- « Mouahah ! Elle est VIVANTE ! »

Un rire perça la quiétude des extèrieur de Poudlard. Un rire qui se voulait inquiétant, intriguant et voire même glauque pointa au travers des fourrages des plantes entreposées dans la vieille serre. L’atmosphère prit alors une tournure suspecte d’où une noirceur extrême pouvait s’en échapper. Le moindre crissement semblait suspect et troublant. Quelle créature pouvait donc bien se cacher derrière ? Contre les carreaux de la serre tapaient légèrement, par à-coups irréguliers, les branches feuillues des arbres qui couvraient les allées entre les différentes serres. La mise en place d’un scénario d’horreur. L’oppression commence à se faire ressentir. Vous frémissez. Les poils de vos bras commencent à se redresser en signe de froid… ou d’appréhension. Vous déglutissez en vous retenant de tousser car vous venez de vous étouffer. Mais que vous arrive-t-il ? Avez-vous peur ? Que peut-il donc bien se cacher dans la serre numéro 4 de Poudlard ? A quelle expérience extravagante le professeur est-il en train de se frotter ? Qu’est-ce qui peut bien être vivant ?

Le soleil de Septembre déclinait au fur et à mesure que les aiguilles se rapprochaient du diner. Une légère teinte de rose bordée le ciel, indiquant la fin de journée. Les cours ayant repris quelques semaines plus tôt, les soirées des étudiants étaient plus tranquilles que d’accoutumée… mais pour combien de temps ?! Les premiers devoirs avaient fusés. Les premiers sortilèges. Les premières métamorphoses. Mais rien de bien stimulant. Absolument rien. Les cours ridaient le visage des élèves, comme l’aurait si bien dit la cousine de Cathy. En parlant de cette dernière, elle se tenait la tête entre ses mains tout en se mordant les lèvres pour éviter de geindre comme elle détestait si souvent l’entendre.

« Pourquoi t’as fait çà ? » Tout en se massant le cuir chevelu, la jeune fille exprima ses paroles par un air boudeur des plus convaincants. Douze années d’expériences.
« Parce que ton imitation du Docteur Frankenstein était pathétique ! » Répliqua Thomas tout en remettant ses lunettes correctement en place sur son nez et se replongeant dans sa lecture, comme si une mouche l’avait simplement dérangé.
Relevant le nez de sa métamorphose sur les pieds d’un bulbiote, Alexandre rajouta son grain de sel habituel. « C’est qui Doc’ Frankes’ ? Son rire ressemblait plutôt au stéréotype moldus des sorcières. Vous savez, avec la grosse verrue et les poils affriolants. Tu devrais essayer, Patloche serait encore plus fou amoureux de toi ! » Tandis que les deux garçons furent pris d’un franc éclat de rire, Cathy se défendit seulement un pinçant l’avant-bras d’Alexandre.

Néanmoins, le rire fut de courte durée car un étrange bruit l’interrompit. Bref et sec, on aurait dit qu’un pot venait de se renverser. Tous les trois conscients qu’ils ne devaient pas se trouver dans la serre en-dehors de ses heures ouvrables – soit durant les cours -, chacun prit silencieusement ses affaires personnelles en prenant soin de ne faire aucun bruit en particulier. La punition ne pouvait pas être bien sévère mais dès le début d’année… Thomas ne tenait en aucun cas à avoir une tâche noire dans son dossier, Alexandre s’en fichait mais ne voulait pas inquiéter sa mère trop protectrice et aigrie et Cathy ne souhaitait aucunement voir son image de jeune fille modèle partir en éclat pour non-respect du règlement. Peut-être aurait-elle eu plus de reconnaissance mais si on savait que c’était pour expérimenter une nouvelle technique de botanique à base de potions et de métamorphose… non, il ne fallait mieux pas. Les apparences sont souvent trompeuses et en réalité, Cathy haïssait jouer la comédie en répondant gentiment à toutes ses personnes autour d’elle. Mais au moins, on la laissait respirer tranquillement. Après quelques regards échangés, les trois compères prirent des chemins différents afin de sortir de la serre le plus discrètement possible.

Enfilant son écharpe autour de son cou, Cathy passa sous l’une des tables en prenant soin de pousser les feuilles tombantes d’un Mécatiosius qui lui obscurcissait le chemin. Après maintes efforts pour échapper au loin du bruit silencieux à rares fréquences qui se faisait entendre, la jeune fille finit par arriver vers la porte de derrière. L’ouvrant délicatement, elle grimaça en se rendant compte que cette dernière grincée. Saloprie de porte. Ni une, ni deux, elle se glissa au dehors en restant derrière un arbre proche afin de voir si Alexandre ou Thomas en sortaient. Bien entendu, le point de rendez-vous se trouvait dans la salle commune mais on ne savait jamais… si l’un des deux avait besoin d’elle. Ne jamais laisser tomber ses amis… même si ceux-ci se résument à deux. Concentrée sur la serre numéro quatre, Cathy ne se rendit même pas compte que quelqu’un approchait, derrière elle. Le curieux de la serre ? Un professeur réprimandeur ? Une vague connaissance ? Une personne en pleur qu’il faudra consoler ? …

Tapis dans l’ombre d’un tronc d’arbre, Cathy avait dû mal à apercevoir un mouvement trompeur en direction de la serre. Il n’y avait rien. Thomas et Alexandre avaient-ils eu le temps de filer ? Et pourquoi les élèves n’avaient-ils pas le droit de tenter eux-mêmes quelques petites expériences ? Après tout, quoiqu’ils arrivent, ils en prenaient eux-mêmes la responsabilité. Que se soit à l’intérieur ou l’extérieur du château, ils n’étaient pas libres. A quel prix pouvait-on acheter sa liberté ? Avoir cette impression de voler ? Cathy ne l’avait jamais ressenti. Elle était toujours tiraillée entre son éducation et sa conscience. Qu’il devait être bon de pouvoir faire ce que bon nous semble. Personne pour crier des ordres derrière soi. Personne pour vous contraindre gentiment sur un chemin que vous n’avez pas choisi vous-même. La liberté devait surement avoir un prix. Il ne restait qu’à savoir lequel. Commençant à se détendre, la jeune fille sursauta en sentant une main sur son épaule. Par pur réflexe depuis qu’elle habitait avec sa cousine auror et protectrice, elle agrippa le poignet sans vraiment entendre les mots prononcés par le jeune homme. Les années de Quidditch lui avaient apporté de la dextérité et de la vitesse, bien que la force physique comparée au poids d’un garçon d’un an son aîné, ne devait pas être comparable. La preuve se produisit en image car Cathy eut du mal à faire bouger le jeune homme de plus d’un petit, minuscule mètre. Et dire qu’elle haïssait quand Alexandre la taquinait sur la faiblesse des femmes. C’était bien vrai et elle en avait la preuve en image. Persuadée qu’il s’agissait de Thomas et Alexandre qui lui fichaient la trouille, Cathy prit sa tête des mauvais jours en se retournant vers la personne…

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle s’aperçut qu’il n’y avait aucun de ses deux amis derrière elle, mais… plutôt un total inconnu de son véritable caractère. La cata’. Au secours. Help ! Rougissant légèrement, Cathy laissa son expression de fureur disparaître sous un masque gêné. Un sourire gêné apparut en même temps qu’elle s’excusa.

- « Désolée… J’pensais qu’il s’agissait de quelqu’un d’autre. Désolée Wright ! Je ne t’ai pas fais mal ? »

Se rendant compte qu’elle tenait toujours le poignet du jeune homme entre ses doigts, Cathy le lâcha tout en agrandissant les yeux. Quelle gourde. Paniquée à l’idée que quelqu’un puisse entrevoir une miette du mensonge qui l’entourait, elle avait toujours fait attention à ses expressions et surtout à contrôler son fort caractère. Une seule chose à faire pour extirper la gêne : parler pour faire oublier l’incident. En réalité, la seule chose qui gênait Cathy était le simple fait que si on découvrait son caractère, rien ne serait plus comme avant. Mais, elle ne devait plus y penser. « Heu… Qui recherches-tu exactement ? »

Reprenant le contrôle d’elle-même petit à petit, Cathy affichait le même petit sourire espiègle qui la caractérisait tant. Commençant à faire quelques pas de côté, elle indiqua à Daemon de le suivre. Après tout, s’il recherchait quelqu’un, ce n’était pas en étant immobile qu’il allait les trouver. Et si Cathy restait un peu trop longtemps dans le coin, elle risquerait de se faire pincer. Cependant, les évènements ne semblaient pas l’entendre de cette oreille. En effet, c’est à cet instant qu’on entendit le fracas de la porte de la serre cogner contre le bois. Apparemment, le professeur venait de sortir et il avait l’air furax. C’était sa faute aussi. S’il n’était pas arrivé si tôt, ils auraient eu le temps de tout ranger correctement. Maintenant, il allait falloir qu’ils reviennent plus tard pour tout nettoyer. Mais le problème semblait coriace car déjà, le professeur se rapprochait d’eux. Elle était cuite. Ils étaient cuits. Il ne restait alors qu’une solution de secours. La mine peinée, Cathy resserra ses doigts autour du poignet afin de rapprocher Daemon d’elle tout en jetant un coup d’œil affolé et furtif vers le professeur qui marchait déjà sur eux. Plus que quelques mètres. « Oh non ! Vite, joue la comédie avec moi, s’il te plait ! » chuchota-t-elle afin d’expliquer ce qui se passait. Cathy n’eut besoin que de déposer ses lèvres sur la joue de Daemon, si près des lèvres que le professeur croirait surement à un rendez-vous amoureux. Sinon, cela passerait pour suspect. Déjà que cela l’était.

« Vous ! Que faites-vous ici ? Vous n’avez pas à vous trouver là ! Retournez dans vos salles communes, immédiatement. »

Au fond d’elle, Cathy protestait en sentant sa petite voix lui murmurait que le professeur de Botanique n’avait pas le droit de les renvoyer puisqu’ils se trouvaient encore dans le parc de Poudlard et que le couvre-feu n’était que bien plus tard. Cependant, elle s’abstient. Comme toujours. Il ne fallait pas trop contredire un professeur. Mais, ses nerfs en avaient de plus en plus de mal. Hochant la tête en jouant la petite fille timide prise sur le fait, Cathy espérait sincèrement que la sentence n’allait pas tomber et qu’il les laissait vraiment partir. C’est ce que le professeur fit pourtant mais après leurs avoir demandé s’ils n’avaient pas vu des élèves sortir de la serre. Finalement, il parti l’air furibond et quasiment en courant, espérant trouver les fuyards. Cathy pria très fort Merlin pour qu’Alexandre et Thomas ne soient déjà rentrés. Se retournant vers Daemon, elle lui intima le pas pour retourner sur le sentier du château. « Viens. Il ne vaut mieux pas trop jouer avec Lurhtum. »

Reprenant son sac qui avait gît par-terre, Cathy encourra Daemon d’un sourire tout en le tirant alors qu’elle ne le connaissait pas plus que cela. Oui, elle l’avait vu quelque fois dans la salle commune mais c’était absolument tout. Cependant, elle lui devait bien çà puisqu’il avait contribué à la sauver, en quelque sorte.

« Désolée, c’était risqué ! Mais, merci de n’avoir rien dis. Tu m’as tiré d’un sacré pétrin. Alors, tu m’as dis que tu recherchais quelqu’un… enfin, deux personnes si je me souviens. Et si on les cherchait ensemble ? J’te dois bien çà. Alors, qui cherche-t-on ? Se sera plus rapide avec une description ou une identité. Je ne prétends pas connaître tout le monde mais… on ne sait jamais.»

Se retournant pour faire face à Daemon tout en marchant, Cathy voulait détendre un peu l’atmosphère et surtout le visage renfermé et dur du septième année. Après tout, il était vrai qu’il s’agisse de sa petite amie ou de sa sœur, il avait ses raisons mais bon… ce n’était pas une raison pour bousiller sa vie. Daemon était connu. Il était populaire, lui aussi. Cependant, la popularité était souvent à double tranchant. Tout le monde vous admire de loin mais les personnes ne viennent vous voir que par intérêt ou alors pour vous pourrir envers les autres. Même si Cathy avait du mal avec certaines personnes, ce n’était pas le cas de tout le monde. Mais, peut-on sauver tout le monde ? « Tu parlais d’une fille et d’un gars que tu allais frapper… Serait-ce ta petite amie ? » La curiosité n'a jamais été un joli défaut...