Famille
Les familles heureuses se ressemblent toutes;
les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon.
◢ famille : Les membres de la famille de Castiel peuvent se compter sur les doigts d'une main mais n'allez pas croire que leur nombre gène en quoi que ce soit les rêves de grandeur du jeune loup. Quand il est né, Castiel est le premier d'une portée de cinq loups. Il y avait avec lui, trois frère et une sœur. Sur les quatre garçons qu'ils étaient, seul Castiel et Haziel ont survécu ainsi que l'unique fille de la portée, Vasariah. Malheureusement la jeune louve s'est fait tuer par un chasseur après un siècle et demi de vie.

Haziel Morgenstern Cinquième de la portée, Haziel a toujours été le préféré des quatre autres loups même si aux yeux des parents, chaque enfants étaient uniques et se valaient dans leurs cœurs. Malgré tout ses efforts, Castiel passait toujours après son petit frère de quelques minutes et ce dernier le surpassait dans toutes les tâches qu'ils entreprenaient. Pour faire bonne figure, l'aîné se dit très proche de son petit frère alors qu'en vrai, il le déteste pour le rabaisser constamment. Il se transforme en loup gris foncé avec les mêmes chaussettes noires que Castiel.

Vasariah Morgenstern Morte il y a maintenant cinquante ans, Castiel n'a jamais vraiment réussi à surmonter cette perte. Très complémentaire, les deux loups ne se séparaient presque jamais. Une complicité exceptionnelle s'était forgée entre eux au fil des années passées et la belle louve était la seule à toujours croire en Castiel, ce qui lui a donné la force de continuer à se fixer des buts de plus en plus ambitieux. Elle se transformait en louve entièrement blanche aux yeux verts.

Pensine
Keep your friends close and your ennemies closer.



Une douleur cuisante palpitait dans sa cage thoracique, sa pommette droite, son genou gauche et lui brûlait l'ego une nouvelle fois. Une nouvelle fois il venait de se faire humilier par son cadet qui triomphait devant sa victoire pathétique, un sourire mutin aux lèvres et une flamme moqueuse au fond de la pupille. L'aîné cracha un peu de sang, et sûrement un bout de dent, sur un tronc d'arbre de la forêt dans laquelle il venait mesurer leurs forces et leurs progrès quand des applaudissements retentirent juste à côté des jeunes hommes torses nus, en sueur et en sang. « Là je reconnais bien la fougue de mon jeune fils ! » s'exclama le paternel des deux loups qui s'affrontaient il y a encore quelques minutes. C'était devenu une habitude ces rendez-vous nocturne dans la forêt où les deux survivants mâles de la portée Morgenstern se battaient pour voir lequel des deux étaient le plus fort, le plus rapide, le plus malin, bref le meilleur. Une accolade brève fut attribuée au vainqueur par les deux parents, le couvrant d'éloges par la même occasion tandis que Castiel ramassait sa chemise de coton et s'en allait sans plus de cérémonie. Plus il s'enfonçait dans la forêt, plus il fulminait contre son cadet qui le surpassait sans contexte dans tous les domaines. Cette simple pensée lui hérissa le poil des bras et de rage, il balança son poing déjà abîmé dans le creux d'un arbre. Son bras passa à travers le tronc et il grogna en retirant son avant-bras désormais décoré d'échardes plus ou moins grosses.

Il soupira avant de se laisser tomber dans un tas de feuille de mortes, appréciant la douleur qui occupait ses pensées à la place d'Haziel et son air suffisant. Un craquement de brindille attira son attention pendant un instant puis un courant d'air lui amena une odeur qu'il connaissait bien et sans même relever la tête il dit « Tu peux venir Vasariah, je sais que tu es là. » Un trottinement dont il aurait reconnu chaque pas s'approcha alors de lui et bientôt apparu dans son champ de vision, une louve entièrement blanche qui posa sur lui un regard bienveillant. Malgré ça, il tourna la tête, un air boudeur collé sur le visage. « J'ai trouvé que tu avais amélioré ta garde. » Il haussa les épaules devant la réflexion de sa sœur et ne répondit rien. Dans ce genre de moment, les paroles entre les deux loups n'étaient pas nécessaire. D'un simple coup d'œil ils étaient capables de communiques clairement et Vasariah savait très bien que peut importait ce qu'elle allait dire, cela n'aiderait en rien le moral de son frère à remonter. Alors, comme une mère s'occupant de son enfant, elle prit son bras et entreprit de retirer toutes les écharpes une à une, laissant la peau se reconstituer au fur et à mesure que les bouts de bois se retrouvaient dans le tas de feuilles mortes. « Je le déteste tu sais. » finit-il par lâcher sans même sourciller. « Je sais. » Pas de jugement, pas de sermon inutile. Juste une compréhension muette et une aura de calme qui aurait réussi à tempérer n'importe quel loup sauvage.

Drôle de famille que ces trois là.

→ juillet 1679
Aucun minimum, aucun maximum d'imposer.
Veillez juste à rester raisonnable.



→ novembre 1838
« Non. T'as pas le droit. Écoute moi bien, t'as pas le droit, je te dis. Je t'interdis de mourir. » Le ton était dur, sans appel, comme un ordre lancé par un capitaine à un soldat mais la voix se brisa pour laisser place à une supplique jetée dans le vent, balayée par la pluie. Une larme s'échappa de l'œil du jeune homme pour venir s'écraser sur la joue pâle de sa sœur qu'il tenait dans ses bras. Elle esquissa un sourire fatigué avant d'essayer de tendre la main vers le visage de son frère. C'était la première fois qu'elle le voyait pleurer, lui si fier, si masculin, qui ne laissait jamais filtrer ses émotions, elle était presque heureuse de partir avec comme dernière image, les larmes aux coins des yeux Castiel. « Tu vas voir, je vais t'aider à enlever cette balle et tu guériras, comme d'habitude. Tu guériras et on chassera ensemble ceux qui se sont enfuis, d'accord ? » Il se pinça les lèvres pour ne pas laisser échapper le sanglot qui montait doucement dans le fond de sa gorge, être fort, ne pas fondre en larmes devant elle, la rassurer, toutes ces idées se bousculaient dans sa tête mais il ne parvenait pas à y faire le tri. Il sentait le sang de Vasariah s'échapper par la blessure qu'avait laissé la balle sur son passage. Les doigts recouverts de liquide carmin, il baissa le regard sur la plaie, espérant apercevoir l'éclat argenté caractéristique des projectiles de chasseur mais dans le fouillis des muscles, des nerfs et du sang qui s'écoulait de la plaie, il n'apercevait rien. Les larmes brouillant sa vue ne l'aidait pas vraiment non plus.

Doucement elle secoua la tête pour lui signifier son désaccord, il se mordit l'intérieur des joues pour ne pas couiner comme un louveteau sans défense. « Je ne vais pas m'en sortir cette fois Castiel. » Les efforts que ces simples paroles lui demandaient raccourcissaient inexorablement son temps de vie. Elle toussa, un sursaut la secoua, du sang coula de sa bouche et ruissela sur ses joues blanches. « Je crois en toi mon frère. » Un dernier sourire, elle toussa encore puis ne bougea plus. Serrant le cadavre encore frais de sa sœur contre lui, Castiel ne réussi plus à contenir ses larmes et empêche sa douleur et son chagrin dans les cheveux blonds de Vasariah. La pluie se renforçait au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient mais le jeune loup n'arrivait pas à lâcher le corps de sa sœur, ne sachant comment dire adieu à celle qui l'avait accompagné dans vie pendant plus d'un siècle et demi. Plus de cent cinquante ans à vivre ensemble alors qu'il avait suffit de quelques minutes pour qu'il la perde à jamais. Un dernier cri déchirant adressé aux cieux puis le jeune homme sécha ses pleurs.

Il avait un enterrement à préparer.



→ août 1888
Un rictus mauvais étira le coin de sa bouche quand il vit la grimace de douleur se peindre sur le visage de l'homme en face de lui. Se délecter de la souffrance des autres avait toujours été un trait particulier de la personnalité de Castiel mais dans un monde de loups sauvages, son monde, on apprenait à faire avec. Lentement il passa la langue sur ses lèvres pour recueillir la moindre goutte de sang qui était à portée puis s'accroupit face à l'homme pour être à sa hauteur. D'après la position de ses jambes, le loup pouvait très bien deviner qu'il avait au moins trois factures dans l'une, deux dans l'autre, son bassin devait sûrement être fissuré à plusieurs endroit et sa colonne vertébrale n'était certainement pas belle à voir. Il souffrait, il en était certain, et n'était pas prêt à mettre fin à son supplice. Il était comme un chat s'amusant avec sa proie un long moment avant de l'achever de façon brutale et cruelle. Doucement, il avança sa main vers la jambe de l'homme qui gémissait d'avance face à la manœuvre puis d'un coup sec, le loup abaissa son poing juste au-dessus du genou du chasseur et tandis que son cri résonnait dans la ruelle sale et déserte, on pouvait entendre se joindre à cette complainte, le rire du descendant Morgenstern et le sinistre craquement d'un os qui cède sous le poids d'une force inhumaine. En un éclair, le jeune homme se pencha vers le traqueur et chuchota à son oreille « Je sens qu'on va bien s'amuser cette nuit. »

D'un coup d'œil sur le côté, le jeune homme avisa un couteau et à l'instant où il se releva pour aller le chercher d'un pas nonchalant, un bruit de coup de feu retentit suivi d'une douleur fulgurante qui lui traversa l'épaule gauche, juste un peu au-dessus du cœur. Malgré le sang qui commençait déjà à couler de la plaie, le loup se retourna et en un éclair était déjà sur l'inconscient qui avait cru bon d'essayer de stopper la mise à mort du chasseur. D'un revers de la main, Castiel envoya valser le revolver quelques mètres plus loin et à peine croisa-t-il le regard de son opposant qu'il remarqua que c'était en fait une opposante. « Première leçon sur les loups, toujours utiliser de l'argent. Deuxième leçon, toujours viser la tête. » De nouveau un sourire carnassier et d'un tour de main il attrapa une poignée de ces longs cheveux bruns pour l'entraîner vers celui pour qui elle venait de se jeter dans la gueule du loup. « Non, pas elle. » un souffle rauque, une supplique de la part de l'homme qui venait de prendre dix ans tant la douleur tordait son visage. « Tue-moi mais laisse partir ma fille. » Il y eu un léger moment de flottement avant que le jeune homme ne comprenne la situation. Un flottement qui permit à la jeune femme de s'échapper puis il éclata de rire tandis qu'une idée germait lentement dans sa tête et que la brunette se précipitait pour aider son père.

« Sauve-toi Evaëlle. Cours. » souffla difficilement le paternel. À peine la phrase fut-elle prononcée que Castiel se jeta sur la dite Evaëlle, lui saisissant de nouveau les cheveux et l'épaule, il dégagea tant bien que mal sa nuque et sans prononcer le moindre mots, il planta ses dents dans la chair tendre de la gamine qui se débattit un instant avant de sombrer dans l'inconsciente face à la douleur engendrée. Le paternel poussa un cri déchirant quand il comprit la situation mais le jeune homme ne lui laissa pas le temps de réagir, pour le peu qu'il pouvait faire, puis d'un geste rapide du poignet, lui retourna la tête dans un craquement sinistre et sonore. Ce jeu ne l'amusait plus vraiment de toute manière. D'un mouvement un peu plus lent, il s'agenouilla à côté du corps de celle à qui il venait d'offrir le don de lycanthropie. Peut-être venait-il de faire une bourde qui le poursuivrait de longues années mais le regard de défi et de force qu'elle lui avait lancé alors qu'elle venait de lui tirer dessus lui avait plu. Il savait qu'elle serait une battante, une louve digne de lui. Et transformer la fille d'un chasseur n'était pas donné à tous les loups que l'on pouvait croiser, la vengeance qu'il obtenait à travers la vie tourmentée de sa mordue valait toutes les peines du monde qu'elle pouvait lui infliger. D'un geste las, il repoussa une mèche qui barrait le visage de la belle et esquissa un sourire devant tant de beauté figée teintée de rouge. Oh oui, il allait regretter amèrement ce qu'il venait de faire.