarios. Sans un mot donné sur la précieuse enveloppe, il alla par la suite fouiller sa poche de pantalon pour en sortir une chaine d'argent arborant une croix sainte en pendentif. Sa paume au-dessus de la main frêle de Rose, il laissa glisser le bijou entre ses doigts afin de le délivrer à la nièce de son ami.
Rose - C'était son pendentif...
Léandre - Il te l'offre, il m'a demandé de venir te l'apporter en mains propres... sur son lit de mort.
Rose - Non il n'est pas...
La gorge de Rose se noua, tandis que montaient des larmes à ses yeux bleus paniqués. Elle sentait le monde s'écrouler autour d'elle, ses espoirs d'une vie plus facile s'envoler avec l'âme de son oncle, elle était seule au monde, à présent. Son regard se baissa à terre, tandis que des frissons lui parcoururent le dos. Léandre posa une main sur l'épaule de la jeune fille, la mine attristée, baissant ses yeux à son tour. Pourquoi fallait-il qu'il soit porteur de mauvaise nouvelle à Rose, qui de surcroit était à présent condamnée par une maladie perverse. Et si cela l'achevait sur place... ? Léandre préféra porter la conversation sur l'enveloppe, sans un regard pour Angus qui ne disait mot mais demeurait glacial.
Léandre - La tante de Jasmin est une vieille femme assez excentrique, mais il lui arrive de tomber en transe par moments... C'est une prophétie mise par écrit par ton oncle. Elle te concerne. Attends Rose, rajouta-t-il alors que la jeune fille s'apprêtait à l'ouvrir, tremblante. Ton oncle l'a scellée de façon à ce que tu ne puisses l'ouvrir que l'année de tes seize ans, pas avant... C'était son choix, et crois moi cela doit être mûrement réfléchi...
Rose - De quoi... de quoi est-il mort ? demanda la jeune fille troublée par tous ces événements, le regard perdu et la voix tremblante.
Léandre - Il invoquait chaque été, tout comme toi, tu t'en souviens ? Mais Jasmin en réalité avait recours à cette magie tout au long de l'année, c'était trop épuisant physiquement, et écrasant moralement...
Rose - Il est mort... de fatigue ?
Angus - Il est mort par ta faute Rose. S'il ne s'était pas entêté à donner corps et âme pour ton éducation magique, rien ne serait arrivé.
La jeune Rose se retint de pleurer, il avait amplement raison. Elle avait fini par le tuer, simplement en étant présente, Rose avait mis sa vie en poussière. Léandre lança un regard noir et menaçant à Angus qui tourna les talons dans un sourire cynique. Jasmin ne viendrait pas, c'était amplement suffisant pour remettre sa bonne humeur d'aplomb. Un lourd silence s'ensuivit, durant lequel les mains de la jeune fille vinrent se crisper sur l'enveloppe brunâtre et sur le pendentif d'argent. Elle se fichait de cette prophétie, se fichait de ce qui pourrait advenir d'elle, son monde s'écroulait, sa pétillance se mourrait pour venir se ternir, ses yeux depuis ce temps ne brillèrent que d'une lueur triste. Léandre se pencha quelque peu, posant ses mains sur ses épaules et la fixant d'un regard tendre, ne la lâchant pas des yeux.
Léandre - Tu ne l'as pas tué, ce qu'il dit est idiot.
Rose - Vraiment... répondit-il dans un murmure ironique.
Léandre - Vraiment, répliqua le sorcier d'une voix certaine. Je reste avec toi, on va en parler tous les deux. Rien que tous les deux.
Il afficha un sourire forcé alors que Rose leva ses yeux bleus et embués sur Léandre. Sa gorge se noua, elle souhaitait être seule à présent, ne pas être responsable d'une perte de plus. Son regard finit par se poser sur l'enveloppe scellée et la prophétie qu'elle contenait, ainsi que du pendentif qui lui arrachèrent quelques larmes.
Rose - Je ne veux pas en parler, je veux parler de rien. Je veux rester seule, toujours. A l'abri. Je veux juste être quelqu'un d'autre.
Sa voix se faisait murmure. Une dernière fois elle leva ses yeux sur Léandre avant de tourner les talons. La jeune fille marchait tête baissée, pour ne plus jamais la relever. Ces mots furent le prémice d'une nouvelle vie. Elle ne pétillerait plus, refuserait de parler d'elle, de ses craintes comme de ses espérances. Bâtirait son monde, aussi éphémère pouvait-il être, et marcherait seule, parce que c'était là son souhait. |
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