Famille
Nous ne discute pas la famille. Quand la famille se défait, la maison tombe en ruine
◢ famille : La famille Davis est l'une des plus vieilles familles de Londres. La richesse de cette dernière s'est faite, il y a, à peu près, deux siècles grâce au commerce du textile. Depuis, l'image peu valorisante de la nouvelle richesse s'est effacée et ils se confondent avec l'aristocratie. Juliet est la fille de Michael Davis et de Phoebe Hirkenston qui est une femme intelligente et douce qui s'est dévouée pour l'entretien du foyer et l'éducation de sa fille unique. Le père, quand à lui, homme savant et d'affaire, est peu à la maison et d'une sévérité hors du commun. Tout doit filer droit chez les Davis, et il n'est pas question que sa fille lui fasse honte comme cette Paige qui est la fille de son frère aîné. Paige a un an de plus que Juliet et un caractère totalement opposé. Pourtant, les deux jeunes femmes se sont toujours très bien entendue et Juliet a toujours pu bénéficier de la protection et de la bienveillance de sa cousine qui parfois essaye de lui faire ouvrir les yeux sur la réalité du monde dans lequel elles vivent.

Pensine
Une question est une réponse
Eté 1888. Juliet Davis était dans la demeure de vacances de sa famille, au sud-est de Londres, et prenait plaisir à tremper ses pieds dans la rivière qui se trouvait non loin de la bâtisse. En septembre, elle entrerait de nouveau à Poudlard, dans la même maison, avec le même uniforme et des fréquentations identiques. Pourtant, elle n'avait plus l'impression d'être la même. A cause d'un temps pluvieux et nuageux qui ne lui avait pas permis de sortir autant qu'elle l'espérait pour se promener, la jeune adolescente était restée coincée entre quatre murs et avait finalement passé le plus clair de son temps dans la bibliothèque. Elle avait alors commencée à lire des auteurs anglais, puis s'était intéressée à d'autres auteurs, comme français, allemand ou encore russe. Elle avait été émerveillée par la beauté des mots, mais plus encore, elle s'était rendue compte que la femme, les hommes, et la société n'évoluaient pas partout pareil. Cette découverte l'avait beaucoup retournée. Elle qui avait toujours pensé que son avenir se résumait à tenter d'être une aussi bonnne épouse et mère que pouvait l'être sa mère, c'était, à présent, tout son monde qui se retrouvait mit en question.

A côté d'elle se trouvait Paige. Sa cousine, son amie, sa confidente. Celle qui lui donnait la force, le courage, le sentiment de sécurité mais aussi les pires soucis du monde. Elles étaient complètement opposées. C'en était même à se demander si, réellement, elles partageaient le même sang. Elle savait qu'elle pouvait parlé avec elle de tout et de n'importe quoi. Il n'y avait pas de règles, de limites à ne pas franchir avec Paige Davis. "Paige, pensez-vous que la femme peut réellement avoir les mêmes envies et exigences qu'un homme ?" Paige se retourna pour fixer sa cousine de ses grands yeux bleus. Elle avait l'air surprise et, légèrement, agacée de la question. "Ma chère, la femme peut assurément faire les mêmes activités que l'homme. Ce sont des personnes comme vous, fermées à toute évolution de notre monde, qui nous empêche nous, la gente féminine, de nous élever." Juliet acquiéçait doucement, en retournant les paroles de son âinée dans sa tête, comme si ce qu'elle pouvait dire était paroles d'évangile. Beaucoup de questions se bousculaient dans sa tête et, au contraire de Paige, Juliet était incapable de foncer tête bassée sans réfléchir. Il fallait au contraire qu'elle analyse, qu'elle comprenne la situation et qu'elle connaisse les éléments d'un sujet pour pouvoir s'exprimer dessus. "Savez-vous qu'en France, beaucoup de femmes de notre rang se sont perdues dans le libertinage ? Leur réputation et celle de leur famille ont été souillées. Jamais, je ne voudrais que cela arrive aux Davis."

Paige avait rigolé de l'air offusquée de sa cousine qui, de toute évidence était en train de se faire le pire des scénarios dans sa tête. Elle posa l'une de ses mains sur celle de la douche étudiante. "Ma belle Juliet, vous pensez donc au pire. Avoir une place décente dans ce monde n'est pas affaire de coucherie mais d'intelligence ! La femme aussi peut lire, écrire, compter et réfléchir si l'on daigne bien le lui apprendre. Pourquoi n'y aurait-il pas d'égalité entre les deux sexes ?" La conversation n'était pas allée plus loin car elles avaient été ramenées à la réalité par la voix de Phoebe Davis qui les sommaient de rentrer à l'intérieur pour l'aider à préparer le dîner avant que leurs pères ne reviennent de la chasse. Plus jamais, durant cet été, les deux cousines n'évoquèrent le sujet, mais Juliet y pensait de plus en plus. Elle tentait de trouver dans les livres une réponse, sans vraiment y croire. Comment le monde pourrait-il changer alors que cela faisait tellement longtemps qu'il était ainsi ? Elle n'avait pas trouvé, malgré ses recherches. Néanmoins, elle n'avait pas envie d'abandonner pour autant. Elle allait entrer à Poudlard et pourrait aller fouiller dans tous les recoins de la bibliothèque, peut-être même parler avec des gitans ou des personnes pauvres à la réputations très négatives... Quoi que pour ce point, elle n'était pas encore sûre d'être prête à se sacrifier comme le mouton dans une meute de loups. Peu importait. C'était une nouvelle année, et maintenant, elle savait, elle avait une idée, un indice, comme quoi sa vie pourrait être bien plus grande que de la cuisine, du linge, et des enfants. Cette pensée la motivait à aller plus loin dans ses recherches, même si elle avait peur que son père le découvre. Si jamais il était au courant de ce que sa fille était en train de fabriquer, il en mourrait, c'est certain.