Il y a de trois ans, Symphony est sortie de sa formation d'enchanteresse. Sans travail, et sans argent surtout, aristocrate déchue et tutrice de trois enfants, elle a du s'orienter très rapidement dans quelque chose rapportant beaucoup, et vite. Le marché noir a été sa seule et première option. Son nom aidant à s'insérer dans le milieu, longeant les pas que son père et son frère avaient pris au même âge qu'elle, elle a racheté une petite boutique, minuscule, coincée entre deux bâtiments imposants, à une vieille dame croulant sous les dettes. La vieille Dame lui fila la maison entière, sur deux étages, pour une bouchée de pain. Accolée au bâtiment de la Guilde des Voleurs, Symphony profita de la place pour s'en faire des voisins agréables, mais aussi une protection de plus. Personne ne viendrait en effet l'embêter si proche de la Guilde, quand bien même ces derniers ne bougeraient pas pour elle.

Le magasin a été retapé durant toute l'année 2002. Pour la plus part des choses s'y trouvant, rien n'a été acheté, tout a été déplacé. De sa chambre, de la cave et des pièces trop encombrées du Manoir jusqu'au petit magasin, c'est Symphony qui a mis le plus de temps et y a consacré sa sueur et son sang. De la tapisseries au carrelage, c'est elle qui y a tout fait, et si elle n'en dit pas mot, elle en tire toujours une certaine fierté.

L'Antre de Circé, car c'est ainsi le surnom de l'endroit, est une référence très marquée au personnage de l'Odyssée, référence que Symphony ne cache même plus. En effet, Circé était une enchanteresse très puissante puisqu'elle garda sur son île Ulysse et ses compagnons de longues années durant, obligeant même le roi d'Ithaque à avoir des relations avec elle. Empoisonné par l'eau et les vivres, Ulysse resta sans volonté dans l'île jusqu'à l'arrivée d'Hermès.
Présente un peu partout dans la pièce, Circé guette d'un oeil sévère, de par son caractère affirmé et sa magie légendaire, son Autel, son Antre, sa Caverne.

La façade du magasin est ancienne, et menace à tout moment, vu de l'extérieur, de tomber. En bois sombre, on ne voit rien par les vitres, ni par les vitraux de la porte. On ne peut ni y transplaner, ni y entrer sans y être inviter. La maison respire à plein nez la magie. N'importe quel scelleur y verrait là le produit même d'une enchanteresse - le moindre recoin de la maison est un piège à rat pour qui ne fait pas attention.

La porte tout d'abord est en chêne foncé. Griffée à l'extérieur, on y trouve une gueule de lion en or blanc et aux yeux de grenat, à l'image peut-être des couleurs qui émerveille la Circé à l'intérieur, couleur du sang et de la lune. Une fois à l'intérieure, on remarque que la pièce est carrée, parfaitement symétrique, et que tout est très bien rangé. Rien ne traîne, et il n'y a poussière nulle part.
Le sol est fait de petites faïences claires, bordeaux et de nacres, se chevauchant pour former des arabesques dégradées, des branches qui rampent sur le sol. Les meubles sont en pin clair, patinée de blanc pour les rendre encore plus éclatants. Des chemins de table en soie bordeaux ou pourpres sont étalées sur eux. On trouve poser sur eux des objets de toute sorte, de la main d'un albinos africain jusqu'à de petits hippocampes séchés dans des pots. Ce n'est pourtant pas une apothicaire ici, mais ne vous inquiétez pas, ce n'est pas à vendre. Des catalyseurs, pour les connaisseurs.
Plus loin dans la pièce, en face de la porte, se plante le comptoir, en imposant bois auburn, un beau bois d'acajou. Il ne semble pas y avoir d'issu, ni pour le passer, ni pour en sortir. Pourtant vous y trouverez souvent une jeune fille derrière, les yeux bleus fixaient sur vous. Vous remarquerez enfin les statues de lion figés dans le jade, dans le rubis ou encore dans l'améthyste dans la pièce, et leurs yeux vous suivent comme vous marchez. Un enchantement ? Sans doute. Qui sait véritablement dans cet endroit où tout semble avoir le regard rivé sur vous alors qu'il n'y a, à première vue, rien à voler.

Derrière le comptoir, une petite table de travail est installée, et un grimoire repose dessus, sous une cloche de verre scellée. Vous ne pourrez pas la soulever, et ce quoi que vous fassiez. Sceller pour sceller, un petit lion d'or, haut de cinq centimètres, est posé juste à côté. Ses yeux à lui sont en rubis, et ils vont fixent aussi. Toujours.

Le magasin de Circé est un endroit magique, qui respire l'oppression et la sécurité à la fois. Nul n'y a jamais rencontré de problème, mais nul n'a jamais cherché les problèmes non plus.

Les prix sont honnêtes, un peu élevés peut-être, mais le travail ne loupe jamais et est bien fait. Une garantie vous sera donner les yeux fermés, car Symphony a confiance en elle, et a confiance en son travail. Elle sait y faire, même pour les choses les plus compliquées, ou pour les choses les plus glauques.

Sa réputation sur le Marché au Troll n'est plus à faire.


Exemple de Création