La journée avait été rude pour Wilde, elle avait passé la moitié de son temps à éviter Kyle qui la poursuivait sans cesse. L'adolescente ne voulait entendre ses mots similaires à ceux d'hiers, préférant rester dans l'insouciance, elle se focalisa sur ses cours et se dirigea vers la cachette la mieux placée pour l'éviter : le dortoir des filles. Souvent surveillé par les préfets ou autre, il ne pouvait s'y rendre la conscience tranquille. C'est donc la peur au ventre que Laureline traversait les cachots, le diner l'attendait, et elle savait qu'avec tout ce qu'il s'était passé, elle ne pouvait éviter de reprendre des forces. C'est donc prudente qu'elle arpentait chacun des couloirs, tous les rats qui l'entouraient étaient des perturbateur, réduisant l'écho par leurs mouvements, elle ne pouvait prévoir une quelconque rencontre. Malheureusement, sa famille était loin d'avoir en ses mains une cape d'invisibilité qui lui serait bien utile dans le cas présent. Se mordillant la lèvre, elle se collait aux parois humides des murs pour avancer dans la plus grande discrétion. Soudain, elle se rendit compte de son ridicule mais n'arrêta pas pour autant son geste, espérant seulement que personne ne viendrait la surprendre. Mais l'espoir est une chose dont Wilde n'a jamais su se servir, toujours devancé par la fatalité, le malin avait finit par la retrouver.

« Hey Wilde ! Attends, attends ! »

Et merde, elle ne pouvait l'ignorer après qu'il ait hurlé son nom, c'était perdu d'avance. Pour une fois, elle aurait aimé que William apparaisse sans la prévenir en ayant une idée en tête pour la sortir de ce mauvais pas. Ce fantôme qu'elle appréciait n'était pourtant jamais là au bon moment et elle devait faire face à ses peurs seules. Soupirant un coup discrètement, elle s'arrêta tout en affichant un sourire forcé. Tant qu'à faire, il fallait qu'elle ait bonne allure (bien que la pénombre des lieux faisait seulement d'elle une ombre). Dire qu'elle était tout prêt de la sortie, elle se haissait d'avoir été si lente ! Quel manque de chance, mais ça, c'était aussi quelque chose de propre aux Wildes. Les deux jumelles étaient loin d'être supersticieuses mais avaient tout de même un sacré problème avec la chance et le destin.

« Ah ! Enfin je te trouve ! »
« Tu voulais ? » lâcha-t-elle, brève.
« hm... c'est assez difficile à dire. »
« Tu me refais les coups des 'Trois Balais' ? »
« Euh non, pas du tout » répondit-il plutôt gêné.
« Alors je te laisse, je suis pressée, j'ai quelque chose à faire, tu me diras ça plus tard. »

La sortie était juste en face d'eux, et alors qu'il devrait (normalement) se rendre vers la grande salle pour rejoindre les autres, Wilde pourrait faire diversion en allant dans un quelconque endroit jusqu'au début du repas. Manque de chance (pour la deuxième fois en cinq minutes) Kyle la suivit le long des escaliers tout en disant : « Attend ! Je t'accompagne. » Laureline fit mine de ne pas avoir entendu et augmentait la cadence de plus belle, cependant, il ne faut jamais tenter de battre Wakefield à la course, il est toujours le meilleur. C'est donc ainsi qu'il la rattrapa, l'attrapant par la taille. Si l'habitude avait prit le dessus sur ses réflexe, l'adolescente n'aurait surement rien fait, mais à ce moment là elle se détacha de lui et prit la fuite tout en balançant : « T'es vraiment qu'un idiot ! ». Depuis sa rupture avec Kyle, Laureline n'était plus la même. Avant, elle s'était forgée un nom chez les verts et argents, elle était quelqu'un, surtout grâce à son nom de famille mais aussi sa personnalité. Pourtant, depuis la fin de l'année passée, depuis que Kyle avait rompu, elle n'était plus la même. Beaucoup moins sûre d'elle, beaucoup plus maladroite, elle ne faisait plus attention au monde extérieur. Elle restait fixée sur des idées noires et des déboires frustrants. Elle voulait cesser une telle manoeuvre, et par peur qu'il la suive encore, elle entra dans le couloir interdit. Arpentant les murs une seconde fois, elle commençait à ralentir le pas, petit à petit elle ressentait comme une douleur se forger entre ses cotes puis sur son cœur. Peinée, surement, après plusieurs mètres traversés, elle commença à s'affaler sur le mur tout en s'accroupissant. Ils étaient rare ces moments où elle laissait ses sentiments prendre le dessus, avant, elle arrivait à contrôler ses larmes, à les arrêter quand il le fallait, pourtant, depuis ce qu'il s'est passé avec Kyle elle est devenue fragile, et complètement émotive. Jamais Wilde n'aurait été ainsi si elle ne l'avait pas connu.

« Low ? »
« William barres-toi. »

Il arrivait toujours au mauvais moment. S'en était exaspérant, cependant, il repartit sans hésitait. Il savait que pendant ces moments il se devait d'écouter Laureline. Cette dernière ne pouvait supporter que quelqu'un puisse voir ses larmes, s'en était frustrant et surtout très honteux. Quitte à perdre intégralement sa réputation, elle le ferait sans hésiter, mais voulait garder un minimum de bon sens à sa vie poudlarienne. Après une demi-heure de repentit, la demoiselle se releva, scruta les environs et commença à se diriger, très lentement, vers la sortie. Le diner devait être terminé à présent, et son ventre ne cessait de gémir. Peut-être que Kae aura penser à elle en lui prenant quelques friandises, de toute manière, il devait lui rester deux ou trois gâteau dans la valise, histoire de lui couper la fin en situations similaires à celle-ci. Moins prudente qu'auparavant, elle continua à errer les couloirs, puis soudain, deux masses se jetèrent sur elle. Elle n'avait rien vu ni entendu et se retrouvait au sol.

« Qui es-tu ?? »

Ces quelques mots étaient presque semblable à une agression si on les mêlaient au fait qu'ils se soient jeté sur elle alors qu'elle n'avait rien fait. Ils n'avaient pas pensé que ça aurait put être un préfet ou pire, un professeur (voir directeur?). Ces insouciants étaient tombés le mauvais jours. Laureline essaya de les pousser, en vain. Son corps était bien trop frèle pour repousser la carrure de deux adolescents. Il n'y avait donc qu'une seule solution pour s'en sortir ; obéir.

« Laureline Wilde ! Lâchez moi ! »

L'adolescente pouvait sentir son corps s'oppresser à chaque mouvement. Alors que les deux jumeaux semblaient se chamailler pour un oui ou pour un non, Laureline commençait à manquer d'air. Bloquée entre la cuisse d'un et le torse de l'autre, elle n'avait plus aucun repaire des lieux. Prête à se demander si ce supplice allait durer encore longtemps, à l'allure où ils se disputaient, elle se sentait rester ainsi durant encore de longues heures. Fatiguée d'avoir à subir après une telle journée, elle aurait été prête à jeter un sortilège si sa baguette n'était pas coincé dans l'une de ses poches, ne pouvant les atteindre, cette solution était donc intouchable. Vint le moment où elle ne fit même plus attention à ce qu'ils disaient, cependant, elle fut surprise d'entendre des échos, alors qu'elle tentait (en vain) de le leur dire, elle fut tout de même rassurée que l'un d'entre eux s'en rende compte (bien que trop tard). Lorsqu'ils se retirèrent elle avala une bouchée d'air incomparable, sa poitrine qui se compressait depuis tout ce temps reprenait du volume et l'adolescente ressentit comme une certaine liberté. Malgré leur comportement des plus impulsifs, l'un des deux jumeaux eut la présence d'esprit d'aider Laureline à se relever, plutôt sonnée, elle n'avait plus pied. Tanguant de droite à gauche, elle restait tout de même à la même place sans pour autant être droite. Pendant qu'elle essayait de retrouver ses esprits, les deux adolescents tentèrent de s'excuser, cependant, le perturbateur n'allait pas tarder à se joindre à la bataille.

« J'espère qu'on ne t'a pas fa... » lancèrent-ils, mais ils furent immédiatement coupé par une voix stricte et sûre d'elle.
« Je peux savoir ce que vous faites ? Non, parce qu'il est stipulé dans le règlement qu'il est INTERDIT de se balader après le repas. Du moins 21h, pour les années supérieurs à la 5ème, mais je crois bien lire sur ma montre qu'il est 21h 15. »

Il ne manquait plus que ça ! Une préfète, qui plus ait, pas de Serpentard. L'adolescente sentait déjà les points et les retenues tomber. Elle n'avait aucune chance et cette troisième épreuve venait de le prouver. Pourquoi Nyla ne s'occupait-elle pas de ce couleur aujourd'hui ? Elle qui aimait pourtant ce genre d'endroit parfait de façon à braver l'interdit sans risques ? Sottises, on recherche les risques, sans eux, l'excitation s'évapore. Mais si vous étiez dans le cas de Wilde, vous ne vous en préoccuperiez pas, du moins, pas ce soir là, tout ce qu'elle souhaitait, c'était un endroit tranquille, calme, où elle n'aurait que pour son compagnon sa solitude. C'était (en effet) une défaite totale, la réussite n'était pas à l'appel, et la verte et argentée commençait à s'affaler contre un mur lorsqu'un des jumeaux commença à faire du charme à la préfète. S'en était presque exaspérant, mais il semblait douer pour ce qui était de se tirer de situations comme telles. Cependant, c'était tellement mauvais acteur, ou peut-être trop dragueur ? (allez savoir) que ça en devenait presque risible.

« Figure-toi que nous nous sommes retrouvés ici, par hasard ! On s'est perdu ! Et c'est seulement quand nous avons croisé Miss Wilde, ici présente, que nous nous sommes rendus compte du lieu où nous étions ! »
« Ouais, c'est bien le couloir interdit... Et qui dit interdit, dit ennuis si on vous trouve ici ! On ferait mieux de faire demi-tour ! »

L'ironie était plutôt pitoyable, mais amusante. Laureline se surprit même à acquiescer un sourire sincère qu'elle rabattue pourtant immédiatement. Ils avaient beau défendre leur cause, elle restait sans rien faire, de plus, avait énoncée son nom, il lui était donc impossible de prendre la fuite (comme bonne serpentarde qui se respecte). Etre entourée de rouge et or et d'une jaune et bronze la rendait mal à l'aise, qu'allait-il résulter d'une telle bataille ? Surtout que Grayson repartait à ses occupations de dragues. Peut-être que Bianca serait tellement sidérée qu'elle laisserait couler la chose ? Il ne fallait pas rêver mais un espoir est toujours bon à prendre, bien qu'il soit souvent doublé par la fatalité.

« Pathétique ! »
« Mais intéressant. » ajouta-t-elle.

Il était vrai qu'elle n'avait jamais vu Poudlard sous un autre angle. Plutôt fermée dans l'esprit des verts et argents elle n'avait jamais eue l'occasion de voir des personnes agir ainsi aussi longtemps ou alors Kae les faisait taire. Beaucoup plus tolérante, Laureline se plaisait à cette image bien qu'elle préférait se voir à nouveau sur pied et non au sol écrasée comme le serait une mouche sur une tapette. Soudain, un bruit sourd survint dans le couloir interdit. Laureline sursauta tout en courbant son visage, quand elle vit ce qu'il se produisait, elle ne put y croire. Sa journée empirait à vue de nez, et elle n'eut pas besoin de voir les statues bouger avant d'aboutir à cette conclusion. Crier n'était pas une solution au problème, d'ailleurs, il n'y en avait qu'une : la magie. D'une traite, comme un réflexe, l'adolescente sortit sa baguette et la tendit vers les armures qui bougeaient, grinçaient.

Le combat venait à peine de commencer mais Laureline ressentait comme une animosité qui retentissait de ces armures. Jamais elle n'avait vu ça de ses propres yeux bien que beaucoup de ces méfaits étaient contés dans des livres relatant l'histoire de Poudlard. Quelque peu soucieuse, elle ne savait pas comment les arrêter, suivre les traces d'un justicier n'était pas son genre, et le courage qu'elle détenait s'était enfuis en même temps que sa relation avec Kyle. Cependant, elle ne voulait pas donner l'image de cette fille fragile qu'elle était devenue. Auparavant si forte, elle ne pouvait plus supporter cette situation qui la rendait épave. D'une traite, ses yeux si évadés devinrent aussi lumineux que l'était le vif d'or. Cherchant sa proie, cherchant le défis qui le lui avait été attribué, sa tête virait un coup à gauche, un coup à droite. Les armures se faisaient de plus en plus nombreuses, mais alors que Laureline ne l'avait pas vue, l'une d'entre elle se dirigea vers Bianca. Heureusement, cette dernière réussit à esquiver l'attaque en se faufilant vers l'un des deux jumeaux.

« J'crois qu'il faut s'en aller et vite... »

Ce n'était pas du tout une mauvaise idée, mais étrangement, Laureline ne la partageait pas. Fuir n'était pas son genre, elle avait toujours sut affronter les problèmes qui se hissaient sur sa route, et depuis quelques mois, elle se contentait de fermer les yeux. Ce jour là, elle voulait redevenir telle quelle était, une personne forte, une personne combative. Il est vrai qu'une Wilde ne passe que très peu de temps plongée dans la solitude, dans la crainte du futur. Si la Serpentard partait ses jambes à son coup, elle ne saurait si elle pourrait se relever un jour. La honte pourrait l'envahir et l'empêcher d'accomplir sa vengeance future.

« Pourtant je pourrais rester ici avec toi pour l'éternité » répondit Grayson.
« Hum Hum... S'il vous faut un peu d'intimité, Laureline et moi pourrions aisément vous laisser mais... c'est pas le moment !!!!! »

Mais que leur arrivait-il ? Ce n'était franchement pas le moment de parler d'amour gloire et beauté. Il se pourrait que dans deux minutes ils ne soient plus de ce monde, et s'ils souhaitaient que leur dernier souvenir soit leurs chamailleries, aucun problème, mais Laureline attendait davantage de ce combat. Tendant sa baguette vers les statues, dès que l'une d'entre elles s'approchaient trop, elle leur lancer un sortilège. Cependant, aucun ne marchaient, ils suffisaient simplement à les écarter quelques secondes, à les stopper pour revenir à l'attaquer juste après.

« Mais c'est quoi ce binz ?! Depuis quand des armures se déplacent-elles en attaquant les gens ? »
« Gray ! Arrête de réfléchir et aide nous plutôt à sortir d'ici ! »
« La fuite ne servira à rien, il faut les combattre. »

L'adolescente cherchait un moyen de liquidifier une armure, de tuer une personne invisible. Elle s'en sentait incapable mais devait trouver la solution. Il devait forcément y avoir quelque chose, forcément, en six ans, le professeur de défense contre les forces du mal leur avait forcément touché un mot sur ce type de créature ! Mais combattre et réfléchir en même temps n'était pas une tâche des plus simples, alors que la verte et argentée balançait des incendios, stupefix et autres sortilèges, il lui était impossible d'imaginer une stratégie. Mais peut-être, qu'au fond, elle cherchait au mauvais endroit. Peut-être que ce n'était pas en défense contre les forces du mal qu'elle avait appris la technique dont elle avait besoin, mais ailleurs. Cependant, ses souvenirs étaient floues. Elle n'avait étudié que très rarement, ce n'était pas son truc comparé à sa sœur jumelle, mais il est vraie que, lorsqu'on risque sa vie, il nous arrive de faire des miracles. Soudain, une idée lui vint, mais elle ne se souvenait plus de la formule, qu'elle cruche !

« Dites » lâcha-t-elle juste avant d'envoyer un nouveau stupéfix. « C'est quoi la formule de métamorphose déjà ? Ça pourrait marcher si on les transformaient en bijoux à porter ? »