Astonishing Panorama of the End Times ft Maleficient

Violence for the people
They always eat the hand that bleeds
Violence for the people
Give the kids what they need
This is what you should fear
You are what you should fear

Il fut un temps ou je venais ici avec Silver. Un temps ou elle supervisait mes envies de flammes, un temps ou je me sentais probablement trop en sécurité. Cela doit être pour cette raison qu’elle ne semble plus cautionné ce genre de petites escapades. Elle ne viens plus avec moi depuis le jour ou elle à fait de moi l'un des siens. Depuis le jour ou elle m'a sauvé. Je ne devrais plus venir, je le sais très bien mais, c’est plus fort que moi et cela m'évite de commettre l'irréparable ailleurs. Je ne suis pas encore prêt à prendre le rôle d'ennemis publique numéro un! Quoi que vu la concurrence, même en foutant le feu à Ste-Mangouste, je risque tout juste d'arriver en troisième ou quatrième place. Ce qui aurait le don de m'irriter au plus haut point.

Je me déplace silencieusement dans la foret interdite. La nuit est tombée depuis à peine deux bonnes heures et je me suis nourris à Londres avant de venir. Je ne veux pas succombé à la tentation de me jeter sur une créature magique...Qui sais quel effet le sang de licorne aurait sur quelqu'un comme moi? Bien évidemment que j'ai envie de tenter mais je n'ai trouvé personne pour m'assister dans l'expérience et je n'ose pas demander ce genre de service à Silver. Soit! Ce n'est de toute façon aucunement le but de ma venue.

Lorsque je trouve le lieu qui me conviens, j’entreprends à une vitesse folle de construire un large brasier. Je suis passé maître dans cet art et je sais exactement quoi faire pour ne pas risquer que le feu s'étende à toute la foret. Le sens du vent par exemple ! Je ricane. Je suis focalisé sur ce que je fais mais mon ouïe développée détecte sans difficulté des bruits de pas qui se rapprochent. Les rythmes d'un battement de cœur et une respiration. Pas de doute! Quelqu'un est dans le coin. Je passe alors ma langue sur l'une de mes canines et disparaît subitement entre les arbres. Sans faire le moindre bruit je me dépasse l'intru et me place derrière...elle...Je me fige sur place , il est évident qu'elle n'a pas conscience de ma présence. Ses cheveux...Un reflet de lune viens en caresser la couleur orangée...Elle a des cheveux de feu.

J'ai déjà vu des personnes avec cette couleur de cheveux mais jamais je n'ai ressentis ce qui m'envahit aujourd'hui. Mon instinct m'attire aussi irrévocablement vers elle. Je sors alors de ma poche la petite bouteille de chloroforme que j'ai toujours sur moi. J'en asperge un mouchoir et bondis de l'ombre droit sur la demoiselle. Il ne faut pas longtemps pour qu'elle devienne lourde et molle comme une poupée de chiffon. Je la prends délicatement entre mes bras et retourne à toute vitesse au brasier. Je termine avec soin et contemple ma besogne d'un air largement satisfait. Je m'éloigne juste ce qu'il faut...Je sais que le feu est plus dangereux encore pour moi maintenant que je suis un vampire et je me dois d'être le plus prudent possible. Je craque une allumette et la jette très rapidement dans le brasier. Je m'approche alors de l'inconnue toujours inconsciente . Je m'assieds sur le sol et l'attire à moi. Je la prends contre moi comme l'on porterais un jeune enfant et tout en fixant les flammes je lui caresse les cheveux. Je sens la chaleur et la lumière vive, je souris.

Demain, Maleficent arrivait au terme de son renvoi de deux semaines. Renvoi qu'elle avait fait de son pire pour obtenir après deux pauvres semaines de cours. Si elle avait su d'avance tout ce qui allait se passer pendant ces deux semaines peut-être se serait-elle contenter de fleurir les bancs de l'école de son agaçante mais non moins charmante présence. Ou peut-être que tout au contraire, elle se serait employée à pousser les choses dans la même direction, juste pour voir.

Son plan initial ne s'était pas déroulé comme prévu. Elle s'était retrouvée à écumer le marché aux trolls au lieu de roucouler dans un coin tranquille du manoir en l'absence de son père et de son frère. En se rappelant la prose d'un poète allemand étudié en classe d'art, Maleficent haussa ses frêles épaules. L'amour pour tous ? Pas pour elle de toute évidence. La jolie demoiselle en portait la preuve sur son visage, tracé de marques noires indélébiles. Des marques de larmes. Des marques de la malédiction qu'elle avait proférée. Dans une petit baguier d'amourette qu'elle tenait serré contre elle, sous son manteau, son coeur meurtri battait indolemment. Elle l'avait déposé là le soir même où elle en avait fait l'ablation. A première vue, s'arracher le coeur avait été la meilleure des choses à faire. Elle s'était ainsi éviter la mort la plus grotesque qui soit. Mourir d'amour n'aurait rien ajouter de bien reluisant à palmarès des choses pour lesquelles Maleficent Mc Swann se faisait par trop remarquer. Mais maintenant qu'elle se trouvait là, seule à l'orée de la forêt à repenser à ce stupide poète allemand, elle se rendait compte qu'à la place de son coeur, il n'y avait plus qu'un vide à combler de haine et de souffrance. Il lui semblait avoir même plus mal que lorsqu'elle avait planté Orphée dans le grand salon, lui est ses cent vingt-deux mille générations futures qu'elle avait condamnés en quelques mots. Ça n'était pourtant pas encore assez pour lui faire regretter ce qu'elle avait dit. Et l'eût-elle regrettait qu'elle n'aurait pas su rompre sa propre malédiction.

Plongée dans le noir de ces pensées abyssales, la jeune lady s'enfonça dans le coeur de la forêt, les doigts toujours serrés contre la boîte qui contenait le sien. Elle ne pouvait raisonnablement pas envisager de le garder sans cesse avec elle et dans le même temps, il était trop précieux pour être négligemment oublié dans sa chambre, que ce soit à Poudlard ou au manoir. Dans sa quête de la cache idéale, elle se retrouvait donc dans la forêt interdite, sans même être sûre d'y trouver son bonheur. Les quelques rayons de lune qui filtraient à travers la canopée s'embrasaient sur ses cheveux couleur de feu, s'animant d'une chaleur qui n'était pas la leur. Ses pas tiraient aux brindilles humides de l'automne, des petits criaillements étouffés. Son parfum se mourrait dans l'air, glacé par la fraîcheur de la nuit qui lui mordait les joues et les lèvres pour donner à son visage d'albâtre cette délicieuse nuance cuisse de nymphe. Elle sursaute à peine dans les bras d'une ombre quand une main invisible vient coller un mouchoir contre son nez. Ses poumons se remplissent des vapeurs du chloroforme. A peine a-t-elle le temps de refermer ses doigts sur cette main glacée que son corps renonce. La seule chose sur laquelle Maleficent ne cède pas, c'est ce petit baguier d'amourette sur lequel son autre main se crispe et qu'elle emporte avec elle dans son sommeil chimique.

Elle finit par se réveiller malgré tout, réveillée par les battements de son coeur dans sa main. Ce qu'elle remarqua avant même d'ouvrir les yeux c'est la chaleur qui lui cuit les joues mais c'est une chaleur agréable. Puis c'est la caresse d'une main sur ses cheveux qui la tire doucement des bras de Morphée pour la confier à ceux d'une ombre. N'importe quelle jeune fille de son rang et de son éducation aurait bondi alors, crié à l'aide, pleurer avant même de savoir ce qu'on lui voulait vraiment. Pas Maleficent. Peut-être était-ce la position dans laquelle elle se trouvait, lovée comme un minuscule enfant contre ce corps inconnu, qui la sécurise. A moins que ce ne soit ce vide dévorant en elle qui embrassait totalement la situation...

Doucement elle renifle, comme pour signifier qu'elle est réveillée mais elle ne dit rien. Ses yeux clairs se noient dans les flammes et elle ramène son précieux petit baguier d'amourette tout contre elle. Étrange personnage gigogne qu'ils forment tous les trois devant ce feu...

Je serre un peu plus contre moi la frêle demoiselle. Sa nuque, ses poignets...Je pourrais être tenté d'y goûter mais je n'ai pas soif. Ma plus grande soif est clamée alors que les reflets des flammes dansent sur ma peau blafarde. Je ressent toujours cette envie irrépressible de me jeter dans le feu mais j'ai paris à l'apprivoisée. C'est à autre chose que moi-même que je me dois de mettre feu. Soudainement j'entends un reniflement et je baisse les yeux sur l'inconnue qui semble reprendre conscience. Pas de cris d’effroi, pas de pulsation qui s'accélère. Je n'ai pas l'habitude et cela me fait penser qu'elle ne dois pas savoir ou elle est ni ce qui se passe. Je continue de lui caresser les cheveux alors que je la fixe tout en gardant le silence. Je ne sais pas moi même ce que je lui veux réellement. La laisser rejoindre son élément en la jetant dans les flammes ou la garder prêt de moi pour toujours, tel un feu vibrant qui ne s’éteint jamais. Une longue minute s'écoule avant que je ne me décide à parler.

Vicerys - Tes cheveux...Ils sont comme le feu. J'aime le feu !

Je la dévisage alors et cherche les reflets des flammes dans ses yeux. Il me semble entendre le battement de son cœur se déplacer alors qu’elle ramène contre elle une petit boîte que je n'avais pas encore remarquée. Étrange ! Pas de second battement, ce que j'entends sort bel et bien de cette petite boîte. Je sais que contrairement à mon esprit, je peux me fier à mes sens et bien que tout cela paraisse irrationnel, il semblerait pourtant que ce soit bel et bien ce qu'il se passe.

Vicerys - Ta boîte ! Elle fait un bruit étrange...On dirais que ton cœur bat à l'intérieur ! C'est pas très net...

Parce que ce que moi je fais c'est net? Je secoue lentement la tête tout en affichant un sourire absent. Je serre mon étreinte et reprends mes caresses dans ses cheveux. Je ne veux pas la lâchée. Je ne veux pas qu’elle s'éloigne.

Vicerys - T'as le droit de pas être comme tout le monde mais, je ne comprends pas...

Je hausse les épaules comme si de toute façon cela n'avais pas beaucoup d'importance pour moi. Ce qui est vrai sur le fond car ça ne change en rien les désirs très contradictoires que j'éprouve à son égard. J'ai le temps de faire mon choix, le temps n'est pas un problème pour moi. Moi même je n'ai pas de cœur qui bat dans ma poitrine et je m'en sort très bien alors pourquoi pas le mettre dans une boite. Elle n'est pas comme moi, je le sais mais je ne comprends pas bien ce qu'elle est dans ce cas. Si je le pouvais je frissonnerais d’excitation. Le feu craque et envoie non loin de moi une étincelle qui ne manque pas de me faire violemment sursauter. Je me laisse aller à rire nerveusement tout en resserrant mon étreinte. Je fixe les flammes et murmure alors...

Vicerys - Tu es à moi...

La cohérence et le suivi des conversations ce n'est pas mon fort. Comment blâmer quelqu'un qui à passer tant d'années en hôpital psychiatrique? Sans l'aide de Silver j'aurais certainement finis par ne même plus être capable de m'exprimer de manière compréhensible. Entouré de fou en permanence, on ne fait plus d’efforts, on oublie...

Maleficent sent autour de ses épaules ces bras qui la serrent un peu plus fort. Dans son baguier d'amourette son coeur se tranquillise et à y réfléchir, elle ne se rappelle même pas la dernière fois qu'on la serrée comme ça. Qui d'ailleurs ? Sa mère ? Une nourrice ?

Elle relève les yeux vers les prunelles vaironnes qui l'observent. Un oeil brun où les flammes dansent. Un oeil bleu glacé comme la face de la lune. Elle jauge le contraste un instant, se demandant si ça la dérange ou si au contraire il lui plait. Est-il double comme son ami Cassian, cet homme au teint blafard ou est-il comme incapable de se résigner à ne pas tout avoir à la fois ?

« Tes cheveux...Ils sont comme le feu. J'aime le feu ! »

Elle sourit aux flammes mais le laisse continuer à chasser les flammes et l'or qui se le disputent sur ses longs cheveux. Un petit rire chaud se coule dans sa gorge de cygne :

« L’Église le dit aussi. Ce sont les cheveux de Satan... paraît-il. » Elle n'y croit pas un instant en ce qui la concerne. Si le diable existe, il est en elle, il est elle, mais il n'est pas un autre à qui elle devrait quelque chose... « Et toi, à quel démon as-tu emprunté un regard si indéfinissable ? », s'interroge-t-elle à mi-voix tout en le dévisageant.

« Ta boîte ! Elle fait un bruit étrange...On dirait que ton cœur bat à l'intérieur ! C'est pas très net... »

Elle se ferme un instant, hésitante. Mais après tout, même elle peut entendre les battements de son coeur. Peut-être parce que c'est le sien justement.

« Il bat. Je pensais qu'en l'enfermant dans cette boîte, il cesserait, mais il bat. »

Elle ne sait pas bien comment parler de ça. Quelque part, elle sait déjà qu'il ne réagira pas comme les autres. Les autres la craignent, ils redoutent chez elle quelque hystérie non diagnostiquée. La folie pour sûr. Pourtant elle n'est pas folle. Juste un peu seule.

« T'as le droit de pas être comme tout le monde mais, je ne comprends pas... »
« J'ai maudit un homme parce qu'il ne m'aimait pas. Mais mon coeur ne l'a pas supporté, alors je l'ai arraché de mon sein pour ne pas mourir avec lui. Il survit pour l'instant mais pas pour très longtemps si je ne trouve pas un endroit sûr où le cacher. »

Elle le sent retenir un sursaut quand le bois craque sous les caresses du feu. Un petit sourire en coin étire ses lèvres.

« Tu aimes le feu autant que tu le crains, voilà une belle définition de l'amour. »
« Tu es à moi... », murmure-t-il soudain. S'écoutent-ils seulement l'un l'autre ?

Maleficent fronce les sourcils comme elle ne s'attendait pas à ce genre de réponse mais elle ne s'emporte toujours pas. C'est qu'une idée s'est frayée un chemin dans son esprit, vicelarde et sournoise. Elle le dévisage à nouveau, son petit baguier serré posé sur ses genoux.

« Comment ? »

C'est la question la plus évidente à ses yeux. Jusque là, Maleficent ne s'est donnée qu'à une personne, et comme Orphée n'a pas voulu d'elle, elle s'est abandonnée à tout et n'importe quoi. La providence. Ses propres accès de désespoir. Son génie. Son inexpérience. Elle s'est forgée dans l'insaisissable si bien qu'elle n'a jamais su être la jeune fille bien élevée que son père souhaité. Ni être la femme d'un règlement ou d'une morale. Mais elle n'a rien à perdre là tout de suite. La vie ?

Elle se redresse sur ses genoux pour lui faire face, le baguier au coeur qui bat posé entre eux. Elle est prête à le lui donner, mais pas n'importe comment. D'abord il lui faudra plonger en lui, aussi profondément qu'on peut plonger en elle maintenant qu'elle y accueillit le néant.

Dans son dos, les flammes la couronne et jettent autour d'elle un halo d'or infernal.

Maleficient-L’Église le dit aussi. Ce sont les cheveux de Satan... paraît-il... Et toi, à quel démon as-tu emprunté un regard si indéfinissable ?

Embrassée par le feu! L'église, les démons...Je n'en ai rien à foutre moi ! Je n'ai jamais cru en dieu ni en aucun de ses opposés. Je ne me considère moi-même pas comme une créature de Satan alors que ce nom est donné à nombreux vampires. L'homme est bien assez doué comme ça pour faire n'importe quoi que pour lui donner l'excuse d'agir sous l'influence d'une puissance positive ou négative. Ce ne sont que des histoires inventées par de pauvres ignorants qui auraient eu tout juste leur place entre les murs de l’hôpital dans lequel j'ai grandis. Foutaises. Mes seuls religions sont la soif et le feu. Pour ce qui est de mon regard, il s'agit d'une simple erreur génétique et je n'ai jamais tenté de chercher plus loin. Je n'estime pas nécessaire de lui répondre. Je l’interroge donc plutôt sur l'étrange petit coffret qu’elle tiens entre ses mains.

Maleficient - Il bat. Je pensais qu'en l'enfermant dans cette boîte, il cesserait, mais il bat.

Je ne comprends pas. Quel idée étrange que de tenter de mettre son cœur dans une boîte. Je connais des moyens bien plus efficaces de remédier à ce battement caractéristique. Je sens ma langue frissonné mais la curiosité l'emporte sur la gourmandise. Mourir serait bien plus évident comme solution ! Je lui fait alors part de mon incompréhension.

Maleficient-J'ai maudit un homme parce qu'il ne m'aimait pas. Mais mon coeur ne l'a pas supporté, alors je l'ai arraché de mon sein pour ne pas mourir avec lui. Il survit pour l'instant mais pas pour très longtemps si je ne trouve pas un endroit sûr où le cacher.

Je ne comprends toujours pas, alors que je ne suis pas du genre rationnel. Je fronce les sourcils mais sursaute et sort rapidement de mes pensées en voyant une braise de jeter sur moi.

Maleficient - Tu aimes le feu autant que tu le crains, voilà une belle définition de l'amour.

Je baisse les yeux vers elle. C'est une étrange vérité qui sort de sa bouche. J'avais tendance à penser que les jeunes gens sont ignorants. Je n'ai moi même pas de notion clair de l'amour si ce n'est celui que l'on porte à une mère. Silver. Ou encore celui que l'on cède à une passion dévorante. Avec ces mots, elle viens de me rendre les choses beaucoup plus claires. Ce que je ressens pour le feu est probablement ce qu'il y a de plus proche de ce que serait une romance tourmentée. La privation du feu pourrait me donner envie de m'arracher un organe à moi aussi. C'est en la serrant contre moi que je me laisse aller en clamant mon droit de la possédée. C'est ma réponse spontanée à sa façon d'être. C'est la première fois que je ressent cela.

Maleficient - Comment ?

Il me faut deux secondes pour réaliser ce que je viens de dire et donc pouvoir analysé sa question. Je plisse les yeux et la distingue à contre jour dans les flammes. Je lui réponds alors sans réfléchir.

Vicerys - Comme une évidence...

Je replonge dans le silence en ne cessant de la fixée. Je suis à nouveau partagé entre l'envie de la poussée dans le brasier ou de l'en écartée par pure précaution. Ce dilemme ne trouvant pas encore de réponse j'en reviens au fait.

Vicerys - Comme un lien invisible mais pourtant palpable...Quelque chose que l'on ne peut contester !

Je me relève alors et la surplombe de ma hauteur. Je fais tout de même un pas en arrière juste pour ne pas être trop prêt des flammes. Je lui indique en quelque sorte qu'elle n'a pas vraiment intérêt à me contredire. Les questions m'envahissent le cerveau et me semblent par exemple bien plus importantes que de connaitre son prénom. Un nom n'en dis pas grand chose sur quelqu'un mais mettre son cœur dans une boite ça c'est plutôt hors du commun. Je lui fait alors part de mes questions...

Vicerys - Que tu veuille t'arracher un organe je le conçois tout à fait mais en revanche ton choix me parait douteux...Les sentiments ne sont ils pas stocké dans le cerveau ? Les souvenirs, les émotions...Le cœur n'est que la représentation folklorique choisie par les jeunes filles chatouillée par leurs hormones. Est ce que cela marche? Parce que je pense que tu t'es trompée.

Ce que je lui révèle sont de sincères interrogations. A l’hôpital c'est bien la tête que l'on tentais de nous soigner et jamais le cœur. Il y à autre chose qui me parait coulé de source...

Vicerys - Il existe bien d'autre moyens plus intelligents et efficaces de procéder ! Et est tu certaine que ton cœur puisse être en sécurité ou que ce soit d'autres que la ou il est supposé être?

Je m'approche d'elle et pose ma main au dessus de son sein gauche. En effet il n'y réside aucun battement. Je n'aurais jamais pensé rencontré quelqu'un possédant cette caractéristique tout en ne faisant pas partie de la race des vampires ou en étant le fruit d'une folle nécromancie. Je devrais d’ailleurs peut être me préoccupé du fait qu'elle prends pour passe temps de maudire les gens qui ne peuvent pas satisfaire ses attentes. Je penche la tête. Le dilemme ne cesse d'augmenter en moi et je suis curieux de voir ce qui fera pencher la balance.

Lui appartenir oui mais comment? Existe-t-il un moyen d'appartenir à un autre qui ne rime en rien avec l'idée de devenir le chien d'un autre. Devenir Orphée à défaut d'avoir Orphée. Étrange paradoxe que celui ci et pourtant elle le sait, elle ne supporterait pas une seconde la condition du domestique de son frère. Ses yeux gris sondent ceux du vampire à la recherche d'autres réponses. Non, il ne s'agit évidemment pas de ça.

« Comme une évidence... », évidemment... son regard l'englobe parfaitement et le temps de cet échange, il la possède véritablement et elle le laisse faire, pour le seul goût de l'expérience... « Comme un lien invisible mais pourtant palpable...Quelque chose que l'on ne peut contester ! »

Il se redresse dominant sans mal de sa hauteur. Pourtant Maleficent est elle-même relativement grande, longiligne. Bien loin de ces beautés plantureuses qui semblent traverser le monde, le pas aussi léger qu'un souffle de nymphe. Le genre d'enfant délicieuse que Malevolent McSwann aurait voulu avoir. Mais Maleficent était une beauté difficile. Une picte aux peintures de guerre invisibles. La fragilité d'un fil de fer nimbé d'une couronne de flammes fougueuses. Et le regard profond, tantôt glacé tantôt malicieux. Mais pour y voir de la beauté, de l'innocence, de l'aimable, il fallait savoir regarder, apprivoiser le fauve.

Finalement elle le regarde, tout simplement. Elle se prête au jeu de son interrogatoire silencieux et tout ce qu'elle ne donne pas, c'est le secret de son baguier d'amourette. A quoi cela peut-il ressembler un coeur qui bat dans une boîte ?

« Que tu veuille t'arracher un organe je le conçois tout à fait mais en revanche ton choix me parait douteux...Les sentiments ne sont ils pas stocké dans le cerveau ? Les souvenirs, les émotions...Le cœur n'est que la représentation folklorique choisie par les jeunes filles chatouillée par leurs hormones. Est ce que cela marche? Parce que je pense que tu t'es trompée. »

Un sourire d'une incroyable obscurité se peint sur les lèvres de Maleficent. Se tromper, la plupart des gens se refusaient à accepter cette éventualité. Elle pas. Mais partager cela requérait une concession de sa part. Partager tout simplement, ce n'était pas quelque chose qu'on lui avait appris. C'était pourtant quelque chose qu'elle avait souhaité depuis trop longtemps, sans vraiment le comprendre.

« Je me suis trompée oui, je n'ai jamais été très bonne pour ce qui était de comprendre le fonctionnement normal des choses et des gens. Je me suis rebellée chaque fois qu'on a voulu me forcer à m'assimiler. J'ai voulu m'assimiler chaque fois qu'il n'en était pas question. C'est vrai. Je me suis souvent trompée d'un certain point de vue. D'un autre je ne me suis jamais trompée moi-même. Si je me suisarraché le coeur ce n'était pas pour ne plus souffrir. Je l'ai fait parce qu'à un moment donné, je n'ai pas eu d'autre choix... biologiquement. Si je ne l'avais pas arraché, c'est tout mon corps qui aurait été gagné par la gangrène. Au sens propre. C'est arrivé parce que j'ai sous-estimé ma propre sensibilité et elle m'a emportée beaucoup plus loin que je ne le souhaitais au départ. Je ne me dédis pas de ce que j'ai fait, puisque je l'ai fait. J'ai maudit un homme avec toute ma détresse et j'ai été dépassée par ma magie, trop carencée pour ne pas me laisser emporter. Mais ça n'est pas un mal en soi... », elle livrait là plus un monologue intérieur qu'une véritable réponse. Peut-être était-ce parce que l'étrange présence du vampire lui permettait de poser les choses pour la première fois depuis quelques semaines, « La magie a un prix. Il fallait que je l'apprenne d'un manière ou d'une autre. »
« Il existe bien d'autres moyens plus intelligents et efficaces de procéder ! Et es-tu certaine que ton cœur puisse être en sécurité ou que ce soit d'autres que là où il est supposé être? »

La créature songeuse s'effaça et à nouveau, Maleficent brûlait de ce feu qui était le sien, indépendant du brasier qui réchauffait sa peau d'albâtre.

« C'est là le prix dont je parlais : il ne peut être que là où il est supposé être mais il ne peut plus être là où il devrait être... », elle sourit à nouveau. Parfois il lui semblait simplement que ce coeur dont elle parlait n'était qu'une curieuse mise en abîme d'elle. Jamais à sa place. Jamais là où il devrait être. Et le plus terrible sans doute, c'était que dans sa précieuse petite boîte d'amourette, il était redevenu sain. Peut-être Maléficent aurait-elle dû s'appliquer le même traitement pour un temps. L'enfermement. La seule idée de l'enfermement la rendait pourtant malade.

Enfin, elle pose les yeux sur cette main qui cherche en vain le battement qui devrait diriger toute cette belle mécanique du vivant. Mais il n'y a rien, sinon le sang qui court sans savoir comment, par enchantement, imitant l'écho de la mer dans le creux d'un coquillage. Doucement, elle referme ses doigts brûlant de vie sur cette main sagement curieuse.

Au même problème, d'autres auraient vu en la mort une solution évidente, mais Maleficent n'est pas de ces âmes dépressives qui se laissent mourir. Elle a ce feu en elle des esprits anciens qui croquent et dévorent la vie avant qu'elle ne les happe. Terriblement puissants et terriblement vulnérables à la fois. Un paradoxe étranger au monde moderne.

En elle, quelque chose déjà appelle en silence.

Le sombre sourire qui se dessine sur les lèvres de la jeune femme est loin de me faire peur ou de m'inquiété. Que du contraire, il me fascine! Il est si rare de voir ce genre d'expression sur le visage des poupées de porcelaine et ce contraste me procurerait des frissons si j'était capable de ce genre de réaction purement humaine. Je me rappelle pourtant si bien de ce que c'est que je parviens à laisser ce sentiment envahir tout mon corps. Un sourire se dessine également sur mon visage et plus que tout autre chose il annonce ma satisfaction. Je suis pris entre deux feux au sens propre comme au sens figuré.

Maleficient-Je me suis trompée oui, je n'ai jamais été très bonne pour ce qui était de comprendre le fonctionnement normal des choses et des gens. Je me suis rebellée chaque fois qu'on a voulu me forcer à m'assimiler. J'ai voulu m'assimiler chaque fois qu'il n'en était pas question. C'est vrai. Je me suis souvent trompée d'un certain point de vue. D'un autre je ne me suis jamais trompée moi-même. Si je me suis arraché le cœur ce n'était pas pour ne plus souffrir. Je l'ai fait parce qu'à un moment donné, je n'ai pas eu d'autre choix... biologiquement. Si je ne l'avais pas arraché, c'est tout mon corps qui aurait été gagné par la gangrène. Au sens propre. C'est arrivé parce que j'ai sous-estimé ma propre sensibilité et elle m'a emportée beaucoup plus loin que je ne le souhaitais au départ. Je ne me dédis pas de ce que j'ai fait, puisque je l'ai fait. J'ai maudit un homme avec toute ma détresse et j'ai été dépassée par ma magie, trop carencée pour ne pas me laisser emporter. Mais ça n'est pas un mal en soi...

A ces premières paroles, je me laisse allé à un éclat de rire sombre et plus pour moi même que dirigé à son intention. Alors mademoiselle ne se sens pas à sa place? Elle ne comprends pas les gens et les choses? Mon rire s'éteinds aussi brusquement qu'il à commencé. Je sais très bien de quoi elle parle et je pourrais être de ceux qui tenterait de la remettre en place, qui lui diraient qu'elle est trop jeune pour connaître la peine, qu'elle ne sais rien de rien ....mais, non. Si elle en est venue à s'arracher le cœur qui suis je pour remettre quoi que ce soit en cause? La pire peine que l'on connait reste notre pire souffrance, celle des autres on s'en fiche. Sa peine! la sienne, la mienne...celles que l'on à tous au fond de nous.

Maleficient-La magie a un prix. Il fallait que je l'apprenne d'un manière ou d'une autre.

Je penche la tête sur le côté. Chaque chose à un prix ! Je connais bien celui des flammes, celui de prendre des vies, celui de la nuit. La magie est plus ou moins un mystère pour moi mais si je viens à la comparée au feu, je peux en mesurer toute l'ampleur. Source de grandeur, de réconfort comme de destruction et de ravages. Le but est de ne pas perdre pied et il me semble que c’est le chemin qu'elle à suivi! Serait elle plus forte que moi? Douce et frêle mais capable de tout pour ne pas sombrer dans la folie? Je serre la mâchoire, mon regard brille d'une intensité furieuse.

Maleficient-C'est là le prix dont je parlais : il ne peut être que là où il est supposé être mais il ne peut plus être là où il devrait être...

Je hoche la tête mais je me sens perturbé par la peau brûlante de sa main contre la mienne inlassablement glacée. L’étreinte du feu. Je ne laisse que Silver me touché et lorsque que j’effleure la peau d'un humain il ne reste pas chaud bien longtemps. Je serre alors les doigts plein de...vie qui sont entre les miens.

Vicerys-Je comprends parfaitement. Tu as eu raison et je ne peux que saluer ton courage et ta force de caractère.Tu ne me semble pas folle et c'est le principale luxe à t'offrir. Tu est saine d'esprit!

Je lève ma main libre à coté de son visage et tapote son front du bout de mon index. On ne peut pas en dire autant de ma propre santé mentale. Je jette un bref coup d'oeil vers les flammes. Brûler sa famille, il parait que c'est un signe de folie. Aimer autant que je suis capable d'aimer tout en montrant de parfait signe d’indifférence face au reste du monde...ça aussi c'est de la folie. Je ne comprendrai jamais ou est la ligne à ne pas franchir, la limite à ne pas dépassée. Qu'est ce qui est folie ou ce qui ne l'est pas. Aux yeux des autres du moins! Car selon ma propre définition tout est différent et la personne en face de moi n'est définitivement pas folle mais plutôt plus lucide que le reste du monde. Elle est mienne, pas de retour en arrière possible. Qu’elle que soit l'issue, qu’elle que soit l'exutoire, elle est à moi. Pris d'une bouffée de confiance frôlant la clairvoyance, je reprends la parole.

Vicerys-Donc cela ne t'empêche pas de souffrir ...pas d'aimer ou de haïr...Ce cœur ne sert à rien si il est le symbole de ta perte. Pourquoi le préserver? Crois tu pouvoir faire marche arrière un jour? On apprends à vivre sans un bras ou un rein alors toi aussi tu apprendra à vivre sans lui...à tel point que plus jamais il n'aura sa place la ou il devrait être !

Je jette un coup d’œil à la boîte avant de fixer mon bien droit dans les yeux.

Vicerys- Mon avis c'est que sa place est la...

Mon regard se dirige vers le brasier. C'est peut être une solution extrême mais je ne vois pas les choses dans la demi mesure. Tout ou rien !

Le froid de ses doigts mordre à travers sa peau comme une bouffée d'air glacé à travers ses poumons. Elle serre également en retour comme toujours prête à rendre tout ce qu'on lui donnait. Coup pour coup. Caresse pour caresse. Mais qui serait risqué à mettre la main dans le feu pour dispenser une caresse? Personne jusque là.

« Je comprends parfaitement. Tu as eu raison et je ne peux que saluer ton courage et ta force de caractère.Tu ne me semble pas folle et c'est le principale luxe à t'offrir. Tu es saine d'esprit! »

Ses yeux gris plongent d'autant plus profondément dans les yeux du vampire. Ils s'enfoncent comme deux poignards méfiants mais, quand elle ne rencontre finalement aucune forme de moquerie ni d'incrédulité, le doute s'empare d'elle. Elle regarde avec défiance cette main qui se lève vers elle mais il ne fait que lui donner une drôle de tape sur le front. Amicale. Ou... elle ne sait pas trop en vérité. En vérité au bout de cet index, elle a l'impression de devenir cette Maleficent honnête et bien intentionnée qu'elle avait voulu donner à Ash. Mais différemment. Cette fois-ci n'a rien d'effrayant. Au bout de cet index il semble qu'elle puisse vivre ou mourir indifféremment mais surtout, tranquillement.

« Donc cela ne t'empêche pas de souffrir ...pas d'aimer ou de haïr... »
« Haïr c'est certain. Aimer... je ne sais pas. Aimer est toujours plus difficile. »

Elle l'interroge du regard comme s'il avait la réponse à cette question qu'ils se posent ensemble. Aimer a toujours été plus difficile. Surtout quand on est soi même quelqu'un de difficile à aimer.

« Ce cœur ne sert à rien si il est le symbole de ta perte. Pourquoi le préserver? Crois tu pouvoir faire marche arrière un jour? On apprend à vivre sans un bras ou un rein alors toi aussi tu apprendra à vivre sans lui...à tel point que plus jamais il n'aura sa place la ou il devrait être ! »

Au plus profond d'elle, là où se tient le vide dévorant, elle sait qu'il a raison. Ce coeur est un poids qui la leste et lui fait perdre pied. Mais est-il possible de vivre sans un coeur. Vraiment? Ses yeux se reportent sur le baguier d'amourette et doucement elle l'ouvre, regarde l'organe palpitant qui rougeoie d'une couleur à la fois éclatante et lugubre. Il bat. A son rythme. Pour lui seul. Mais au fond d'elle elle ne sait pas ce qui se passerait s'il cessait de battre.

« Mon avis c'est que sa place est là... »

Ils détournent ensemble le regard vers le feu. Elle hésite puis finalement s'en remet à lui, peut-être justement parce qu'elle sait qu'elle ne devrait pas mais prendre le risque c'est vivre plus intensément que n'importe qui, fut-ce pour une fraction de seconde qui vaudrait cent mille vies.

« Si tu ne me tues pas tu me rendras immortelle... », lui souffle-t-elle en posant le coeur battant dans le creux de la main du vampire...

« Haïr c'est certain. Aimer... je ne sais pas. Aimer est toujours plus difficile. »

« Si tu ne me tues pas tu me rendras immortelle... »

Bien évidemment ! Je ne peux rien refuser à celle qui est mienne...

Ne soyons pas totalement inconscients !

Lorsque les longs doigts roides du vampire se referment sur son coeur, Maleficent les sent, aussi bien que s'ils s'étaient refermés sur sa gorge où que s'ils avaient risqué une caresse sur sa joue rebondie. A cet instant elle comprend qu'elle risque tout et rien à la fois. Que se passe-t-il s'il livre son coeur aux flammes ? Que se passe-t-il s'il n'en fait rien et le garde pour lui ?

Il serre un peu plus son étreinte. Elle étouffe légèrement mais ne dit rien. Faut-il être si téméraire pour se croire au dessus des lois de la mortalité ?

« Bien évidemment ! Je ne peux rien refuser à celle qui est mienne...»

Elle sourit, se délectant de ce qu'il a pris dans ses mots et qui n'y était pas. Ce n'est pourtant pas comme si elle s'était adressée à un mortel. Elle aurait dû l'anticiper mais peut-être était-elle trop fascinée par cette sombre noirceur qui émanait de lui. Immense comme l'ombre dans laquelle elle aspirait à s'envelopper. Alors elle le laisse percer son poignet. Être immortelle, elle n'y pensait pas il y a une fraction de seconde sauf comme une blague sans chute, lancée à elle même. Être immortelle. Sans doute. Par le sang ou le feu quelle différence ?
Ses yeux clairs reflètent les lueurs du brasier derrière eux comme ils se délectent de la belle couleur de velours du sang. Est-ce un ultime défi à son père que de poser ses mains sur ce poignet offert? Non. Elle ne pense à rien d'autre qu'à ce qu'elle est en train de faire sur l'instant et sans doute que lui, le vampire, le perçoit mieux que quiconque.

« Ne soyons pas totalement inconscients ! »

Avec une lenteur toute calculée, Maleficent embrasse les quatre petites entailles qui suintent généreusement le précieux liquide vermeille et semblent ne demander qu'une chose : qu'elle boive son immortalité de cette ombre qui doit devenir la sienne. Mais quand son coeur s'écrase dans celui du brasier, une douleur infernale la frappe comme un coup sur une enclume de porcelaine et c'est un cri tout droit sorti des enfers qu'elle offre à Vyceris et à la noirceur de la nuit.

Elle se détache de lui, brusque et tourmentée mais elle est superbe dans l'énergie qu'elle donne à son agonie. Ses ongles s'inventent griffes délicates et transparentes pour déchirer ses épaules comme elle se serre en camisole pour étouffer l'insupportable supplice. Mais rien y fait. Les genoux dans l'humus, bientôt elle rampe vers ce brasier qui exhale une odeur de chair calcinée et soupire de mille cris d'horreur. Les flammes grandissent et bientôt, dans ce drôle de rituel, elles prennent jusque dans les arbres, immenses gerbes voraces versicolores. Alors il lui semble que le feu est en elle, et qu'il a fait de ce vide en elle l'âtre maléfique d'où il va la cuire de l'intérieur. Et tandis que les hurlements des flammes gagnent en puissant les siens s'étouffent et deviennent crissements de porcelaine. Son corps se raidit. Son souffle la quitte par le même trou béant qui dévore sa poitrine et par lequel elle a amputé son propre coeur. Enfin, c'est la peau qui épaissit, se solidifie et quand cet abominable processus s'achève, Maleficent retombe face contre terre, immobile.

Son corps est dur comme la porcelaine dont il semble fait. Il est encore brûlant comme de l'argile tout juste sortie du four. Les griffures sur son torse ont laissé une trace grisâtre toute fine. Une simple rayure sur une poupée de porcelaine à la magnifique crinière de feu.

Le brasier s'est lui aussi éteint tout à coup. Il semble que dans ses cendres et ses braises il rougeoie encore un peu mais il les a plongé dans le noir. Seuls.

La bouche de Maleficient viens recouvrir mon poignet provocant en moi un frisson indéfinissable. Lié à ce cœur que je jette dans les flammes, je pourrais dire que je me sens proche de l'orgasme...Sauf que c'est une chose que je n'aie jamais connue donc qui suis-je pour me croire capable de l'atteindre !?! L'extase s'empare cependant de moi, emplissant mon corps de sentiments insoupçonnés. Des vagues de satisfaction, un réconfort inattendus. Je me sent entier et complet pour la première fois depuis longtemps. C'est le cris déchirant de la demoiselle qui me rappelle à l'ordre. Que suis je donc en train de faire? Elle s'éloigne de moi. Je la vois devenir...folle et je m'en sent littéralement pétrifié. Incapable de bouger j’assiste au spectacle coincé dans un état entre la fascination et la terreur.

Je ne suis aucunement certain de l'issue de cet enchaînement d'actes et de paroles. Va t'elle devenir comme moi? Va t'elle simplement mourir de la vraie mort? Va t'elle restée la même? Trop de questions auxquels il aurait été plus sage de répondre avant d'agir. Moi qui me croyais prévoyant ! Je fais un pas en arrière alors que je vois Maleficient ramper vers les flammes, je devrais la retenir...je devrais agir mais, je n'en fais rien. Comme un enfant qui viens de faire une bêtise et qui ne sais pas comment revenir en arrière pour éviter de se faire gronder. Un léger grognement sourd s'échappe de ma gorge alors que le battement de cœur disparaît totalement de ma perception.

La voila qui s'écrase face contre terre. Je me souviens alors des électrochocs que l'ont m'infligeais à l'asile. Cela ressemble à ce que je ressent à cet instant. Comme un flash de réalité qui vous secoue pour vous obscurcir finalement un peu plus encore l'esprit. Je bondis et m’agenouille aux coté de la rousse. Je ne comprends pas, je ne sais pas, je ne sais rien. Je me surprends à rire nerveusement alors que mes mains maladroitement tentent de l’amenée à moi. Les flammes cessent subitement d'illuminer les lieux. Je passe mes doigts dans la chevelure de Malficient , toujours aussi flamboyante. Plus encore! Je pose un baiser sur front, un second et un troisième.

Vicerys - Reviens moi ! Sous quelque forme que ce sois, je n'en ai rien à faire mais ne me laisse pas comme ça.

Je suis totalement incompétent. On ne m'a jamais appris à faire ça et j'ai si peu de souvenirs de ma propre transformation. J'ai aimé ça cependant, c'était si semblable à la brûlure mais je n'ai aucun souvenir des détails pratique. Dois je la mordre? A t'elle ingérer assez de mon sang? Que dois je faire? Dans le doute j'approche à nouveau mon poignet ensanglanté de ses lèvres en espérant voir une réaction. Elle est pâle, si pâle...De ma main libre je caresse ses cheveux et la berce lentement du mouvement de mon corps. Il est fou de constater qu’elle me sois déjà presque indispensable.

Mourir était un peu comme s'enfoncer dans la vase. D'abord un instant de panique, puis de résignation, puis le noir complet. Puis plus rien. Du moins c'était ce que Maleficent attendait après le noir complet. Dans son corps de porcelaine, la dernière née des Mc Swann se croit capable de verser encore une larme avant la fin mais non. Rien ne vient. Ni les larmes, ni la fin. Sa malédiction lui interdit de mourir avant l'accomplissement de ses sombres promesses. Ce faisant, elle lui interdit de jouir pleinement au cadeau que Vicerys a voulu lui faire mais la voix du vampire porte jusque dans l'encre épaisse des ténèbres qui entourent Maleficent. Quelque chose en elle, cette part de mal à l'état pur, se nourrit de la détresse du vampire comme d'un nectar divin. Mais c'est à la minuscule étincelle de vie qui s'obstine que Vicerys semble parler. Maleficent ne peut rien répondre, figée dans ce corps de poupée, son propre corps. Son cercueil.

Ce n'est que lorsque le sang coule à nouveau dans sa bouche, glissant avec aisance sur la porcelaine sans même qu'elle n'ait à faire quoique ce soit, qu'un semblant de souplesse s'insinue à nouveau en elle. Alors, d'instinct, elle lève sa main vers la nuque du vampire pour l'attirer contre elle avec le peu de force qu'il lui a donné. Son corps contre le sien à elle parait chaud. Fébrilement, elle pose ses lèvres contre sa gorge dans un baiser étrange avant de mordre de toutes ses dents pour faire couler ce sang salvateur à flot dans sa bouche. Alors il lui faut seulement quelques instants pour que sa peau retrouve sa souplesse et que son corps s'éveille à nouveau à la vie.

Doucement, elle le renverse pour s'allonger sur lui et boire encore et encore. S'il ne la repousse pas, elle ne s'arrêtera pas d'elle-même. Impossible. Le sang a le goût de l'extase et le velours de l'hypnose. Quand elle le serre dans ses bras, c'est comme si elle imaginait pouvoir ne faire qu'un de leur deux corps dans même qu'ils se soient touchés et à ce moment, l'image misérable de son amour maudit ne lui revient pas une seule fois.

» joshua; these are hard times for dreamers.

Astonishing Panorama of the End Times ft Maleficient

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