Mettant sa capuche pour se protéger de la fraîcheur tombante, Tanys se faufila gracieusement au travers de la foule, guère gênée, et se fondant dedans avec une facilité déconcertante. Pourtant, elle était loin de passer inaperçue en temps ordinaire, mais elle avait cette faculté de savoir jouer avec son image, ce qui constituait sans aucun doute sa force. Et aujourd’hui, vêtue de son éternelle cape noire, chaque partie de son corps étaient dissimulées, si bien que seuls les traits fins de son visage angélique pouvaient rassurer, mais qu’importait, ce n’était pas le but. Avançant d’un pas rapide, la jeune femme n’était guère désireuse de rester dans ce quartier plus longtemps, son nouvel achat étant déjà soigneusement dissimulé à sa place. Souriant légèrement à cette pensée, elle bifurquait dans une ruelle déserte, lorsqu’un mouvement au loin attira son attention. Mais loin de craindre pour sa vie, Tanys gardait une allure constante, comme elle sentait cette excitation si particulière monter en elle, à l’approche d’un événement qu’elle savait inévitable. Comme les mètres la séparant de l’ombre menaçante se rapprochaient, les traits de son visage se durcirent, perdant peu à peu toute trace d’humanité, comme l’Ange laissait aller son autre personnalité. La jeune femme faisait partie de ces personnes si instables, que le moindre petit évènement pouvait la changer du tout au tout. Et si elle avait tout d’une jeune femme fragile et innocente, son tempérament destructeur avait tôt fait de prendre le dessus, la rendant d’autant plus dangereuse qu’elle avait tout de l’impulsive. Pourtant, chacun de ses gestes étaient parfaitement contrôlés, réfléchis et maîtrisés, si bien qu’elle était devenue une tueuse redoutable. Mais loin de se contenter de tuer par plaisir, la jeune femme était en réalité attirée par la mort et le sang, deux choses qui exerçaient une fascination des plus surprenantes sur elle. Elle voulait comprendre, elle voulait ressentir, mais surtout, elle voulait repousser les limites, dans un défi des plus macabres. Ce soir n’échappait pas à la règle, alors qu’elle aurait du être chez elle depuis longtemps, à renforcer sa couverture. Même si elle savait résister à la tentation, Tanys était depuis trop longtemps contrainte à montrer l’innocente qui était en elle, prisonnière d’une image qui n’était plus depuis bien longtemps. Sentant contre elle sa nouvelle arme achetée un peu plus tôt – un magnifique poignard ancien -, il n’attendait qu’un seul geste de sa propriétaire pour faire ses preuves. Ainsi, lorsque la silhouette de l’homme se mit devant elle, lui bloquant le passage, un léger sourire de satisfaction apparut sur son visage. Les hommes étaient beaucoup trop prévisibles à son goût, mais pour ce soir, elle s’en accommoderait.

Inconnu : « Je connais un endroit qui te plairait ma jolie, j’en suis sûr. »
Tanys : « Je n’en doute pas, mais ce ne sera pas pour ce soir » murmura-t-elle, fragile proie qu’elle était.
Inconnu : « Ce n’était pas une question. »
Tanys : « Il est préférable de me laisser passer sans faire d’histoire. »

Sa dernière phrase avait été dite dans un murmure si bas, que la menace transpirait dans chacun de ses mots, comme une lueur dérangeante apparut dans ses pupilles, disparue depuis bien trop longtemps. L’Ange lançait toujours un seul et unique avertissement, s’amusant même de la réaction qu’elle obtenait. Car rares étaient les bourreaux qui savaient se raisonner, et lorsque la proie se transforme en Diable, la vision est des plus choquantes. Comme elle l’avait prévu, l’homme éclata d’un rire des plus grossiers face à sa phrase, avançant d’un pas, parfaitement sûr de lui même. C’était toujours la première erreur que faisaient les victimes, leur confiance en eux même était démesurée, et les conduisait à des gestes irréparables. L’inconnu n’échappa pas à la règle, attrapant le bras menu de la jeune femme, ne se souciant guère de la puissance de sa poigne. Aussi étrange que cela puisse paraître, Tanys suivait des règles qu’elle avait établi, tel une ultime barrière de sécurité contre elle même. Et la toucher en faisait parti, geste qu’elle considérait comme une atteinte personnelle, si elle n’avait pas accepté la personne.

Tanys : « Je t’interdis de me toucher » lança-t-elle, sa voix atteignant dangereusement des notes graves, comme son visage se ferma complètement.

Une réaction des plus violentes, et pourtant, loin d’être inhabituelle pour elle. Elle hésita une fraction de seconde quant à utiliser sa baguette, sachant parfaitement que ce n’était autre qu’un sorcier qui lui faisait face. Mais l’appel du sang était trop fort, et c’est avec cette dernière pensée que sa détermination prit le dessus. Sortant habilement le poignard de sa botte, dans un geste si rapide que l’homme ne vit rien venir, elle eut vite fait de le repousser contre le mur, faisant preuve d’une force surprenante, sans aucun doute grâce à l’adrénaline qui coulait dans ses veines. Le maintenir en place ne fut pas difficile, elle qui maîtrisait les arts moldus en la matière, si bien que de rendre immobile un homme était possible avec une seule petite pression exercée du bout des doigts. Une sensation des plus enivrantes, quant on savait qu’une erreur pouvait le paralyser, ou même le tuer. La lame de son poignard, plaquée contre la gorge de l’inconnu, laissait déjà perler quelques gouttes de sang, faisant sourire la Mangemort dans un air des plus sadiques. Se sentant plus vivante que jamais, comme elle avait l’impression de retrouver une partie d’elle même, Tanys savoura un instant la vision de peur qu’il lui offrit, lorsque l’homme comprit qu’il était prit au piège. Chaque victime avait une expression bien particulière, lorsqu’ils comprenaient que ça en était fini, et cette réalisation était des plus intéressantes pour la jeune femme, qui s’efforçait de comprendre comment on pouvait renoncer si facilement. Mais le destin se montrait bien capricieux avec elle, ou peut être donnait-il une chance de se racheter à l’homme, puisque des bruits de pas firent la jeune femme suspendre son geste. Fronçant les sourcils en prenant un air contrarié, Tanys recula pourtant rapidement, non sans l’intimer au silence d’un regard menaçant.

Tanys : « On dirait que c’est ton jour de chance » murmura-t-elle, visiblement contrariée.
L’inconnu : « On ne reverra, et cette fois-ci, tu iras en enfer » des menaces quelque peu rendues bien faibles par les tremblements de sa voix, et qui firent sourire la jeune femme.
Tanys : « J’espère bien. »

Faisant disparaître l’arme blanche aussi rapidement qu’elle l’avait sorti, la jeune femme ne fit aucun geste comme l’inconnu commença à partir, ses pas rendus hésitant sous la peur. Observant sa silhouette disparaître dans la préombre, l’Ange ne se retourna cependant pas vers le nouveau venu, voulant être sûr de lui offrir son visage le plus doux.