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 _La Mort est Art || PV ||

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_La Mort est Art || PV || EmptyJeu 29 Mai - 17:24



Invité
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Le matin. Y'a t'il un moment de la journée plus odieux que le matin ? Pas ce genre de début de journée où l'on se lève parfaitement réveillé, frais et dispo, avec un sourire de contentement aux lèvres, habité par une étrange sensation de puissance et de réussite. Non, pas du tout. Plutôt le genre de réveil que l'on pourrait qualifier de « gluant ». Pourquoi gluant ? Parce que cet adjectif résume parfaitement la situation. On a tous connu ces moments désagréables à souhait où l'on se sent incapable de sortir de son lit. Vous vous sentez lourd, vous avez l'impression que si vous vous extrayez de l'étreinte protectrice des couvertures, vous allez mourir de froid et, ironiquement, votre couche ne vous a jamais paru aussi confortable et douillette. Vous avez mal aux yeux, comme lorsqu'on est réveillé en plein milieu de la nuit, en pleine phase de sommeil profond. Votre tête est affreusement lourde et rien ne vous semble plus insurmontable que de quitter votre cocon. Vous visualisez la situation ? Hm, je sens que oui. Maintenant que vous avez le contexte en tête, passons à l'essence même de ce message, voulez-vous ?

Gabriel considéra la montre à gousset posée sur sa table de nuit d'un oeil vitreux. Grâce à un rayon de lumière blême qui filtrait à travers les vieux volets de sa chambre au dernier étage, il pouvait voir les aiguilles argentées qui indiquaient un horaire des plus fatidique : 4h17. Rien que de lire l'heure, le jeune homme avait mal à la tête. Pourtant, impossible de retrouver le sommeil. Il avait froid, même en resserrant l'édredon contre son petit corps, même si l'on était en juillet. Son cerveau engourdi se remettait lentement, mais irrémédiablement, à fonctionner, ruminant diverses pensées qui rendaient son rêve d'endormissement un peu plus irréalisable encore. Chaque songe, aussi futile et léger soit-il, l'empêchait de replonger dans l'abîme du sommeil. Il sentait son corps sortir de son état de veille, son coeur battre plus vite pour envoyer plus de sang dans ses membres endoloris, son estomac gargouiller pour lui signaler un scandaleux manque de nourriture et sa vessie se contracter afin de le presser d'aller la vider sous peine d'accident gênant. Autre facteur qui précipita son retour dans le monde matériel : un violent coup de coude dans les côtes. Le marionnettiste grimaça et étouffa un gémissement de douleur. Son petit frère d'un an de moins que lui, Mihael, venait une fois de plus de lui rappeler sa présence avec sa délicatesse habituelle. Ils dormaient dans le même lit double depuis qu'ils étaient sortit du lit à barreaux pour bébés et depuis, son cadet n'avait eu de cesse de le frapper inconsciemment dans son sommeil. Gaby avait apprit à s'en accommoder, profitant de cette présence humaine contre lui qui faisait office de peluche, mais c'était toujours... surprenant de se prendre un coup à un moment inopportun. L'androgyne s'écarta prudemment de Mihael, peu désireux de servir une nouvelle fois de punching-ball. Pas ce matin, le 26 Juillet de sa seizième année, seize ans qu'il accomplirait le 14 Octobre.

Le jeune sorcier roula sur le côté et fixa le paravent décoré de motifs floraux défraîchis sans le voir. Il ne désirait s'aventurer dans le monde hostile qu'était sa chambre – et, par extension, la maison toute entière – pour rien au monde. Non, non. Gaby voulait rester à l'abri dans le pays moelleux et doux qu'était son lit. [ Oui, dans cet état d'esprit, votre lit devient un pays à part entière. ] Le petit brun ferma lentement mais étroitement les paupières, serrant les lèvres, comme s'il venait de prendre conscience que la suite était inéluctable : il devrait tôt ou tard – plus tôt que tard, d'ailleurs – sortir de son cocon. Gabriel laissa échapper un petit gémissement plaintif, semblable à celui qu'un chiot pousserait pour exprimer sa peine. Ainsi recroquevillé sur lui même, le visage figé en une expression abattue et ensommeillée, il avait vraiment des allures de petit animal sortant de l'hibernation. Enfin, de l'hivernation puisque nous parlons là d'un serpent. Le reptile en question prit son courage à deux mains et se glissa hors du lit, se laissant doucement tomber sur le côté, amortissant sa chute avec ses bras frêles, afin de s'allonger sur le parquet, à plat ventre. Etrange façon de se lever me direz-vous, mais là, le jeune homme n'avait pas du tout la motivation necessaire pour se mettre sur ses deux jambes, debout. Sa joue pâle pressée contre le vieux plancher de bois sec, propre, mais irrégulier, Gaby semblait réciter tout bas des encouragements qui lui étaient destinés pour se redresser, les yeux clos. Il poussa un long soupir puis posa les paumes de ses mains à plat sur le sol et poussa, tendant ses bras, pour redresser son buste ; il ramena ses jambes pliées sous ses fesses en même temps afin de se retrouver à genoux. Le marquis déchu poussa un long mais discret bâillement, étouffé par la main qu'il porta devant sa bouche. Les yeux embués par les larmes suscitées par le bâillement, le jeune homme se leva maladroitement sur ses deux jambes et se traîna jusqu'à la salle de bain.

Après avoir observé sa figure fatiguée et sa chevelure en bataille d'un oeil morne et après s'être mouillé le visage pour tenter de se redonner un teint frais, Gabriel se traîna deux étages plus bas, dans la cuisine qui fusionnait avec la pièce à vivre. Ayant la flemme de se préparer du porridge, des oeufs ou un smoothies, il versa des corn flakes dans un bol et les arrosa de lait demi écrémé. La maison était silencieuse, il était le seul idiot a être réveillé, et le craquement des pétales de maïs sous ses dents paraissait assourdissant. C'était très désagréable. L'héritier des de Darigaar se dépêcha de finir son petit déjeuner, remonta dans sa chambre à pas de loup et dénicha quelques vêtements dans l'armoire afin de les emmener dans la salle de bain. Du temps, il en avait beaucoup à disposition ce matin. Pour cette raison, il se fit couler un bain et prit tout son temps pour se laver le corps et les cheveux, se rincer, se sécher, s'habiller, se maquiller, se coiffer, etc. Lorsqu'il ressortit, la montre qu'il avait emportée avec lui indiquait 5h46. Sa grand-mère ne tarderait pas à sortir de sa chambre et il ne faisait aucun doute qu'elle soit déjà réveillée. Gaby était fin prêt, vêtu d'un pantalon noir rentré dans des chaps rouge sombre arrivant jusqu'aux genoux, qui recouvraient également une partie de ses bottes noires, d'un tee-shirt de la même couleur à manches courtes, les hanches enroulées dans une large bande d'étoffe rouge sang qui faisait office de ceinture, le tout recouvert par un de ses manteaux très caractéristiques : manches trop longues pour cacher ses mains délicates, système de fermeture par pressions tout le long sauf à quarante centimètres de l'ourlet du bas, coupe large pour cacher son corps svelte et anguleux, sans oublier ce col si particulier, large et semi-rigide qui camouflait son cou et le bas de son visage poupin sans pour autant épouser ses courbes, étant éloigné de sa peau d'exactement sept centimètres. Ce manteau ci était bicolore : noir avec l'intérieur et les bordures rouge sombre. Mi long, il lui couvrait les jambes jusqu’aux genoux. Tout, exceptés chaussures et sous-vêtements, avait été conçu et cousu par lui. Ainsi, il ne ressemblait à personne, conservant de ce fait son originalité et son unité. Sinon, le marionnettiste avait légèrement cerné ses yeux vairons de noir et tracé deux traits tremblotants qui partaient de son oeil gauche – le vert – jusqu'à sa mandibule inférieure. Assez étrange. En guise de bijoux, il portait son éternelle bague caractéristique de sa famille, celle qui portait le kanji 人形 signifiant « marionnette » en argent et jais au pouce gauche, ainsi qu'une paire de boucles d'oreilles, de simples disques noires de taille moyenne.
Alors que le jeune homme refermait la porte derrière lui, il entendit une voix familière l'interpeller, à la fois sèche et douce :


Abigaël – « Tu es déjà levé, Gabriel ? »

Son petit-fils tourna la tête vers elle et répondit d'un ton neutre :

Puppet – « Oui, Grand-mère Abigaël. J'ai déjà mangé, je vais aux sous-sols. »

La vieille femme, qui ne manquait cependant pas de prestance malgré son grand âge, ne répondit rien et le suivit de son regard perçant de renard alors qu'il descendait lentement les escaliers, mâchonnant l'embout de sa pipe à long tuyau qu'elle n'avait pas encore allumé.

L'artiste de la mort occupa l'heure suivante à poursuivre la fabrication de sa toute nouvelle création : une marionnette créée à partir du corps sans vie d'une gracieuse jeune fille aux cheveux d'un roux flamboyant. La veille, il l'avait vidée de son sang et ses organes, lavée, traitée contre la putréfaction et rigidifiée au moyen de quelques potions dont la composition était tenue secrète. Gaby avait également remplacé toutes ses articulations osseuses en articulations circulaires. A présent, il s'appliquait à la doter d'yeux de verre de couleur noisette et à choisir les armes et les poisons dont il allait commencer d'ici peu à la truffer. C'était une chose très complexe d'armer une marionnette. Il fallait s'arranger pour que les mécanismes se déclanchent correctement, que les armes puissent sortir sans encombre, qu'elles restent bien calées dans leur réceptacle, que rien ne se chevauche ou ne se gêne, que le poids soit répartit uniformément... Bref, tout un tas de facteurs compliqués qui nécessitaient une rigueur sans faille et des calculs tordus. Gabriel passa ainsi deux bonnes heures à s'adonner à son art funeste, jusqu'à ce qu'Antoinette, sa jeune soeur de deux ans sa cadette, le prévienne que sa grand-mère désirait qu'il garde la boutique située au rez-de-chaussée. L'androgyne acquiesça, rangea ses outils et remonta, emportant avec lui une aiguille large de deux millimètres et longue de dix-huit centièmes, non empoisonnée, avec lui, histoire d'avoir quelque chose à manipuler pendant les quatre heures à ne rien faire qui l'attendaient.



Gabriel étouffa un bâillement. Le Darigaar's Puppets Shop n'était jamais aussi ennuyant à garder que durant la matinée. Avant 14h00, personne ou presque ne s'aventurait jusque ici. Il n'y avait donc rien à faire à part compter les minutes et se divertir comme on pouvait. Dans le cas du jeune magicien de Serpentard, c'était lire la Gazette du Sorcier en manipulant l'aiguille d'inox, qu'il faisait machinalement taper contre le bois du comptoir. Il jeta un coup d'oeil désespéré vers l'horloge. 9h28. A peine une heure et demi s'était écoulée depuis qu'il avait prit son poste de gardien. C'était consternant. Le petit brun aux yeux dépareillés reporta son attention sur son journal. Malheureusement, il ne put bientôt plus lire les lignes imprimées du quotidien, ses pupilles défaillantes lui jouant quelques fourbes tours. Depuis qu'il avait été touché par une infection oculaire qui lui avait fait perdre la vue pendant un peu plus d'un mois, son acuité visuelle n'avait fait que se détériorer. Ainsi, il ne pouvait pas se concentrer visuellement trop longtemps sur quelque chose ou sa vue se troublait. De même qu'il pouvait se retrouver momentanément plongé dans une semi obscurité, parfois sans raison. Pourtant, le jeune homme avait toujours refusé de porter les lunettes qu'il était censé mettre, et impossible de lui faire entendre raison, à cet entêté. Gaby cessa donc de lire, un peu agacé, faisant nerveusement cliqueter son aiguille contre le bureau. Sans vraiment y songer, il se mit à charcuter le journal avec son arme, ruminant de sombres pensées sur sa vue défaillante. Enfin il y avait quand même un avantage : pour rééquilibrer la chose, son odorat et son ouïe déjà bien développés s'étaient davantage aiguisés.

Le regard encore un peu troublé du marionnettiste se posa sur Souffrance, son pantin préféré, sagement posé dans son coin. L'androgyne, sans avoir besoin de tendre les mains, replia lentement son index en se concentrant sur la marionnette inanimée. Soudain, comme si elle eut été douée de vie, elle se leva lestement, « connectée » à son créateur par des liens invisibles. Seuls les de Darigaar maîtrisait cet art, exclusivement héréditaire, et encore, dans la branche principale de la famille seulement. Nonchalamment, Gabriel lui fit faire quelques pas de danse, lents et gracieux. Sa « peau » était sombre, ses mains dotées de griffes, ses cheveux noirs en bataille, ses yeux rouges comme le sang, ses dents aiguisées, des embryons d'ailes noires saillant dans son dos et vêtue d'un manteau semblable à celui de son maître. Souffrance était assez effrayant – en effet, il était un membre de la gent masculine. Il s'agissait d'une marionnette humaine, comme la plupart des pièces de leur vaste collection. Il ne s'appelait point Souffrance parce que ce mot caractérisait bien son créateur, pas du tout. Gaby n'avait rien d'un suicidaire dégoûté par la vie, non. Il l'avait simplement nommé ainsi car c'était une des caractéristiques de l'homme qui avait servit à façonner le pantin. Homme dont l'identité restera secrète. La vue du jeune noble recommençait peu à peu à se rétablir, au grand soulagement de celui-ci : il avait toujours peur d'en arriver à un point de non retour et, à terme, de devenir aveugle.

L'artiste de la mort fit déambuler Souffrance dans la l'antique magasin, zigzaguant entre les vitrines qui exposaient ses confrères figés dans la mort. Soudain, Gabriel entendit un son de cloche fendre l'air : la porte venait de s'ouvrir. D'humeur maussade ce matin, il ne prit pas la peine de se redresser sur son siège, gardant cette posture renfrognée des mauvais jours. Il écarta cependant la marionnette de son champ de vision en décalant son annulaire d'à peine quelques millimètres, afin de pouvoir contempler le visiteur inattendu. Souffrance s'écarta et le jeune homme put l'apercevoir. Le jeune homme le jaugea d'un regard las et blasé, débitant d'une voix neutre :


Puppet – « Bonjour, monsieur. Puis-je vous renseigner ? »

L'aristocrate déchu ne le quittait pas du regard, au cas où il commettrait la faute impardonnable de fureter partout en osant toucher à ses précieux pantins, remuant discrètement les doigts dans ses manches pour faire glisser Souffrance derrière le potentiel client, le prenant ainsi en sandwich entre la marionnette et lui-même. Elle déployait sa haute silhouette, 1,85 mètres, sur le visiteur. Gabriel ne s'en doutait pas encore, mais cet homme allait modifier le cours déjà insolite de sa vie d'adolescent de quinze ans et demi, futur élève en sixième année à Hogwarts. C'est quand on s'y attend le moins que le destin vient frapper à notre porte.


HJ - Voilà, très cher Chibee ! =3
 
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_La Mort est Art || PV || EmptySam 31 Mai - 17:53



Invité
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    Nathanaël aimait le matin. C’était un moment qu’il affectionnait particulièrement pour son calme et son silence. Il aimait l’intimité qui régnait dans sa chambre sombre. Comme il n’avait pas à se lever, il resta allongé dans son lit, les yeux rivés sur la fenêtre entrouverte. Un filet de lumière frappait son front pâle. Le jeune homme ne cillait même pas. La lumière ne lui faisait pas peur, pas plus qu’elle ne l’affectait. Et elle ne viendrait pas troubler le demi-sommeil du Nécromancien. Ca sentait encore la nuit, dans sa chambre, cette atmosphère calme et chaude qui réchauffait son corps fatigué et attaqué par les débuts de la maladie. Putain de magie. Dès le matin, il ressentait le besoin, cette horrible sensation de besoin, de s’en servir, d’en avoir en lui. Nathanaël ferma les yeux et les rouvrit avec lassitude. Il se leva silencieusement et alla jusqu’à sa salle de bains, où il s’enferma soigneusement, se déshabillant devant la glace afin de s’observer. Son regard gris, perçant, scrutait les moindres détails de son torse, de ses épaules massives et de son cou pâle, ainsi que de son visage émacié. On aurait dit un détenu en cavale. Au fond, c’était ce qu’il était. Prisonnier de la mort qui lui courait sans cesse après, rattrapant chaque jour un peu du chemin. Mais Nathanaël avait plus d’un tour dans son sac.

    Le jeune homme tendit ses bras devant lui, s’observant attentivement. Il laissait son regard sur la peau blanche. Jusque là, pas de problème. Mais arrivé aux poignets, Nathanaël baissa violemment ses bras. Il ne voulait pas voir l’inévitable. Sa peau, de plus en plus fine, laissait apparaître ses veines noires et bleues. Le Nécromancien alla directement sous la douche, ses cheveux noirs se collant à ses joues creuses. Sa mèche rose, trempée d’eau, semblait comme une unique tache de couleur au milieu de ces cheveux noirs et de ce blanc trop pâle de peau. Nathanaël semblait comme figé sous l’eau. Un faible halo rose l’entoura quelques secondes, puis disparut aussi vite qu’il était venu. Ca arrivait de temps à autre, comme ça, sans prévenir. Nathanaël ne s’en rendait même plus compte, au fil du temps. Le jeune homme sortit de la douche. Refroidi par l’eau tiède, il resta un moment debout devant la glace à trembler comme un enfant. Mais son regard n’exprimait aucune détresse, plutôt de la rage, de la haine, même. Son murmure déchira le silence comme un poignard :


    Nath - « Salope… C’est moi qui t’aurais en premier. Trouve quelqu’un d’autre à crever.»

    Nathanaël se fixa encore quelques secondes et alla enfiler un sweat à capuche pour cacher son visage et un jean simple. Il aimait passer inaperçu pour mieux observer les gens, mais il savait qu’il inquiétait avec sa carrure et ses airs à la Scarface. Puis il s’assit sur son lit et claqua des doigts. Le sol se mit à vibrer légèrement, et le parquet se mit à gondoler, comme dans un dessin animé ou un rêve. Un cercle violet et lumineux apparut sur le sol et un fantôme en sortit, l’air digne. Belle et fragile, feu Madeleine de Nod, sœur de Eve, fixait son neveu bien vivant avec l’air las qu’elle arborait en permanence. La décédée murmura de sa voix spectrale :

    Maddy - « Que puis-je faire pour toi, mon neveu ? »

    Nathanaël eut un sourire.

    Nath - « Tante Maddy, toi qui as toujours habité ici, comment sortir sans se faire remarquer ? »

    Le spectre ne parut pas surprise : elle avait l’habitude des frasques de son neveu. Mais elle était l’un des rares proches de Nath’ à ne pas être intimidée. Elle était morte et fantôme. Il ne pouvait rien contre elle. La jeune décédée s’assit aux côtés de sa descendance, qui eut un frisson. Il n’aimait pas les fantômes, il préférait encore la compagnie des morts-vivants et autres zombies. Madeleine sembla réfléchir un peu et son visage devint légèrement plus argenté. De sa voix aussi froide que la glace, mais pas dénuée de douceur, elle expliqua à son neveu le meilleur chemin.

    Maddy - « Il faut sortir par les cuisines. Descends au rez-de-chaussée, longe le couloir des portraits, prends la première porte à droite. Ce sont les cuisines. A cette heure-ci, il y a du monde, mais personne ne tiendra compte de ta présence : ils sont trop occupés, je le sais, je l’ai fait mille fois au moins. Allez, va. »

    Nath - « Merci, Maddy. »

    La raison de ce petit manège ? Nathanaël ne voulait pas que ses sœurs et ses parents sachent qu’il était sorti. Il n’avait jamais eu la sens de la famille, sauf avec Samaël, sa sœur préférée. C’était la plus jeune, la plus fougueuse aussi. Nathanaël aimait son sale caractère frondeur, mais aujourd’hui, il voulait être seul. Il devait réfléchir à certaines choses, et il avait à faire. Il prit sa baguette au cas où, mais savait pertinemment qu’il n’en aurait pas besoin. Nathanaël mit la capuche sur sa tête et sortit de sa chambre. Il suivit le chemin indiqué par le spectre et arriva aux cuisines, pleines de bruits et de ferrailles. Comme prévu, on ne le remarqua pas. Trop occupés à préparer le petit déjeuner des Nod, les domestiques de la famille ne jetèrent pas un regard au Nécromancien qui songea que ses parents n’étaient pas en sécurité avec une bande d’abrutis pareils. Le jeune homme fourra les mains dans ses poches, et se mit à marcher d’un pas vif dans le matin de juillet. Comme c’était pas la canicule à Londres, il pouvait respirer normalement et surtout, ne pas crever de chaleur sous le sweat qu’il avait mis. Sweat pourtant tellement nécessaire : il n’aurait pas pu sortir en tee-shirt, les cas de ses bras s’étaient trop aggravés.

    Le Londres moldu était plutôt sympathique, songea Nathanaël tandis qu’il attendait le bus qui le mènerait non loin de son but précis. C’était une ville agréable, un peu gris, mais agréable. Il avait connu pire : le peu de souvenirs qu’il avait de sa ville natale n’était pas franchement les meilleurs de sa vie. Enfin, le bus rouge arriva et Nath’ y entra, allant s’asseoir dans le fond, observant avec le même œil de faucon tout ce qui se passait autour de lui, ignorant la souffrance qui dévorait ses poumons.Dans ce monde, il y a des êtres exceptionnels, non pas dans le sens élogieux du terme, mais exceptionnels de part leurs capacités et leurs caractères. On peut être exceptionnel de cruauté et de force. Nathanaël, lui, était exceptionnel par cette faculté d’endurer la douleur avec un silence de statue, et de cette neutralité effroyable qui le caractérisait tant. Cette absence de partialité … On aurait dit vraiment un cœur de pierre, entourée de lierre et de ronces pour ne permettre à aucune opinion extérieure d’y rentrer. Même son apparence extérieure donnait cette impression. Cette sensation de faire face à un bloc armé d’une volonté qui pouvait faire déplacer les montagnes n’était pas rassurante. Mais passons.

    Le bus roulait à vive allure dans la capitale londonienne. Il y avait des embouteillages et Nathanaël commençait à s’impatienter. Il faisait claquer nerveusement ses doigts contre la fenêtre, le nez quasiment collé à la vitre. Il reconnaissait peu à peu l’endroit, et un sourire s’étira sur ses lèvres livides. Il y serait bientôt. Encore deux arrêts et il descendait. Et le mieux, c’est qu’il était quasiment seul dans le bus. Il y avait une petite mamie qui serrait son caddie contre elle et deux filles que l’on pouvait aisément qualifier de lolitas riaient à l’avant. Nath ne leur prêta plus attention et descendit à son arrêt. Il fit une centaine de mètres et s’engouffra dans une ruelle. Oh, très théâtral, certes, mais tellement véridique. Il prit sa baguette ( c’était bien la seule utilité qu’elle avait, celle-là ) et tapota sur une porte condamnée. … Qui ne l’était pas tant, puisque le mur de pierre s’effaça pour laisser entrer Nathanaël dans l’Allée des Embrumes.

    C’était totalement désert. Nathanaël ne rabattit pas pour autant sa capuche, au contraire. Le jeune homme commença à marcher : il savait où il allait et désirait s’y rendre le plus vite possible. Le Darigaar Puppet’s Shop, enfin. Un jour, on lui avait parlé de cette boutique unique en son genre où l’on maniait des marionnettes de combat. Marionnettes fabriquées à partir de cadavres humains. La curiosité piquée, Nathanaël n’avait qu’une envie depuis : y faire un tour et pourquoi pas, s’y acheter une poupée qu’il pourrait manier à sa guise. Il entra, donc, et consentit enfin à enlever sa capuche, dévoilant son regard vif et ses mèches roses aux yeux du vendeur, assez jeune si l’on en croyait la voix. Nathanaël tourna son visage vers l’adolescent. Nathanaël avait aimé être un ado, et désormais, il enviait leur jeunesse. C’est sans doute pour ça qu’il préférait la compagnie des adolescents à celles des adultes ( trop ennuyeuse ) ou celles des enfants ( trop dangereuse ). Le vendeur était un original, en tout cas. Parfait. Nathanaël se mit à regarder les poupées, impressionné.


    Nath - « Oui, j’aimerais savoir comment ça fonctionne. »

    Première phase : rencontre du troisième type.

 
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Invité
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HJ - Ce qui est en italique est en Français.



Gabriel détailla le nouveau venu avec attention, le vrillant de son regard asymétrique. C'était un homme qui devait avoir une vingtaine d'année d'après le marionnettiste, sinon guère plus. Son aspect était assez intriguant, original. Ses cheveux d'ébène étaient parsemés de quelques mèches rose vif qui tranchait avec la noirceur du personnage. Son visage était plutôt fin et semblait fatigué, comme si l'homme était rongé par quelque chose, une maladie éprouvante et incurable. Ses yeux étaient sombres mais brillants, habités par une lueur peu commune, secrète et troublante. Enfin, chose assez inhabituelle, ce potentiel client portait un sweat. Qui d'autre que lui-même, Gabriel de Darigaar, porterait un vêtement chaud en plein été ? Malgré lui, l'adolescent se pencha légèrement en avant par-dessus son comptoir, intéressé, délaissant son aiguille. Si le nouveau venu était bel et bien un vrai « marginal », comme lui, il obtiendrait son respect. Gaby avait bien conscience que l'inconnu se fichait bien d'avoir sa considération, mais au moins, il ne le traiterait pas avec le mépris habituel dont il gratifiait tous les « étrangers ». Dans le cas contraire, si cet homme n'était qu'un vulgaire crétin qui se prenait pour un individu à part, ce genre de personnes exaspérantes qui jouaient les blasés de la vie meurtris par leur sombre destin, il n'obtiendrait que le dédain du jeune homme, amplifié par son réveil mouvementé.

En se penchant, le jeune Serpentard put saisir l'étincelle impressionnée qui brillait dans les yeux de l'inconnu. En son fort intérieur, Gabriel en fut flatté. C'est vrai qu'il y avait de quoi être émerveillé dans cette boutique, que l'on soit inexpérimenté ou connaisseur en la matière. Après tout, il s'agissait d'offrir une nouvelle vie aux défunts, c'était comme les faire ressusciter. Ils étaient des artistes de la Mort, les de Darigaar transformaient les cadavres en soldats insensibles à la douleur, à la peur, à tous sentiments inutiles et intempestifs qui habitaient l'esprit de l'Homme. Ces pantins sont de véritables trésors en combat. Ils se battent à votre place, prennent les coups à votre place, et ne craignent pas la plupart des sorts qui font normalement effet sur un combattant humain. Et encore, leur "peau" étant presque aussi résistante que celle des dragons grâce à quelques artifices tenus secrets, la majorité des maléfices leur ricoche dessus. Et puis, bien manipulés, quelle puissance, quelle beauté lorsqu'ils se battent, évoluant avec aisance sur le champ de bataille !

Le nouveau venu, admirant les marionnettes enfermées dans leurs cercueils de verre, demanda, visiblement intéressé :


Nath – « Oui, j’aimerais savoir comment ça fonctionne. »

L'adolescent aux yeux dépareillés esquissa un petit sourire. Il aimait bien cette question... Comment ces prodigieuses armes, peu souvent prises au sérieux, fonctionnent-elles ? Une question que l'on pouvait interpréter de différentes façons. Gaby descendit de sa chaise, silencieux comme un chat, et s'avança avec aisance vers ce singulier client. Il avait des allures de corbeau spectral avec son long manteau noir, sa figure blanche et sa chevelure de jais en bataille. L'androgyne se planta à côté de l'homme et, plongeant son regard dans le sien, expliqua, sûr de lui :

Puppet – « Si vous parlez de leur manipulation, monsieur, nous avons fait en sorte de faire simple. Nos marionnettes proposées à la vente sont modifiées pour qu'elles puissent être dirigées à l'aide d'une baguette magique. Même un première année pourrait y arriver, après c'est une question d'entraînement. Le pantin que vous aurez en votre possession, si vous en achetez un, vous obéira à vous seul grâce à une sorte de pacte que vous passerez avec lui. Ainsi, il reconnaîtra la signature de votre baguette et personne d'autre ne pourra lui donner d'ordre, à moins que quelqu'un ne vous la vole, évidemment... »

Le jeune homme marqua une pause. Il tendit légèrement son bras droit vers Souffrance, remonta sa manche pour que le client puisse voir, et replia à peine son auriculaire vers sa paume. Aussitôt, la marionnette glissa vers son maître. Gaby reprit d'une voix neutre :

Puppet – « Si vous vous posez la question, sachez que cette façon de manipuler les pantins est exclusive à la famille Darigaar. On me pose souvent la question, je vous épargne donc de dépenser votre salive pour rien. C'est un don héréditaire, j'imagine... C'est inné. »

Le marionnettiste baissa le bras et ferma le poing. A côté de lui, Souffrance s'assit sur le plancher et baissa la tête, de nouveau inanimée. Il se retourna vers la vitrine la plus proche, où une étiquette indiquait en français : Tempête. Elle renfermait un pantin de taille moyenne, de sexe masculin. Sa peau avait une couleur chocolat, ses yeux étaient marrons et ses cheveux noirs étaient hirsutes. Il était vêtu d'une cape noire en haillon d'où dépassaient deux paires de bras et de jambes. Gabriel indiqua, impassible :

Puppet – « Voici Tempête, Storm en anglais. Je vais vous faire une démonstration de la manipulation avec la baguette. »

Gaby sortit sa baguette d'ébène d'une des poches de son manteau. Peu habile avec celle-ci, il ne s'en servait pratiquement jamais et adoptait profil bas lors des cours de défense contre les forces du mal, de métamorphose ou de sortilèges. En même temps, pourquoi se servir d'un bâton quand on a une marionnette capable des même choses ( et plus ) sous la main ? Le seul sort qu'il était capable de lancer correctement - outre les maléfices de base - c'était le sortilège du Patronus. Il fallait dire que les détraqueurs l'avaient traumatisé lorsqu'il était encore un enfant qui venait rendre visite à son père enfermé à Azkaban. Le jeune homme déverrouilla la porte de l'étagère et expliqua ses manoeuvres en même temps qu'il les exécutait :

Puppet – « Voyez, c'est très simple. Pour signer le « pacte » avec votre pantin, il suffit de tapoter le symbole que vous voyez sur sa nuque. Sur Tempête, c'est un petit scorpion qui repose sur deux petits « D » entrelacés, signature de l'artisan marionnettiste qui l'a fabriquée. Moi en l'occurrence. Voilà, vous le voyez légèrement vibrer, il est donc lié à ma baguette. Ensuite, pour activer la « connexion », il suffit de retoucher son sceau, une fois seulement, sinon vous rompez le pacte. Pour le faire bouger, agitez simplement votre baguette dans la direction voulue. Pour ce qui est de la vitesse et de la précision du mouvement, tout dépend de comment vous l'agitez. Par exemple en faisant un cercle avec votre baguette, Tempête exécutera un saut périlleux, plus ou moins puissant selon la vitesse du mouvement. En ce qui concerne le déclanchement des armes, c'est un peu plus délicat... Je ne peux vous faire de démonstration qu'avec une seule arme afin de respecter les secrets de cette marionnette si vous n'achetez pas celle-ci. Afin de lui faire comprendre que vous vous apprêtez à déclancher un mécanisme, il faut que votre baguette effleure une partie de votre corps, le bras par exemple. Ensuite, il vous suffit de toucher la partie du corps ou se trouve l'arme que vous voulez utiliser, ici la bouche, et le mécanisme se prépare à fonctionner. Je n'irais pas plus loin, je n'ai guère envie de détruire mon magasin. »

Tempête avait la bouche grande ouverte sur le coeur de ses entrailles obscures. Quant à ce qui s'y cachait... seul Gabriel était en mesure de le savoir. Le jeune maître marionnettiste posa à nouveau la baguette sur ses lèvres et le pantin referma sa large bouche. Gaby ajouta :

Puppet – « Ah oui ! Vous pouvez aussi lancer des sorts avec une marionnette. Prononcez simplement l'incantation, le pantin s'occupera du reste. En ce qui concerne toutes les capacités de la marionnette que vous achèterez, si jamais c'est ce que vous faites, je ne vous donnerais la liste complète qu'après achat. Ce papier n'existe qu'en un seul exemplaire et à part vous et moi, personne ne sera au courant des secrets de votre pantin. »

Le Serpentard tapota à nouveau le scorpion sur la nuque de Tempête et celui-ci retomba, désarticulé, dans les bras de l'androgyne. Il le reposa soigneusement dans son cercueil de verre, sans refermer vitrine au cas où l'inconnu souhaiterait y jeter un oeil. L'étrange jeune homme reprit possession de Souffrance, qui le suivit docilement jusqu'à son comptoir. A ce moment précis, Abigaël fit éruption dans la boutique. Elle était suivit de Rainette, sa marionnette humaine qui portait une grande boîte semblable à un cercueil dans ses bras, contenant sans aucun doute un de ses congénères. La vieille femme, sa pipe à long tuyau entre les doigts, annonça d'un ton dégagé mais élégant :

Abigaël – « Voici Oiseau, je viens de la terminer. Expose-la. »

C'est alors qu'elle remarqua le nouveau venu. S'il y avait bien quelqu'un qui connaissait tout le monde ici, c'était bien elle. Toutes les familles affiliées à la magie, qu'elles soient grandes ou petites, n'avaient presque aucun secret pour elle. La grand-mère fixa intensément l'homme aux mèches roses, impassible, et se rapprocha de son petit-fils pour lui murmurer quelque chose à l'oreille avant de disparaître dans l'arrière boutique, Rainette sur ses talons.
Gabriel ne souleva aucune remarque dans l'immédiat. A la place, il préféra se concentrer sur sa nouvelle pensionnaire. Le jeune homme ouvrit la boîte. Elle contenait le cadavre modifié d'une belle jeune fille aux longs cheveux rose pâle dont quelques mèches étaient décorées de plumes noires, aux yeux sombres, à la peau pâle, pourvue d'embryons d'ailes noires aux reflets irisés dans le dos et vêtue d'une longue robe de sorcier noire aux bordures roses. Une petite grenouille était dessinée dans sa nuque. L'héritier des de Darigaar s'empara du papier qui répertoriait son armement et le lu brièvement avant de la ranger précieusement dans un dossier sous son bureau. Sans quitter la magnifique création de son aïeule des yeux, il lança d'une voix neutre :


Puppet – « Ainsi donc, vous êtes Nathanäel de Nod ? Enchanté de faire votre connaissance, monsieur. J'ai déjà entendu parler de vous par ma grand-mère... »

Abigaël ne savait pas grand chose sur le jeune homme, mais elle en savait assez pour savoir qu'il était puissant. Gaby leva les yeux vers le visiteur, affichant un mystérieux petit sourire en coin. Après réflexion, cette journée n'allait peut-être pas être sans intérêt...



HJ - C'est moins bien, je pense. =/ Si la fin te pose problème, dis-le moi, je recommencerais.
 
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