Je n'avais plus qu'une envie ; laisser le vent me porter jusqu'à ma perte. Peut-être était-ce mon égoïsme qui prenait le dessus sur les espoirs cachés, mais il fallait avouer qu'un tel manque n'était permis. Son regard s'envolait en même temps que ma mémoire, nos déboires in-lassant s'éparpillaient tout au fond de mon cœur comme s'ils étaient insignifiant. Je regardais son visage et mon sourire se dissipait immédiatement. Nous nous parlons peu mais chaque mot est un supplice. Ami. Mais que veut dire ce mot s'il engendre la souffrance ? Nos souvenirs m'oppressaient le cœur et je me sentais aussi fragile qu'une poupée de verre. J'écoutais ses mésaventures et les miennes restaient floues. Je n'avais plus la force de m'expliquer, alors j'écoutais. Je me laissais envahir par des sentiments néfastes qui ne servirait en rien mon bonheur.

Mais je n'avais qu'une idée ; Kyle. Mon cœur n'appelait qu'une seule personne ; Kyle. Ma vie commençait peu à peu à devenir semblable au cimetière lugubre dans lequel se trouvait mes grands-parents. Ma peine aussi semblable que celle éprouvée ce jour là s'intensifiait de jour en jour, créant comme un monde parallèle où je ne serais que seule martyre. C'est idiot comme on se rend facilement compte de notre égoïsme lorsqu'on souffre. On ne voit que par nous, nous et encore nous sans même se soucier de ce que pourrait avec le voisin. Mais je m'en fou, je veux Kyle. J'ai toujours eu facilement ce que je désirais, sauf mes parents. Toute les choses qui me sont vitales s'envolent en même temps que mes ébats. Les oiseaux par milliers m'appellent, mais la peur du vide que je ressens me retiens. Je ne peux avancer sans son sourire, sans sa confiance. Mes phobies me rattrape et je deviens sensible à tout, aussi fragile qu'un poussin, il n'est plus difficile de m'attirer dans ses filets.

J'aimais pourtant quand il me caressait délicatement les cheveux entre deux mèches rebelles. J'aimais quand il me susurrait un « je t'aime » à l'oreille, quand il me disait que j'étais la plus belle. Quand, le matin venu, il me réveillait avec le plateau déjeuner en main. J'aimais nos journées passées à rire et à critiquer ses poils de nez. Je savais qu'on était idiot, mais lui même s'amusait. J'aimais nos journées ensemble, mais aujourd'hui il semble les avoir oublier. J'aimais quand il me portait le long des escaliers évitant les marches pièges surtout lorsque Audrey nous poursuivait. J'aimais ses petits yeux et son sourire en coin qui voulait tout dire. J'aimais cette complicité alarmante qui me donnait des idées de vieux couples. J'ai aimé nos un ans, et j'aimerais davantage qu'une seconde s'annonce. J'aimais cette incertitude qui régnait dans son regard comme j'aimais l'orienter dans ses choix, j'aimais nos cours de potions passés ensemble à faire et dire n'importe quoi qui pourrait énerver le professeur. J'aimais son côté enfantin et sérieux à la fois. J'aimais ses idées et ses plans foireux qui se terminaient toujours dans le bureau du concierge, ces nuits d'évasions où on n'avait que pour compagnons les étoiles.

J'aimais je n'oublierais ces souvenirs. Mais à chaque tournant, un souvenir s'annonce. En un ans, on a eut le temps d'explorer bon nombre de pièce du château, et chacune d'elle comporte des déboires, des déboires qui s'annonce à chaque fois nostalgique. Je me perd, à chaque fois j'ai l'impression de me noyer dans un labyrinthe sous-marin. Je ne peux nager jusqu'à la surface tellement les algues qui me retiennent sont nombreuses. Tout ce qu'il me fallait, c'était qu'il vienne me sauver. Que Kyle vienne me sauver.