Famille
Puisqu'ici, il n'y a qu'au combat qu'on est libre
De ton triste sommeil, je t'en prie, libère-toi
Puisqu'ici il faut faire des bilans et du chiffre
◢ famille : La famille Sweeney fait partie de ce que l'on appelle les "nouveux riches" autrefois assez pauvres, faisant partie de la classe moyenne, la petite Temperance ne connaissait pas les contraintes et pouvait aller jouer dans la rue de Dublin avec les autres enfants, rentrer pleine de terre sans se faire hurler dessus. Mais voilà: l'année de ses huit ans, son père étant un homme particulièrement opportuniste su tirer profit d'une situation, et faire tourner les choses à son avantage. Bien vite, la famille amassait les gallions grâce au don de son père pour les affaires et les négociations. Quittant son Irlande natale pour Londres la demoiselle du se faire aux mœurs et coutumes de cette nouvelle classe sociale à la quelle elle appartenait désormais: celle les gens aisés. Sa mère, désireuse de s'intégrer rapidement dans ce nouveau monde fit appel à une gouvernante, une vieille sorcière sévère chargée de refaire l'éducation de sa fille. Chargée de faire de Temperance une enfant bien éduquée, capable de se comporter comme il faut dans le milieu mondain, pour qu'elle puisse plus tard se marier à un bon parti. Parents avides, corset, bonnes manières, et surtout le pire du pire de longues heures chaque matin pour tenter de dompter ses cheveux roux. Enfant sauvage, avide de liberté qui jamais ne su vraiment s'adapter à ce nouvel environnement, à cette prison dorée. Contrairement à elle, sa sœur Charity su tout de suite s'intégrer, et au fur et à mesure des années les deux jeunes femmes se sont éloignées l'une de l'autre.

Pensine
Dis-moi que brûle encore cet espoir que tu tiens
Parce que tu n'en sais rien de la fougue et du feu
Que je vois dans tes yeux
Le soir étendue dans ton lit tu te mets à réfléchir. A te demander ce qu’aurait pu être ta vie désormais si les choses n’avaient pas changer. Tu repenses à Dublin et à ses rues agitées, au vieil épicier en bas de chez toi qui te donnait toujours une friandise quand tu accompagnais ta mère pour faire les courses le dimanche matin, au rire communicatif de la bouchère d’en face qui disait tout le temps « un gigot, comme d’habitude Mrs Sweeney ? » et par extension à ce fameux gigot dominical, véritable tradition dans la famille. Tu repense à la cuisine de ta mère, aux après midi que tu passais avec elle à faire de la pâtisserie et au plaisir que tu éprouvais quand elle t’autorisait à lécher la cuiller pleine de chocolat. Tu repense à ta sœur aussi, qui à l’époque était loin d’être cette femme austère et droite qu’elle est devenue désormais, une femme qui te méprise et qui critique sans cesse ton manque d’éducation. Autrefois elle était douce, et t’apprenait des tas de choses, te parlait de Poudlard et te lisais une histoire le soir pour t’endormir. Vous n’étiez pas bien riches, ça non… Ton père vendait divers objets magiques aux sorciers de passage, des objets plus ou moins efficaces qu’il fabriquait lui-même.

Tout aurait pu continuer comme ça, tu aurais pu continuer à être heureuse là-bas, à jouer au ballon avec les garçons du quartier, continuer à courir dans les rues et à sauter dans les flaques d’eau après la pluie. Mais voilà, il a suffit que ton père trouve quelque chose, saisisse au vol une opportunité. Héritage d’un oncle lointain qui lui permit de se lancer dans des affaires plus sérieuses, des associations fructueuses. L’or arrivait, toujours plus. Véritable business man, il décida d’emmener toute sa famille avec lui à Londres, la capitale Anglaise pour amasser encore plus de Gallions. C’est là que le cauchemar à réellement commencer, que tu as commencé à dire adieu à ta liberté. Ta mère et ta sœur ont commencé à prendre gout aux robes et aux bijoux, prenaient plaisir à se parfumer avec de délicates senteurs venues de Paris ; et l’on a commencé à te forcer à mettre des belles toilettes, les mêmes que ta mère, en modèle réduit. Vous vous ressemblez tellement toutes les deux ! La seule différence c’est que contrairement à elle ta crinière rousse est indomptable, comme celle de ton père. Et en vous voyant toutes les deux habillées de la même manière, dans d’onéreuses tenues les gens souriaient bêtement « Que c’est mignon regardez comme cette adorable petite ressemble à sa mère ! Elles sont si élégantes… » Mais toi, même si tu t’efforçais de sourire pour faire plaisir à ta mère tu n’avais qu’une envie : enlever cet horrible corset si désagréable à porter, retirer ces jupons encombrants, balancer par terre ces épingles à chignon qu’on avait eu tant de mal à fixer et recommencer à courir comme une petite sauvage au milieu des étales des marchés, pour sentir de nouveau les épices venues d’orient, plonger de nouveau ta main dans une toile de jute pleine de lentilles.

C’est à neuf ans que tu as fait ta première fugue. Tu t’en souviens encore et ça te fait rire doucement, avec une certaine nostalgie. T’avais lâché la main de ta mère qui essayait de t’expliquer que plus tard tu te marierais à un quelconque Dandy rencontré dans un quelconque bal. Non, tu ne te marierais pas à un idiot prétentieux, comme ce jeune homme blond là bas qui regardait avec dégout et mépris une vieille femme visiblement pauvre. T’avais couru, couru aussi vite que possible disparraisant rapidement dans la foule Londonienne. Couru sans t’arrêter, dans te retourner jusqu’à la tamise. La police avertie de ta disparition par ta mère en pleurs a finit par te retrouver, là, assise sur une caisse déchargée plus tôt par des matelots « Je vais prendre un bateau, et rentrer chez moi à Dublin. » C’est seulement à ce moment là, après être rentrée et avoir reçu une correction pour ton comportement insolent que le lendemain matin tu as rencontré celle qui allait devenir ton pire cauchemar : Elle était là en bas des escaliers cette vieille goule malfaisante en habit de gouvernante. « Tempérance, voici Mrs Middleton, notre nouvelle gouvernante chargée de ton éducation. »
Aussi loin que tu te souviennes, tu ne l’as jamais aimée. Elle était sévère avec toi et en plus le la lecture, de l’écriture et du calcul… elle essayait tant bien que mal de t’apprendre à devenir une Lady. La broderie, l’art d’être une bonne épouse, la peinture, le violon, le Français… Tu devais devenir une jeune femme instruite, qui pourrait ainsi trouver un mari convenable. Un mari riche, qui pourrait subvenir à tes besoins une fois mariée. Avide de retrouver cette liberté perdue bien souvent tu regardais les passants par la fenêtre du salon au lieu de l’écouter.

Puis, à onze ans tu as finalement reçu ta lettre pour Poudlard. Si les choses étaient restées comme elles étaient autrefois avant que tout ne changes, tu aurais surement été un peu triste de partir si loin et si longtemps de ta famille. Triste de quitter les jupes de ta mère triste de ne plus voir ta sœur vous rendre visite les samedis après midi avec son mari et son fils. Mais désormais, le mot Poudlard avait un certain gout de liberté. Plus de Mrs Middleton pour te hurler dessus, plus besoin d'obéir à ta mère, plus besoin de passer de longues heures devant ta coiffeuse pour essayer de dompter ta crinière de feu. Non, tout serait terminé. Là bas, tu ne voulait pas te comporter comme une Lady, tu ne voulais pas avoir à traîner avec ces gamins prétentieux que tu côtoyais désormais. Mais pourtant... Avec ta robe de sorcière neuve, tes toilettes raffinées et ce parfum à la rose, tu as eu du mal à te faire des amis. Du mal à te lier d'amitié avec des gens simples, des gens comme tu aimes, des gens étrangers à cette mondanité étouffante. Il a fallu attendre quelques mois, pour qu'enfin ces jeunes gens issus de classes plus modestes daignent t'accorder de l'atention, daignent te manifester une certaine sympathie. Il aura fallu que tu répondes au professeur de potions devant toute la classe, que tu sois insolente et que tu te laisses emporter par ce tempérament sauvage. Tout le monde a rigolé, quand tu as ôsé lui dire ses quatre vérités. Et tout le monde a commencer à t'apprécier. Bien sur, on ne peut pas se faire aimer de tout le monde, certaines personnes te trouvent indigne de ton rang, ne t'aiment pas parce que tu viens d'une famille d'arrivistes, ton insolence et ton franc parler peuvent agacer... Mais peut importe, après tout... L'on ne vit pas pour les autres.