« VA POURRIR EN ENFER, DE NOD ! HAHAHA ! JE VAIS TE CREVER COMME J’AI CREVE MEKIAN ! »

Un sourire dans l’ombre de la pluie. Un sourire malade, sous une capuche de sweat. Les mains dans les poches, Nathanaël De Nod avance doucement vers sa victime. Car cet homme en face de lui va mourir, assurément. Il ne peut être conduit qu’à ce destin puisqu’il a tué un Héritier. La Guilde, c’est comme la Mafia. Si on touche à un membre de l’organisation, on se chargera d’exécuter avec style son agresseur. Mianni agita sa baguette et un éclair bleu et fulgurant jaillit. Une silhouette jaillit de terre, putride, immonde et se prit le sort de plein fouet, protégeant ainsi Nathanaël qui continuait d’avancer les mains dans les poches, son sourire fade éclairant à peine son visage caché. Mianni cligne des yeux. Ses yeux plein de folie. Nathanaël haït ces yeux. Il a envie de les lui arracher pour bien lui faire comprendre l’horreur et la mesure de son crime.Le Nécromancien avance de plus en plus vite, il court presque. Il ne sent même plus son cœur battre dans sa poitrine tant il cogne fort. D’abord, il envoie son poing dans cette sale gueule de Mianni. Il va se les ravaler, ses commentaires sur la pureté de la race magique. Un nazi sorcier, on aura tout vu. Mianni hurle de douleur, il ne comprend pas ce qu’il lui arrive. Ses chairs le brûlent, ça sentirait presque le barbecue si c’était pas aussi morbide. Nathanaël aurait presque envie de rire. Qu’est-ce qu’il est con, ce Mianni ! Nathanaël cogne et cogne encore. A chaque coup, Mianni hurle, il brûle ce salopard. Il a tué Mekian, hein ? Il a tué un gamin de douze ans parce qu’il pouvait réveiller les morts. Nathanaël cogne une dernière fois, dans le ventre, et laissa Mianni retomber à terre. Doucement, avec un sourire, le Nécromant ramassa la baguette du sorcier et joua avec, négligemment, tandis que Mianni se tord de douleur, défiguré.

« Quand tu sortiras de terre une deuxième fois, pour être mon esclave, tu sauras ce qu’est vraiment l’Enfer. Tu n’imagines même pas à quel point tu vas payer pour ton crime. A la revoyure, mec … »

23 heures 15. Le portail de la vieille demeure grinça, sous la pluie battante. Clyde releva la tête, l’air affolé. Ce jeune homme de dix-huit ans, issu d’une famille riche, membre éminent de la Guilde, était l’apprenti artisan de Samaël de Nod. La jeune femme et son frère fascinaient Clyde, qui n’avait qu’un seul but : leur ressembler. Il entendait la vieille voiture de Nathanaël se garer devant le manoir. Clyde devança ses protecteurs et alla ouvrir la porte de bois, tendant la tête dehors pour apercevoir les deux silhouettes sombres qui sortaient de la voiture. Une silhouette féminine claqua violemment la porte et criait sur l’autre personne qui ne répondait pas. Clyde déglutit : Samaël en colère ne présageait rien de bon. Il se demandait comment elle ne pouvait pas craindre son frère aîné. Samaël entra en premier. Comme Clyde l’avait pensé, elle était furieuse et agitait sa baguette dans tous les sens. Son souffle court, ses mèches collées à ses tempes blanches indiquaient qu’elle avait couru. Nathanaël, lui, affichait un air serein, presque satisfait. Clyde referma discrètement la porte, en apprenti dévoué. Samaël ne fit même pas attention à lui et laissa exploser sa rage.

« Espèce de con ! Tu voulais quoi, nous faire tous découvrir ? »
« Personne ne le saura … J’ai pris toutes les dispositions nécessaires. »
« Je m’en tape ! Ne fais plus jamais ça ! Tu veux te tuer encore plus vite ? Regarde dans quel état tu es ! Tu es taré, Nath, complètement ! »
« Je sais … »
« Regarde-toi … Tu ressembles de plus en plus à l’un de tes cadavres. »
« Tout le monde naît bien pour mourir un jour. »
« … Je renonce. On ne peut pas parler avec toi, Nath. Clyde, viens. »
« Euh … Oui. »

Clyde jeta un regard derrière lui et croisa celui de Nathanaël, qui en deux pas, le bloqua contre le mur. Abasourdi, Clyde bafouilla, se débattit un peu pour la forme. Son coeur menaçait d'exploser. D'une voix doucereuse, le Nécromant murmura :

« Tu comptes nous mentir encore longtemps, Elie, fils de Zhora ? »
« Comment … Comment avez-vous su ? »
« Là n’est pas la question … Je tolère parce que tu es bon, Elie, mais si jamais je retrouve un corbeau cloué sur ma porte, je saurais à qui m’en prendre … Avises-toi de te faire prendre et je t’infligerais des souffrances pire que la mort. File … »
« O-Oui … »

Nathanaël regarda le menteur disparaître dans les escaliers et lui se dirigea vers sa chambre, au rez-de-chaussée. Il ouvrit la porte, qui grinça. L’air sentait le renfermé et la poussière. Un fantôme attendait patiemment sur le lit. C’était une jeune femme. Elle fixait, courroucé, son neveu. Nath’ eut un sourire, ce sourire fade et dérangeant. La jeune femme se redressa et flotta, à quelques centimètres du jeune homme. Son corps argenté ondulait au gré des courants d’air. Nathanaël la salua d’un signe de tête et demanda :

« Alors ? »
« Rien à signaler. »
« Merci. »
« Je n’aime pas faire ça, Nathanaël. »
« Personne n’aime ça. Tu peux t’en aller. »
« Bonne nuit, Nath’. »
« Bonne nuit. » répondit-il, bien que ce soit inutile.

Le fantôme disparut dans le parquet, laissant Nath’ seul dans sa chambre. Il s’écroula sur son lit, épuisé. Ses yeux gris se fermèrent, laissant place à un sommeil agité.