B – « Je te trouve vraiment très mystérieux en ce moment ! »

Boycie Jones, journaliste à la Gazette du sorcier, s’étai rapproché de Gavin avec un air soupçonneux. Le jeune homme releva la tête, affichant un air surpris. Boycie leva les yeux au ciel, agacée qu’il montre cet air innocent genre : « moi ? Qu’ai-je fait ? ». La jeune femme tenta de se détendre en s’adossant avec nonchalance au dossier de sa chaise de bureau.

B – « Oui, c’est vrai ! Tu disparais n’importe quand pour des rendez-vous, à n’importe quelle heure et on ne te revoit plus de la journée ! Et là, tu as de nouveau un rendez-vous ! C’est étrange ! »
G – « Boycie… C’est personnel ! »
B – « Tu as une aventure ? Elle est mariée c’est ça ?! Attends ! Ne me dis pas que c’est une sexagénaire quand même !!! La femme du Ministre de la Magie ??? »
G – « Boycie ! Arrête ! Tu délires complètement et, non, ce n’est pas une femme mariée ! »
B – « Donc tu as bien une relation ?! »

Gavin ne répondit pas. Déjà, le jeune homme se levait et attrapait sa cape, prétextant qu’il devait filer. Boycie poussa un petit cri de stupeur. Ses lèvres s’étaient légèrement entrouvertes. Gavin rigola et s’enfuit sur ces mots. Boycie n’avait pas besoin de connaitre la vérité ni de savoir sur quelle enquête il travaillait actuellement. La laisser penser qu’il avait une aventure était certainement le meilleur service qu’il pouvait lui rendre.
Car Gavin travaillait sur une affaire qui d’une part lui demandait la plus grande discrétion mais qui, en plus, pouvait se révéler mortelle pour lui mais aussi pour ses proches. Plusieurs mois auparavant, alors que sa carrière de journaliste prenait un tournant, Gavin avait été chargé de rapporter pour la Gazette le procès de Tyler Carlson, surnommé Jack l’Eventreur. Malgré les preuves apportées durant le procès, Tyler avait fini par être acquitté. Cependant, Gavin était convaincu que Carlson était coupable. C’était trop gros. Pour lui, les jurés ainsi que les membres du Département de la Justice Magique avaient été abusé par celui qui maintenant était professeur à Poudlard. Mais Gavin ne pouvait rien prouvé sans preuves ou sans témoins. Il avait mis des mois avant de pouvoir trouver une piste. Il avait même été à deux doigts d’abandonner quand un jour, il avait entrevu l’un de ses informateurs. Ce dernier, dont le pseudonyme était Métheores, lui avait parlé d’une jeune veuve. Métheores affirmait qu’elle avait pu surpris une conversation entre Carlson et son avocat mais qu’elle se murait dans le silence de peur que l’éventreur ne s’en prenne à son enfant.

Cette nouvelle avait remotivé Gavin. Cependant, il eut dans un premier temps du mal à trouver la jeune femme dont Métheores lui avait parlé. D’elle, il savait qu’elle était veuve d’un auror décédé depuis peu, brune, et qu’elle travaillait au Ministère de la magie. Si on s’en tenait à cette brève description, il y avait des masses de jeunes femmes dans ce cas-là : Janice Keller, un membre du Magenmagot ou encore Christie Frayes qui travaillait au Département des Mystères. Alors Gavin s’était concentré sur un autre détail : l’enfant. Il avait fouillé les différentes archives de la Gazette du Sorcier à la recherche d’un article paru l’espace de ces six derniers mois. Il avait cru devenir fou à parcourir les rubriques de faits divers et de justice magique et puis, il était tombé sur cet article qui titrait : « Mort d’un auror en fonction aux USA, le coupable serait un mangemort ! ». Gavin avait lu l’article d’une traite. Son regard s’attarda sur un portrait de famille, celui de l’auror décédé en compagnie de sa femme et de son fils. Tous les trois souriaient.

Gavin pénétra dans le Chaudron Baveur. Il se dirigea vers le comptoir, saluant le barman qui lui remit une petite clé. Ce dernier lui adressa un clin d’œil complice auquel Gavin répondit par un sourire. Il n’avait pas trouvé d’autre solution qu’une chambre au Chaudron Baveur. Bien sûr, réserver une chambre en semaine, en plein après-midi n’était pas anodin mais Gavin connaissait le barman, il savait qu’il s’agissait d’un homme droit. Tant que ses clients étaient en règle, alors il demeurait muet. Et puis il ne se mêlait pas de ce qui ne le regardait. Business is Business. Après avoir trouvé l’article, il avait contacté Adenox Hoover en prenant toutes les précautions requises pour une telle affaire. Il lui avait donné rendez-vous ce jour-là au Chaudron Baveur dans la chambre n°13. Un bon chiffre pour Gavin. Mais dans cette histoire, la chance ne l’aiderait certainement pas. Il fit tourner la clé dans la serrure et pénétra dans la petite chambre réservée. Il jeta un coup d’œil à sa montre qui affichait 14h52. La jeune femme ne devrait sûrement pas tarder.

- Adenox : « Vous le surveillerez durant sa sieste et lors de son réveil vous le laisserez un peu jouer. Ensuite vous lui donnerez son bain puis son repas si je ne suis pas encore rentrée. Vous pourrez faire ça ? »
- Sorcière : « Bien sûr madame. Vers quelle heure comptez vous rentrer ? »
- Adenox : « Je ne sais pas exactement, ne m'attendez pas pour le coucher si je ne suis pas rentrée avant dix-huit heures, cela ne devrait pas durer aussi longtemps, mais on ne sait jamais. »
- Sorcière : « Ne vous en faîtes pas madame, ce n'est pas la première fois que je m'occupe de Brooke. »
- Adenox : « Je sais Aviva, je le sais mais ... surveillez le bien vous voulez ! Et n'ouvrez la porte à personne, je ne veux personne sous mon toit en mon absence. »
- Sorcière : « Oui madame. Comme d'habitude. »
- Adenox : « Bien Aviva, alors bonne après-midi, à ce soir. »

Adenox se dirigea vers le chambre de Brooke, il dormait encore. Elle caressa le haut de son crâne puis se pencha sur le berceau pour embrasser son front, il remua un peu avant de se calmer à nouveau, sans se réveiller. Elle savait qu'elle risquait gros ; elle ne pourrait jamais supporter sa perte, elle avait déjà beaucoup perdu plusieurs mois au par avant et ne surmonterai pas un autre chagrin de cette sorte. En se rendant à son rendez-vous elle savait qu'elle risquait non seulement sa vie mais aussi celle de son fils ; elle aurait pu mourir pour une noble cause, visiblement c'était un trait de caractère chez les Hoover, mais son fils n'avait rien demandé à personne, ce n'était qu'un enfant, un bébé qui n'avait pas encore connu la tristesse et la souffrance.

Il y avait maintenant plusieurs semaines qu'Adenox avait prévu de laisser son fils pour ce rendez-vous secret, elle aurait sans doute mieux fait de parler de tout ça aux Aurors ou même au ministre de la magie, ils pourraient sans doute faire quelque chose ... Mais le risque était trop grand, si jamais Tyler Carlson venait à le savoir, si jamais un bruit venait à ses oreilles ... Adenox secoua la tête et quitta la chambre du petit ; elle se dirigea vers le salon et transplana dans le chemin de traverse.

Elle releva son capuchon de façon à ne pas être reconnue, elle ne devait se faire prendre, elle ne devait pas être suivie. Elle ne pensait pas que Tyler ait posté des guetteurs prêt de chez elle, mais l'éventreur avait surement plus d'un tour dans son sac et comme il le lui avait promis plusieurs jours plutôt, il gardait toujours un œil sur elle et savait tout ce qu'elle faisait.

Sous son capuchon elle entra au chaudron baveur, ce n'était pas la première fois qu'ils avaient rendez-vous là, Gavin Warner lui avait donné un rendez-vous, ce journaliste de la gazette voulait la voir, elle savait quel en était le sujet et elle ne put retenir un frisson qui lui parcouru le dos et la faisant légèrement trembler. Elle s'avança vers le barman sans retirer sa cape masquant son identité.

- Adenox : « Warner ... »
- Barman : « Chambre 13. »

Sans le remercier Adenox s'y dirigea ; le barman pensa sans doute qu'il devait s'agir d'une femme mariée qui ne voulait pas qu'on la reconnaisse et qui masquait son visage pour qu'on n'aille pas dire à son mari qu'elle se trouvait là avec un autre homme. Mais dans le fond cela ne le regardait pas et il repris donc ses occupations habituelles ; de son côté Adenox monta les marches menant aux chambres, elle parcouru le couloir et trouva enfin la chambre 13, elle s'arrêta devant la porte, inspira profondément et posa sa main sur la poignée.

La vérité valait-elle qu'elle prenne tous ses risques ? Devait-elle vraiment se mettre en danger et mettre en danger la vie de son fils pour que la vérité "triomphe" ? Elle lâcha une longue expiration, une profonde lassitude pouvait se lire en elle, la tête baissée en avant, elle ne savait pas quoi faire, elle pouvait encore faire demi-tour, elle pouvait transplaner et retourner auprès de son fils, elle pouvait se taire à jamais et laisser les Aurors découvrir la vérité. Mais en faisant tout cela elle abandonnerait tout ce en quoi elle croit, tout ce pourquoi elle s'est battue, elle tromperait l'amour qu'elle ressent encore pour Kelvin, elle se mentirait à elle-même et il en était hors de question !

Elle tourna donc la poignée et entra dans la chambre, le journaliste était déjà là. Elle referma la porte derrière elle et sortie sa baguette de sa poche, elle l'utilisa pour fermer les rideaux et allumer les chandelles de la chambre. Une fois en sécurité elle décida de faire tomber son capuchon, elle regarda Gavin en silence, retira sa cape et la déposa sur le dossier d'une chaise : elle le regarda, attendant qu'il prononce un mot.