"Je me souviens comment tout a commencé. C'était il y a deux ans.
Présents sur l'île depuis deux siècles, les Anglais s'étaient éparpillés aux quatre coins du pays. Il était impossible de faire cent mètres sans en croiser un; et d'ailleurs, il était impossible de faire cent mètres. Ils étaient partout, leur arme qui crachait le feu à l'épaule, attendant juste qu'on leur donne une excuse pour nous descendre. J'ai toujours grandi dans ces conditions; au bout d'un temps, on s'y fait. Pour les autres, les règles étaient simples : on ne quitte le village que par nécessité et on ne s'oppose jamais, JAMAIS, aux Anglais. Pour moi, la règle était simple : on ne quitte pas le village.
Non pas que le fait que je tombe aux mains des Anglais puisse influencer le cours de l'histoire de l'humanité; mais mon don de métamorphose humaine m'a toujours conférer une place privilégiée. J'étais Kahukura, l'arc-en-ciel; la fille aux cheveux aux milles couleurs. J'étais l'incarnation de la couleur du monde, de la face de l'humanité, de l'espoir du changement ! Un peu comme un grigri ou un porte-bonheur, mais format humain, supposé les sauver de l'apocalypse et de l'envahisseur. (...) J'aurais bien voulu.
Et puis il a eu ce petit garçon du village voisin, Toma. Plein de vie et d'entrain. Qui s'est fait tuer. Pour trois fois rien; mais c'était les trois fois rien de trop. Accablés par l'occupation Anglaise et la tyrannie drastique auquel elle nous soumettait, son village s'est rebellé; et c'est toute la zone qui a été mise en quarantaine. "Élimination préventive". C'est comme ça qu'ils en parlaient.
L'espoir ne meurt jamais, vous savez ? Alors on m'a caché. Ils pouvaient mourir; si je survivais, il y avait encore une chance qu'un jour, la Nouvelle-Zélande soit libre. Alors j'ai survécu.
Bon, pas longtemps. Hormis les cadavres qui jonchaient la région, il n'y avait plus grand chose de viable. J'ai tenu trois jours; et puis on m'a trouvée. J'aurais pu y passer aussi, mais si les Anglais sont des bourreaux, ils n'en sont pas moins pourvus d'intelligence : une fille aux cheveux qui changent de couleur, on hésite à deux fois avant de la tuer.
Alors on m'a confiée aux autorités; et les autorités m'ont confiée au seul mec qui semblait avoir une explication à mon problème capillaire. Lewis Hamerfeld. Un brillant scientifique aux yeux de ses semblables; un puissant sorcier aux yeux de sa communauté. Dans tous les cas, un type suffisamment pervers pour m'arracher à ma terre et me traîner jusqu'en Angleterre. "Métamorphomage et bête sauvage, un magnifique mélange".
Deux ans ont passé. L'eau a coulé sous les ponts et les temps ont changé; mais les choses restent ce qu'elles sont. On m'a appris à parler anglais, on m'a "éduquée", on m'a expliqué la magie et ses affinités. J'aurais bien résisté, mais à quoi bon ? Pour quoi faire ? À tout perdre, autant tout regagner."

Choses à savoir
La terre est une mère qui ne meurt jamais
◢ Kahukura n'a pas de nom de famille. La notion des noms de famille n'est arrivée en Nouvelle-Zélande qu'avec les Anglais; et les Maoris l'ont adapté à leur sauce en choisissant le nom de leur père comme nom de famille. Leur nom change donc à chaque génération. Étant donné qu'elle a été confiée au shaman du village dès qu'on a eu connaissance de son don, elle n'a jamais connu ses parents, et n'a donc pas de nom de famille. Néanmoins, vu que Lewis est son tuteur légal, sur ses papiers, elle se nomme Kahukura Hamerfeld. Mais si vous tenez à votre tête, vous l'appelerez Kahu.
◢ La vie se Kahu jusqu'à ses 14 ans était très limitée : élevée par le shaman du village, comme un totem de son peuple, elle a toujours été une sorte de 'mini-divinité' par chez elle. Ca ne lui est jamais monté à la tête, étant donné qu'elle avait bien conscience de n'être rien de plus qu'une métamorphe; mais son éducation en a été légèrement ... Différente des autre enfants. Elle a d'importantes notions en shamanisme -bien qu'elle ne le pratique pas-, connait toutes les incantations et les divinités Maoris, le pouvoir des plantes et de nombreuses autres choses. En contrepartie, elle n'a pas appris à lire, ne connait rien du monde extérieur, ne parle pas anglais et a un sens de l'orientation désastreux.
◢ Lewis s'est démené pour lui trouver les meilleurs précepteurs afin que son intégration au monde anglais se passe au mieux. Elle a refait, en deux ans, toutes ses années de retard sur l'éducation anglaise et sorcière, mais il lui reste des lacunes. Entre autres, un accent maori abominable, un niveau scolaire particulièrement piètre -elle ne rentre à Poudlard qu'en 3e et non pas en 4e-, et une incapacité récurrente à se servir de la technologie de l'époque.
◢ Le rapport qu'entretient Kahu avec le monde est assez mitigé. Habituée à détester les Anglais, et d'autant plus hostile à leur égards qu'ils ont massacré sa tribu, elle ne peut s'empêcher d'être particulièrement agressive. Elle tente de se tenir en société, ayant bien conscience qu'en tant qu'étrangère, elle n'est pas à sa place; mais en dehors de ça, elle a énormément de mal avec les gens. Quant à Lewis, bien qu'elle sache qu'elle lui doit beaucoup, et qu'il fait de son mieux pour lui offrir le meilleur, elle reste souvent sceptique.
◢ Bien qu'elle ai du mal à l'admettre, Kahu craque un peu sur le monde anglais. Élevée à manger des plantes et à dormir dans des huttes, elle se complait dans le luxe londonien et la montagne de nourriture qu'on lui donne à goûter. Son univers lui manque, mais elle adore découvrir ce nouveau monde qui s'offre à elle; même si elle mourrait plutôt que de l'admettre.
◢ Kahu n'a jamais été fane de son don, bien qu'elle doive admettre qu'il lui a sauvé la vie il y a deux ans. Elle aurait voulu grandir comme n'importe qui, et ne pas être observée comme une bête sauvage par Lewis dès qu'il en a l'occasion. De plus, depuis qu'elle est arrivée en Angleterre, elle a plus de difficultés à le maîtriser, et crise un peu de passer pour un monstre aux yeux de tous ses précepteurs. Elle redoute particulièrement la rentrée à Poudlard cette année, sachant qu'elle risque fort d'être cataloguée directement.