 Sujet: If our life is but a dream (Libre)
Mar 31 Mar - 21:40
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 C’est une si belle nuit pour aller se promener dans la nature, bien que de nature à Cardiff, il fallait la chercher loin. Une ville sombre, faite de petites briques sales et suintantes, et cette satanée odeur qui vous donnait la nausée. C’était si noir et si… perdu. Mais qu’était il venu faire dans cet endroit miteux ? Il ne savait plus ce qu’il cherchait, mais il savait au moins où il allait. C’était déjà ça. Cette ville était un peu à l’image de ses pensées à ce moment là, poisseuses et pleines de brouillard épais. A croire qu’on se déplace seulement dans la purée de pois. Mais qu’importe la destination si on a le chemin. Le GPS de son cœur était bien assez éloquent sur la marche à suivre, ce qui donnait l’impression à Vitaly que ses jambes savaient d’elles même où se diriger. Ainsi il avait passé une bonne partie de la nuit à errer dans les ruelles étroites de la ville ouvrière galloise. Il avait croisé peu de monde, et tous lui avaient semblés encore plus à l’ouest que lui, bien plus pommé dans cette vie, et peut être même suffisamment pour l’être dans les suivantes. Sale engeance. Il divaguait, ne sachant plus s’il devait continuer sa course ralentie ou s’il devait se laisser tomber au pied d’un mur et attendre de trouver un vrai but, quelque chose de concret à trouver. C’est si triste une ville qui ne vit pas, et dont les seuls échos sont ceux de la misère. La seule enseigne qu’il vit était celle d’un bar d’aspect peu fréquentable. Il s’approcha doucement et regarda à travers la vitre. Peu engageant, un monde de soulards et de violentes personnes. La vue de ses hommes en train de boire comme des trous, jusqu’à en être malade lui donna encore plus mal au cœur. Et depuis combien de temps avait il cessé d’être comme eux ? Deux ans, six mois et une poignée de jours. Il avait précieusement gardé tous les jetons dans une boite fermée et posée dans un tiroir de son bureau qu’il ouvrait souvent, histoire de se rappeler à chaque fois ce qu’il avait dut surmonter pour en arriver là. C’était son arrivée à Salem qui l’avait aidé. Une nouvelle vie loin de tout ça qui l’avait remis sur la bonne voie. Repartit de la ville, il avait enfin une vraie conscience. Brave garçon en somme. Vitaly se détourna de la vitre et poursuivit sa route cahoteuse dans les rues avant de prendre sa décision. Marre de faire le tour de cette ville minable, envie d’aller ailleurs. Mieux valait rentrer à Londres que de rester encore plus dans cet endroit qui n’avait rien à offrir à sa détresse. Nul réconfort autre que celui qu’il avait tant combattu. Alors il transplana.
Il est amusant de voir l’énorme différence entre le lui d’où venait Vitaly et celui où il atterrit. Un grand parc en plein cœur de Londres. Non pas vraiment un parc, mais plutôt un grand cimetière. Abney Park Cemetery. Bienvenue camarade dans le royaume des morts paisibles… ou pas. Il faisait vraiment très sombre, et rien n’était éclairé. Il arriva toutefois à ne pas perdre son chemin au milieu des tombes. Cette fois, il avait trouvé son but. La grande et vieille église qui se trouvait au milieu du cimetière. Lugubre, et même carrément sordide, avec quelques corbeaux qui regardaient les gens d’un air mauvais. Quoique présentement ils n’étaient pas là. Ils dormaient peut être ? Quand est ce que ça dort un corbeau ? Que de questions d’une bouleversante intensité philosophique dans l’esprit du russe. Il regarda un moment les vitraux brisés et la pierre attaquée par le temps avant de se décider à entrer. Une vraie ruine, mais qui avait l’avantage d’être isolée. Du fait de sa position et de son caractère proche du film d’épouvante, l’église était la source de nombreuses légendes malsaines, du genre de celles que l’on raconte autour du feu pour se faire peur et dans lesquelles on trouve le topos de la malédiction ou les si prévisibles spectres vengeurs. Vitaly, de par son métier et ses compétences disons particulières, ne pouvait pas jurer que quelque chose n’existe pas. En tout cas, Vitaly savait qu’il serait tranquille dans cet endroit. Il pourrait s’entrainer un peu sans qu’on ne le surprenne. Il avança entre les bancs, dans l’allée centrale, levant la tête vers le plafond de la nef où il manquait nombre de tuile. L’intérieur était dans un désordre épouvantable. Misère de l’homme comme dirait Blaise. Vitaly récupéra plusieurs cadavres de bougies qui pouvaient servir, et les disposa en cercle au milieu de la nef. Ca plus les rayons de la lune et la lumière serait parfaite. Il mit beaucoup de soin à placer ses bougies. Puis il récupéra une planche de bois, rescapée d’il ne savait quelle poutre. Il allât s’asseoir dans le cercle qu’il avait créé. Parfait, il manquait simplement quelques menues transformations. Précautionneusement, il sortit sa baguette magique, longue et souple, en bois d’if, de sa poche. Il alluma tranquillement chacune des sept bougies du cercle et considéra la planche un moment. Il murmura une formule magique avec douceur et la planche fut changée en un magnifique instrument. Avez-vous déjà vu un koto ? Cette instrument en forme de planche munie de cordes qu’il faut pincer, gratter et frapper pour produire des sons ? Eh bien ce fut ce qui apparut sous les yeux du russe, qui la posa sur ses genoux et l’examina avec soin. D’aspect rude et grossier mais avec des cordes parfaites et surement bien accordées. Il allait pouvoir commencer son rituel.
Dès que la première corde fut pincée, l’effet fut immédiat. Quiconque entrerait dans l’église à ce moment là serait bien en peine de croire ses yeux. Les flemmes des bougies s’élevèrent de la cire et se mirent à tournoyer délicatement, formant un ballet hypnotique. Puis leur danse se fit de plus en plus violentes, et leurs mouvements s’arrachèrent du sol pour former de grands brasiers, enflammant les murs et le sol autour du sorcier. Le son du koto résonnait lascivement comme une mélodie rugueuse et brutale qui vous donnait le tournis. On ne saurait plus où donner de l’oreille. Les sons devenaient de plus en plus rapides, à la fine limite entre la mélodie et le malaise. Tout voltigeait, et la lune elle-même renvoyait des reflets étonnants. Les flemmes et les rayons de la lumière nocturne s’étaient constitués en silhouettes légères comme des personnages d’un autre temps. Des dames en robe étouffantes et longues, des diadèmes et des coiffes coniques sur la tête, dansaient des rythmes sournois avec de beaux gentilshommes en costumes bouffants. C’était une danse macabre et en même temps pleine de vie. Paradoxal non ? Mais l’illusionniste ne voulait pas gaspiller toute son énergie tout de suite et décida qu’il était temps d’arrêter de jouer. L’apparition s’évanouit aussi vite qu’elle n’était apparut, et Vitaly se retrouva seul au milieu du large cercle des bougies qui s’étaient éteintes. Il se laissa aller en arrière et s’allongeât de tout son long, bras et jambes écartées, comme pour faire un ange dans la neige, sauf qu’il n’y avait pas de neige et qu’il ne croyait pas aux anges. Il se rappelait lorsque son père lui avait apprit à mieux contrôler son don pour l’illusionnisme. C’était inné dans la famille, de père en fils, toujours. Et son père comme lui avaient cette faculté. Sauf que le premier était un génie et savait toujours mieux se débrouiller que le second. S’il n’était pas aussi immature avec son esprit de gamin, il aurait put contrôler le monde. Dommage, c’est toujours dommage quand les gens gâchent leurs talents. L’oreille exercée du directeur du département des mystères perçut un faible bruit venant de l’entrée de l’église et il se releva soudainement pour regarder dans cette direction. Ses yeux s’étaient habitués peu à peu au noir et il distingua la forme qui se tenait là. |
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