 Sujet: « i think i am going to burn my wings »
Sam 28 Mar - 22:22
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 Beck E. Bones
 ________________ « i think i am going
to burn my wings »« dust of my own wings »Première réponse pour Callyl
ç__ç désolée du retard, par ailleurs_______________ 
Anaël Géhenne
La regard profond de la blonde se porta devant elle. Il y avait quelques papiers sur son bureau où l'écriture se confondait avec la saleté. Les traces d'encre mélangeait à celles du café donnaient un côté authentique qui ne lui déplaisait pas vraiment. Elle repoussa la chaise et se leva. Son coeur battait bien trop vite, et ses poumons avaient du mal à se gonfler. C'était normal. C'était toujours comme cela. Elle toussa deux trois fois puis alla vers la porte. C'était sans doute la fin. Elle avait repoussé l'échéance, mais le sang qu'elle toussait tous les matins était la preuve qu'elle était allé trop loin. Beaucoup trop loin. Ses poumons étaient noircis, son coeur rétréci, ses artères presque bouchées, ses reins atteints et sa rate n'était plus qu'un infime organe. Elle ne savait même pas comment elle arrivait encore à tenir sur ses deux jambes. Partirait elles, elles aussi? En lambeaux? Elle n'en savait rien, mais la douleur qui lui remontait la gorge en disait bien long. Elle devait faire ce qu'elle avait à faire très vite, pour ne pas être prise par le peu de temps qu'il lui restait. Un an, deux ans tout au plus? Si seulement elle passait l'hiver... elle le savait, et après? Cette douleur, elle l'appréciait. Tant qu'elle souffrait, elle était vivante. C'était la meilleure chose qu'elle espérait encore. Un animal, un chartier, passa la tête par dessus le bureau et sauta sur sa maîtresse, s'accrochant à elle, désespérément, et grimpa finalement sur son épaule droite.
« Où fas tu? » L'animal pencha la tête, curieux.
« Je vais à Mangouste. Il est l'heure... »
« Ooh. »
Les yeux du chartier brillèrent. C'était utile. Il fallait qu'elle se soigne. Elle en profiterait pour faire ce qu'elle avait à faire. Et vite. Elle réajusta sa mèche derrière son oreille et avança dans le couloir, descendant les marches, unes à unes, l'animal encore sur son épaule. Le chartier était la seule créature magique à savoir parler, mais elle utilisait bien souvent un langage très vulgaire, d'où l'expression « parler comme un chartier ». C'était étrange qu'il ne dise jamais un seul juron quand il lui parler, à elle. Peut être l'affection? Qu'importe. Elle tira de sa poche un téléphone et ouvrit le clapet, alors qu'elle enfonçait, avec sa deuxième main, la clef dans la porte de son appartement, tournant cette dernière afin de protéger l'intérieur. Elle descendit les marches, le regard toujours rivé sur l'écran auto éclairé. Elle connaissait les marches par coeur, avec le temps... Elle appuya sur « send », et rangea son téléphone. Elle irait jusqu'à Mangouste en voiture, ça lui ferait un peu de bien, et ça lui laisserait le temps de s'attendre au pire, et de prévoir le meilleur. Elle ouvrit la portière, laissa glisser le chartier sur le siège passager, et pris place devant le volant, un regard déterminé sur le visage. Son coeur battait fort, mais il y avait tant de raison à cela...
Une, surtout.
[…]
La voiture s'immobilisa. Elle ferait le reste à pied. Elle tenait dans sa main un mouchoir. Son chartier la suivrait jusque dans l'hôpital. Anaël mit derrière son oreille une mèche de cheveux blond comme le blé et ferma sa voiture, une petite berline noire, simple. Elle avança vers Mangouste et ouvrit la porte de l'établissement. Elle fut prise d'une quinte de toux et posa aussitôt son mouchoir blanc devant sa bouche. Le sang tâcha la mouchoir qui devint noir, un noir ignoble, un noir... comme la fin de quelque chose. Elle roula des yeux alors que les infirmières la regardaient, choquées. Le chartier s'hérissa comme un chat et hurla, dans son accent fortement allemand :
« E'ze que ze vous regarde avec zes yeux, moi? Zales catins! »
« Zapan! » Anaël se pencha et attrapa l'animal. Elle releva les yeux. Une infirmière s'approcha et lui demanda, d'une voix assez fluette :
« Vous voulez quelque chose? »
« J'aimerais voir le docteur Millehov. »
« C'est que vous n'avez pas de rendez vous et... »
« Il n'y a que lui qui puisse m'aider. »
Le sourire d'Anaël était fin et tendre, un sourire d'ange que seule elle pouvait esquisser. Sa chevelure blonde lui donnait une certaine auréole et ses yeux bleus étaient sans doute un atout de plus. L'infirmière recula et sembla hésitait quelques secondes. Le chartier, visiblement agacé, se remua entre les bras de sa maîtresse, sifflant.
« Nous foulons Millehov, fous zaves compris, incompétente boniche? »
L'infirmière regarda l'animal et grinça des dents, se retournant.
« Allez dans cette salle, là bas. La 08. Je vais chercher le Docteur Millehov... »
« Merci beaucoup. »
« Z'est pas trop tôt, poufiaze! »
« Zapan, ça suffit! »
Le chartier grogna et se calma quand sa maîtresse tourna le dos, allant dans la salle 08. Elle poussa la porte et découvrit une pièce sans vie, une pièce morte. Il n'y avait que du blanc. Un lit blanc, des instruments métalliques avec des reflets blancs... même des fleurs blanches. Cette salle était inhabitée seulement depuis quelques jours, voir quelques heures. Elle posa l'animal sur le lit et le chartier siffla, furieux. Il tourna le dos à sa maîtresse alors que cette dernière se posait, elle aussi, sur les draps blancs.
« Z'espère que za en faut le coup... »
« Ça vaut bien plus, Zapan. »
Elle regarda la porte. Son corps entier était comme anesthésiée. A ce moment là, elle sentait tout juste rempli d'un liquide dégueulasse mais réconfortant... du liquide amniotique.
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