« Ryan est un jeune homme bien difficile à cerner. La première fois que je l'ai vu il m'a paru plutôt froid et distant. Cette méfiance passée, il s'est révélé être quelqu'un de plaisant et sympathique. Son humour et son dynamisme en font un jeune homme boute-en-train et plutôt dissiper. Il aime s'amuser et sortir avec nous au lieu de rester des heures la tête plongée dans les livres à travailler les incantations et tout autre chose d'ailleurs. Il ne parle jamais de lui, de son passé ni même de sa famille. Impulsif et plutôt renfermé sur ce sujet, les quelques personnes qui ont tenté de lui poser des questions sur ca l'ont rapidement mis en colère. Au fil des ans, j'ai compris après une sérieuse dispute en seconde année que c'était un sujet tabou pour lui. Mais pourquoi ca je ne le sais pas. Avec les filles, c'est tout une histoire. Son côté beau garçon indiscipliné et indécis, réservé sur ses sentiments lui confèrent un charme que les jeunes étudiantes remarquent facilement et aiment. Et puis ses allures de petit frimeur et séducteur de temps à autre ne passent pas inapercues. Mais, je ne connais, à ce jour, aucune fille qui a réussi à prendre son cœur. Il montre rarement son côté sensible et la plupart de ses relations, qui ont été assez nombreuses, se sont soldées par un échec. Ryan met trop de distance et ne se confie que très rarement et ca au bout de quelques mois c'est petites amies n'apprécient guère. Je ne sais pas si c'est une volonté de sa part, d'avoir des relations amoureuses éphémères ou si c'est un problème plus profond. Enfin, Ryan, c'est un étudiant des plus complexes, il est marqué par un caractère lunatique assez fort. Le matin, en lui parlant on ne sait pas vraiment si on va tomber sur un jeune homme joyeux et fêtard ou plutôt sur le garçon impulsif et distant. Aujourd'hui nous rentrons en quatrième année, quatre ans que nous nous cotoyons régulièrement. Et pourtant, j'ai l'impression de ne pas le connaitre vraiment. Il semble passer sa vie à cacher ses sentiments, mais comme on dit les apparences sont trompeuses. Qui est-il vraiment?! »

Ami de Ryan; quatrième année; dix-sept ans

R Y A N : « Maman on arrive bientôt?! C'est fatiguant de rester assis dans une voiture. »
M A M A N : « Ryan patiente un petit peu. On est parti il n'y a pas longtemps et il reste encore un petit bout de chemin. »
R Y A N : « Je ne suis pas fatigué. »
P A P A : « On arrive ne t'inquiète pas. »
M A M A N : « Pourtant il est tard. Cette soirée était fatiguante. Essaie de fermer les yeux mon chou. »

La jeune femme aux cheveux bruns soyeux et au regard d'un bleu transperçant se remit droit sur son siège et regarda la route sombre qui lui faisait face, elle venait de rassurer son fils qui comme elle s'en était douté avant le départ n'était pas très à l'aise en voiture. Son mari assis à sa droite lui sourit tout en restant vigilant de sa conduite. C'était un homme de vingt six ans cheveux blonds et à la carrure athlétique. Ryan, leur petit fils de cinq ans était assis à l'arrière et regardait par la fenêtre le paysage défilé sous ses yeux. C'était plus des formes que le petit garçon pouvait voir, plutôt qu'un paysage bien décrit. Il faisait déjà nuit noire depuis longtemps et la route manquait de lumière, il n'y avait aucun lampadaire. Seuls les feux de la voiture éclairaient la zone et il faut dire qu'avec le brouillard qui tombait peu à peu, la visibilité était plutôt mauvaise et le père de Ryan roulait doucement avec une grande vigilance.

La famille Jefferson revenait d'une soirée donnée par le gouvernement moldu Anglais à Londres. Le père de Ryan travaillait pour le gouvernement et sa présence était obligatoire. Il avait été accompagné de sa femme, qui était une sorcière qui travaillait pour le ministère de la magie dans la coordination avec les moldus. Elle avait rencontré son mari en mission lorsqu’elle avait été envoyée pour une réunion avec les moldus. Bien que Mr Jefferson soit moldu, son ouverture d'esprit et son amour pour la jeune femme l'avait poussé à se marier avec, même si elle était une sorcière, ce que la jeune fille ne lui avait jamais caché. Ryan ne devait pas les accompagner à cette soirée, mais l'envie du petit garçon pour voir où travaillait son père avait eu raison de ses parents qui l'avaient amené avec lui. Ryan n'avait en fait pas vu grand chose de la soirée puisque les enfants étaient restés avec une nourrice dans une pièce pendant que les adultes discutaient et profitaient dans une grande salle. Le jeune sorcier n'avait pas beaucoup apprécié d'être séparé de ses parents toute la soirée et ne voulait plus jamais y retourner. Il ferma les yeux en repensant à tout ca et commença à s'endormir. Il rejoignait doucement les bras de Morphée.

C'est alors que tout s'accéléra. Le petit garçon entendit un grincement de pneu et se réveilla en sursaut. Il regarda devant lui et ne vit qu'une lumière vive qui l'éblouissait. Il ne savait pas ce qu'il se passait. Il jeta un coup d'œil vers son père puis sa mère qu'il ne distinguait presque plus. Tout se passa très vite. Il sentit un choc et malgré le port de sa ceinture, le petit garçon était projeté dans tous les sens. Il se mit à pleurer et à crier, il put voir son père les mains crispées sur le volant tentant de garder la trajectoire de la voiture. Il était trop tard. Le choc avait été trop fort. La voiture fit plusieurs tonneaux et le petit garçon effrayé se retrouva la tête en bas. Il pleurait à présent. Tout se passa à une vitesse qu’il n’eut pas le temps de comprendre. Ryan entendit la voix de sa mère murmurer quelques paroles qu’il ne distingua pas en entier. Il ressentit alors une vive douleur à l'intérieur de son ventre et un halo éblouissant l'entoura. Il ferma les yeux. La voiture continuait à tournoyer. Il ressentit un vide en lui, une vive douleur dans son corps et puis plus rien. Plus de mouvement de la voiture. Il n'osait pas rouvrir les yeux. C'était peut-être un rêve et à présent il était réveillé sur son lit. Le cauchemar avait disparu surement. Non, ce n’était pas ca. Il entendit une explosion au loin, et le petit garçon rouvrit rapidement les yeux. Il était allongé sur le bas côté de la route. Il vit à quelques mètres la voiture en feu. Il ne savait pas comment il avait atterri là mais il comprit une chose, ses parents n'étaient plus là, plus de ce monde. Sa voix se noua et son estomac se serra apportant une vive douleur à Ryan. Il leva la main vers la voiture comme pour attraper quelque chose. Des larmes coulèrent sur son frêle visage. Il murmura avant de perdre conscience:

R Y A N : « Maaamaaan , Paaapaaa »

***

Le petit garçon traversa doucement la porte d'entrée. Il hésitait à avancer plus loin. Il avait tant imaginé se moment. Il en avait à la fois besoin et en même tant il avait peur. Peur de retrouver un lieu qui lui était si commun, un lieu où il avait vécu les cinq premières années de sa vie. Peur d'être submergé par les émotions. En même temps une crainte paradoxale l'avait hanté. Celle de ne se souvenir de rien. De perdre les images de sa tendre enfance. Les gestes de ses parents et leurs parfums. Ne plus se rappeler des différentes pièces et des meubles. La simple peur d'avoir tout oublié. Ryan avait aujourd'hui dix ans. Cela faisait maintenant cinq années que le petit garçon avait perdu ses parents. Il avait survécu à l'accident et eux étaient meurs. Il se souvenait encore des murmures incompréhensibles de sa mère. Cette incantation qui lui avait permis de sortir de la voiture, de se retrouver à l'extérieur. Les premiers mois il avait fait le même cauchemar, la même scène lui apparaissait à chaque fois. L'accident. Les odeurs et les sensations qu'il avait ressenties, il les distinguait bien. Même trop bien. Au fil des années, les cauchemars avaient disparu, les songes s'étaient apaisés et le petit garçon avait trouvé le sommeil plus facilement, un sommeil réparateur. Il n'avait plus peur de s'endormir, d'aller vers l'inconnu. Mais depuis quelques semaines, les cauchemars étaient réapparus.

Son cœur s'accélérait au fur et à mesure qu'il avançait dans le hall. Une boule au ventre accompagnait ses pas et la douleur lui demandait de partir. De courir loin d'ici loin de ce lieu où il avait tant vécu. Pourtant Ryan continua d'avancer doucement à pas feutrés, comme si il ne voulait faire aucun bruit. Ne rien déranger, passer inaperçu dans ce lieu qu'il avait tant connu du bonheur. Le manoir Bentle était à la périphérie nord de Londres, à une vingtaine de kilomètres de la capitale. Bien que personne n'y ait vécu depuis la mort des parents, elle était extrêmement bien entretenue. Ryan ne vit pas trace de poussière ni de toile d'araignée. Rien ne montrait qu'elle n'était plus habitée. Rien sauf les longs draps blancs qui recouvraient les meubles. Ils n'avaient pas été déplacés, juste recouvert pour les protéger du temps et de l'humidité. Ryan contempla le couloir et vit que rien n'avait bougé. L'horloge était toujours au même endroit, tout comme le porte manteau. Il se souvint alors du manteau que son père posait chaque fois qu'il rentrait, du bol où il déposait ses clés. De l'odeur de l'air et du son du vent qui s'engouffrait dans le hall quand on ouvrait la porte. Il sourit et continua jusqu'à la grande salle à manger.

Ryan contempla la pièce qui n'avait pas changé. C'était la même que dans ses souvenirs. Vaste, lumineuse et somptueuse. Le lustre au dessus de la table possédait toujours les gouttes de cristaux fins et reflétait la lumière de la même manière. Le jeune homme marcha entre les différents meubles recouverts des draps blancs. Sans les voir, il se rappelait presque de toutes les formes. En marchant, son regard se posa sur un meuble qui se trouvait au fond de la pièce près de la fenêtre. Ryan savait très bien ce que s'était, l'objet prenait beaucoup de place. Il avança en sa direction le pas plus rapide qu'avant. Il prit un pan du textile blanc et le retira en le jetant par terre. Un piano d'un noir luisant apparu alors sous les yeux du jeune garçon. Pas une seule trace de poussière dessus. C'était le même en tout point depuis cinq ans. Ryan le contempla une larme à l'œil et ferma les yeux quelques instants.

F L A S H__B A C K

R Y A N : « Maman tu m'apprendras un jour à jouer aussi bien que toi?! »
M A M A N : « Oui Ryan, tu deviendras le plus grand virtuose. »
R Y A N : « Mais c'est toi la meilleure pianiste. »
M A M A N : « Ah l'innocence des enfants. Tiens si tu veux je commence à t'apprendre un peu, viens sur mes genoux. »

F I N__F L A S H--B A C K

Quand il rouvrit les yeux, le garçon sentit plusieurs larmes perler sur son visage. Il ne tenta pas de les éponger et préféra s'asseoir sur le tabouret devant le piano. Il s'installa confortablement. Il n'osait pas frôler les touches, comme si il allait les briser. Briser un des liens matériels qu'il avait avec sa mère. Le piano et la musique. Sa grand-mère maternelle qui l'avait accueilli chez elle après la mort des parents Bentle s'en était occupé et lui avait appris à jouer du piano. Aujourd'hui, il avait atteint un niveau respectable et se sentait prêt à toucher cet instrument, celui de sa mère. Il posa doucement ses doigts sur les touches et joua une mélodie mélancolique. C'était une des préférées de sa mère. Il ferma les yeux et ses doigts le guidèrent tout le long de la douce complainte.

Poudlard - Première année - Quatorze ans

P R O F E S S E U R – « Mr Jefferson, si vous continuez comme ça, je ne sais pas où vous finirez. »
R Y A N – « Tant que je ne finis pas professeur tout me va bien. »

Le sourire au coin des lèvres, le jeune homme regardait fixement son professeur qui lui lança un regard noir. Les railleries s’entendaient dans la classe et la remarque de Ryan semblait avoir eu pour conséquence de dissiper un peu tout le monde. L'apprenti sorcier ne voulait pas en arriver là mais il faut dire que depuis le début de l'année, ce professeur l'avait bien à l'œil. Il fallait toujours qu'il lui fasse des remarques, qu'il le punisse ou bien le colle. Ryan, n'était pas l'élève exemplaire, il aimait parler avec ses voisins et rigoler un peu en cours mais pas vraiment écouter. Ryan ne perdait pas une petite occasion de faire le malin avec ses amis et ce n'était pas du goût du professeur. Et c'était souvent le jeune homme qui prenait pour le groupe. Aujourd'hui, par exemple, la classe était plutôt dissipée et le seul qui venait de s'être faire punir et qui avait eu le droit à des remontrances était Ryan. Ah réputation quand tu nous tiens. Le jeune homme ne s'en voulait pas du tout, il avait tout simplement répondu à la question du professeur. Même si il savait que c'était de l'insolence et du sarcasme, il n'avait pas hésité une seul fois à répondre par cette phrase. Ryan était comme ca, un jeune homme railleur, sarcastique et plutôt indiscipliné.

Le vieux monsieur se retourna et fit plusieurs pas dans la salle avant de retourner vers Ryan et de le fixer à nouveau. Il savait très bien que cet élève, qu’il était en train de regarder dans les yeux, n'était pas des plus mauvais, et ce loin de là et qu'il n'était pas seul responsable de la dissipation de la classe. Mais il n'avait jamais vraiment aimé ce jeune garçon qui savait regrouper les foules derrière lui et aimait faire rire ses camarades. Un leader et ce malgré lui surement. Et puis, son côté impulsif n'était pas à démontrer, plus d'une fois le jeune homme avait eu des soucis pour avoir engagé un combat magique ou même une dispute physique avec un de ses camarades, souvent pour répondre à une injustice, ou pour se défendre. Le vieux professeur savait que le garçon pouvait aller loin car il avait une bonne capacité intellectuelle, une logique et qu’il était malin et courageux mais son indiscipline et les marques d’insolence lui ferait souvent défaut. Il regagna le tableau avant de lancer un dernier regard au jeune homme.

P R O F E S S E U R : « On en reparlera dans vingt ans Mr Jefferson, sachez que si vous ne vous disciplinez pas vous aurez beaucoup d'ennui. »

Poudlard - Deuxième année - Quinze ans

V I C T I M E : « Laissez moi, lâchez moi. Je n'ai rien. »
A G R E S S E U R 1 : « Je suis sur que tu as quelques galions sur toi et puis on t’avait demandé de faire notre travail et on a rien eu ce matin. »
V I C T I M E : « Je suis désolé mais je n'ai pas eu le temps, j'avais trop de devoir, je me suis endormi sur ma table. »
A G R E S S E U R 1 : « On va te montrer comment on punit les gens qui ne tiennent pas leur promesse. »

Un cri se fit entendre dans le couloir du cinquième étage. Ryan se précipita et se mit à courir. Les cris provenaient d'une jeune fille, vu les sons aigus qu'on pouvait entendre. La voix se rapprochait de plus en plus. Puis plus un bruit. Le jeune homme avança jusqu'à tomber sur deux étudiants qui semblaient malmener une première année. Ils maintenaient la jeune fille au sol une main sur la bouche pour l'empêcher de crier. Il sortit sa baguette et la pointa sur les deux énergumènes qui lui tournaient le dos. Ryan, n'avait jamais apprécié qu'on s'en prenne au plus petit que soi, surtout quand c'était déséquilibré, deux brutes de troisième année contre une frêle première année. Il n'y avait pas l'ombre de quelqu'un d'autre dans le couloir, il était l'heure du repas et la plupart des étudiants étaient dans la Grande Salle. D'ailleurs, avant ses cris Ryan se dirigeait les rejoindre, mais il décida qu’il se devait d’abord de protéger cette petite. Il s'approcha de plus en plus près des deux jeunes hommes qui semblaient trop concentrés pour l'entendre arriver.

R Y A N : « Lâchez là. Vive l'équilibre des forces. »
A G R E S S E U R 1 : « Tiens Jefferson, on vient défendre les causes perdues?! Ah les minables aident les minables c'est bien connu. »
R Y A N : « Et les lâches s'en prennent aux plus jeunes. »
A G R E S S E U R 1 : « Tu vas regretter de nous avoir importunés. »

Les deux sortirent leurs baguettes d'un geste vif et les pointèrent sur le jeune homme qui n'était pas vraiment avantagé sur le coup. Il lança un sort qui aspergea le premier d'eau puis esquiva le jet lumineux du deuxième individu. Il se releva et lança un sort qui désarma son agresseur, puis finit par l'enchainer avec son camarade avec des liens magiques. Il avait toujours apprécié les cours de Sortilège et de Défense Contre les Forces du Mal. D'ailleurs il excellait beaucoup dans ces domaines qui étaient de loin ses matières préférées. Le jeune homme pensa alors qu'il avait bien fait d'écouter en classe. Il sourit en faisant bien attention que les deux jeunes étaient bien ficelés. Il s'approcha de la jeune fille qui semblait apeurée et en même temps rassurée par l'intervention de l'étudiant. Ryan l'aida à se relever et lui sourit après qu'elle l'ait remercié par un simple petit murmure avant de prendre la fuite dans le couloir. Fier de ses deux prises, il regarda les deux agresseurs du jour et les défia de nouveau du regard. Ils l'avaient bien mérité et puis il s'était bien amusé au fond. Il avait beau n'être qu'en deuxième année, il n'était pas du genre à se laisser faire et ses étudiants de troisième année en avait fait les frais aujourd'hui. Il décida de ne pas les libérer maintenant et de se diriger vers la Grande Salle rejoindre ses amis. Un petit jeun ne leur ferait pas de mal et puis avec un peu de chance quelqu'un allait passer par là pour les délivrer avant. Il s'engagea dans le couloir avant de se retourner et de lancer au deux étudiants en riant :

R Y A N : « J'espère que vous ne recommencerez plus, sinon je vous dis à la prochaine. »

Poudlard - Troisième année - Seize ans

Ryan se baladait discrètement dans les couloirs du château. Il était tard et le jeune homme, ne trouvant pas le sommeil, avait décidé de partir faire une petite virée nocturne. Ryan Andrew Jefferson avait maintenant seize ans et c'était un jeune homme de taille plutôt grande pour son âge. Il avait hérité des yeux bleus de sa mère, une couleur envoûtante et captivant. Ses cheveux châtains clairs étaient soyeux et souvent coiffés en bataille. De son père, il avait hérité de sa carrure athlétique. Plutôt grand et élancé, il était beau garçon ce qu'il ne se vantait pas vraiment constamment. Il avait beau avoir des traits de séducteur et de charmeur il n'en était pas moins modeste et la prétention n'était pas son fort. Il avait su au fil des ans, jouer de son charisme pour avoir un cercle d'ami assez important.

Ryan tourna et monta les escaliers jusqu'au septième étage. Le jeune homme savait très bien où il se dirigeait, il avait si souvent fait le trajet de son dortoir vers ce lieu. La Salle sur Demande. Il avait pris l'habitude depuis son entrée à Poudlard d'aller se réfugier dans cet endroit quand il allait mal ou juste pour réfléchir. La première fois qu'elle était apparue aux yeux du jeune garçon, c'était le soir de l'anniversaire de la mort de ses parents lorsqu’il était en première année. Il avait, depuis ses six ans, pris l'habitude de jouer ce jour du piano seul dans une pièce. C'était sa manière d'honorer la mémoire de ses parents, en souvenir de cette nuit où sa vie bascula. Depuis ce jour là, la pièce était devenue son antre, le lieu où il se ressourçait. Loin des regards de ses camarades, il pouvait se libérer et paraitre sensible, laisser sa tristesse l’envahir. Détruire l'espace de quelques heures sa carapace solide qu’il s’était construite au fil des ans. Sortir de la peau du personnage distant, bout en train, rigolard, courageux et sympathique. Le petit séducteur devenait sensible, l'espace d'une soirée. Ces moments lui permettaient de reprendre de l'énergie loin du regard des autres, d’évacuer toute les peines de son cœur.

Le jeune homme regarda alors un pan vierge du mur dans le couloir. Après quelques secondes d'attente, une porte en fer orné de décoration apparue. Ryan tourna la poignée en argent et fit attention de ne pas être suivi avant de rentrer dans la pièce. Il savait que d'ici quelques secondes elle disparaitra aux yeux de tout le monde, et qu’il serait tranquille. Mais il ne voulait pas être dérangé. Il avait donc appris à être vigilant. Et puis il savait très bien que de sortir après le couvre feu, pourrait lui apporter des ennuis. En entrant, un sourire se dessina au coin de ses lèvres, et une dose de bien être se fit ressentir comme un frisson de bonheur. La pièce était toujours la même depuis sa première année. Sombre sans véritable éclairage extérieur. Des planches de lambris marron qui ornaient le sol et le mur. Le plafond était parsemé de grandes poutres aux tons noirs. Des petites bougies et des chandeliers étaient dispersés dans toute la pièce. L'éclairage sobre de la consommation de la cire donnait une ambiance apaisante et envoûtante au lieu. Il y avait uniquement un piano à queue et son tabouret au centre de la pièce. Il n’y avait rien d’autre, pas de chaise, pas de bureau, pas d’autre meuble, juste un seul et unique piano. Il était d'un noir luisant. C'était à l'identique celui de sa mère qui se trouvait dans le manoir familiale. Celui qu’il avait retrouvé à l’âge de dix ans. Ryan se dirigea vers le piano et s'installa. Il commença à jouer les premières notes et dès lors, les émotions submergèrent le jeune homme. La tristesse et la peine l'envahirent. Les souvenirs remontèrent, le parfum de sa mère, sa tendresse, les mots doux qu'elle prononçait chaque soir avant qu’il ne s’endorme. Les regards de son père, ses gestes, son costume cravate qu’il mettait avant de partir au bureau et sa manie de boire tout le temps du café. Tout revenait en lui. Il leva les yeux vers le plafond, comme pour voir le ciel, là où il imaginait que ses parents se trouvaient. Pour lui, son père et sa mère l'observaient de là haut. Une larme perla une fois encore sur le visage du jeune homme puis glissa lentement sur sa joue. La tristesse et la peine étaient présentes, deux sentiments qu’ils avaient appris à contrôler et qu’il réussissait à enfermer chaque jour de l'année, à chaque heure au plus profond de lui, mais qui ressurgissaient chaque fois le même jour, ce fameux vingt et un novembre, jour de la disparition de ses parents. Il ne pouvait s’empêcher et il ne pourra jamais s’empêcher d’évacuer ses sentiments ce jour là.

« Maman,

J'ai beau avancer je n'y arrive pas. Je montre aux autres que tout va bien que je suis fort mais au fond je me voile la face. Je fais celui qui est fort et qui ne dévoile pas ses émotions. Le rigolo qui aime la plaisanterie et qui ne rate pas une occasion de faire une bonne blague et de s’amuser. Les gens me voient comme un sympathique jeune homme bien dans sa peau et un peu séducteur. Et pourtant je me sens mal. A chaque fois que j'entends le mot parent, j'ai une boule au ventre, ma gorge se noue quand on me demande des informations sur mon passé. Je n’ose pas dévoiler mon chagrin. J'ai peur d'avancer vers l'inconnu. Peur du mot "aimer" et peut-être tout simplement peur d'être aimé. Je préfère les relations sans lendemain sans aucun engagement plutôt que vivre un amour stable dans lequel les dés sont jetés. Je fuis les engagements et dès que je ressens quelque chose pour une fille j’enferme ce sentiment au plus profond de moi, à double tour. J'évite cette personne. Je rejette les gens qui se montrent trop affectifs avec moi, quitte à les blesser.

Je ne sais pas vraiment qui je suis et où je vais. J'ai peur de demain peur du futur et je vis sur le passé. Et toi tu fais partis du passé. Je ne sais pas si tu entendras mes paroles ni même si il y a un monde où tu reposes. Mais j'espère. J'espère que tu es heureuse avec papa et que tu vas bien. J'imagine un monde où l'on serait tout les trois, où j'apprendrais la vie en écoutant vos paroles. Un monde où quand je ne vais pas bien j'entends ta voix et quand je fais une bêtise les remontrances de papa me font me sentir mal. Je sais que c'est impossible mais j'ai envie de vous voir, de vous embrassez.

Je ne sais pas si je peux encore avancer. Je sais que quand j'aurais fini d'écrire cette lettre et que je passerais la porte de la salle commune je devrais faire semblant d'être heureux. Sourire et montrer que tout va bien. Mais plus le temps passe, plus les rictus deviennent difficiles à ne pas être crispés. Je me sens dépérir à petit feu. J'aimerais tellement changer et être quelqu'un d'autre. Avoir comme à l'époque où toi et papa était encore là, les yeux pétillants du jeune garçon innocent, le sourire enjôleur de l’enfant heureux. Le cœur qui s'accélère quand les sentiments deviennent trop forts. Pleurer quand j'en ai envie et dévoiler mes sentiments à ceux que j'aime.

En écrivant ces quelques mots, je regarde le ciel, grand-mère m'a dit que de là haut vous m'observiez, vous preniez soin de moi. J'ai beau regarder je ne vois rien. Peut-être que le cri de la blessure que je ressens sera entendu par quelqu’un. Qui c'est peut-être par toi ou par papa. Je n’attends rien de cette lettre juste des explications, j’aimerais que pour une fois on me réponde. Pourquoi est-ce arrivé à moi?! On dit souvent que ce genre de chose n’arrive jamais et pourtant, ce fardeau de vivre sans parent m’est tombé dessus. J'écris encore quelques lignes pour te dire à quel point tu me manques et que je me sens perdu dans ce monde. Heureusement que les apparences sont là.