Petite fille au visage d’Ange, ses yeux bleus semblaient briller de curiosité et de malice, comme sa douceur et son innocence n’avait pas d’égal. Fille unique du Duc Winchurch, elle était sa lumière dans ce monde vil et cruel, et pour elle, il était capable de tout. Ainsi, la jeune héritière des très renommés Winchurch avait eu tout ce qu’il était capable d’avoir, comme personne n’était capable de résister à la moindre de ses demandes. La preuve en était aujourd’hui, où la jeune enfant, alors âgée de onze ans, s’entrainait avec son nouveau balai dernière génération, dans l’immense propriété. Les Winchurch étaient une des plus grandes familles de la haute société, dont l’empire et la réputation s’étendait jusqu’en Angleterre. Et c’était dans les contrées sauvages de l’Ecosse qu’ils vivaient, dans un château à l’image de leur grandeur. Tanys n’avait connu que le luxe et l’argent, mais on ne pouvait pas dire que son éducation sévère n’avait pas porté ses fruits. Car si chacun de ses caprices avaient été comblé, ses parents étaient très exigeants dès que l’image de la famille était en jeu. Ainsi, le petit Ange avait rapidement appris les comportements de la bourgeoisie, se prêtant au jeu avec une dextérité surprenante, réussissant à s’en servir pour parvenir à ses fins. Un tel esprit manipulateur ne devrait pas exister chez une enfant aussi jeune, mais pourtant, il semblait bien que son don d’actrice soit aussi développé, que son besoin de cacher sa personnalité noire grandissante devenait important. Qui aurait pu accuser une enfant si délicate, de vouloir nuire ceux qu’elle n’aimait pas ? Le nombre de nounou qui avait défilé à ses côtés n’avaient pas inquiété ses parents, comme Tanys faisait preuve de ruse pour être la victime innocente. Décrivant des cercles plus ou moins larges dans le ciel, la jeune fille jetait de temps en temps des regards ennuyés à celle qui attendait au sol. Son nom lui échappait déjà, tant qu’elle n’était pas concernée par la nouvelle nounou, embauchée il y avait quelques jours de cela. Bientôt, leur présence serait rendue inutile, puisque le petit Ange entrait à Poudlard. A cette idée, un léger sourire étira ses lèvres, comme l’excitation la reprit. Elle se montrait enthousiaste de pouvoir enfin apprendre à utiliser ses pouvoirs. Même si elle ne mesurait pas encore toute l’ampleur, Tanys n’était pas dupe quant au monde qui s’offrait à elle, et toutes les possibilités qui en découlaient.

Louise : « Melle Winchurch ! Il est l’heure du brunch ! »

Ignorant les premiers appels, Tanys élargit sa zone de vol, afin de s’éloigner de la voix désagréable de la vieille femme. Elle avait, en règle générale, beaucoup d’amusement à ce genre d’évènement, aimant être le centre de l’attention. C’était pour elle le meilleur moyen de travailler son image soigné et son charisme, qui découlait en chacun de ses gestes depuis son plus jeune âge. Ce n’est qu’après de longues minutes, et lorsque les cris devinrent trop important, que la jeune sorcière daigna accorder un regard à sa nourrice. Mais loin d’obéir aux ordres, elle plongea en piquet dans la direction opposée, atteignant une vitesse vertigineuse, un rire s’échappant de ses lèvres sous l’effet de la joie que cela lui procurait. Connaissant la propriété comme sa poche, ce n’est pas par hasard qu’elle se dirigea vers le lac sombre et brumeux, qui était à l’extrémité Nord du château. Endroit des plus inquiétants, mais surtout, interdit en raison du danger qu’il représentait. On le disait maudit, et habité par des créatures aussi malveillantes que néfastes. Loin de croire à toutes ces légendes, qui faisaient parties du folklo local, Tanys était aussi attirée qu’intriguée, sa curiosité allait bien plus loin que le simple fait d’enfreindre les règles. Se posant avec souplesse sur le sol, elle laissa son regard se perdre dans les brumes épaisses au dessus de l’eau, la froideur des lieux le rendant d’autant plus majestueux. Attirance des plus dangereuses pour tout ce qui lui était inconnu, le petit Ange voulait percer le mystère, comprendre ce qui semblait tant effrayer les plus faibles, et faire trembler les plus forts. Et si elle n’avait pas été forcée de porter son attention sur sa nourrice qui arrivait en courant, il était probable qu’elle serait restée figée, perdant la notion du temps comme à chaque fois qu’elle venait ici.

Louise : « Melle Winchurch, revenez ! »

Le souffle court, il fallut quelques instants à la vieille femme pour calmer son rythme cardiaque, tandis que la jeune fille la regardait, une moue à la fois ironique et exaspérée sur le visage. Elle avait depuis toujours cette répugnance pour ceux qui montraient leurs faiblesses, tant que cela devenait facile de s’en jouer. Mais faisant fis de ce genre de pensées, c’est avec une grande satisfaction qu’elle observa Louise réaliser l’endroit où elle était, comme son regard se fit soudainement nerveux.

Louise : « Il… il ne faut pas rester là, Melle Winchuch » bégaya-t-elle, tendant une main implorante vers celle qui était sous sa garde.
Tanys : « Que se passe-t-il, Louise ? » répliqua-t-elle, prenant un air parfaitement innocent, comme elle n’eut aucun scrupule à reculer d’un pas, provoquant ouvertement les nerfs de sa nurse.
Louise : « Revenez, je vous en supplie. »

Les gestes rendus maladroits par ses tremblements, la vieille femme voulu attraper son bras, mais c’était sans compter la vivacité et la soudaine colère de l’enfant. La repoussant d’un geste brusque, Tanys la regarda trébucher sur les cailloux au sol, ne faisant aucun geste pour empêcher une chute inévitable.

Tanys : « Ne me touchez pas. »

Un murmure, à peine audible, et pourtant la menace était bien présente, tant dans sa voix que dans ses mots. Toute trace d’émotion disparut soudainement de son visage, comme ses yeux devinrent perçant sous la colère et l’arrogance. L’espace d’un instant, le masque tombait, comme l’Ange prenait des allures de Diable, une lueur dérangeante brillant au fond de ses pupilles. Si elle parvenait à maîtriser son côté instable et impulsive la plupart du temps, Tanys replongeait rapidement dedans, pour peu que l’instant s’y prête. Stupéfaite, Louise se releva, essuyant ses paumes de main ensanglantée sur sa jupe, comme elle ne parvenait pas à détacher son regard de la fillette, qui était bien loin de la douce enfant qu’elle avait l’habitude d’être.

Louise : « Qu’est ce qui vous arrive… »

Ses mots se perdirent, lorsque finalement, elle finit par comprendre ce qui accaparait tant l’attention de la jeune fille. Levant les mains légèrement, dont une des plaies continuait de saigner, la vieille femme sentit son sang se glacer, ne pouvant retenir un frisson lui parcourir l’échine. Tanys ne semblait pas pouvoir détacher son regard du liquide rougeâtre, intriguée et fascinée à la fois par ce qu’il représentait.

Louise : « Satanas… Kyrie eleison - »

Peut être était-ce l’ambiance macabre qu’instaurait ce lieu maudit, peut être était-ce toutes ces légendes qui avaient bercé son enfance, et en lesquelles elle avait cru. Mais toujours est-il qu’elle ne put retenir ses mots, démontrant les croyances moldus, en lesquelles la cracmole qu’elle était se rattachait.

Tanys : « Christe eleison, Kyrie eleison. » la coupa-t-elle, entamant la prière qu’elle connaissait, un sourire provocateur sur les lèvres.

Elle n’eut cependant pas le temps de poursuivre, que déjà, la vieille femme tournait les talons, s’enfuyant aussi vite que son état de santé le permettait. Poussant un léger soupire ennuyé, son visage s'adoucit aussi soudainement que le masque était tombé, comme elle avança sur le chemin menant au château.

La folie. Douce délivrance du monde réel, permettant de s’évader des lieux les plus sinistres. Tendre promesse d’un monde meilleur, dans lequel la liberté et l’oubli résonne comme une mélodie paisible et si attirante, qu’il semble difficile d’y résister. D’autant plus que l’humain est faible, et il est si facile de le faire plonger, que cela tenait plus d’un jeu que d’un défis. On joue avec, on le torture, on viole chaque parcelle de l’esprit, ne laissant rien d’intact. Alors le cerveau finit par lâcher, abandonnant petit à petit ce qui le raccroche à la réalité, pour ce réfugier dans cette inconscience si dangereuse, et pourtant, si tentatrice. La jeune femme l’avait vu venir depuis longtemps. Enfermée entre ces murs sombres et humides depuis bientôt quatre mois, elle avait joué avec la folie, l’avait apprivoisée, et l’avait utilisée. Le combat n’était pas toujours des plus équitables, et elle avait dansé avec le danger, sombre inconsciente qu’elle était. Mais elle aimait ça, depuis toute petite, cette sensation que tout pourrait s’arrêter en une fraction de seconde, si vite, qu’elle n’aurait même le temps de s’en rendre compte. C’était un sentiment grisant et enivrant, probablement décuplé par l’afflux d’adrénaline. Nombreux étaient ceux qui l’avaient prévenu de ce danger, et elle en avait rit, signe pour beaucoup qu’il était déjà bien trop tard pour sauver son âme. Mais son rire au contraire l’avait rattaché à la vie, rappelant à sa détermination de ne pas lui faire faux bon. Car ignorant était celui qui la prenait pour une victime, et inconscient était celui qui voyait en elle une proie.

Tanys Angel Winchurch, des prénoms si doux, et un physique si angélique, qu’il était difficile de la voir enfermée à Azkaban, et accusée d’actes aussi horribles. Et là où d’autres avaient déjà abandonné le combat, elle s’était relevée, faisant appel à ce qu’elle savait le mieux faire : jouer avec son entourage, et l’utiliser. Des mots qui paraissaient si anodins, et pourtant, qui prenaient toute leur ampleur dans la bouche de l’ancienne Mangemort. Elle avait certainement mérité sa peine, et bien plus encore, pour tout le mal qu’elle avait fait. Car elle ne connaissait ni la pitié ni la compassion pour ses victimes, et ceux qu’elle avait laissé en vie, n’avaient pas eu d’autre but que d’assouvir sa curiosité, elle qui voulait toujours comprendre les sensations humaines. Elle avait écouté chacun de leurs cris d’agonie, y trouvant un plaisir malsain. Et elle avait observé leur mort, fascinée par ce spectacle si majestueux dans ses yeux. Car si la mort en effrayait plus d’un, la jolie Blonde aimait s’en jouer, voulant repousser les limites, tentant d’assouvir sa soif de connaissance sur ce sujet. Ainsi, si la peine était justifiée, il n’avait jamais été question de laisser qui que ce soit l’enfermer. Son appel pour la liberté était plus important que tout, avec tout ce que cela apportait. Redressant la tête en entendant des bruits de pas, la Belle eut un léger sourire sur son doux visage, prenant une expression des plus abattues lorsque le nouveau venu arriva à la hauteur de sa cellule. Retrouvant le reflet de ses propres yeux azur dans ceux de son père, Tanys se releva avec toute la prestance qu’imposait quelqu’un de son statut, et s’approcha de l’homme, qui semblait bien âgé à cet instant précis.

William : « Mon enfant » souffla-t-il d’un ton torturé. « Tu as l’air si faible. »
Tanys : « Je vais bien Père » répliqua la jeune femme, alliant avec brio une pointe de bravoure et de résignation dans sa voix.

Car si la jeune femme était d’ordinaire douce et fidèle envers ses proches, elle n’hésitait cependant pas à utiliser ses talents d’actrice pour arriver à ses fins. Et si pour ses bourreaux, elle était irrévocablement coupable, le Duc de Winchurch avait pour seule faiblesse sa fille, qu’il voyait encore comme la douce enfant innocente, qui avait illuminé sa vie. Tanys avait tout eu dans sa vie, ayant la chance de naître dans une famille de la haute bourgeoisie, il n’y avait pas un seul caprice qu’elle n’avait pas fait, et pas une seule chose qu’on lui avait refusée. Les apparences n’avait plus aucun secret pour la jeune femme, elle qui aimait tant jouer avec, aussi instable que son tempérament de feu lui permettait. Et c’est probablement grâce à cela que Tanys se tenait devant son père sans ciller, son visage ne trahissant aucune autre émotion que celles qu’elle permettait. Ainsi, c’est avec ce port de tête princier, et en plantant son regard dans celui de son père, qu’elle avait juré son innocence, accusant ses bourreaux de l’avoir condamnée à tord. Le Duc ne pouvait tolérer un affront envers sa fille unique, à qui il tenait comme la prunelle de ses yeux. Il travaillait sans relâche depuis des semaines pour la faire sortir de cette prison, usant de sa réputation, de son pouvoir et de sa richesse.

William : « J’apporte de bonnes nouvelles. Le juge Richardson s’est montré particulièrement touché par ta situation, et d’ici la fin de semaine, tu seras libre. »
Tanys : « La fin de la semaine ? »

Un fin sourire apparut sur son visage, comme son regard sembla soudainement s’animer de cette flamme qui lui était propre, devenant plus brillant que jamais. Elle n’écoutait déjà plus les paroles du Duc - qui lui expliquait ce qui l’attendait -, déjà perdue dans les méandres de son esprit. Il faudrait qu’elle soit irréprochable, car au moindre faux pas, il ne pourrait plus rien faire pour elle. Et avec quelques pots de vin supplémentaire, elle pourrait même réintégrer son ancien poste. Elle allait être libre, qu’important le reste. Fermant les yeux, elle pouvait déjà sentir les rayons de soleil réchauffer sa peau satinée, et le vent souffler dans ses cheveux. Elle pouvait déjà entendre les bruits de la rue, les passants parler et la bousculer sur son passage. Elle pouvait déjà voir leurs émotions sur les visages de ses patients de l’hôpital, priant pour un soulagement qui ne viendrait jamais. Elle pouvait déjà sentir cette odeur si particulière à la mort, mélange de peur et de sang, et si enivrante. Et à mesure que ces pensées faisaient leur chemin, un rire s’échappa de ses lèvres, enfantin et frais, reflétant la femme enfant qui sommeillait en elle. Mais des notes d’un sentiment dérangeant s’y mêlèrent, ultime provocation à cette folie qui ne semblait vouloir d’elle, et énième affront à cette mort qui la fascinait tant.