Novembre 1989

Mrs Gallagher – « Non mais tu n’es JAMAIS là ! Arrête ! Tu étais avec elle ! Je le sais !!! Je vous ai vu ensemble vendredi dernier ! Encore une de tes groupies ! »
Mr Gallagher – « Ca suffit ! Si je n’étais pas là, si je ne me damnais pas au travail, tu ne porterais pas ces chaussures Prada que tu affectionnes tant ! Ni ces bijoux ! Tu n’aurais plus RIEN ! Tu m’entends ?! RIEN !! »

Nanny - « Schuyler ! Chante ! La chanson du lapin ! IL ETAIT UN PETIT LAP… »
Schuyler – « Nanny… Pourquoi papa et maman crient ? »
Nanny – « Ce n’est rien mon chat… Ils t’aiment, tu le sais ça ? »
Schuyler – « Mais ils se disputent tout le temps ! »
Nanny – « Tu sais quoi ? Il te faut un surnom… Un nom de code secret entre nous, ok ? »
Schuyler – « Oui !! »
Nanny – « Alors… qu’est-ce que tu penses de Sky ? Oui, Sky t’ira à la perfection ! »

Nanny secoua ses longs cheveux châtains en déposant une bise sur la joue de Schuyler, à présent surnommé Sky. Elle rit. Sky la regardait avec dévotion. Il l’adorait ! De toutes les nounous que ses parents avaient engagées pour lui, Nanny était sa préférée. Elle avait vingt-deux ans tout au plus, regorgeait d’imagination et rendait au petit garçon l’affection dont il manquait cruellement. Sky Gallagher avait cinq ans. C’était un enfant timide et renfermé, très maladroit mais très intelligent. Cependant, en dehors du monde imaginaire qu’il s’était bâti, l’enfant avait très peu de contact avec les autres. Ses parents le tenaient éloignés, trop occupés ou dérangés par sa présence. Après tout Schuyler n’était qu’un poids pour eux. Son père était une star dans le monde magique. Un chanteur très populaire, leader d’un groupe de rock. Il passait son temps en tournée ou en studio, délaissant son épouse. Cette dernière n’avait pas de profession. Elle passait son temps à dépenser l’argent de son époux en futilités. Elle n’avait aucun amour maternel et ne s’occupait pas de Schuyler, autant dire que l’enfant était comme qui dirait, seul au monde. Mais grâce à Nanny, son existence avait été bouleversée.

Février 1990

Mrs Gallagher – « Nanny ! Vous êtes priée de faire vos bagages, vous ne travaillez plus pour nous désormais. »
Nanny – « Mais madame… »
Mrs Gallagher – « Nanny, je ne supporterais aucune excuse. Vous avez une heure pour rassembler vos affaires ! »

Nanny obtempéra. Elle détestait son travail ou plutôt, elle détestait ses parents. Si elle n’était pas partie plus tôt, c’était parce qu’elle aimait sincèrement Schuyler et qu’il avait besoin d’elle. Cependant, Nanny avait toujours su qu’un jour, elle devrait s’en aller mais elle n’aurait jamais cru qu’elle aurait du partir aussi vite ni aussi tôt. Nanny pénétra dans la chambre qu’elle occupait, furieuse. Elle attrapa sa lourde valise qu’elle avait rangée au-dessus de son armoire quelques mois auparavant et la posa sans aucune délicatesse sur son lit. Elle n’eut que quelques allers-retours à faire afin de réunir la totalité de ses vêtements. Soudain, on frappa à sa porte et Nanny entendit la voix de la bonne espagnole l’informer qu’il lui fallait s’en aller au plus vite. Schuyler n’était pas là pour la voir partir, ni pour lui dire adieu, amené faire quelques courses. Nanny attrapa sa valise et jeta un dernier regard à sa chambre. Elle n’avait rien à regretter. Elle s’inquiétait seulement pour Schuyler. Qu’allait-il devenir sans elle ?

Juillet 1997

Chris Gallagher était saoul. Il venait de rentrer chez lui. Sa maison était vide. Ou presque. Son épouse était sortie, peut-être avec son amant. Il se mit à rire à cette idée. Des années auparavant, il ne rêvait que d’une chose : se réveiller chaque matin aux côtés de sa femme. Aujourd’hui, il se fichait d’elle. Elle pouvait rentrer à n’importe quelle heure ou même ne pas rentrer du tout si bien que cela lui serait complètement égal. Elle lui était devenue indifférente. Nulle trace d’amour ni même de haine. Il la regardait sans jamais la voir. Son sourire, les intonations de sa voix pour le charmer, il ne restait plus rien aujourd’hui.
La porte d’entrée claqua. Eileen Gallagher rentrait. Chris l’attendait assis dans un fauteuil. Il tapotait sa cuisse de sa baguette magique, s’amusant à lancer quelques étincelles de couleur rouge. Un verre de whisky pur malte était posé sur une table basse face à lui. La bouteille, dé bouchonnée était à moitié vide. Autrefois, il détestait cet alcool qui lui brûlait la gorge et s’insinuait dans son corps et dans son estomac. Il n’avait même jamais vraiment aimé l’alcool mais il y avait eu les tournées, le rock, la magie, ses nouvelles fréquentations et il avait bu plus que de raison.
Eileen – « Oh ! Tu es là ! »
Chris – « Regardez ça ! L’oiseau qui rentre au nid ! Vous vous êtes bien amusée Mrs Gallagher ? »
Eileen – « Tu es complètement saoul ! »
Chris – « Ah ah ah ! Oui… J’ai beaucoup bu ! Et toi ? Tu as bien baisé ? Comment il s’appelle ? Tom ? Julius ? Karl ? »
Eileen – « Arrête ! Tu dis n’importe quoi ! Je vais me coucher ! »
Chris – « Oh nooon ! Tu n’iras pas ! Ce soir, tu aimeras ton mari ! »

Chris s’était levé. Il s’était emparé sur bras de sa femme et le serrait. Il la regardait comme un dément. Ses yeux exprimaient une fureur qu’Eileen ne lui avait jamais vu auparavant. Violemment, il plaque ses lèvres sur celles de sa femme. Elle essaya de se débattre mais Chris plaqua ses mains dans le bas de son dos. Elle lui mordit la langue. Il poussa un cri. Alors les doigts se refermèrent autour du cou gracile de sa femme. Il serra et serra. Eileen entrouvrit la bouche, à la recherche d’un peu d’air. Elle avait mal. Les mains de son mari sur son cou la brûlaient, l’étouffaient. Ses yeux se révulsèrent tandis qu’une longue plainte s’échappait de sa gorge. Son corps était secoué de soubresauts. Quand Eileen ne bougea plus, Chris retrouva ses esprits. Il la lâcha. Elle tomba lourdement sur le sol.

Octobre 2000

« Gallagher ?! Non… Tu es SON fils ? »

Schuyler, dit Sky, haussa les épaules. Il n’aimait pas les curieux bien que la curiosité soit l’un de ses défauts. Il ignora délibérément l’étudiant qui l’avait abordé et repris son chemin à travers les sombres corridors de Poudlard. Les mains enfoncées dans ses poches, il avançait avec nonchalance. Il était un peu une « célébrité » à cause de ses parents. Un père rock star emprisonné à Azkaban pour avoir assassiné son épouse, c’était peu commun. Cela avait fait les gros titres pendant plusieurs semaines dans la Gazette du Sorcier ou encore dans le Chicaneur.
Il avait treize ans à l’époque. Il était en vacances chez ses parents. Ou plutôt chez ceux qu’il devait appeler « papa » et « maman ». Il n’avait jamais été très proche de ses parents. Il n’était pas présent la nuit du meurtre, invité à dormir chez un de ses amis connus à Poudlard. Quand il était rentré le lendemain matin, des officiers de la BIM étaient présents. Son père était menotté à coup de liens magiques tandis que le corps de sa mère était emporté par quelques médicomages affairés. Devant la porte de leur immeuble particulier, un grand nombre de journaliste était amassé dans l’attente d’une photo volée. Sky ne sentit pas son univers basculé. Après tout, ses parents étaient pour lui deux étrangers et l’avaient toujours été. Cependant, il avait l’impression qu’il resterait à jamais le fils d’un assassin. Cela le poursuivrait-il ? Ou alors cela conditionnerait-il son avenir ? Il était à présent orphelin, un orphelin très riche… Il passait la totalité de son année scolaire à Poudlard ainsi que ses vacances. Quant aux vacances d’été, il devait désormais les passer dans l’endroit le plus horrible qui soit : la maison de ses grands parents paternels. Eileen Gallagher n’avait plus de famille depuis des années quant à Chris, il avait coupé les ponts avec ses parents en prenant la décision de devenir chanteur. Mais il fallait un tuteur à Sky et personne ne semblait mieux indiqué qu’un couple âgé et aigri, vivant en Ecosse dans une résidence perdue en pleine campagne. Le premier été, Sky s’ennuya à mourir. Un jour, en revanche, il découvrit dans l’ancienne chambre de son père une vieille Comète, un balais poussiéreux et mal entretenu. C’est ainsi que le jeune homme se découvrit un don et une passion pour le Quidditch. Il aimait ce qu’il ressentait assis sur un balais mais malheureusement, il n’aurait jamais l’idée d’intégrer l’équipe de Quidditch de sa maison à Poudlard. A vrai dire, Sky était loin d’être un garçon très populaire. Il était d’une extrême maladresse, assez timide et renfermé. Toujours le premier à se prendre les pieds dans une armure, alors pourquoi les gens miseraient-ils sur lui ou le soupçonneraient d’être un génie du Quidditch ?