Je rêve de toi depuis si longtemps (pv premier qui répond)

Comme un petit air de déjà vu. Une nuit où la lune semblait bien plus grosse que le reste du temps... Simple illusion d'optique qui donne à cette nuit là, un air plus féérique

que d'habitude. Les étoiles brillent dans un ciel d'encre et semblent se refletter dans l'herbe humide, ajoutant un peu plus de magie dans l'atmosphère légère. Lentement, les minutes

s'écoulent sous la musique régulière des insectes habituels, seul peuple de la nuit qui semble immuable. Malgré la brise délicate, les arbres sont immobiles, fiers gardiens des temps passés

et à venir. Pour l'instant, ils ne semblent veiller sur rien d'autre qu'une clairière vide... Enfin vide... Si l'on ommet les arbustes aux roses blanches dont l'odeur embaume le lieu, il n'y a rien

dans la clairière et rien ne semble vouloir troubler son calme paradisiaque.

Néanmoins, deux ombres ne tardent pas à surgir de nulle part. Enveloppées dans des capes noires, il est tout de même aisé de différencier une jeune fille et un jeune homme qui sont

loin de se tenir la main mais qui avance en silence. Au fil de leur progression vers le centre de la clairière, le vent s'accentue et les arbres décident enfin de se joindre à son

mouvement. Enfin, les ombres s'immobilisent au centre de la clairière. La plus grande rejette la capuche de sa cape, dévoilant une chevelure assombrie par l'obscurité. Les cheveux courts

volent au gré du vent alors qu'il tend son visage à la lumière lunaire. L'autre regarde autour d'eux avant de faire la même chose mais cette fois ci, c'est un éclat rouge sang qui surgir

de la capuche. Les boucles s'effondrent et roulent le long d'un dos pour s'arrêter sur une chute de reins à moitié dissimulée par la lourde étoffe.

Un soupir finit par se faire entendre et les deux visages se redressent pour se tourner vers une troisième ombre, apparue elle aussi de nulle part. Une capuche qui se rejette et une

chevelure blonde pâle, presque blanche fait son apparition. Une voix froide retentit.

??? -C'est ici?

Ezechiel -On dirait...

??? -Deux ans pour cet endroit?

Ezechiel -Arr...

Iranoe -La ferme vous deux.

L'odre résonne dans la clairière. Il semble même ricocher sur les arbres avant de converger vers le centre où la jeune fille n'a pas bougé. L'écho finit par disparaître aussi

soudainement qu'il est venu. Les mots se perdent dans la nuit qui redevient silencieuse. Les deux hommes marchent sans quitter du regard la jeune fille qui est loin d'être troublée par

ces regards qui peuvent, parfois, passer pour hostiles mais qui en réalité, cachent beaucoup plus de choses qu'ils ne le montrent réellement. Une dernière ombre finit par apparaître.

Iranoe -T'es en retard, pour pas changer, Xavier.

Xavier -Ma femme...

Iranoe -Qu'importe. L'essentiel est que tu sois présent...

Un sourire fugitif éclaire le visage de la jeune fille qui bouge enfin. Elle fait quelques pas, s'arrête puis avance de nouveau. Les trois autres personnes la suivent du regard.

??? -T'es sûre que c'est ici?

Iranoe -Tu croire que je vous aurais dérangé pour rien? J'ai passé deux ans à attendre ce foutu moment... Alors si tes questions à la con me font le rater, élémentaire

ou pas, je te fais bouffer les pissenlits par la racine, Angel.

Ezechiel -Ton caractère s'est pas arrangé, en tout cas.

Iranoe -Il est pas fait pour te plaire. Bouge ton cul, Ezechiel.

L'interpellé laisse échapper un rire à la fois amusé et amer. Il a du mal à accepter qu'une gamine de 18 ans lui ordonne ce qu'il a à faire. Il le sait déjà parfaitement. Il

hausse les épaules et s'éloigne sans un mot. Les deux autres le rejoignent tandis que la jeune fille retire sa cape, dévoilant une robe argentée qui frôle silencieusement l'herbe à ses

pieds. Elle fait quelques pas en rond, autour du centre de la clairière. Les trois hommes finissent par arriver. Elle leur adresse un sourire distrait tout en allumant d'un geste, les bougies

qu'ils ont amené et placé en cercle dans un silence toujours aussi parfait.

Xavier -Il manque quelqu'un.

Iranoe -Il en manque deux. Mais en deux ans, impossible de les trouver. On fera sans.

Silence. Une douce mélopée s'élève doucement, ricochant sur les alentours. Lentement, de la fumée s'élève du sol, se joignant à celle qui semble venir du ciel obscur. A la voix

féminine s'ajoutent les voix plus graves des trois hommes qui forment un triangle autour de la jeune fille. Celle ci bouge doucement, au fil du vent qui devient de plus en plus fort au fil

des secondes. Lorsqu'un tourbillon se forme autour d'elle, elle se met à marcher et au fil de ses pas, de la lumière apparaît, accompagnée de symboles étranges qu'elle seule semble

comprendre. Le cercle finit par être enfin complet. Iranoe se fige et sort un poignard. La lame brille un court instant sous la lueur de l'astre de la nuit, avant de parcourir doucement son

avant bras.

Le sang coule à flot, fleuve rubis dont la couleur rappelle étrangement la couleur des cheveux de celle dont la voix s'élève, pure et cristalline, dans une langue qui semble venir des

tréfonds de l'histoire du monde. Le vent s'accentue encore plus, chargé de magie au fur et à mesure que le sang d'Iranoe se répand sur le sol. Au contact de l'herbe, il se transforme

en paillettes argentées qui volent et tourbillonnent autour d'elle. Les trois hommes finissent par se taire alors qu'au même moment, les bougies s'éteignent, plongeant l'endroit dans une

pseudo obscurité.

Seule, au centre d'un tourbillon qu'elle ne contrôle pas et que de toute manière, elle ne veut pas contrôler, Iranoe s'abandonne peu à peu au flot de magie qu'elle a volontairement

éveillé. Il ne lui est pas nécéssaire de lutter, seul le maintient du sceau l'intéresse. D'ailleurs, toute sa volonté est tournée vers ce sceau dont la lumière s'accentue au fil des secondes au

point d'en être aveuglante. Les trois hommes lancent une autre invocation. En quelques secondes, une barrière surgit autour d'Iranoe et de son sceau. Intérieurement, Iranoe jubile. Elle a

mit deux ans à trouver le secret du sceau qui la maintient en ce monde afin d'éviter de se retrouver dissoute dans elle ne sait pas vraiment quoi... Elle a oublié. Il est tellement plus

passionnant de livrer son âme au flot de magie qu'elle a délivré. C'est aussi plus agréable que tout ce qu'elle a bien pu vivre en deux ans.

Flash

C'était une nuit comme les autres. Enfin comme les autres... Depuis que Wolfgang s'était amusé à prendre l'Ecole de Magie comme un terrain de jeu... Tout était différent... pour les autres.

Elle, la magie noire, les compétitions et autres, elle connaissait par coeur avec Salem. Une sorte de retour aux sources qu'elle avait effectué avec un certain plaisir. Elle avait du mal à

avouer qu'elle ne voyait pas très bien en quoi ceci changeait de cela... Le Bien, le Mal avaient toujours été des notions plus qu'abstraites pour elle et cela n'allait pas changer avec

l'arrivée d'un autre à la tête de l'Ecole de Magie. Elle s'en foutait. La preuve... Malgré le couvre feu, elle se balladait à travers les couloirs obscurs. Pour sa "défense", elle était à la

recherche d'un lieu, ou une simple chose qui, pour un autre qu'elle n'aurait rien signifié mais qui pour elle, signifiait que le temps était venu.

A la poursuite de son destin. Ou devait on plutôt dire que le destin était à la recherche de celle qui devait lui permettre de tourner? Qui pouvait le dire? Sûrement pas elle qui ne suivait

que son intuition et qu'importe qu'elle n'ait pas le droit de se retrouver dans un couloir en plein milieu de la nuit. A quelque part, le fait de savoir que de toute manière, rien ne pourrait

lui arriver ce soir là, la poussait à aller au delà de ses propres limites de sécurité... Assez basses pour la jeune Serdaigle. De toute manière, qui pouvait bien s'inquiéter pour elle? Plus personne et ce, depuis un bon moment. Rire amusé alors qu'elle s'accroupit au pied d'un mur qui n'a rien de différent par rapport aux autres. Lentement, elle effleure les pierres du bout des doigts. Elles semblent s'animer doucement, ondulant sous un souffle de magie qui ricoche autour d'Iranoe avant de s'évaporer aussi brusquement qu'elle est apparue.

??? -T'as pas l'impression que tu devrais être autre part?

Iranoe -Et toi? T'as pas l'impression qu'il fallait pas que tu quittes ton maître?

La jeune fille s'était relevée lentement mais n'avait pas accordé le moindre regard à l'homme qui avait surgit derrière elle. Elle l'avait "sentit" depuis un moment. Ses doigts quittèrent le mur dans une petite gerbe de lumière argentée. Au même moment, une main claque à quelque centimètres de sa tête. Elle n'a pas bronché mais daigne se tourner vers l'homme qui s'est approché d'elle. Un sourire ne tarda pas à apparaître sur le visage à la peau pâle. Arrogance... ou Imprudence...? Question de choix. D'un geste désinvolte, elle écarta une mèche de son visage tandis qu'il avançait le sien vers elle.

??? -Tu sais que tu vas être châtiée.

Iranoe -Va jouer ailleurs au chien, tu veux?

La seconde main claqua de l'autre côté de sa tête. Elle avait à peine fermé les yeux. Tellement prévisible. Durant un court instant, elle se demanda si elle avait réellement envie de provoquer l'homme qui lui faisait face et qui, visiblement, était un loup garou durant trois jours par mois. Elle finit par hausser les épaules. Il n'allait pas être le premier à qui elle allait faire goûter le mur sur lequel elle était désormais adossée. L'homme eut un rictus en avançant l'une de ses mains pour lui carresser la joue. Elle le laissa faire, s'amusant à lui laisser croire qu'elle allait lui être soumise. La giffle qui rententit deux secondes plus tard ne l'étonna guère, même si elle mit sa joue en feu. Elle y porta sa main, prenant soin de ne pas montrer une once de colère contre lui. Elle devinait déjà ce qu'allait être son châtiment.

Pour un peu, cela l'aurait fait rire. Mais il l'agaçait déjà. Son sourire narquois et d'ores et déjà vainqueur lui tapait considérablement sur le système. Elle attrapa sa main alors qu'il allait la giffler une seconde fois. Un craquement sinistre suivit. L'homme se recula tandis qu'elle s'arrachait du mur.

??? -Tu vas mourir pour ce que tu as fait!

Iranoe -Ta gueule, tu veux? Reste tranquille et me force pas à te défoncer les jambes.

L'homme éclata de rire. Iranoe se contenta de lever les yeux au ciel et de se détourner de lui. A nouveau, elle frôla le mur du bout des doigts. Cette fois ci, elle exécuta un dessin précis et la même lumière jaillit au passage de ses doigts. Un sceau ne tarda pas à apparaître et à disparaître rapidement, comme absorbé par la peau de la jeune Serdaigle où des arabesques ne tardèrent pas à luire sur ses poignets découverts. Fascinée, elle ne fit pas vraiment attention à l'homme qui s'était resaisit et qui avait dégaigné sa baguette. Un sort fusa la seconde suivante. Sans vraiment s'en soucier, elle leva une main et le sort se perdit sur une barrière invisible. Elle finit par s'arracher à sa contemplation et par tourner vers l'homme un regard entièrement laiteux. Sous le coup, il recula d'un pas avant d'attaquer de nouveau.

Elle laissa échapper un rire amusé.

Iranoe -Tu vois, ton problème c'est que tu te crois supérieur à tout le monde... Ton maître est tellement con qu'il a besoin de débiles dans ton genre pour parvenir à quelque chose... Au final, vous n'êtes qu'un ramassit d'abrutits...

??? -Tu vas mourir...

Iranoe -En es tu sûr?

Silence durant lequel les deux personnes s'observèrent attentivement. L'homme semblait douter de plus en plus. Il n'avait jamais vu quelqu'un parler aussi franchement de Wolgang sans être sûr de s'en sortir. Et cette gamine... Quelque chose n'allait pas. Ses poignets, ses yeux... Elle n'était pas normale. Il frémit en se reculant, s'apprêtant à fuir. Sans prévenir, elle franchit la courte distance qui les séparait et l'attrapa à la gorge après lui avoir proprement broyé un genou avec un sort. Elle se pencha vers lui et murmura.

Iranoe -Tu ne comptais pas me quitter aussi vite... N'est ce pas?

Quelques minutes plus tard, le calme revint dans le couloir. Iranoe avait disparu et l'homme était proprement accroché au mur, la gorge tranchée et son sang écrivait une longue ligne de runes qui, apparemment ne voulaient rien dire. Alors qu'un autre mangemort découvrait le corps et que le château se mettait en branle pour retrouver le coupable, une ombre se découpa dans la faible lumière des étoiles. Debout sous un arbre, l'ombre ne bougait pas. Elle fut rejointe par une autre ombre.

Angel -T'as pas l'impression d'avoir abusé, Iranoe?

Iranoe -Qu'importe... Il n'est pas le premier que je tue, il ne sera pas le dernier...

Angel -Peut être mais là...

Iranoe -Il me fallait un paiement en sang pour le sceau... J'ai évité de m'ouvrir les veines.

Angel -Tu fais peur parfois.

Iranoe -Allons donc... Qui peut donc avoir peur d'une gamine de 16 ans, hein?

Angel -Ceux qui te connaissent.

Iranoe -Ceux qui me connaissent ne risquent rien. Ceux qui croient me connaître ou qui ne me connaissent pas ont toujours risqué quelque chose.

Angel -Aller vient... On doit filer.

Sans bruit, les deux ombres semblèrent se fonde dans l'obscurité nocture.

Fin Flash

La lumière s'intensifie encore jusqu'à aveugler les personnes présentes sauf celle qui en est à l'origine. Un court instant, Iranoe semble avoir disparu, comme dissoute dans les flux de magie qui n'ont cessé de tournoyer autour d'elle. Et brusquement, tout s'arrête. Iranoe s'effondre sur le sol alors que les flux tournoyent autour d'elle avant de prendre la forme d'un immense bâtiment qui reste flou, sans vraiment de contours bien définits. Les trois hommes, l'aveugleument passé, se précipitent sur la forme blanche inerte au sol. Doucement, ils la relève.

Xavier -Elle va jamais y arriver.

Iranoe ouvrit les yeux et le fusille du regard.

Iranoe -Prends moi pour une débile pendant que t'y es! Être amoureux t'arrange pas...

Les deux autres se retiennent de rire alors qu'elle se met à avancer seule vers le mirage à une dizaine de mètres d'elle. Au fur et à mesure de son avancée, le "nuage" brille un peu plus, tout comme les arabesques qui ornent les poignets de la jeune fille. Ce n'est que lorsqu'elle touche l'illusion qu'une réaction se met en place. Au même moment, elle se met à saigner et son sang coule le long de ses bras avant d'être absorbé par la forme devant elle. Les secondes passent et elle semble prendre plus de consistance au fil du temps. De longues minutes plus tard, la lumière s'éteint pour laisser place à celle de la lune qui illumine... rien du tout si ce n'est le corps inconscient d'Iranoe. Une vague de déception se fait sentir.

Ezechiel -Putin j'y crois pas... Elle s'est plantée...

En compagnie de Xavier, Ezechiel s'abandonne à ce qu'il estime être la colère du juste. A cause de cette gamine, deux ans ont été perdus. Seul Angel semble se soucier de celle qui est censée être leur protégée. Inconsciente, elle semble plus que passablement affaiblie mais se réveille déjà. D'un geste, il la force à rester allonger tandis qu'ils écoutent les voix rageuses d'Ezechiel et Xavier qui la maudissent. Elle finit par soupirer et par murmurer.

Iranoe -Ils sont vraiment cons...

Angel -Comprends les... Tu as quand même échoué.

Elle le regarde avant d'éclater de rire. Les deux hommes se retournent vers eux.

Iranoe -Aller, aide moi à me lever.

D'autorité, Angel la porte dans ses bras. D'une voix douce, elle le guide avant de le faire stopper. Elle tend une main qui se fige en rencontrant une barrière apparemment invisible mais qui ondule sous son geste. Elle murmure quelques mots et un immense bâtiment apparaît. D'influence gothique, l'architecture colle parfaitement avec celle d'un bâtiment qui est visible bien plus loin et qui est loin de faire partie de ce qui est devant eux.

Ezechiel -C'est le doyen qui va pas être content.

Iranoe -En es tu sûr?

Xavier -Entrons.

Iranoe -Oui... Avant que les fossiles débarquent.

Les "fossiles", ce sont les derniers membres de l'Ile qui doivent réorganiser le tout. Elle ne les aime pas, ils lui tapent sur le système. Ils ont eut raison d'entrer dans le bâtiment puisque moins de vingt minutes plus tard, les dits "fossiles" les font sortir et referment les portes de l'ensemble. Les quatre ombres disparaissent dans un bruit de transplannage. Le lieu redevient enfin calme.

Quelques jours plus tard

Iranoe -Na mais ils sont impossibles, ces vieux! Ils veulent pas me laisser entrer.

Angel -Peut être parce que personne doit savoir qui est le véritable chef?

Iranoe -Très drôle... T'en as pas une autre?

Angel -Aller, calme toi... T'es devenue invivable depuis l'autre soir.

Iranoe -Pardon?

Angel -Il est passé où ton calme? Et ton indifférence à tout, tu l'as foutue où? Tu nous tapes des caprices, t'es aussi infernale qu'une gosse. Et arrogante en plus. Putin mais Ira réveille toi quoi?! Faut qu'on fasse quoi pour que tu reprennes le contrôle de toi même? Qu'on agisse comme ton père?

Le buit d'une giffle retentit avant qu'elle ne plante son regard dans le sien et le fusille du regard.

Iranoe -Répète ça une seule fois et...

Angel -Et quoi? Tu tapes du pied comme une gosse? Tu me fais un caca nerveux? Tu vas bouder?

En guise de réponse, le visage se ferme et les prunelles redeviennent indifférentes. Elle se détourne de lui et s'en éloigne d'un pas rapide.

Ezechiel -Tu ne crois pas que tu y es allé un peu fort?

Angel -Il le fallait.

Ezechiel -Si tu le dis.

Tous deux observent la jeune fille qui s'éloigne d'un pas digne. Ils finissent par la perdre de vue alors qu'elle fait le tour d'un arbuste. Iranoe finit par s'asseoir sur un banc et par se plonger dans la contemplation du paysage au loin. Lorsqu'un bruit se fait entendre derrière elle, elle lâche d'une voix glaciale.

Iranoe -Dégage, Angel.

Sauf que... Ce n'est pas Angel.

Yuri - Mais c'est mon vieux copain Harrington !
Will - Yu... Yu... ?
Yuri - Mais... Mais... ou... ou... oui..., le singea le Russe. C'est bien moi Willy.

L'Anglais au teint rose et aux cheveux roux sembla soudain pris d'une panique monumentale en se retrouvant nez à nez avec son pire cauchemar. Quelques gouttes de sueur perlaient déjà au niveau de ses tempes, tandis que le souffle du jeune étudiant grassouillet se faisait de plus en plus saccadé.

Yuri - J't'ai manqué, Willy ?
Will - Yu.. Yu...? Où tu étais tout ce temps ?

Le regard de Yuri se durcit devant tant d'hypocrisie. Ce traître, cet être infâme et immonde l'avait donné aux Mangemorts lors de l'attaque de Poudlard. Harrington l'avait désigné sans le moindre remords comme étant le meilleur ami de Nouscka, le condamnant ainsi aux sévices et au cachot, provoquant ainsi la perte des deux Russes. Huit mois de tortures. A hurler. A courber l'échine sous le joug de la violence. Huit mois à maudire jour et nuit le nom pourri de Harrington. Jamais l'Anglais ne s'était imaginé le revoir un jour : il le croyait mort ou devenu fou à force d'enfermement.

Yuri - Tu as oublié où j'étais ? Pourtant il parait que les salauds ont bonne mémoire, c'est surprenant !
Will - Ecoute, Yuri. Tout ça c'était y'a longtemps, j'étais jeune et j'ai merdé. Mais c'est du passé, on devrait oublier...
Yuri - Oublier ? Tu crois que je peux oublier ça ?

Sans un regard pour Will, il releva sa manche droite jusqu'à hauteur du coude, laissant apparaitre sur son avant bras une marque au fer rouge déjà cicatrisée mais dont le motif était encore bien visible : un serpent enlaçant de ses anneaux une croix renversée.

Yuri - Tu reconnais ? Les traîtres à leur sang, selon les Mangemorts...! Tu crois que je peux oublier ça ?

Penchant la tête, un tatouage représentant un "N" en lettre gothique se dévoila aux yeux de Harrington dont les yeux verts se révulsèrent, au fur et à mesure qu'il semblait comprendre de quoi il était question.

Yuri - Hein, tu crois que je peux oublier ça ? Que je peux oublier Nouscka ?

En temps normal, Yuri n'était pas un bagarreur, il n'aimait pas se salir les mains : cette besogne était réservée aux gens inférieurs à son rang. Mais là, pour Harrington, à l'origine de nombre de ses tourments, il ferait une exception. Serrant les poings, il lui sauta à la gorge et le projeta sur le sol, commençant à le larder de coups de poing, tous aussi violents les uns que les autres, chacun d'eux exprimant sa colère, sa rage et toutes ces années à se retenir. Ca et là, quelques personnes s'étaient déjà attroupées pour profiter du spectacle de Yuri flanquant une raclée à un mec qui ne se défendait pas.

Yuri - Je vais te faire la peau, Harrington, comme je te l'ai promis il y a deux ans !
Daniela - Yuri, arrête, qu'est-ce que tu fous, tu vas le tuer !

Shura, la petite soeur de Yuri, d'un an et demi sa cadette, s'était interposée entre son frère, indemne et Will, au visage méconnaissable.

Yuri - C'est bien mon intention ! Enlève toi, Shura.
Daniela - Non, Yuri. Harrington, casse-toi !

Will ne se fit pas prier tandis que Shura tentait tant bien que mal de calmer son frère, ivre de rage et de vengeance. Ce n'est que lorsque le gros cul d'Harrington fut hors de vue que Yuri reprit enfin contenance.

Daniela - Il ne faut pas, Yuri.
Yuri - Lâche-moi, tu veux.

Il transplana, plus loin dans le parc, le visage encore crispé par la haine.

Iranoe - Dégage, Angel.

Il haussa un sourcil interrogateur en s'entendant interpellé de la sorte par une jeune fille assise sur un banc et lui tournant le dos. Un soupir de lassitude. Pourquoi ne pas profiter d'un moment de paix et d'harmonie avec une belle inconnue ?

Yuri - J'm'appelle pas Angel. Toi aussi y'a des gens que tu veux pas voir ?

Sans demander la permission, il s'assit à côté d'elle sur le banc, lui adressant un sourire gêné. Dans le feu de l'action, il ne s'était même pas rendu compte que sa manche était restée retroussée et que la marque faite par ses tortionnaires était exposée à la vue de tous.

A peine avait elle prononcé ces quelques mots qu'elle savait que ce n'était pas le dit Angel. Mais elle avait prit soin de ne rien montrer, de ne rien laisser paraître, comme une gentille fifille à son papa. Aussi ne prit elle même pas la peine de se retourner pour vérifier son inuition, la voix qui résonna quelques secondes plus tard remplit parfaitement cette tâche.

Yuri - J'm'appelle pas Angel. Toi aussi y'a des gens que tu veux pas voir ?

Lentement, elle se tourna vers lui alors qu'il s'approchait d'elle et prenait place sans même lui avoir demandé son avis. Elle s'écarta suffisamment pour lui laisser une place convenable à ses côtés et prit quelques secondes pour répondre.

Iranoe -Oui, il y en a beaucoup...

A son regard et au ton de sa voix, il aurait été aisé de pensé qu'elle le comprennait dans le groupe mais elle finit par lui faire un sourire aussi léger que rapide, signalant qu'elle acceptait sa présence auprès d'elle... si tant est qu'elle eut le choix.

Iranoe -Si tu n'es pas Angel... Alors puis je savoir ton prénom?

Demande directe pour une personne qui en règle générale, ne l'était pas. Elle écarta une mèche de son visage alors que son regard argenté parcourrait le jeune homme assit près d'elle. "Adorable" fut l'un des premiers adjectifs qui lui virent à l'esprit en le contemplant. En revanche, un éclair indéfinissable passa dans ses prunelles lorsqu'elles se posèrent sur la marque. Une autre personne qu'elle aurait probablement posé une question inutile qui aurait mit le jeune homme en colère. Iranoe non. Elle se contenta, avec une infinie douceur, de se pencher vers lui et de rabattre sa manche délicatement. Elle murmura en se redressant.

Iranoe -Je crois qu'il faut que vous cachiez l'objet de votre colère... Je ne tiens pas à faire partie des gens que vous ne voulez plus voir...

Un petit sourire charmeur alors qu'elle attrapait l'une de ses mains abîmées à force de donner des coups de poings. Sans émettre le moindre commentaire, elle fit apparaître un bandage avec lequel elle entoura sa main. Elle attrapa l'autre en ajoutant.

Iranoe -Ainsi, c'est vous l'attroupement de l'autre côté...

Elle reposa doucement la main avant de ranger sa baguette.

Iranoe -Je ne suis pas une pro des soins... Il faudra peut être aller voir quelqu'un... Mais en attendant, vous ne tâcherez pas vos vêtements.

Yuri - J'm'appelle pas Angel. Toi aussi y'a des gens que tu veux pas voir ?
Iranoe -Oui, il y en a beaucoup...

Yuri esquissa un sourire pour lui-même, amusé. Oh comme il la comprenait ! Lui aussi souvent, il rêvait d'échapper au monde, à la foule, à ses obligations. Pouvoir s'isoler, quelque part, dans un coin du monde reculé et à l'abri de tous et vivre seul, en ermite, avec pour seul souci la méditation des justes. Malheureusement, Yuri n'aurait jamais ces possibilités : il était appelé à de trop grandes responsabilités auprès des siens. Il aperçut un sourire sur les lèvres de la jeune fille et aussitôt, il se détendit, soulagé.

Iranoe -Si tu n'es pas Angel... Alors puis je savoir ton prénom?
Yuri - Yuri. Et toi ?

Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu une conversation badine et anodine comme en ont souvent les jeunes gens de son âge. Il abordait des sujets si sérieux depuis ces derniers jours qu'il en avait presque oublié cette sensation d'insouciance, enivrante, celle de la quiétude. Lorsqu'il vit ses mains s'approcher de son bras, il ne comprit pas immédiatement puis il suivit du regard les doigts fins de la jeune femme et vit vers quoi ils se dirigeaient. Sa marque... Aussitôt, il eut comme un mouvement de recul, un sursaut effrayé, un peu précipité dans sa volonté de la cacher au plus vite. Mais il n'en eut pas le temps. Avec une douceur maternelle, elle redéplia sa manche, cachant ainsi l'infâme souvenir de ses mois d'enfermement. Yuri resta coi, abasourdi d'une telle réaction. Il aurait dû s'attendre à des questions, un signe de dégout ou de surprise mais rien de tout cela et il lui en était reconnaissant. Ces souvenirs étaient des blessures qui ne s'étaient pas encore cicatrisées.

Iranoe -Je crois qu'il faut que vous cachiez l'objet de votre colère... Je ne tiens pas à faire partie des gens que vous ne voulez plus voir...

Elle lui adressa un sourire enjôleur auquel Yuri répondit par un sourire un peu niaiseux, surpris car peu habitué à autant de douceurs et d'attentions. Il avait été élevé à la dure et les seules jeunes femmes qu'ils fréquentaient s'évertuaient à l'humilier ou à le rejeter. Pour un peu, il en avait presque oublié qu'une femme c'est aussi de la douceur et de la tendresse... Ce n'est que lorsqu'elle attrapa une de ses mains qu'il se rendit compte qu'elles le faisaient souffrir et qu'il avait sans doute frappé un peu fort sur ce gros con d'Harrington.

Iranoe -Ainsi, c'est vous l'attroupement de l'autre côté...
Yuri - J'ai provoqué la rixe, l'attroupement n'est pas de mon fait. Ce ne sont que des prédateurs barbares se repaissant du sang de leurs semblables...

La dernière phrase avait un goût amer, comme quelque chose que l'on connait par coeur pour ne l'avoir que déja trop vécu. Il eut un sourire en regardant ses mains bandées.

Iranoe -Je ne suis pas une pro des soins... Il faudra peut être aller voir quelqu'un... Mais en attendant, vous ne tâcherez pas vos vêtements.
Yuri - Tu es très attentionnée... Je ne pense pas mériter autant de considération mais... merci...

Ca, c'était un mot qu'il ne disait pas souvent. Il fut même surpris de voir qu'il était sorti de sa bouche aussi naturellement. Il esquissa un sourire franc et plongea son regard dans les yeux couleur lavande de sa compagne d'infortune.

Yuri - Et toi, alors ? Tu ne provoques pas d'attroupements mais tu as l'air poursuivie par un certain Angel...

Il marqua une pause, puis tenta, à tout hasard :

Yuri - Dispute d'amoureux ?

Angel -Yuri et toi?

Elle eut un sourire.

Iranoe -En effet, ça ne ressemble pas à Angel... Enchantée...

Silence durant lequel elle ne répondit pas volontairement à sa question. Elle pencha sa tête en arrière et ferma à moitié les yeux. Elle sembla s'absorber dans ses pensées avant de murmurer.

Iranoe -C'est Iranoe...

Prononcer son nom était étrange pour elle. Elle ne l'avait pas prononcé pendant tant de temps. Elle le laissa flotter sur ses lèvres entrouvertes avant de redresser son visage et de rouvrir les yeux pour les faire glisser sur lui avant de les poser sur sa cicatrice. Pas de questions, ni d'expression de dégoût. Elle n'était pas ainsi. Pas qu'elle était totalement indifférente à cette marque qui souillait son bras et probablement son passé. Mais le temps des interrogations n'était pas venu et il était loin encore. Quelques instants plus tard, elle parla de la rixe qu'il y avait eut lieu quelques instants plus tôt. Elle n'en avait rien vu. C'était simplement les bruits et les mouvements de la magie qui l'avaient quelque peu interpellée.

Yuri - J'ai provoqué la rixe, l'attroupement n'est pas de mon fait. Ce ne sont que des prédateurs barbares se repaissant du sang de leurs semblables...

Elle eut un sourire malgré l'amertume de ses derniers mots. Elle haussa les épaules.

Iranoe -Ou des imbéciles qui jouissent d'une violence dont ils ne savent pas porter le poids sans d'autres personnes pour le faire...

Nulle amertume dans ses propos... qui pouvaient presque paraître indifférents au possible. En réalité, ils ne l'étaient pas. Ils étaient porteurs de bien plus de choses qu'ils n'y paraissaient. Elle laissa échapper un léger soupir alors qu'elle achevait de s'occuper de lui en changeant littéralement de sujet.

Yuri - Tu es très attentionnée... Je ne pense pas mériter autant de considération mais... merci...

Elle sursauta, surprise. Une vague de surprise passa dans son regard alors que leurs regards se rencontraient pour la première fois. Ocre contre argent. Elle lâcha d'une voix tranquille.

Iranoe -Ce n'est rien. C'est plaisant de s'occuper de toi.

Elle allait pour répondre lorsqu'il enchaîna.

Yuri - Et toi, alors ? Tu ne provoques pas d'attroupements mais tu as l'air poursuivie par un certain Angel...

Iranoe -Je ne crois pas être le genre à provoquer un attroupement... Mais en effet, Angel me poursuit.

Yuri - Dispute d'amoureux ?

Iranoe -Pardon?

Elle demeura un instant silencieuse avant d'éclater de rire. Pas un rire moqueur mais un rire léger, franchement amusé. Son regard se détacha des prunelles ensorcellantes de Yuri pour voler autour d'eux avant de replonger en lui, rieur.

Iranoe -Angel et moi? Non! Bien sûr que non! Il a simplement... remit les pendules à l'heure.

Néanmoins, son rire se figea et les étincelles rieuses de son regard disparurent alors qu'elle murmurait comme à elle seule.

Iranoe -Je suis partie deux ans, je réapparais sans prévenir... Que me reste t'il?

Elle lâcha un soupir avant de terminer.

Iranoe -Oublie ça... Parlons de sujets plus... distrayants... veux tu?

Iranoe -C'est Iranoe...
Yuri -C'est joli...

Et en même temps, ce n'était pas étonnant. Elle avait une beauté exotique qui ne pouvait être Anglaise. Son regard se perdit au loin tandis qu'il repensait, avec une certaine mélancolie, aux moments joyeux et bénis de l'enfance.

Yuri - J'ai provoqué la rixe, l'attroupement n'est pas de mon fait. Ce ne sont que des prédateurs barbares se repaissant du sang de leurs semblables...
Iranoe -Ou des imbéciles qui jouissent d'une violence dont ils ne savent pas porter le poids sans d'autres personnes pour le faire...

Il eut un sourire approbateur et acquiesça d'un hochement de tête. "L'homme est un loup pour l'homme", c'était ce que Hobbes avait toujours dit. Pour un Moldu, il ne raisonnait pas trop mal.

Yuri - Tu es très attentionnée... Je ne pense pas mériter autant de considération mais... merci...
Iranoe -Ce n'est rien. C'est plaisant de s'occuper de toi.

Il eut une expression surprise, puis détourna le regard, embarrassé, presque rougissant. Vraiment, il avait tout oublié des femmes ou alors il n'avait rencontré dans sa vie que des êtres durs, sans coeur. Iranoe en devenait presque une femme d'une espèce à part, jusque là inconnue. Pour lui, à qui les filles d'Eve n'avaient apporté que rejet et souffrance, l'apaisement procuré par Iranoe lui semblait irréel. Ensorcelant...

Yuri - Et toi, alors ? Tu ne provoques pas d'attroupements mais tu as l'air poursuivie par un certain Angel...
Iranoe -Je ne crois pas être le genre à provoquer un attroupement... Mais en effet, Angel me poursuit.
Yuri - Dispute d'amoureux ?
Iranoe -Pardon?

Yuri se mordit la lèvre et passa une main nerveuse dans ses cheveux. Peut-être était-il allé trop loin ? Il ne la connaissait que depuis quelques minutes et déjà il se permettait de lui poser des questions très personnelles. Comment aurait-il réagi, lui, si on lui avait demandé dès les premiers abords des choses aussi intimes que sa famille ou... D'ailleurs comment Yuri pourrait parler de sa famille, lui qui avait dû renier les siens pour entrer dans le Clan ? C'était si compliqué et si peu évident à partager. D'ailleurs, il n'en avait pas le droit. Sans doute était-ce pour cela qu'il se rattachait autant à Ashka, parce qu'elle savait, et que c'était plus facile d'interagir avec quelqu'un qui a une réelle idée de ce que vous êtes.

Iranoe -Angel et moi? Non! Bien sûr que non! Il a simplement... remit les pendules à l'heure. Je suis partie deux ans, je réapparais sans prévenir... Que me reste t'il?
Yuri - Parfois, s'il ne reste rien, il ne tient qu'à nous de reconstruire...

Oublier le passé, reconstruire. Autant de conseils qu'il donnait mais qu'il était incapable de suivre. Avait-il oublié sa rancoeur envers Harrington, sa culpabilité envers Nouscka, sa haine envers Ely, son intérêt envers Ashka ? Ne ferait-il pas mieux, lui aussi, tel un amnésique de tout oublier et de recommencer une nouvelle vie ? Un rêve impossible, certes.

Iranoe -Oublie ça... Parlons de sujets plus... distrayants... veux tu?
Yuri - Si tu veux me distraire, parle moi de toi. Ou du moins de ce que tu voudras bien m'en dire...

Un sourire... Laisse-moi l'occasion de te connaître..

Yuri -C'est joli...

Elle retint un sursaut de surprise. Il était le premier à dire que son prénom était joli... Pour les autres, c'était plutôt "original"... voir pire.

Iranoe -Merci.

Ne pas lui dire que son prénom était féminin au Japon... En même temps... Elle préférait ce prénom au masculin. Elle se contenta néanmoins d'un silence prudent et agréable. La compagnie imprévue du jeune homme lui rendait son calme et lui donnait même l'envie de sortir de sa réserve pour dévoiler quelque peu la douceur qu'elle enfermait généralement sous une couche épaisse d'indifférence. La question de Yuri l'amusa au plus au point et elle mit néanmoins un point d'honneur à ne pas se moquer de lui. Sa présence lui était agréable.

Yuri -Parfois, s'il ne reste rien, il ne tient qu'à nous de reconstruire...

Elle ne pouvait qu'acquiescer. Mais que devait elle reconstruire? Ses quelques amis ne devaient pas l'avoir oublié... Mais le reste... Son inscription à l'université tenait du miracle... rien de plus. Elle laissa échapper un léger soupir.

Iranoe -La question est aussi... Que voulons nous reconstruire?

A nouveau, son rire léger s'éleva dans les airs. Cette fois ci, elle se moquait d'elle même. Elle secoura doucement la tête. Elle était pathétique. Elle joua un court moment avec l'une des mèches de ses cheveux. Elle savait déjà la réponse à sa question: elle ne voulait rien reconstruire. En profiter pour repartir sur des bases plus saines? Peut être.... C'était bien plus plausible que de tenter de retrouver son ancienne vie. Elle décida alors de changer de sujet et il décida que le nouveau sujet serait... elle. Elle haussa un sourcil... Elle avait du mal entendre. Mais apparemment, au vu de son sourire enjôleur, elle ne s'était pas trompé. Elle répondit un peu sèchement.

Iranoe -Je ne suis pas une distraction, Yuri.

Court silence. Elle reprit après avoir éffleuré sa main.

Iranoe -Pardon. Ca me rend toujours un peu nerveuse quand je dois parler de moi...

Elle baissa la tête. Ses cheveux formèrent un écran autour de son visage alors qu'elle murmurait.

Iranoe -Iranoe Sayuri... née au Japon, scolarisée à Salem avant d'aller à Poudlard et de disparaître pendant deux ans. Actuellement à l'université en double cursus. Le reste... Tout dépend ce que tu veux savoir.

Iranoe -Oublie ça... Parlons de sujets plus... distrayants... veux tu?
Yuri - Si tu veux me distraire, parle moi de toi. Ou du moins de ce que tu voudras bien m'en dire...
Iranoe -Je ne suis pas une distraction, Yuri.
Yuri - Je...

Le jeune Russe s'interrompit, embarrassé. Il n'avait pas voulu la blesser ou la mettre mal à l'aise. Il pensait juste qu'elle aimerait parler d'elle, comme toutes les filles qu'il connaissait. Apparemment, il s'était trompé. Il détourna le regard, reportant son attention sur un moineau qui piaillait non loin de là. Le silence fut court mais pour Yuri il dura une éternité. L'avait-il vexée ? Il sentit la main de la jeune femme effleurer la sienne et il tressaillit.

Iranoe -Pardon. Ca me rend toujours un peu nerveuse quand je dois parler de moi...

Il acquiesça, compréhensif. La difficulté qu'on pouvait avoir à parler de ça, il connaissait et soudainement, il comprenait et pardonnait la sécheresse dont Iranoe avait fait preuve. Lui aussi avait beaucoup de mal à se confier à quelqu'un, surtout en ce qui concernait sa famille et son passé. Il ne répondit pas, ne voulant pas la brusquer. Elle baissa la tête, laissant ses longs cheveux bruns la dissimuler aux regards, comme une protection contre le Russe.

Iranoe -Iranoe Sayuri... née au Japon, scolarisée à Salem avant d'aller à Poudlard et de disparaître pendant deux ans. Actuellement à l'université en double cursus. Le reste... Tout dépend ce que tu veux savoir.

Le ton de la voix laissait présager une sorte de souffrance à prononcer ses paroles, comme si elle avait honte de ce qu'elle était ou si se remémorer son passé était une épreuve particulièrement pénible. Il eut soudain un remord de lui avoir posé cette question, comme s'il avait ravivé en elle certains de ses cauchemars.

Yuri - Ne me dis que ce que tu as envie. Cela ne me dérange pas. Mais ne dis que des choses vraies... S'il te plaît...

Si elle ne voulait pas lui raconter sa vie, qu'elle ne le fasse pas, mais qu'elle ne lui donne pas une version édulcorée et censurée de son passé. Il écarta avec une nervosité de débutant le rideau de cheveux de la jeune femme et replaça ses mèches derrière ses oreilles. Comme s'il lui devait quelque chose, il se sentit obligé de lui confier quelque chose à elle aussi.

Yuri - Je suis potentiellement un assassin en puissance.

Certes, il aurait pu lui confier autre chose que cela, comme sa date de naissance ou autre. Mais il sentait qu'il pouvait lui dire ce quelque chose de si important et qui lui pesait tant. Il avait l'air si doux et pourtant. Comme s'il lui devait la vérité, il avait lâché tout de go ce qu'il ne disait à personne. Soulagé, il laissa échapper un soupir.

Sans quasiment la moindre émotion, elle débita les quelques généralités que tout le monde (ou presque) savaient sur elle. Que pouvait elle lui dire d'autre? Son rôle était visiblement terminé dans l'histoire du monde, ou du moins, les "fossiles" en avaient décidé ainsi. Qui pouvait décemment laissé une gamine de 18 ans diriger une organisation? Personne... Enfin, pensait elle. Quand elle eut terminé, elle s'attendit à ce qu'il l'innonde de questions, comme la plupart des gens. Une curiosité qu'elle jugeait presque malsaine et à laquelle elle répondait généralement par une froide indifférence qui faisait fuir le monde autour d'elle. Mais pas Yuri. A sa grande surprise, il ne lui demanda rien.

Yuri - Ne me dis que ce que tu as envie. Cela ne me dérange pas. Mais ne dis que des choses vraies... S'il te plaît...

Que pouvait elle bien répondre à cela? C'était une demande étonnante et émouvante qui la toucha bien plus qu'elle ne le laissa paraître. Lorsqu'il replaça ses mèches derrière son oreille, elle frémit. Yuri était infiniment touchant avec elle... Bien qu'elle ne sache pas vraiment comment il était avec les autres. A quelque part, elle lui en était reconnaissante. Il n'avait pas l'air de la voir comme une bête de cirque avec ses cheveux rouge sang et l'aura de mystère qui évoluait autour d'elle. Malgré tout, elle demeura silencieuse, le temps pour elle de réfléchir à ce qu'elle pourrait bien lui dire sans avoir à mettre en danger sa sécurité mais, surtout, celle de Yuri.

Yuri - Je suis potentiellement un assassin en puissance.

Elle eut pour seule réaction de relever doucement la tête pour tourner son visage vers lui. Elle l'observa un long moment sans qu'aucune de ses pensées ou de ses émotions ne traverse ses prunelles argentées. Durant quelques instants, elle se demanda s'il ne se moquait pas d'elle... Il avait l'air si doux... Mais elle était bien placée pour savoir que les apparences étaient ~~parfois~~ tout le temps trompeuses... Elle en était l'un des plus beaux exemples. Elle finit par lui sourire, comme pour le remercier de lui faire suffisamment confiance. Elle resta silencieuse encore un petit moment.

Iranoe -Je suis un assassin... Avant de partir de Poudlard, j'ai tué un Mangemort mais j'ai tué avant... Tu sais... Le Bien, le Mal... Tout est relatif pour moi. Ca ne veut pas dire grand chose... Que ce soit par le Bien ou par le Mal, j'ai eut à souffrir d'eux... Depuis, je n'ai plus ces limites là. Je n'ai jamais tué par plaisir...

Elle soupira à son tour. Son sourire s'était éffacé de son visage qui avait reprit son expression neutre. On aurait dit que dire cela ne la touchait pas réellement... mais c'était faux... il fallait la connaître pour savoir réellement ce qui se passait chez elle à ce moment là. Elle reprit d'une voix douce.

Iranoe -Mon père... Mon père est un Mangemort plus que confirmé. Il fait partie des personnes que je ne supporte pas. Durant toute mon enfance, il m'a traité de monstre, en plus du reste. Merlin seul sait ce qu'il me reserve s'il finit par arriver à me récupérer. Il veut me tuer. Il sera mon prochain...

Elle trésaillit, prenant conscience de l'énormité de ce qu'elle venait de confier. Elle se redressa rapidement, presque avec violence. Elle s'éloigna de Yuri et passa une main sur son visage. Elle demeura un instant immobile et silencieuse avant de murmurer.

Iranoe -Oublie ça, Yuri...

Yuri - Je suis potentiellement un assassin en puissance.
Iranoe -Je suis un assassin... Avant de partir de Poudlard, j'ai tué un Mangemort mais j'ai tué avant... Tu sais... Le Bien, le Mal... Tout est relatif pour moi. Ca ne veut pas dire grand chose... Que ce soit par le Bien ou par le Mal, j'ai eut à souffrir d'eux... Depuis, je n'ai plus ces limites là. Je n'ai jamais tué par plaisir...

Ô vie, tu nous réserves parfois bien des surprises. Tes flots impétueux sont autant de lames de fond prêts à nous emporter vers la mort, mais parfois, au détour d'un maelström meurtrier, on découvre la lumière blanche du salut... Elle n'avait eu que ce mot à dire pour qu'il la voit comme le signe de la rédemption. Se pourrait-il que le Destin l'ait placée sur sa route, pour l'aider ? Ou peut-être était-ce à lui de l'aider ? Une fille si douce n'aurait jamais dû avoir à tuer, peut-être était-il là pour lui enlever ce fardeau et tuer à sa place. Yuri avait été élevé pour ça, chaque battement de coeur, chaque inspiration était dédié à son Clan. Esclave des Voleurs dans la Loi. Il comprenait ce qu'elle voulait dire concernant les concepts de Bien et de Mal, pour lui non plus ça n'importait pas. Seul le devoir comptait.

Iranoe -Mon père... Mon père est un Mangemort plus que confirmé. Il fait partie des personnes que je ne supporte pas. Durant toute mon enfance, il m'a traité de monstre, en plus du reste. Merlin seul sait ce qu'il me réserve s'il finit par arriver à me récupérer. Il veut me tuer. Il sera mon prochain...

Mangemort ? A ce mot, il esquissa une grimace. Les Mangemorts, ils les détestaient. Non pas pour leurs convictions ou leurs idéaux, ni même pour leurs pratiques douteuses en matière de magie, simplement parce que sa vie telle qu'il la connaissait avait été brisée par leur faute. Rancoeur à titre personnelle donc... Parfois la vengeance froide, pure et dure était le meilleur des exutoires. Il avait des envies de violence dont personne n'avait le moindre doute, des besoins de faire souffrir pour oublier ses propres douleurs, des idées de morts... Il ne tiqua pas quand elle parla de tuer son père. Avoir envie de détruire quelqu'un, il savait ce que c'était. C'était un mal qui s'insinuait dans votre âme, qui vous rongeait de l'intérieur jusqu'à ne plus faire de vous qu'un être assoiffé de vengeance. Il nota sa réaction violente, comme si elle était horrifiée de ce qu'elle venait de dire. Mais ce n'était pas nécessaire... Il la comprenait et ça ne le choquait pas. Comme il était étrange de voir deux jeunes étudiants parler de la mort avec autant de détachement...

Iranoe -Oublie ça, Yuri...
Yuri - Une fille ne devrait pas avoir à tuer. Si tu permets, ton père...

Il marqua un léger temps d'arrêt durant lequel se manifestèrent sous forme de flashs des images clinquantes de violence.

Yuri - ...est mon affaire. Après tout, c'est ce pourquoi j'ai été élevé.

Donner la mort et prendre la vie sans pour autant se croire tout puissant pour ne pas attirer sur soi les foudres des dieux, c'était le credo de tout un Clan. Il esquissa un sourire rêveur. Un bruit de pas sur les graviers lui fit lever la tête avec brusquerie. Son regard terre de sienne rencontra des iris bien connus : Will Harrington. S'il ne cherchait à mourir ça y ressemblait bien. Les poings du Russe se crispèrent, déserrant les bandages que Iranoe lui avait fait, prêts à revenir s'écraser sur le visage tuméfié de l'étudiant

Will - Yuri, je...

Yuri détourna le regard pour conserver son calme le plus longtemps possible et laissa passer entre ses dents serrées ces mots qui sonnaient comme un macabre avertissement :

Yuri - Harrington, si tu ne dégages pas de ma vue tout de suite, tu es un homme mort.

L'ancien Gryffondor sembla hésiter, ne prenant sans doute pas la menace au sérieux. Ses yeux verts se posèrent sur Iranoe, sembla lui demander son aide.

Yuri -Une fille ne devrait pas avoir à tuer. Si tu permets, ton père....

Elle retint de justesse un geste d'ironie pur en entendant ses premiers mots. Mais il avait raison. Elle n'aurait jamais dû avoir à tuer. Mais son destin était ainsi. Elle jeta un regard à ses propres mains. D'une finesse remarquable, tout le monde lui disait qu'elles étaient douces... Mais elle... Elle ne les voyait que pleine de sang. En règle générale, cela ne lui pesait pas d'avoir tué. Elle s'en moquait. De toute manière, c'était ça ou devenir folle de culpabilité. Elle n'avait jamais tué pour le plaisir, c'était le plus important à ses yeux. Comme étouffée par le poids de ses pensées, la voix de Yuri lui parvint.

Yuri - ...est mon affaire. Après tout, c'est ce pourquoi j'ai été élevé.

Elle demeura à la fois muette et immobile, le temps pour elle de digérer ce qu'il venait de lui dire... et de lui proposer. Elle finit par secouer la tête doucement. Elle ne pouvait décemment pas accepter qu'il tue son père pour elle. Elle refusait de savoir que c'était pour elle qu'il s'était tâché les mains pour la première fois. Elle se tourna lentement vers lui alors qu'au même moment, une silhouette faisait son apparition. A la vue du visage tuméfié, elle n'eut aucun mal à deviner que c'était la personne que Yuri souhaitait le moins voir dans cet endroit. Néanmoins, elle ne broncha pas, ses prunelles argentés notèrent les réactions des deux jeunes hommes: les mains de Yuri qui se serrèrent, l'hésitation plus que visible de l'arrivant...

Durant un instant, elle se demanda ce qu'il avait bien pu se passer entre eux deux mais l'avertissement de Yuri l'informa bien assez. Elle glissa une main dans ses cheveux alors que le dénommé Harrington la regardait. Que voulait il? Son aide? Il était mal barré... Elle laissa échapper un léger soupir, hésitant entre être méchante ou être gentille... Bonne question. Elle l'observa un court moment puis sembla prendre sa décision. D'un pas léger, elle se déplaça vers l'ancien Gryffondor. Au passage, ses doigts effleurèrent la ligne de la mâchoire de Yuri. Elle lui dédia un rapide sourire avant de consacrer toute son attention à Will. Elle finit par lui faire face. Regard vert contre prunelles argentées. Il ne semblait pas vraiment décidé à bouger.

Iranoe -Allons, Yuri... Laisse le nous dire ce qu'il nous veut...

Will eut un sourire à la fois soulagé et totalement niais. Iranoe prit soin de ne pas montrer combien ce seul sourire l'agaçait. Elle leva une main et effleura doucement un hématome sur sa joue, un sourire indéchiffrable aux lèvres. Lentement, sous ses manches, ses poignets se mirent à luire.

Will -Je... Je voulais...

La main qui était douce l'instant auparavant se fit violente. Avec sûreté, elle attrapa la gorge du jeune homme et serra... suffisamment pour lui couper le souffle.

Iranoe -Ton temps est écoulé... Tais toi.

Will -Yuri...

Elle serra un peu plus.

Iranoe -Chut. Laisse toi faire.

Rapidement, elle traça du bout des doigts quelques symboles avant de le relâcher brusquement. Il tomba au sol. Elle lâcha en se détourna de lui.

Iranoe -Casse toi.

Will - Yuri, je...
Yuri - Harrington, si tu ne dégages pas de ma vue tout de suite, tu es un homme mort.

Iranoe se leva, passant avec légèreté devant le jeune Russe, effleurant au passage de ses doigts graciles la peau pâle du jeune homme. Il lui dédia un regard interrogateur et légèrement anxieux mais elle lui adressa un sourire rapide qui se voulait sans doute rassurant, comme si elle voulait lui faire comprendre qu'elle savait ce qu'elle faisait. Il manqua de l'arrêter, mais après tout, autant la laisser faire. Ce que femme veut... on connaît la chanson.

Iranoe -Allons, Yuri... Laisse le nous dire ce qu'il nous veut...

Yuri marmonna quelque chose d'incompréhensible, visiblement peu disposé à écouter Will, même si c'était si gentiment demandé par Iranoe. Il se contenta de relever les yeux sur l'indésirable et tomba sur son sourire complètement niais, ce qui eut le don de l'agacer. Il détourna le regard avec fierté, laissant échapper un sifflement exaspéré. Il aperçut le geste d'Iranoe venant effleurer l'hématome de Will et les yeux du jeune Russe se plissèrent comme ceux d'un chat en colère.

Will -Je... Je voulais...
Yuri - Je vais le répéter une dernière fois, Harrington. Tu devrais t'en aller avant que je te fasse la peau. Depuis le temps que ça me démange, tu ne devrais pas tenter le diable...

La main d'Iranoe attrapa la gorge de Will et serra avec force. Vu le visage crispé de l'étudiant, elle lui faisait suffisamment mal pour qu'il en souffre. A peine surpris, Yuri ne réagit pas le moins du monde. Il aurait préféré tué Harrington lui-même mais si elle le voulait il lui laissait ce plaisir.

Iranoe -Ton temps est écoulé... Tais toi.
Will -Yuri...
Yuri - N'espère pas la moindre chance de salut de ma part, Will. Peu m'importe de la main de qui tu crèves, du moment que tu y passes.

Le gémissement poussé de l'Anglais laissait présager que la jeune femme avait affermit sa prise avec davantage de force. Il esquissa un sourire satisfait : vraiment Iranoe était surprenante...

Iranoe -Chut. Laisse toi faire.

Yuri arqua un sourcil surpris en la voyant dessiner des arabesques du bout des doigts : une autre forme de magie ? Intéressant... Harrington s'effondra sur le sol, en couinant. Décidément, ce n'était pas son jour de chance à lui.

Iranoe -Casse toi.
Yuri - T'as entendu ce que t'as dit la demoiselle, Harrington ?
Will - Mais... Yur...
Yuri - T'inquiètes pas, chéri, on se reverra vite. Sois-en sûr.

Le regard menaçant et plein de promesses de mort lente et douloureuse acheva de convaincre le rouquin qu'il valait mieux pour lui qu'il aille faire un tour ailleurs. Sans prendre le temps de se relever, il transplana. Les poings de Yuri se décrispèrent et il passa une main sur son visage, épuisé d'avoir fait tant d'efforts pour se retenir de lui démolir la figure. Son sourire avait disparu et de nouveau la mélancolie s'était emparé de son être, le faisant sien comme une amante jalouse. Serrant le poing à nouveau, il frappa sa cuisse avec violence. De rage, de frustration, de remords, de dégoût...

Yuri - Je vais le répéter une dernière fois, Harrington. Tu devrais t'en aller avant que je te fasse la peau. Depuis le temps que ça me démange, tu ne devrais pas tenter le diable...

Iranoe tourna rapidement son visage vers Yuri, un fin sourire indéchiffrable aux lèvres. L'instant plus tard, elle jetait un regard de fausse compassion à Yuri... Mais il était tellement idiot qu'il pensait qu'elle ressentait réellement cela pour lui. En réalité, elle s'en foutait de lui. Elle voulait simplement... rien. Aider Yuri, peut être. Sans prévenir, elle serra son cou... son cou si délicat si... fragile... Mais elle ne voulait pas l'étouffer, simplement l'empêcher de respirer correctement. Et ça marchait... Son sourire s'accentua alors qu'il appelait Yuri... Mon dieu, autant de naïevté, c'était pathétique. Elle dessina quelques arabesques, sans vraiment expliquer ce qu'elle lui faisait. En tout cas, elle était loin de le soigner.

Quelques instants plus tard, elle le relâchait en lui ordonnant de se casser. Il hésita visiblement mais le regard menaçant de Yuri termina le travail. Avec un sourire narquois aux lèvres, elle l'observa transplanner et demeura un instant immobile avant de revenir vers Yuri. Elle se plaça face à lui tout en essuyant ses doigts sur sa robe. Will n'avait pas pu s'empêcher de transpirer de peur. Elle soupira avant de lui jeter un regard à la fois interrogateur et surprit quand il frappa sa cuisse avec violence. Aussitôt, elle s'agenouilla devant lui et glissa sa main sur la sienne, histoire de le calmer. Elle planta son regard dans le sien et lui dédia un sourire apaisant.

Iranoe -Calme toi...

D'autorité, elle reprit chacune de ses mains et refit ses bandages avec patience et douceur. Elle reposa délicatement ses mains sur ses genoux et reprit sa place près de lui, plus proche de lui que la première fois, même.

Iranoe -Tu sais...quoiqu'il t'ait fait... Laisse le souffrir pendant un moment... Et crois moi... il souffrira.

Elle soupira doucement. Elle s'était attachée à faire revenir à la surface les pires cauchemards et les pires terreurs d'Harrington. Bientôt, il n'allait pas tarder à hurler de terreur. Une sorte de vengeance par procuration... Ou du moins, une partie de la vengeance... Le reste... c'était à Yuri. D'après ce qu'elle avait comprit, ce n'était pas à elle de tuer Will. A nouveau, le son de sa voix se fit entendre.

Iranoe -Je dois te faire peur, non? Je crois que l'on a raison en me traitant de monstre... Je viens de faire en sorte qu'il souffre... C'est cruel, n'est ce pas?

Elle se leva lentement.

Iranoe -Je comprendrais s'il faut que je te laisse seul.

Iranoe -Calme toi...
Yuri - C'est trop dur...

Cette vie était dure, le poids de ces remords et cette impuissance face au Destin qui le tuaient à petit feu. Yuri, pauvre adolescent trop vite propulsé dans le monde haineux et violents des voleurs et des assassins. Ses accès de colère se faisaient de plus en plus souvent et, lui qu'on qualifiait autrefois d'impassible, était désormais une bombe à retardement. Prêt à exploser, si ce n'était à imploser... Il la laissa faire quand elle imposa le renouveau de ses bandages. Perturbé, Yuri ressentait la tristesse de sa vie misérable, esclave, soumis à la réalisation de volontés qui ne lui appartenaient pas. La jeune fille se rassit à ses côtés et le Russe restait désespérément enfermé dans son mutisme autiste.

Iranoe -Tu sais...quoiqu'il t'ait fait... Laisse le souffrir pendant un moment... Et crois moi... il souffrira.

Il esquissa un sourire mesquin à l'idée que Will souffre. Se réjouir du malheur des autres, c'était atroce, non ? Son père aurait réprouvé, sans aucun doute possible. Mais son père... Kirill... Il l'avait renié lors de sa cérémonie d'intronisation, il avait accepté de renier toute sa famille de sang pour ne plus faire qu'un avec le Clan. Parfois il regrettait ce choix. Ses tatouages, sur les coudes et le genou, se mirent à le brûler atrocement, mais il ne réagit pas, bien trop habitué à la douleur pour la laisser transparaître. Des milliers de fois, en pensée, il trahissait le Clan et, des milliers de fois, les tatouages enchantés le rappelaient à l'ordre.

Iranoe -Je dois te faire peur, non? Je crois que l'on a raison en me traitant de monstre... Je viens de faire en sorte qu'il souffre... C'est cruel, n'est ce pas?

Il posa son regard marron sur Iranoe. Comment pourrait-il la traiter de monstre ? On faisait tous, un jour ou l'autre, en sorte que d'autres souffrent. Certains inconsciemment, d'autres par plaisir. Qui était-il pour lui jeter la première pierre ? Il la regarda se lever, sans comprendre ce qu'elle faisait, et ses paroles lui glacèrent le sang. Le laisser et partir ? Pourquoi voudrait-il qu'elle s'en aille ? Elle lui procurait un calme et une présence rassurante qu'il ne saurait expliquer. Avec douceur, il attrapa le poignet de la jeune fille pour la retenir.

Yuri - Reste, s'il te plaît...

Il soupira et détourna le regard.

Yuri - Ce type... Il y a deux ans, il a brisé deux vies, juste par plaisir et par vengeance. S'il est une personne qui mérite de souffrir, c'est bien lui...

Il attira Iranoe vers lui, pour la faire rasseoir à ses côtés.

Yuri - Tu n'es pas un monstre... Iranoe...

Yuri -C'est trop dur...

Elle lui jeta un regard étrange où se mêlaient compréhension, douceur, indifférence et ordre... Etrange melting pot qui ne dura que l'espace d'une respiration de Yuri. Durant ce court instant, elle lui avait dévoilé une infime partie de son âme, de cette contradiction qui la constituait si parfaitement. Elle méritait bien le surnom de "balance"... Toujours entre deux extrêmes...Le Bien... Le Mal... Elle ne cessait de pencher vers l'un ou vers l'autre, recherchant un équilibre. Elle était destinée à cela.. Elle le savait depuis longtemps. Aucune surprise...

Elle murmura en reprenant sa place près de lui.

Iranoe -Il le faut... La colère n'est jamais une bonne conseillère.

L'instant d'après, elle lui confiait une infime partie de ce qu'elle avait personellement prévu pour Will et dont il avait l'exécution aussi rapide que discrète, quelques instants plus tôt. Elle ne rata pas son sourire mesquin mais évita soigneusement de dire quoique ce soit. Après tout, ce n'était pas à elle de lui dire que se réjouir du malheur des autres n'était pas correct. Et puis... Elle aussi avait tendance à se réjouir de la souffrance de ses ennemis... C'était une réaction totalement normale, très... humaine. Et à son sens, ni les notions de mal et de bien entraient en compte dans cette réaction. L'Homme était ainsi fait... Autant l'accepter alors... A quelque part, elle trouvait que c'était une réaction bien plus saine que celle des "bons" qui récriaient la vengeance, la violence... bref, tout ce qui était noir en général. C'était bien moins... hypocrite.

Elle haussa un sourcil en sentant un léger mouvement de magie vers Yuri... Mais fidèle à ce qu'elle était, elle ne lui posa pas la moindre question, se contentant de parler à nouveau. Les mots qui s'échappèrent de ses lèvres étaient en complète contradiction avec ce qu'elle pensait... Mais Iranoe estimait qu'elle n'avait pas le droit à ce genre de chose... Son père lui avait tellement répété qu'elle était un monstre qu'inconsciemment, elle s'appliquait à faire en sorte qu'elle ne le soit pas aux yeux de ceux qu'elle appréçiait. Car c'était l'une de ses peurs les plus intimes: qu'on la rejette, ou du moins, que ses amis la rejettent. Elle n'en avait pas beaucoup et ne souhaitait pas les perdre.... Aussi tentait elle d'être aussi parfaite que possible... Et là... Elle avait lamentablement échoué en voulant aider Yuri sur son chemin de vengeance.

Pour un peu, elle en aura pleuré. Pathétique. Angel avait eut raison en la remettant à l'heure. Elle dérivait complètement. La preuve... elle en vint à dire qu'elle comprendrait qu'il voulait qu'elle parte... alors que la seule chose qu'elle souhaitait, c'était rester près de lui. Lorsqu'il lui attrapa le poignet, elle retint de justesse le frisson qui la parcouru. Elle se tourna lentement vers lui sans pour autant se dégager de sa prise.

Yuri - Ce type... Il y a deux ans, il a brisé deux vies, juste par plaisir et par vengeance. S'il est une personne qui mérite de souffrir, c'est bien lui...

Sans le vouloir, elle n'accorda pas vraiment toute son attention à la révélation, pourtant importante, de Yuri. En effet, une partie de son attention était attirée comme un aimant par la main du jeune homme qui enserrait son poignet. Et malgré ses efforts, elle ne cessait d'y songer. Dans un état presque second, elle se laissa attirer vers lui et reprit sans place sans pour autant retirer sa main.

Yuri - Tu n'es pas un monstre... Iranoe...

Sans qu'elle le veuille, elle se crispa. Elle resta un moment silencieuse avant de murmurer.

Iranoe -Mon père m'appelle ainsi....

Nouveau silence avant qu'elle ne reprenne.

Iranoe -Il a peut être raison après tout... Tu sais... J'ai scellé à la surface de ce type ses pires terreurs et ses pires cauchemards.... Ca ne m'a fait ni chaud ni froid.... Et ca continue toujours... Je veux qu'il souffre simplement parce que j'estime que la mort est trop douce pour lui... D'après ta réaction, il me semblait bien que ce qu'il avait fait n'était pas vraiment digne d'un enfant de choeur.

Inconsciemment, elle décala son poignet pour glisser sa main dans la sienne... Elle voulait se donner du courage pour continuer à dire ce qu'elle avait à dire.

Iranoe -Je suis la première à dire qu'il faut assumer ce que l'on ressent... Les personnes qui n'assument pas quelque chose m'agace... Mais en réalité, je me fous le l'hopital. Je n'assume ni ce que je suis vraiment, ni le fait que je ne ressens rien en tuant ou en faisant souffrir quelqu'un tant que cette personne n'appartient pas à mon "cercle". Tout ça... parce qu'à chaque fois, j'entends encore mon père dire que je suis un monstre et ma mère m'expliquer ce qui fait de moi un monstre...

Elle soupira doucement. Sa main s'était glacée au fil de ses paroles. Elle reprit.

Iranoe -Ce sont des choses qui ont été gravée en moi à grand renfort de.... Elle déglutit. Bref... Je suis une contradiction vivante. Je veux tellement ne pas être un monstre aux yeux de ceux que j'app... que j'estime, que j'en viens à ne pas assumer... à ne rien assumer du tout.

Elle eut un rire faussement amusé mais véritablement désabusé.

Iranoe -Bienvenue dans le monde pathétique d'Iranoe Sayuri...

Yuri - Tu n'es pas un monstre... Iranoe...
Iranoe -Mon père m'appelle ainsi....

Yuri avait du mal à concevoir qu'elle puisse accorder autant d'importance à l'opinion de son père. Ça le dépassait, vraiment. Sans doute parce que lui-même n'avait pas reçu cette éducation traditionnelle qui voulait que l'enfant considérât ses parents comme un point de repère. Il esquissa une moue ennuyée en se demandant combien sa vie aurait été différente s'il n'avait pas renié les siens.

Iranoe -Il a peut être raison après tout... Tu sais... J'ai scellé à la surface de ce type ses pires terreurs et ses pires cauchemars.... Ça ne m'a fait ni chaud ni froid.... Et ça continue toujours... Je veux qu'il souffre simplement parce que j'estime que la mort est trop douce pour lui... D'après ta réaction, il me semblait bien que ce qu'il avait fait n'était pas vraiment digne d'un enfant de chœur.

Il sentit sa petite main se glisser dans la sienne et il se contenta d'exercer une légère pression sur les doigts fins de la jeune fille, afin de lui donner du courage et de la réconforter comme il le pouvait. Elle avait besoin de s'épancher, cela ne faisait nul doute et quel meilleur confident que Yuri, cette pierre tombale que rien ne pouvait ébranler ? Ce qu'elle avait fait à Harrington lui importait peu, il ne se souciait pas des terreurs et des cauchemars du Gryffondor, il s'en foutait. Mais il soupira tout de même. Un soupir car cette colère et ce besoin de faire du mal à Harrington ne lui appartenait pas. Cette rage et cette envie de vengeance n'étaient pas siennes, elles étaient au Russe, il était donc nécessaire qu'elle s'en délivre et qu'elle les laisse voler au vent.

Iranoe - Je suis la première à dire qu'il faut assumer ce que l'on ressent... Les personnes qui n'assument pas quelque chose m'agace... Mais en réalité, je me fous de l'hôpital. Je n'assume ni ce que je suis vraiment, ni le fait que je ne ressens rien en tuant ou en faisant souffrir quelqu'un tant que cette personne n'appartient pas à mon "cercle". Tout ça... parce qu'à chaque fois, j'entends encore mon père dire que je suis un monstre et ma mère m'expliquer ce qui fait de moi un monstre...

Il sentit la main de la jeune fille se vider de sa chaleur.

Iranoe - Ce sont des choses qui ont été gravées en moi à grand renfort de... Bref... Je suis une contradiction vivante. Je veux tellement ne pas être un monstre aux yeux de ceux que j'app... que j'estime, que j'en viens à ne pas assumer... à ne rien assumer du tout.

Elle eut un faible rire qui sonnait amèrement faux.

Iranoe - Bienvenue dans le monde pathétique d'Iranoe Sayuri...

Yuri releva la tête et observa le visage de la jeune Japonaise. Elle avait des traits harmonieux et un regard envoûtant, comment pouvait-on la qualifier de monstre si l'on en était pas un soi-même ? Il inspira et répondit à son tour...

Yuri - Je ne sais rien de ton passé, ni même de ton histoire. Ce que je sais, c'est que quand je te regarde, rien en moi ne me dit que tu es un monstre, bien au contraire. Je vois une jeune et jolie fille. Envoûtante certes, mais pas monstrueuse...

Il caressa du bout des doigts le poignet de la jeune femme, avec une tendresse dont il ne se serait jamais cru faire preuve, lui, l'assassin, le parjure, le fratricide.

Yuri - Rien de ce que je pourrais dire n'effacera la souffrance que tes parents t'ont infligée, mais j'espère juste que mes mots pourront passer un peu de baume sur les plaies de ton âme. L'indifférence fait les sages et l'insensibilité fait les monstres...

Du bout des doigts, il lui fit tourner son visage vers elle et plongea son regard dans le sien.

Yuri - Vu comme tu as pris à coeur cette histoire avec Harrington, je ne te crois pas insensible, Iranoe... Tu devrais d'ailleurs oublier cette colère à son égard : elle n'est pas tienne. Et il serait injuste qu'une rage qui ne t'appartienne pas te consume.

Il passa une main dans les cheveux de la jeune fille et lui sourit.

Yuri - Et si, en fin de compte, il s'avère que tu es tout de même un monstre alors... tu seras le plus joli monstre que j'ai jamais vu.

Le contact de la main de Yuri autour de la sienne, de cette même main enserrant ses doigts, l'aurait fait frémir... en temps normal... Là, elle avait l'impression d'être comme anesthésiée. Elle ne ressentait la pression qu'il exerçait sur sa main avec un temps de retard, avec une impression désagréable de distance. Une chappe de plomb était tombée sur elle au fil de ses mots... Mais cela ne l'empêchait pas de ressentir avec plaisir la présence du jeune homme... ni le geste et la tendresse qu'il avait envers elle. Néanmoins, elle continuait à parler, comme indifférente à ce qu'il pouvait bien penser. Elle finit par se taire après avoir laissé échapper un rire terriblement amer. Il était porteur de tout ce qui pesait sur son âme et que généralement, elle enfermait au plus profond d'elle même.

Comment en était elle venue à se confier à quelqu'un qu'elle ne connaissait pas quelques minutes auparavant? Elle n'en avait strictement aucune idée. Elle s'était laissée porter par le moment mais aussi par l'intuition qui lui serrait le coeur depuis qu'il s'était invité à ses côtés. Pourtant, cela restait d'une énorme imprudence qui pouvait les mener loin et Yuri n'avait pas forcément demandé à se retrouver avec plus de problèmes qu'il en avait... Elle retint un soupir en songeant à ce qu'Angel lui dirait... Néanmoins, elle n'allait pas plus loin, préférant de loin écouter les mots de Yuri plutôt que de se souvenir de l'un des énièmes sermons de son ami et mentor.

Yuri -[...]Je vois une jeune et jolie fille. Envoûtante certes, mais pas monstrueuse...

Un éclair de surprise passa dans ses prunelles métalliques avant que ses joues ne rossissent sous le compliment... Enfin... ce qu'elle prenait comme un compliment. Durant un instant, elle paniqua, se demandant comment elle devait répondre à ce genre de chose. En effet, elle était plus qu'inhabituée à ce type de parole et ne savait toujours pas comment y réagir malgré toutes ses connaissances... Une tare en relations humaines, dira t'on. Sa vague de panique fut stoppée par les doigts de Yuri qui caressaient tendremment son poignet, juste là où, elle le savait, était tatouée une balance entourée d'arabesque. Elle était la seule à pouvoir la voir et à pouvoir la faire apparaître; et l'endroit était particulièrement sensible. Elle frémit alors que du regard, elle suivit le mouvement de ses doigts.

Elle l'écouta à nouveau et ses mots provoquèrent un sourire d'une douceur extrême. En guise de réponse, elle se contenta de murmurer.

Iranoe -Merci...

Elle aurait voulu dire plus mais s'abstint de justesse tandis qu'il l'enjoignait à tourner son visage vers lui. Aussitôt, elle lui sourit sans vraiment s'en rendre compte tout en soutenant son regard. Les dernières paroles de Yuri se perdirent dans un songe mais se gravèrent néanmoins dans son esprit. Lorsqu'il se tut, elle demeura un moment elle aussi silencieuse. A quelque part, elle sentait une tension dont elle ne parvenait pas à deviner l'origine.... à moins qu'elle ne l'imaginât. Une certaine nervosité ne tarda pas à pointer le bout de son nez alors qu'elle s'attachait à ne pas la lui montrer. Elle était ainsi: toujours en train de dissimuler ce qui pouvait l'être aux personnes qui l'entouraient. Il fallait la côtoyer pendant un certain moment et un moment certain pour parvenir à déceler les moments où elle retenait l'une de ses réactions ou émotions. Elle finit par lâcher, brisant ce silence qui n'avait pas été vraiment long.

Iranoe -Flatteur, va...

C'était un moyen pathétique de soulager une tension qu'elle imaginait peur être. Elle offrit l'un de ses rares sourires lumineux et vrais à Yuri, pour lui montrer que, néanmoins, il l'avait touché bien plus qu'elle acceptait de montrer... et puis... la teinte rosée de ses joues parlait pour elle mais de ça, elle en était totalement inconsciente. Doucement, avec sa main libre, elle attrapa l'autre main de Yuri pour la serrer doucement dans la sienne.

Iranoe -Je ne suis pas en colère contre Harrington... Outre le fait qu'il nous ait dérangé, j'ai sentit qu'il y avait quelque chose de "louche" chez lui... quelque chose qui demandait réparation... Une réparation à la hauteur du mal qu'il a bien pu te faire et faire à l'autre personne, celle à qui tu tient tant... Je ne sais pas ce que c'est... Si cela peut te rassurer...
Disons que c'est mon intuition qui m'a dicté ce qui avait à faire... Un jour, je t'expliquerais mieux... Mais pour le moment, je ne peux pas, excuse moi...

Elle jeta un regard autour d'elle puis termina.

Iranoe -Concernant cette "rage"... Si le fait de la prendre pour mienne te rend ne serait ce qu'une partie de ton sourire, je veux bien qu'elle me consume.

Un prêté pour un rendu.

"Même si mon destin n'est pas de me fondre avec toi
dans l'ombre des forêts,
Promets qu'à la fin des combats tu me dévoileras ton tout dernier secret..."

Iranoe -Flatteur, va...

Il haussa un sourcil amusé et éclata d'un rire joyeux. Il n'avait jamais été très doué pour complimenter les gens, d'ailleurs il ne se souvenait pas avoir complimenté quelqu'un depuis la mort de Nouscka. Pour une fois, à l'évocation mentale de son ami, Yuri ne fut pas empli de cette douloureuse tristesse qui lui causait tant de mal. Le feu intérieur de son âme tourmentée semblait comme apaisé par la présence gracieuse et silencieuse d'Iranoe, comme si sur le volcan s'était déversé un lac de glace. Il esquissa un sourire plus formel en voyant les joues rosissantes de la jeune Japonaise et il détourna poliment le regard, le reportant sur les arbres aux branches presque nues en ce début d'automne. Il ne voulait pas la mettre mal à l'aise, même par des flatteries qu'il pensait sincèrement. Elle attrapa sa main dans ses doigts fins, avec une telle douceur qu'il sentit à peine le contact sur sa peau. Ce n'est qu'une accélération de ses battements de coeur qui le fit réagir et tourner la tête vers elle, un sourire encourageant et rassurant sur les lèvres. Si ses quelques rares amis l'avaient vu... Jamais ils ne l'auraient reconnu, lui si fermé et si méfiant, s'ouvrir ainsi devant une jeune fille qu'il rencontrait pour la première fois, baisser toutes ses défenses, se présenter ainsi, poitrine nue et âme ouverte, vulnérable comme il ne l'a jamais été...

Iranoe -Je ne suis pas en colère contre Harrington... Outre le fait qu'il nous ait dérangé, j'ai senti qu'il y avait quelque chose de "louche" chez lui... quelque chose qui demandait réparation... Une réparation à la hauteur du mal qu'il a bien pu te faire et faire à l'autre personne, celle à qui tu tiens tant... Je ne sais pas ce que c'est... Si cela peut te rassurer... Disons que c'est mon intuition qui m'a dictée ce qui avait à faire... Un jour, je t'expliquerais mieux... Mais pour le moment, je ne peux pas, excuse moi...
Yuri - Un jour...

Il esquissa un sourire imperceptible et son visage se fendit d'une expression rêveuse et lointaine. Un jour... Cela signifiait qu'elle avait l'intention de le revoir, au moins pour lui expliquer ce qu'elle voulait dire. Il retint un rire amusé : ils semblaient tous les deux avoir tellement de secrets à garder et à dissimuler. Qui mieux qu'un Gardien pouvait garder les secrets d'un autre Gardien ? Il ne croyait pas au Destin mais peut-être que, dans leurs cas précis, ils étaient faits pour se rencontrer un jour, pour apprendre l'un de l'autre. Son sourire s'accentua lorsqu'il intercepta du coin de l'oeil le regard circulaire qu'elle jetait autour d'elle. Cela ressemblait étrangement à ces réflexes de méfiance constantes pour lesquelles on l'avait conditionné.

Iranoe -Concernant cette "rage"... Si le fait de la prendre pour mienne te rend ne serait ce qu'une partie de ton sourire, je veux bien qu'elle me consume.

Yuri, plongea son regard dans les prunelles couleur de lune d'Iranoe et pouffa comme un enfant à qui on vient de raconter une bonne blague. Avec une pointe de malice dans ses yeux terre de Sienne, il esquissa un geste blasé et lança, amusé :

Yuri - Flatteuse, va !

Il retira doucement ses mains de celles d'Iranoe et concentra son attention sur elles, pour dissimuler à la jeune fille le trouble qui s'était installé dans ses yeux ocre. Une intense réflexion se mit en route dans son esprit tourmenté : mélange d'adrénaline, de doutes, d'angoisses et de joies. Le silence dura de longues secondes, longues bien trop longues puis, finalement, Yuri releva le visage, une lueur nouvelle dans les pupilles. "Jette toi à l'eau." C'est exactement ce que lui aurait dit Nouscka à ce moment-là. Comme pour se donner du courage, il se persuada qu'il devait bien ça à son camarade.

Yuri - Tu parles bien, Iranoe...

Il tourna son regard vers la jeune fille et déposa sa main au creux de son cou, épousant les formes de la jeune Japonaise, comme si elle n'avait jamais été faite pour être posée ailleurs...

Yuri - Mais tu parles trop...

Avec un soupir, il l'attira doucement à lui et posa ses lèvres sur les siennes. Juste un baiser, chaste mais tellement puissant, comme si leurs lèvres avaient toujours cherché celles de l'autre. Depuis l'aube de sa vie, il n'avait jamais voulu en embrasser d'autre... Une étrange sensation de chaleur se répandit dans tout son corps, réveillant le volcan qu'Iranoe avait enfoui quelques temps. Son autre main se perdit dans la forêt de ses cheveux rouges, se damnant dans ses boucles. Avec douceur, il rompit le moment, tendrement, à peine honteux de son audace, tant cela lui paraissait évident.

Yuri - On m'a appris à me méfier des Anges...

S'excuser pour son geste déplacé ? Ca ne lui avait pas vraiment traversé l'esprit et il restait là, un sourire béat et niais sur les lèvres...

"J'te promets une histoire différente des autres, si tu m'aides à y croire encore.
Et même si c'est pas vrai, si on te l'a trop fait,
Si les mots sont usés comme écrits à la craie,
On fait bien des grands feux en frottant des cailloux.
Peut-être avec le temps et à force d'y croire,
On peut juste essayer pour voir..."

"Si j'étais un mystère, quel mirage voudrais tu voir apparaître?
Je peux être l'envers dont l'image ou dévoiler son contraire
Si j'étais un rêve éphémère que tu devais conquérir
Serais je une ombre passagère ou ton avenir?"

L'entendre rire si sincèrement la fit frémir au plus profond d'elle même. Il y avait quelque chose de libérateur dans son rire... Comme s'il y avait bien trop longtemps qu'il n'avait pas eut l'occasion de rire. Le son lui plaisait et sans vraiment s'en rendre compte, elle se promit de faire en sorte de le faire rire aussi souvent que possible... Si tant est qu'il accepte de la revoir après tout ce qu'ils venaient de se dire... Enfin, elle surtout... Comment en était elle venue à se confier ainsi à lui... Elle qui ne faisait que rarement confiance et qui entretenait le mystère à son sujet avec autant de soin que possible? Elle ne comprennait pas... Mais elle se sentait tellement en confiance... Etrange, il n'y avait pas d'autre mot. Elle finit par prendre sa main, doucement malgré l'envie inconsciente qu'elle avait de le toucher. Sa peau était douce, plus chaude contre la sienne et le sourire qu'il lui adressa... En attira un nouveau sur ses lèvres sans vraiment qu'elle ne s'en rende compte. Néanmoins, elle ne perdit pas le fil de leur discution même si cela lui demandait un certain effort. Elle reprit là où elle en était et ne pu s'empêcher de sourire lorsqu'il répéta quelques unes de ses paroles et qu'un air rêveur se montrait sur son visage. Inconsciemment, elle serra doucement sa main et murmura.

Iranoe -Oui... Un jour...

Elle retint un sourire en comprenant qu'elle venait juste de lui dire qu'elle comptait le revoir. Pourtant, elle ne mentait pas. Elle espérait réellement le revoir. Ne serait ce que pour discuter avec lui... même si le moment qu'ils étaient en train de passer ensemble ne devait pas se reproduire. Aussi en profitait elle au maximum et peut être un peu trop mais elle n'y faisait pas attention. C'était tellement nouveau pour elle de se retrouver avec quelqu'un qui avait une expérience probablement différente de la sienne mais probablement suffisamment semblable pour pouvoir la comprendre. Et puis... Elle était bien avec lui... que demander de plus? Elle laissa échapper un léger soupir qui n'avait rien de lasser avant de lui dire un compliment... qui ne manqua pas de le faire rire malgré son regard planté dans le sien. Merlin... Elle s'y noyait avec plaisir dans son regard terre de Sienne. Elle ne fit même pas atention à ce qu'il lui dit juste après...

En revanche, le fait qu'il retire ses mains et qu'il baisse son regard ne passa pas inapperçu. Elle en fut attristée, presque déçue de voir que le moment venait de prendre fin mais elle prit soin de ne pas lui montrer. Aussi immobile et droite qu'une statue de sel, elle respecta son silence tout en faisant taire les exigeances et autres manifestations de son esprit dont le calme semblait s'être réduit en poussière devant la présence de Yuri. C'était à en devenir littéralement folle. Elle noua ses doigts entre eux et son plongea dans la contemplation du paysage devant eux. De ce fait, elle ne vit pas Yuri relever la tête ni même la lueur nouvelle qui illuminait ses pupilles. Elle ne réagit que lorsqu'elle entendit sa voix, tournant la tête. Une lueur d'incompréhension passa dans son regard. Elle ne voyait pas vraiment le rapport avec ce qu'elle lui avait dit quelques instants auparavant.

Néanmoins, lorsque la main de Yuri se nicha au creu de son cou, elle cessa de réfléchir dans l'instant, tout son esprit étant accaparé par cette main qui diffusait sa chaleur au plus profond de son âme gelée. Les derniers mots du jeune homme se perdirent dans un océan de... elle ne savait quoi. D'ailleurs, les avait elle entendues? Le coeur agité, le souffle au bord du gouffre, elle se laissa attirer à lui avec une intense sensation d'attente... Une apréhension presque joyeuse qui explosa lorsque leurs lèvres se joignirent. Elle demeura une seconde inerte entre les mains de Yuri mais elle finit par se liver à leur baiser comme elle s'était livrée à lui. Elle glissa ses mains sur lui, effleurant avec timidité ses hanches avant de remonter vers sa nuque.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin, n'est ce pas? Un soupir au bord des lèvres, les yeux à la fois illuminés et brumeux, l'esprit en perdition et l'âme apaisée, elle le laissa rompre le moment sans vraiment protester. Elle n'avait même pas le coeur à lui reprocher quoique ce soit, ayant la vague impression qu'elle n'attendait que cela depuis qu'il s'était assit auprès d'elle. Doucement, elle fit glisser ses mains le long de ses bras avant de les poser sur ses genoux.

Yuri -On m'a appris à me méfier des Anges...

Elle lui sourit et murmura, presque mutine.

Iranoe -Alors si cela peut te consoler, dis toi que je suis un démon...

Elle l'observa, notant son sourire béat et niais sans vraiment vouloir le taquiner à ce sujet. Comme aimantée, elle se pencha doucement pour lui et déposa un baiser rapide sur ses lèvres pour pouvoir lui glisser.

Iranoe -Et on t'a aussi apprit à embrasser dès la première rencontre?

Avant de l'embrasser plus...longtemps. Peut être pour lui montrer qu'elle le taquinait... ou peut être pour autre chose. Qui sait?

"Si j'étais un mystère quel courage aurais-tu pour me connaître
Je peux être moi-même qu'un visage ou te rester étrangère
Si j'étais un loup solitaire que tu devais découvrir
Oserais-tu vraiment le faire sans me prévenir?"

"On m'a appris à me méfier des Anges,
Des chemins étranges qui mènent à l'infini.
Mais la folie de nos cœurs se mélange..."

Il ne pouvait en être autrement. C'était comme si son corps entier chantait, avait trouvé la note qu'il avait toujours cherché. Consciemment ou pas d'ailleurs. Yuri ne s'était jamais vraiment intéressé à la gente féminine. Pour lui, les femmes ne constituaient que des faiblesses, des cages dans lesquelles on s'enfermait de son gré sans pouvoir en sortir, la plupart du temps. Il avait déjà bien assez de prisons familiales pour se laisser piéger par une donzelle aux yeux de velours. Et puis, sa prison il l'avait déjà faite avec Nouscka. Le Russe avait toujours été sa faiblesse, celui qui menacerait un jour de le mettre en porte-à-faux avec les siens. Jusqu'à il y avait deux ans... Tout cela, les lèvres posées sur celles de la Japonaise, tout cela il n'y pensait pas vraiment, ou alors ce n'était que traces dans les confins de son esprit. Seule comptait la beauté de ce moment, instinctif, spontané. Il perçut plus qu'il ne sentit les mains d'Iranoe sur sa peau et, avec regret, il rompit leur baiser. Il ne fallait pas abuser des bonnes choses sous peine de les voir nous consumer et nous réduire en cendres. Et puis, il s'était tellement enivré d'elle durant ces longues secondes qu'il en éprouvait comme un vertige.

Yuri -On m'a appris à me méfier des Anges...
Iranoe -Alors si cela peut te consoler, dis toi que je suis un démon...

Il sourit, amusé et esquissa à peine un geste surpris lorsqu'elle redéposa un baiser sur ses lèvres. Mais après tout, qui y'avait-il d'étonnant à cela ? Il était impossible qu'elle n'ait pas comme lui ressentit cette fusion parfaite, ce chant si harmonieux. Lui, le voleur, il n'y avait en ce moment d'autre chose qu'il n'aurait voulu dérober que le coeur de la Belle.

Iranoe -Et on t'a aussi apprit à embrasser dès la première rencontre?

On aurait pu y sentir un reproche mais ce n'était pas le cas, tout comme le confirmèrent à nouveau les lèvres de la jeune femme sur les siennes. Il esquissa un sourire en coin, amusé et heureux, un sourire, un vrai, le premier depuis deux longues années. Il ouvrit la bouche pour répondre mais une voix cristalline s'éleva avant la sienne.

Yuri - N...
Ely - C'est une des premières leçons que t'as enseigné Nouscka ça, non ?

Il n'eut pas besoin de lever les yeux pour savoir qui avait parlé. Toutefois, il ne réagit pas comme elle l'aurait voulu. Depuis longtemps Yuri n'éprouvait plus rien envers sa soeur jumelle qu'une indifférence même pas respectueuse. Elle avait toujours été la cause de ses malheurs et il s'était tout simplement dit que ne plus répondre à ses attaques constantes était la meilleure solution. Ils étaient différents physiquement, elle blonde aux yeux bleus, mais on pouvait lire sur leurs visages la même noblesse et le même regard déterminé. Le moment était trop beau et, comme toujours dans ces cas-là, Ely venait tout piétiner avec ses talons aiguilles hors de prix.

Yuri - Ely...
Ely - Ben quoi ? Tu me présentes pas à ta nouvelle copine ?
Yuri - S'il te plait, Ely.
Ely - Enchantée, je m'appelle Ely Illiev.

Il soupira. Comme toujours, elle avait l'air parfaitement amicale et sincère, mais tel le serpent sournois, son côte sombre était tapi dans l'ombre prêt à fondre sur sa proie. Yuri passa une main lasse dans ses cheveux et secoua la tête, comme s'il peinait à y croire.

Yuri - Ely est ma soeur jumelle, Iranoe.

Autant entrer dans son jeu, avec un peu de chance, elle serait déçue et irait traumatiser d'autres personnes avec sa bouille angélique. La moue ennuyée d'Ely lui confirma qu'il venait de marquer un point. Mais comme toutes les pestes, elle savait appuyer là où ça faisait mal.

Ely - J'espère au moins que tu lui as présenté Nouscka !

Yuri la foudroya du regard et émit un grondement presque animal, guttural, effrayant. La jeune fille eut un moment de recul et eut presque l'air sincère quand elle répondit.

Ely - J'suis désolée, j'voulais pas te faire de la peine.

Il siffla entre ses dents, bien conscient qu'elle le faisait volontairement. Leurs quatre prunelles se tournèrent en même temps vers Iranoe, celles de Yuri qui semblaient s'excuser, celles d'Ely qui semblaient la questionner...

"Apprends moi à croire qu'on oublie d'avoir mal
Apprends moi à croire que t'es dev'nu mon étoile"

Un contact... Un simple contact de leurs lèvres et la voilà qui vibrait sur une musique qu'elle était parvenue à nier jusqu'à présent. Pourquoi? Comment? Elle ne parvenait pas à se l'expliquer. Un unique baiser et la voilà en manque de cet instant. Comme si... Comme si elle s'était sentie vivante pendant quelques secondes, comme si... elle l'avait toujours attendu, lui... Elle laissa échapper un soupir avant de céder à nouveau à son envie. A sa grande gêne, elle ne parvenait pas à résister... d'ailleurs, il n'avait pas l'air de trop s'en offensser. Totalement grisée par le moment qu'ils venaient de partager qu'elle ne se posait plus vraiment de questions. A quoi bon, d'ailleurs? Elle savoura le sourire heureux de Yuri, quoi de mieux comme récompense? Sans vraiment s'en rendre compte, ses joues s'étaient rosées devant son plaisir et son bonheur. Au moment même où il ouvrait la bouche pour répondre à sa question, elle noua ses doigts aux siens tandis qu'on faisait irruption dans leur "cocon".

Ce fut comme si toute la chaleur disparu d'Iranoe. A son sourire tranquille et doux succéda une expression fermée, indifférente au possible. Il n'y avait plus rien à tirer de ce visage et de ce regard argenté impénétrable. Ce n'était pas la mention de Nouscka qui avait entraîné une telle réaction - même si elle n'avait pas la moindre idée de qui était ce/cette Nouscka - mais plutôt l'arrivée plus qu'inopportune d'une jeune femme totalement inconnue. Iranoe retira ses doigts de ceux de Yuri avant de se tourner vers la voix. Ely, apprit elle rapidement. Elle n'avait strictement aucune idée de ce qu'elle pouvait être pour Yuri... mais rien que son "introduction" et les paroles qui s'en suivirent achevèrent de l'informer. Les prunelles métaliques observèrent attentivement la jeune femme.

Iranoe finit par sourire mais un sourire qui était loin de ceux qu'elle avait adressé à Yuri, quelques instants plus tôt. C'était un sourire poli mais distant... chose qui pouvait aisément être identifié comme de la timidité.

Ely -Enchantée, je m'appelle Ely Illiev

Iranoe -De même... Iranoe Sayuri.

Yuri - Ely est ma soeur jumelle, Iranoe.

L'hésitation d'Iranoe quant à la conduite à tenir ne dura qu'une demie seconde et passa totalement innaperçue. En un instant, elle passa de la jeune femme froide et distante à la potiche. Elle s'accrocha au bras de Yuri avec un rire totalement idiot... Elle jouait si bien son rôle que l'on aurait dit qu'elle avait toujours été ainsi. Elle lâcha avec une expression candide et d'intense naïveté peinte sur le visage.

Iranoe -Oh!! J'ai eut peur un instant!! Mais c'est logique!! Un bel homme tel que toi ne peux qu'avoir une soeur aussi magnifique.

Elle adressa un sourire sincère, presque niais à Ely avant de jeter un regard adorateur à Yuri.

Ely - J'espère au moins que tu lui as présenté Nouscka!

Toujours dans son rôle, Iranoe sursauta avant de jeter un regard mi furieux mi apeuré à Yuri qui venait de gronder... comme un animal. Elle se leva et s'éloigna de lui, une expression apeurée sur son visage.

Ely - J'suis désolée, j'voulais pas te faire de la peine.

Pour un peu, Iranoe en aurait rit. L'instant d'après, elle était observée par le frère et la soeur. Elle soutint leur regard tour à tour, bien consciente qu'ils n'attendaient rien de mieux qu'une réaction de sa part. Elle finit par soupirer en passant une main dans ses cheveux. Elle laissa échapper un rire qui n'avait plus rien de naïf avant de murmurer.

Iranoe -Merlin... Ezy a raison, je ne sais pas jouer les potiches...

Elle se redressa sensiblement, reprenant son expression indifférente et ce fut un regard glaçial qu'elle plongea dans les prunelles bleues d'Ely. Iranoe s'approcha tranquillement de la jeune femme, un sourire indéchiffrable aux lèvres. Dans un mouvement vif, elle attrapa une mèche blonde et l'emêla entre ses doigts dans tirer. Elle lâcha.

Iranoe -Pauvre Ely... Pauvre petite fille que son frère ne croit pas...

Elle jeta un regard à Yuri.

Iranoe -Avoue le, Yuri... Tu ne crois pas à ses excuses...

Elle lâcha la mèche de cheveux.

Iranoe -En tout cas... moi pas... C'est drôle ça... Tu étais en manque de douleur? Réponds moi Ely... N'aie pas peur... Je ne suis pas méchante...

Menteuse.

Ely -Enchantée, je m'appelle Ely Illiev
Iranoe -De même... Iranoe Sayuri.
Yuri - Ely est ma sœur jumelle, Iranoe.

La jeune Japonaise se cramponna alors à son bras en une attitude de groupie hystérique et Yuri esquissa un sourire d'incompréhension, un peu gêné. Si Ely s'imaginait qu'Iranoe était une idiote comme elle semblait vouloir le faire croire, sa jumelle allait s'en donner à cœur joie, il n'en doutait pas. Un air innocent et exalté se peignit sur son visage tandis que les prunelles de Yuri s'écarquillaient d'horreur, semblant nager en plein cauchemar. Il baissa le regard, désespéré par ce revirement soudain de situation.

Iranoe -Oh!! J'ai eu peur un instant!! Mais c'est logique!! Un bel homme tel que toi ne peux qu'avoir une sœur aussi magnifique.

A ces mots, Ely esquissa un sourire amusé. Bien que très soucieuse de son apparence, elle n'avait jamais été sensible à la flatterie. D'ailleurs, elle se moquait de ce que cette fille pouvait penser d'elle, son seul but à l'instant précis était de mettre Yuri mal à l'aise en le provoquant. Et si sa nouvelle conquête pouvait être effrayée du côté si sombre de Yuri et s'enfuir, elle n'en serait que davantage heureuse. Depuis que son frère jumeau lui avait un jour retiré l'affection de Nouscka, elle veillait avec soin à ce qu'il n'ait pas de relations sérieuses avec une fille. Un prêté pour un rendu...

Ely - J'espère au moins que tu lui as présenté Nouscka!

Touché. Dieu que ce garçon était prévisible. Il suffisait de mentionner son précieux Nouscka pour le mettre dans tous ses états. Il grogna, mécontent et agressif, s'attirant un regard effrayé d'Iranoe. L'aînée Illiev dissimula un sourire, sentant qu'elle touchait au but.

Ely - J'suis désolée, j'voulais pas te faire de la peine.

Yuri ne répondit pas mais Iranoe éclata d'un rire qui sonna désagréablement aux oreilles d'Ely.

Iranoe -Merlin... Ezy a raison, je ne sais pas jouer les potiches...

Iranoe se leva, s'approchant d'Ely et saisissant entre ses doigts l'une des mèches blondes de la jeune fille. Cette dernière planta ses yeux bleus dans ceux d'Iranoe, semblant la défier de faire quoique ce soit d'inconsidéré. Yuri, lui, s'était levé, prêt à intervenir, ne sachant cependant pas laquelle il protègerait si les choses venaient à tourner au vinaigre.

Iranoe -Pauvre Ely... Pauvre petite fille que son frère ne croit pas... Avoue le, Yuri... Tu ne crois pas à ses excuses...

Yuri se contenta d'un vague haussement d'épaules qui en disait cependant long sur son opinion. Il ne croyait plus Ely depuis plusieurs années déjà, que ce soit pour n'importe quelle chose qu'elle aurait pu lui dire.

Iranoe -En tout cas... moi pas... C'est drôle ça... Tu étais en manque de douleur? Réponds moi Ely... N'aie pas peur... Je ne suis pas méchante...

Ely eut un sourire dédaigneux et haussa les épaules avec désinvolture en se tournant vers Yuri, ignorant sans respect les paroles de la Japonaise.

Ely - Nikolaï veut te voir, en passant.

Elle plongea son regard dans les yeux de son frère et entre eux sembla s'établir un moyen de communication propre à leur gémellité. Yuri ne détourna pas le regard, impassible et ce fut finalement Ely qui baissa les yeux, avant de tourner les talons et de s'en aller comme elle était venue. Yuri prit le poignet d'Iranoe et la fit s'asseoir sur le banc à nouveau.

Yuri - Désolée, ne fais pas attention à elle... Elle est... en colère.

Une ombre passa dans son regard... Que pouvait bien lui vouloir le chef de Clan...?

Une fine mèche blonde entre ses doigts délicats, Iranoe avait le regard perdu dans le vague. Elle soutenait le regard bleu d'Ely et les prunelles argentées semblaient pouvoir la transpercer de part en part. La menace fit pétiller son regard sans pour autant que l'on sache vraiment ce à quoi elle pensait. Elle ne prit même pas la peine de jeter un regard à Yuri qui s'était levé. Elle était consciente de son probable dilemne mais n'avait pas le moins du monde envie qu'il intervienne. C'était entre Ely et elle... Un petit amusement dirons nous... Mais aussi une manière de lui faire comprendre qu'elle n'était pas la première débile venue.

Elle ne broncha pas quand Ely se détourna d'elle avec son sourire dédaigneux. Elle se contenta d'observer la jeune femme, un air indéchiffable planant sur son visage à la peau si pâle, presque translucide. Elle laissa glisser les quelques cheveux blonds et lui tourna le dos dans un mouvement gracieux. Au moment même où Ely tournait les talons, elle lâcha d'une voix tranquille.

Iranoe -Arrête de croire que toutes les filles sont manipulables, Ely... Tu vas y perdre tes ailes de pseudo ange...

Elle soupira et une fois qu'Ely fut éloignée, son visage se détendit et un sourire plus adoucit illumina son visage. Au même moment, Yuri lui attrapa le poignet. Elle suivit le mouvement et s'assit à nouveau près de lui. Elle dégagea doucement son poignet pour attraper la main du jeune homme et jouer avec ses doigts.

Yuri -Désolé, ne fais pas attention à elle... Elle est... en colère.

Elle fit glisser le bout de ses doigts sur la ligne de son menton. Elle murmura.

Iranoe -Elle t'en veux... Et elle n'est pas aussi subtile qu'elle le pense... En quelques phrases, elle a dévoilé bien plus sur elle que ce qu'elle croit...

Ses doigts éfflerèrent ses lèvres. Elle ajouta.

Iranoe -Je ne lui ferais rien... Tant qu'elle ne s'amusera pas à s'immiscer dans mes affaires et surtout... entre toi et moi...

Elle se pencha vers lui alors que ses doigts passaient dans les mèches de Yuri. Elle murmura contre ses lèvres.

Iranoe -Désolée si je t'ai fait peur...

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