« Nous nous affrontions parce que nous voulions sans le savoir la même chose. » Rohan posa son regard sur Shanaya, avant de croiser ses bras, enfouissant son visage, dans une de ses mains relevés. « Et en t'épousant, j'en ferais aussi mon frère en plus de mon ami s'il veut bien. » Rohan renifla, sous un regard tendre du Sultan. Son meilleur ami cachait sa sensibilité, et la voir de temps en temps avait quelque chose de réconfortant, de rassurant. Le voir craquer, le voir ressentir avait quelque chose d'agréable, et M'hamed savait que ça lui faisait le plus grand bien. Le Sadrazam avait beau dire, mais il avait changé en perdant ses parents. Quand ils étaient plus jeunes, Rohan était un véritable impulsif, laissant transpirer toutes ses émotions comme le fait aujourd'hui son frère, Imran. Le Sultan dévia la lumière de son Sadrazam, le cachant de ses convives, le temps qu'il se ressaisisse. Il eut un sourire, avant de reposer son regard sur Shanaya, ses iris à la couleur incandescente.

La conversation se continua sur ce sujet. Ashur lui concéda son ainé, auquel M'hamed lui fit une petite révérence, honorée de se voir attribuée l'une des jolies sœurs de sa chère épouse. Le Sultan semblait se détendre au fur et à mesure de la conversation, voyant qu'ils trouvaient tous, rapidement, un terrain d'entente à leur mesure. « Qui souhaitez vous convier votre altesse ? », demanda timidement Piki Bachchan. Le Sultan posa son regard bienveillant sur la matriarche du clan Bachchan. Il esquissa un sourire amusé, avant de répondre : « Mais toute la cité, ma chère Piki. Si je représente le Peuple, je me dois aussi de leur faire honneur, en leur présentant comme il se doit ma future femme, mais aussi, en les invitant à notre mariage. » Il eut un petit rire, riant d'avance à sa connerie. « Il va vous en falloir du raisin à nos tables ! »

Rohan réapparut doucement, derrière le Sultan, les yeux rouges, des traces de cristal sur ses joues halés. Il eut un sourire, posant les mains sur le dossier du Sultan. « Oui, et puis, c'est son rôle. La fête qui suivra le mariage durera sept jours et sept nuits. Nous souhaitons qu'en ce jour, toute la cité soit au même pieds d'égalité, permettant à nos gens de pouvoir rencontrer nos invités de marque, comme la cour de la Reine Maab, ou encore nos amis d'Athène, de Chine et d'Inde. » Le Sultan se retourna, posant sa main sur celle de son Sadrazam, en lui demandant : « Tu as déjà tout prévu ? » Rohan baissa le regard, avec un sourire : « Une bonne partie est prévue jusqu'à tes noces, mon ami. Là, je vous laisse régler les détails. » Le Sultan retira sa main, se retournant vers les Bachchan tout en exprimant une moue blasée. « Et bien, si tout est prévu, allons-nous balader, que je vous présente mes jardins ! »

Rohan s'écarta, en éclatant de rire. Il s'approcha de Shanaya, lui tendant les mains pour qu'elle s'en serve d'appuie pour se lever. Le Sadrazam lui baisa le front avant de la serrer contre lui. Il se retourna vers les Bachchan, tout en s'inclinant : « Je vous laisse en compagnie de mon Sultan, j'ai quelques affaires à régler, on se revoit au dîné où nous vous présenterons notre... » Il se tapota le nez, réfléchissant au terme le plus approprié qui soit pour Muadhnait et Jinan. Rien ne vient. Il haussa les épaules, et s'éclipsa dans un halo de lumière. Le Sultan se débrouillera bien. M'hamed esquissa un sourire amusé, tout en secouant la tête devant l'attitude du Sadrazam, puis il murmura : « Il finira par me fatiguer, un jour... » Il se leva à son tour, tendant la main à Shanaya. « Allons-y, si vous le voulez bien. » Il s'avança alors, tenant la main de Shanaya comme si elle eut été faites en sucre, et ils sortirent du salon.