Famille
Nec aspera terrent.
(Ils ne redoutent pas les épreuves, devise de la famille Von Baer)
◢ famille :

Pensine
« Feeling's unknown and you're all alone... »

« C'est juste un gosse, Aramis... » Elle lève la main pour arrêter d'un mouvement le geste d'Harold, l'un des hommes sous ses ordres, ses prunelles ocres quittant la scène qui était prête à se dérouler sous ses yeux pour reporter son attention sur Arrow, celui qui avait osé parler. Être une femme dans ce monde typiquement masculin et qui plus est si jeune, lui imposait de se montrer d'une main de fer pour diriger ses troupes et tant pis si pour cela, elle devait se montrer sans pitié. « Excuse-moi, Arrow ? J'ai cru que tu avais parlé... » Ses iris noisettes le transpercent du regard comme si elle le mettait au défi de répéter ou de contredire encore l'un de ses ordres. Après tout, elle était l'un des Capitaines des Geticas, nommée directement par Gretel Vanderwaal, elle n'avait pas d'ordres ou de conseils à recevoir. Visiblement, c'était une notion, la hiérarchie, qu'Arrow ne saisissait pas. Pas encore. « Je disais... C'est juste un gosse, Lady Von Baer. » Il avait cru bien faire en rappelant son titre, pensant injustement que c'était la raison pour laquelle elle l'avait repris. Un léger ricanement agacé comme s'entendre donner du "lady" la rabaisse considérablement à ses yeux dans sa condition de chasseuse. « Juste un gosse, dis-tu...? » Son regard revient divaguer sur le gamin qui tremble, apeuré, entre les pattes d'Harold, ses deux parents ligotés à un arbre proche et visiblement inconscients.« Dans dix ans, ça n'en sera plus un. Tu sais ce qu'il sera toujours cependant ? Un sorcier... » Elle marque une pause, étudiée. « Dans dix ans... Il sera en pleine force de l'âge et il pourra tous nous tuer d'un coup de baguette magique. » Ses sourcils se froncent comme elle observe les tatouages du chasseur, chacun relatant ses faits d'armes et de gloire comme autant de trophées. « A quoi te sers d'afficher tous ces dessins sur ta peau si tu te montres faibles devant les épreuves ? Les Geticas ne reculent pas devant les épreuves. » Elle le défie du regard longuement et finalement, c'est lui qui baisse les yeux le premier, docile, lui accordant la victoire. Un demi-sourire satisfait comme elle reporte son attention sur le gamin, ses yeux larmoyants qui semblent supplier qu'on l'épargne. Elle détourne le regard, ennuyée. « Assomme-le et mets le feu, Harold. Je ne veux pas l'entendre crier. » murmure-t-elle, avant de tourner le dos et de s'éloigner, les flammes ondoyant de reflets rouges sa chevelure.

Caleb était un peu le frère qu'elle n'avait jamais eu et l'homme qu'elle aurait voulu être. Il était fort, rapide, arrogant mais une fois la partie de chasse finie, il savait redevenir cet être doux et tolérant qu'elle appréciait tant et, n'en déplaise à Hansel, dont les rumeurs prétendaient qu'il avait des vues sur Aramis la petite guerrière, les deux jeunes gens se plaisaient plutôt bien. Bien entendu, s'imaginer un futur en commun était un fait rare chez les chasseurs et ils se voyaient plutôt finir toute leur vie en mission ensemble, quitte à repartir un jour sur les terres de leurs ancêtres, revenir aux origines, chasser en solitaires. A deux. Convaincus de leur complicité, on s'était accordés à les laisser travailler ensemble car ils se montraient terriblement efficaces et précautionneux, chacun veillant à la vie de l'autre avec précaution. Et puis, il y eut le loup. Il est important de préciser LE loup car ce fut celui qui changea tout. Un simple tour en forêt à la nuit, une nuit de pleine Lune durant laquelle, avait-on dit, les loups se tiendraient tranquille, en vertu d'une obscure ligne dans un texte désuet. Et puis il y eut l'attaque. Rapide, éclair, si bien qu'avant qu'aucun des deux ne voit rien venir, Caleb avait déjà une plaie béante dans l'épaule qui ressemblait beaucoup trop à une morsure et le loup avait disparu, comme s'il avait été pris d'un coup de folie, une folie assassine. Les yeux brillants de Caleb et son regard fiévreux, elle ne l'oublierait jamais, pas plus que lorsqu'en pleurs, elle sortit le pistolet aux balles d'argent que lui avait donné Gretel. Elle n'oublierait jamais ce moment, l'acquiescement sincère de son ami qui préférait mourir que de vivre comme un monstre, le bruit de la détonation et le son sourd de son corps s'effondrant sur le sol. Jamais.