TYLER. - « Je n'ai pas pu tuer la gamine. » rétorqua le mangemort de sa voix suave et d'un ton à la limite du dégoût envers lui même et de l'écoeurement.
MARCUS. - « Un élan de bonté ? »

Le membre du magenmagot réprima un sourire amusé bien qu'il croisa le regard noir et assassin de Carlson qui se retourna lentement vers l'immense fenêtre de son appartement. Il le connaissait assez pour savoir que ce n'était guère le moment de faire ce genre de remarque taquine, mais son amitié forte pour Tyler le protégeait de toute remarque agressive, mais peut-être pas des mots cinglants. Le verre de whisky tournant entre ses doigts qu'il portait de temps à autres à ses lèvres dans un regard abyssal et pensif, Tyler fit régner une fois de plus le silence sous le joug de ses pensées résonnant de trop dans ses esprits. Marcus posa son propre verre sur la table basse, se levant alors du canapé afin de se poster également auprès de la fenêtre donnant sur une longue rue londonnienne plongée dans le calme et la sérénité.

TYLER. - « Ca n'a rien à voir. Elle était... »

L'Islandais fronça les sourcils, sentant une colère froide monter alors en lui bien qu'en apparence il demeurait serein. Sa dernière victime attrapée entre les murs du château aurait dû proprement se vider de son sang sous les assauts de ses couteaux affûtés. Mais il n'en était rien, alors que la gamine allait pour rendre son dernier souffle, ce fut un baiser que celle qu'il pensait alors folle lui vola, partageant de ce fait et sans le vouloir vraiment ses quelques visions du futur... Son futur. Brodés de faits presque improbables et dont Tyler ne croyait donc pas, mué dans une mauvaise foi des plus arrogantes, il s'évertuait à affirmer que le futur n'était jamais très stable, et que cette vision avait tout d'un délire du cerveau à moitié endormi de la jeune fille agonisante. Rares étaient les fois où Carlson ne finissait pas ses phrases, pour autant toujours sous l'incompréhension de ce qui s'était alors passé cette nuit là, il replongea aussitôt dans ses pensées. Ce geste consistant qu'il avait eu de la sauver alors qu'elle était aux prémices de la Mort le dégoutait aujourd'hui, écoeuré peut-être par sa propre faiblesse sur l'instant, il était vrai cependant que Carlson était proprement instable et imprévisible. Mais de là à épargner une brebis qu'il s'était évertué de saigner, lui le meutrier aux moeurs bouchères, il ne pouvait que concevoir que quelque chose s'était passé pour qu'il renonce au goût du sang et à un cadavre froid. Et c'était là cette pensée qui lui portait tant d'écoeurement.

MARCUS. - « C'est bien la première fois que je te vois épargner une victime. »
TYLER. - « Cette fille est une cinglée. Elle était comme consentante. » rajouta le mangemort d'une voix grave et basse.
MARCUS. - « Ce qui en vérité a dû atrocement te frustrer. » fit alors Heggelfield dans un rire froid.

Touché. Tyler esquissa une véritable moue de dégoût quant à ce souvenir cuisant. Où trouver le plaisir lorsque la victime vous encourageait dans une douceur presque exaspérante à lui ouvrir le ventre, où était la jouissance de ne pas être le seul maître des lieux clos à décider de la mort de l'autre ? Car si elle avait tremblé de peur et versé quelques larmes d'effroi, la Serdaigle n'avait pas véritablement satisfait le mangemort dans son désir macabre et pervers de lui ôter la vie en même temps que de lui arracher des supplications de ses lèvres. Il n'eut cependant pas le temps d'esquisser un seul mot cinglant, qu'une brûlure vive lui mordit la peau, sans pour autant le faire tressaillir. Portant son regard sombre sur son bras, Carlson but une dernière gorgée de son alcool ambré avant de poser son verre sur la commode le plus proche. Marcus hocha la tête, comprenant alors l'appel qui venait d'être lancé. S'il ne faisait pas partie des rangs des mages noirs il en rejoignait tout de même la cause, aussi le juge du magenmagot se contenta de saluer son hôte avant de transplaner afin de le laisser à son tour quitter les lieux.

Les portes de l'église s'ouvrirent dans un vombrissement macabre comme il résonnait encore au loin l'écho de la douce voix d'une fillette à la question pertinente. Le regard perçant de Tyler se posa alors sur Luna, bien que la distance installée ne lui permettait guère de la détailler d'avantage, il lui semblait que l'innocente avait touché un point faible de par ses mots se voulant légers et pourtant cinglants. Carlson lui-même demeurait une âme écorchée-vive, murée dans une solitude à l'en rendre presque fou et ne pouvant qu'exorciser cette souffrance que par ses excès de violence bouchère. Il resta néanmoins taciturne, droit et froid le mangemort ne bougea pas comme la masse de mages noirs s'engouffra dans l'église. Tyler se contenta de les darder de ses yeux d'ébène méprisants, légèrement écoeuré. Son ambition trop forte aurait voulu que ce soit lui, qui se trouve à leur tête, et non noyé dans la masse comme un vulgaire pantin qu'il se refusait d'être. Alors il se démarqua, d'un pas en arrière et d'un port de tête dédaigneux, il les laissa s'engouffrer telle une vulgaire masse informe, se détachant dès lors de cette dernière en faisant preuve d'un individualisme certain. L'Islandais fit alors un bref signe de tête à son élève, invitant Alex à le suivre comme il passa à son tour les portes de l'église en ruines. Les deux mangemorts arrivèrent bien après la masse docile, mais ne se gênèrent guère pour rejoindre le premier rang. Si Carlson savait se faire discret car taciturne, il avait aussi pour lui une arrogance bien trop prononcée.

Les rires emplissaient la salle, couvrant la musique qui jouait en fond. L’Ange blond se déplaçait au milieu d’eux avec une aisance naturelle, qui frôlait l’insolence. Accordant un sourire à chacun, ou un geste bienveillant, il n’y avait certainement pas de meilleure hôtesse que Tanys, divine jeune femme dont la noblesse coulait dans son sang depuis des générations. Sa famille donnait une réception dans Londres, où tout le gratin de l’aristocratie était invité, et comme à chaque fois, les Winchurch avaient vu les choses en grand. Loin cependant de se déplaire dans ce genre de soirée, puisqu’elle avait grandit dedans, et elle aimait jouer avec son image de jeune femme pure plus que jamais. Apprêtée de manière impeccable, rares étaient les hommes qui ne se retournaient pas sur son passage, comme elle n’inspirait que la douceur et l’attirance. Ainsi, dans son rôle d’enfant modèle, elle faisait la fierté de sa famille, unique héritière de leur richesse et de leur pouvoir. Se sentant brusquement tirée en arrière, Tanys dut se faire violence pour ne pas céder à ses pulsions, tout son être lui dictant de ne faire qu’une victime de plus cet homme qui allait probablement laisser des marques sur son bras.

Amaury : « Ma chère Cousine, comme je suis si content de te revoir. »
Tanys : « Amaury » lâcha-t-elle d’un ton glacial, si bien que le prénom raisonnait comme une insulte dans sa bouche. « Que puis-je faire pour toi ? »
Amaury : « Je tenais juste à t’annoncer que j’étais de retour à Londres, j’espère que cela te fera plaisir. »

Levant légèrement les yeux au ciel devant un tel cliché, la jeune femme ne daigna même pas répondre, se contentant de se dégager de son étreinte bien trop brutale. Il en avait toujours été ainsi entre eux, la haine étant à son paradoxe, si bien que cela finissait toujours en combat entre les deux. Et cette fois-ci, Amaury semblait relever le défi à un niveau supérieur.

Tanys : « Il me tarde de te revoir, dans ce cas » répliqua-t-elle, un large sourire sur le visage.

Parfaitement consciente du sous entendu de ses mots, Tanys savait parfaitement qu’ils finiraient par s’entretuer, ayant décidé depuis bien longtemps d’obtenir sa vengeance en faisant couler son sang. Tuer un membre de sa famille, le crime ultime, mais pourtant, la jolie blonde ne reculerait devant rien, si l’occasion se présentait. Elle finit par se détourner de lui dans un dernier sourire provocateur, s’éloignant pour reprendre son rôle, mais s’arrêta lorsque qu’une brûlure familière se fit ressentir sur son avant bras. Accordant un dernier sourire aux personnes présentes, il ne fallut pas longtemps à Tanys pour tourner les talons et sortir de la salle de réception, l’appel de ses paires étant bien trop fort pour qu’elle puisse y résister. Elle avait eu l’occasion pourtant, quelques mois auparavant, mais rien n’y avait fait. Peut être n’était-elle pas faite pour autre chose, finalement. Enfilant une longue cape comme à son habitude, elle était en train de rabattre la capuche sur sa tête, cachant ainsi une bonne partie de son visage, lorsque son père apparut dans son champ de vision.

William : « Où vas-tu ? »
Tanys : « Je suis désolée Père, des amis m’attendent. »
William : « Tanys… » hésita-t-il quelques instants. « Tu ne fais rien qui pourrais t’attirer des ennuis, n’est ce pas ? »

S’arrêtant quelques secondes, un sourire apparut sur le visage de l’Ange, dont les traits n’exprimaient rien d’autre que l’innocence à l’état pure. Il aurait fallu être inconscient pour douter de sa bonne foi à cet instant précis, comme la Belle déposa un léger baiser sur la joue du duc.

Tanys : « Bien sûr que non Père » fit- elle d’une voix enjôleuse. « Tu sais bien que je ne ferais jamais rien de la sorte » finit-elle par ajouter dans un léger rire, avant de transplaner dans un bruit sec.

La différence avec ce cimetière formait un contraste des plus choquants, mais loin de s’en soucier, Tanys entra dans l’église de son pas léger, ne prenant même pas la peine d’abaisser sa capuche, laissant seulement quelques mèches blondes s’en échapper. Ne se mélangeant pas à la foule, elle resta légèrement à l’écart, accordant un signe de tête aux quelques visages qu’elle connaissait, avant que son regard ne soit attiré par un en particulier. D’humeur provocatrice, elle rejoignit le premier rang, se positionnant aux côtés de Tyler, avec un léger sourire comme simple salut. Détournant cependant bien vite son regard, l’Ange finit par croiser les bras, attendant la suite des évènements.