 Sujet: _Dear... || Will ||
Dim 8 Juin - 20:07
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 5h03.
Gabriel était allongé dans son lit, sur le dos, les yeux grands ouverts dans la pénombre. Normal. Non, il n'était pas insomniaque, en vérité il venait juste de s'éveiller. Il n'avait pas besoin de dormir énormément - mais paradoxalement, il n'était pas rare qu'il s'endorme durant la journée - mais en même temps, il s'était couché aux alentours de 22h00. Sept heures de sommeil, c'était amplement suffisant pour lui. Le jeune homme s'enfonça plus confortablement dans son matelas et resserra la couette autour de son petit corps frileux. On avait beau être à l'aube de l'été, Gaby était connu pour souffrir en permanence du froid, tout le contraire de son petit frère qui, lui, crevait tout le temps de chaud. Atteint d'un brusque accès de flemme, il ne consentit pas à s'extraire de son nid douillet tout de suite. De toute façon, à quoi bon se lever à 5h00 alors qu'il savait pertinemment qu'il allait être bien trop en avance, et qu'il allait donc s'ennuyer terriblement. Le marionnettiste poussa un petit soupir dans l'obscurité et clôt ses yeux vairons, un vert et un bleu. Il médita ainsi un bon quart d'heure, bercé par les respirations paisibles et régulières de ses camarades de chambre et de maison. C'était agréable de ne penser à rien, de ne se préoccuper de rien. Ni des visites à l'hôpital pour aller voir sa mère, ni des corvées à faire à la maison, ni des marionnettes à fabriquer avec une perfection méticuleuse, ni des élèves à surveiller dans le cadre de son rôle de préfet. Un quart d'heure à ne rien faire. C'était pour ça que le petit brun aimait le matin : il s'agissait du seul moment il lui était accordé de ne penser qu'à lui.
Le jeune androgyne roula sur le côté puis se redressa en position assise, les pieds posés au sol, et s'étira pour décrisper ses muscles encore tétanisés par le sommeil. Flottant dans son large pyjama noir et sur mesure, fabriqué par ses soins, il attrapa son uniforme ainsi qu'une chemise propre et se dirigea à pas de loup vers la salle de bain, afin de ne pas déranger les quatre autres garçons qui dormaient. Il était 5h19. Le Serpentard avait donc tout le temps de se faire couler un bain, ce qu'il fit. Après s'être glissé dans l'eau délicieusement chaude, il planifia le programme du matin. Gabriel était ainsi : il fallait absolument qu'il prévoie tout. Donc, une fois qu'il aurait prit son bain, il se préparerait, évidemment, il finirait les devoirs qu'il n'avait pu terminer la veille, puis il irait déjeuner. Parfait. La vapeur et les effluves parfumées de l'eau ayant des effets soporifiques sur le jeune de Darigaar, il s'endormit à nouveau. Vous allez me dire, à quoi se lever tôt si c'est pour se rendormir aussitôt ? ! Et bien disons que Gaby est tout simplement illogique. Voilà. Il n'aurait pu replonger dans le pays des rêves dans son lit, mais il lui suffit de changer d'endroit pour qu'il s'assoupisse. Etrange, non ? Enfin bon, on n'en attendait pas moins de l'Obscure Gabriel.
Lorsqu'il émergea, il était 5h44. C'est bon, se rassura t'il, je suis dans les temps. Le préfet de Serpentard sortit de la baignoire et passa un peignoir pour se sécher, tout en se brossant les dents. Dents qu'il irait se rebrosser juste après avoir prit son petit déjeuner, d'ailleurs. Une fois sec, il vêtit son uniforme aux couleurs des fiers serpents, prenant soin de ne pas trop serrer sa cravate - il n'aimait pas ça - et brossa consciencieusement ses mèches brunes et rebelles. Autant essayer d'apprendre à un dragon à dire pardon à la dame lorsqu'il la bouscule. Gaby abandonna, sachant pertinemment qu'il ne gagnerait pas la bataille contre sa chevelure d'ébène. Enfin, il était au moins parvenu à réorganiser un peu la mèche qui barrait son front pâle, ainsi que les deux, de longueurs inégales, qui encadraient son visage poupin. C'était le principal... et le moins compliqué. Il maquilla ensuite ses yeux dépareillés, les cernant de noir, sans omettre les deux lignes tremblotantes qui traversaient sa joue jusqu'à sa mâchoire inférieure. Après avoir réglé les derniers petits détails de sa préparation, le jeune homme sortit de la salle de bain.
Gaby prit son livre de potion ainsi que d'autres ouvrages empruntés à la bibliothèque, le début de sa dissertation sur l'utilité des racines de mandragore en potion, et de quoi écrire. Le jeune homme était un des meilleurs élèves qui soit dans cette matière, ayant bénéficié des enseignements de sa grand-mère en la matière. Après tout, les mixtures étranges et les poisons, c'était sa spécialité. Il ne lui restait plus que quelques petites choses à rajouter de toute façon. Perfectionniste, la tache lui prit quand même une demi-heure. Entre temps, les élèves de Serpentard avaient commencé à affluer dans la salle commune, encore un peu abrutis par le sommeil. Le marionnettiste croisa ainsi son frère aîné en remontant dans le dortoir, Narcisse, qu'il gratifia d'un salut froid et poli, auquel ce dernier répondit par un signe de tête distant. Comme par hasard, il avait fallut que la seule personne qu'il n'aimait pas - et vice-versa - se retrouve dans la même maison que lui ! Antoinette était à Serdaigle, Alice à Poufsouffle, et Mihael et Lys à Gryffondor. Génial. Un de ces jours, il écorcherait vif ce satané Choipeau pour l'avoir isolé de ses amis et enfermé avec son imbécile de grand frère. En plus, ils ne se ressemblaient pas du tout. Autant Narcisse était-il grand, blond, yeux clairs, populaire ; autant Gabriel était-il petit, brun, yeux vairons, impopulaire. Super, merci Choipeau, je passe encore plus pour un extraterrestre à cause de toi. Résistant à l'envie de retourner sur ses pas pour donner un coup de pied aux fesses à l'autre bellâtre, le jeune androgyne alla chercher sa cape de sorcier personnalisée par lui-même et reposer ses devoirs achevés. A 6h27, il était dans la Grande Salle.
Le préfet de Serpentard fit un détour par toutes les tables pour saluer le reste de sa fratrie, sa meilleure amie, ainsi qu'un jeune homme bruyant répondant au nom de Francesco Rucci qui l'avait appelé pour qu'il vienne lui dire bonjour. Gaby s'assit à la table des serpents avec ses commensaux et considéra les plats d'un oeil vitreux, la tête légèrement rentré dans le large col de sa cape de sorcier. Il n'aimait guère attirer l'attention et cet Italien avait fait en sorte qu'il se produise le contraire. Grr. La prochaine fois, il le laisserait hurler dans le vide. Machinalement, il se servit de porridge, qu'il picora à peine. Pas très faim, comme d'habitude. Il fuit assez vite le réfectoire pour redescendre dans les dortoirs de sa maison. Là, il jeta un regard de regrets à Souffrance, sa marionnette de combat, sagement rangée dans son coin. Il n'aimait pas trop se déplacer sans elle, mais il ne pouvait pas l'emmener en cours. Dommage. Et puis, Gabriel se sentait bien plus en sécurité avec le pantin à ses côtés que tout seul dans la foule bouillonnante des couloirs. Enfin... Il jouerait avec lui cet après-midi. Le Serpentard s'empara de son sac de cours et alla s'installer dans les couloirs des cachots, attendant le début de son cours de potion.
{ ... }
15h03.
La joue appuyée contre ses notes de métamorphose, le jeune de Darigaar somnolait, à mi-chemin entre la réalité et le rêve, les paupières closes. Malgré le fait qu'il soit préfet, il était peu connu pour ses aptitudes à être concentré en cours, préférant de loin rêvasser et même dormir. Le professeur, remarquant le manque d'activité du jeune homme, décida qu'il était tant de le rappeler à l'ordre.
Professeur – « Pouvez-vous me répéter ce que je viens de dire Mr de Darigaar ? »
En entendant son nom, Gabriel se redressa, l'air encore un peu endormi. Bien sûr, il n'avait rien suivit de ce que disait son professeur, trop occupé à ne rien faire. Un léger mouvement sur sa droite attira son regard. Lys, sa meilleure amie, tapotait discrètement ses notes où il était marqué mot pour mot ce qu'avait dit l'enseignant. D'un air sérieux et sage, le petit brun récita :
Puppet – « Vous avez dit qu'être animagi demandait un entraînement rigoureux et très long, à part pour quelques sorciers que l'on pourrait qualifier de génies. »
Professeur – « Hmm. Tâchez quand même de ne pas vous vautrer sur votre table, jeune homme. »
Le marionnettiste adressa un petit sourire de remerciement à la jeune française, qui en fait de même. Une fois encore, elle lui avait sauvé la mise.
{ ... }
Le carillon qui signalait la fin des cours retentit. Enfin ! Le jeune homme sortit de la salle de classe avec la lenteur qui le caractérisait, accompagné de la Gryffondor qui l'attendait patiemment. Le Serpentard l'informa qu'il devait envoyer une lettre à sa grand-mère, comme il le faisait toutes les semaines. Elle était sa seule parente, sa seule tutrice, et il l'aimait énormément. Hors de question, donc, d'abandonner la vieille femme enterrée, seule, dans leur maison de l'allée des embrumes. Lys proposa qu'ils se rejoignent à la bibliothèque après qu'il ait envoyé son courrier. Gaby accepta et monta aussitôt vers la tour où logeaient les hiboux.
Après avoir lentement escaladé les marches, fourrant l'emballage d'aluminium du Kiri qu'il venait de dévorer dans sa poche, il pénétra dans la pièce ronde et ouverte aux courants d'air. Gabriel resserra les pans de sa cape contre lui et jeta un oeil aux alentours. Il vit le corbeau aux yeux noirs rougeoyants, perché dans les hauteurs de la tour. Le volatile répondait au doux nom de Requiem et servait de hibou au jeune de Darigaar. C'est vrai, c'était tellement plus original d'avoir un corbeau au lieu d'un rapace nocturne. Il l'avait dressé lui-même et était très fier de son oiseau facteur. L'androgyne aux allures de poupée sortit une lettre soigneusement cachetée d'une de mes poches intérieures. Sur le papier, tracés de sa petite écriture élégante, figuraient les mots :
Mme Abigaël de Darigaar
De Darigaar's Puppets Shop
77, Allée des Embrumes
Chemin de Traverse
Londres
Requiem le considéra d'un oeil morne et capricieux, étira ses longues ailes et s'envola par la fenêtre en direction du parc. L'androgyne laissa échapper un sifflement furieux. Stupide animal !
Il dévalla les escaliers jusque dans le parc. Le jeune homme leva les yeux vers le ciel nocturne. La nuit tombait plus tôt lorsque l'hiver approchait, les jours étaient plus courts. Gabriel perdit du temps à chercher son corbeau, pénalisé par sa mauvaise vue. Soudain, il le trouve perché sur une haute branche d'un chêne, en train de se gratter avec son bec. Gaby fronça les sourcils. Il ne manquait pas de toupet celui-là ! Le marionnettiste marcha à pas rapide vers l'arbre et appela son oiseau, furieux. Celui-ci fit mine de ne pas l'entendre. Le Serpentard prit une inspiration... Bon, il n'avait guère le choix. Alors que tout acte sportif le rebutait, il prit son courage à deux mains, retira sa cape de sorcier au col personnalisé, et commença à grimper, difficilement. Il avait froid sans sa cape, son uniforme allait être tâché et son ascension s'avérait être un véritable défi. Un foi arrivé assez haut, il rampa vers son corbeau, lentement pour ne pas l'effrayer, le souffle court. Satané corbeau ! Il allait passer un sale quart d'heure. Ses longs doigts pâles se refermèrent sur sa patte noire et griffue. Requiem poussa un croassement désespéré et tenta de se débattre battant des ailes. Gabriel tint bon mais son équilibre déjà fragile chancelait, d'autant plus que l'oiseau lui griffait mains et visage. Il chancella et... tomba lamentablement sur le sol, lâchant Requiem et s'envola, furibond, pour se reposer sur sa branche. L'androgyne se redressa maladroitement en position assise, contemplant ses mains griffées et sa lettre froissée. Il poussa un petit gémissement de douleur et suçota ses blessures d'où perlaient quelques gouttes de sang. Il leva les yeux vers le corbeau et émit une sorte de feulement courroucé. Il ne perdait rien pour attendre celui-là ! |
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