Il était déjà tard. En fait, il était plutôt tôt, mais pour lui, Emmett, 6 ans, s'il se faisait prendre à déambuler dans les couloirs à cette heure-ci, il se ferait gravement réprimandé. Cet internat était connu pour ses règles strictes, son éducation strictes, son entourage strict, mais surtout la qualité de l'enseignement donné. Les pensionnaires avaient donc beaucoup de chances de s'y trouver.
D'autres orphelins étaient recueillis dans des pensionnats en piteux états, avec les murs extérieurs recouverts de tags, de crasse, noircis par le temps. Et l'intérieur n'était pas mieux que l'extérieur, les chambres étaient petites et contenaient au minimum 4 enfants, une seule armoire était mise à leur disposition, douche froide obligatoire deux fois par jour : le matin au réveil, le soir au couché. Manger était devenu un calvaire car la nourriture mauvaise et les enfants étaient envoyés dans une école publique aussi piteuse que le pensionnat.
Emmett faisait parti des chanceux. Ils étaient 500 dans ce pensionnat luxueux. Les bâtiments étaient neufs, les uniformes fait sur mesures, les chambres spacieuses pouvant contenir au grand maximum 3 élèves, car les enfants avaient besoin de leur espace vital. Chaque chambre contenait donc 3 enfants du même âge. Chaque années ils changeaient de colocataires : il fallait les socialiser. Ils n'étaient pas envoyés dans une école en dehors du pensionnat. Le pensionnat dispensait les cours dans ses salles de classes neuves, avec tableaux neufs, des tables et des chaises de qualités, pouvant supporter beaucoup de poids, en cas de séisme important. La nourriture était excellente,les professeurs tolérants. Les surveillants, beaucoup moins.

Le petit garçon venait de sortir du bureau de la directrice, qui, chaque mois recevait les élèves en âges de comprendre, uns par uns pour leur donner les nouvelles, en gros, s'ils avaient des propositions d'adoptions. Emmett n'avait pas grands espoirs, il grandissait et vieillissait chaque jours, mais il n'avait reçu des propositions qu'un total de 3 fois en 6 ans. Pas même lorsqu'il était bébé. Il faut dire qu'un type caucasien au Japon, ce n'était pas commun et peu voulut. Alors au fil des mois il voyait ses amis partir alors que lui, restait et resterait sans doutes jusqu'à ses 18 ans dans cet établissement.
Les couloirs étaient plongés dans l'obscurité, alors il appuya sur l'interrupteur. La lumière soudaine lui fit mal aux yeux, qu'il dut plisser pour mieux voir. Il était le seul de son âge encore réveillé ou hors de sa chambre. Il se mit en marche avec hâte pour retrouver son lit au plus vite et éviter les réprimandes qui suivraient s'il se faisait prendre. 8H30 pour un garçon de 6 ans dans ce pensionnat, c'était 30 minutes après le couvre-feu et donc interdit.

« Emmett-kun! »

La voix grave du surveillant et professeur le plus craint du pensionnat résonna dans le couloir vide et pleinement illuminé. Le petit garçon s'arrêta d'un coup et retint son souffle, se retourna et vit l'homme s'avancer vers lui.

« Que fais-tu debout à cette heure ci? »
« Tanaka-sensei.»

Le garçon s'inclina pour saluer l'homme avant de se relever pour répondre à sa question.

« Inoue-sensei m'avait demandée pour mon entretien mensuelle. Il a été retardé à cause de l'élève précédent qui a pris plus de temps que prévu. »

Bien que la plupart des enfants bafouillent en présence de Tanaka, Emmett bien qu'ayant tout de même peur de l'homme, maîtrisait si bien le langage, japonais ou anglais qu'il ne bafouillait presque jamais. Il n'hésitait quasiment jamais sur un mot non plus. De plus il parlait avec conviction et mettait toujours le ton là où il fallait le mettre. Si bien qu'il lui était souvent demandé de parler ou de lire devant une assemblée, que ce soit le pensionnat entier, ou bien uniquement sa classe.
Tanaka le dévisagea un instant avant d'acquiescer d'un signe de tête et de lui demander de le suivre. Le petit garçon n'avait pas vraiment besoin de lui demander où ils allaient. La seule direction possible à prendre pour lui était les dortoirs et particulièrement la chambre numéro 11. Sur le chemin menant à son lit douillet, il regarda, la bouche ouverte, et les yeux remplis de curiosité, les pensionnaires plus âgés que lui. Ici, le plus âgé était âgé de 17 ans et était admiré de tous. Il vivait seul. Personne n'avait entre 14 et 17 ans ici. Ainsi le plus âgé après Remi-san, avait 13 ans. Ils ne pouvaient partager la même chambre.
Ils passèrent devant l'infirmerie, il s'y arrêta un instant et s'inclina respectueusement face à l'infirmière qui fermait pour la nuit. Elle lui sourit et poliment, bien que rien ne l'y obligea, elle le salua d'un signe de tête. Elle s'éloigna ensuite du côté opposé à la direction que prenait Emmett qui se remit à suivre Tanaka.

Bien qu'il soit caucasien et donc étranger au Japon, il possédait la nationalité Japonaise, et avait été élevé comme les autres, dans les traditions du pays. Il se devait de s'y tenir s'il ne voulait pas se faire punir. Pas même un petit écart ne lui était toléré. En tant que japonais de nationalité, il devait se tenir aux coutumes, même s'il était né italien. Ainsi, il prenait des cours pour apprendre la cérémonie du thé, et apprenait le kendo et les arts martiaux tels que le judo et le jiu-jitsu, le tai-chi aussi était enseigné.

Ils passèrent ensuite devant la salle de musique. Tanaka s'arrêta et ouvrit la porte, laissant voir à Emmett les nouveaux instruments arrivés ce matin. Le professeur encore présent dans la salle se tourna vers eux et sourit au jeune garçon qui entra dans la salle, émerveillé.

« Ils sont arrivés tôt ce matin, tu dormais encore. Je t'aurai bien réveillé, mais ils me l'ont interdits. » lui dit le professeur de musique qui posa une main sur l'épaule du jeune garçon. Âgé de seulement 6 ans, certes, mais déjà si talentueux. Alors qu'il allait s'asseoir au nouveau piano flambant neuf, Tanaka l'interrompit.

« Il est tard Emmett. Tu joueras demain. »
« Hai Tanaka sensei »

Le jeune garçon sorti à contre coeur de la salle puis s'avança à nouveau dans les couloirs suivit de Tanaka qui le gardait à l'œil. Presque tout le monde s'était attaché au garçon. Lui toujours si curieux. Il avait grandit dans ce pensionnat et pourtant, il le regardait toujours d'un oeil neuf, avec le regard d'un enfant qui découvre une chose précieuse pour la première fois.
Lorsqu'ils arrivèrent au couloir des dortoirs, la première porte qu'ils passèrent était la nursery, remplie de bébés. Ceux qui venaient d'arrivés. Quelques pleurs se firent entendre, mais aucun d'eux ne s'arrêta. La porte d'après enfermait les bambins, déjà là depuis plusieurs mois si ce n'est années. C'est à partir de 6 ans qu'ils changeaient de chambres et passaient à une surveillance limitée.

La plaque de bois se referma sur le petite garçon et Tanaka regarda le double numéro 1 en Or collé sur la porte. Déjà il entendait des murmures provenant de la chambre. Il poussa un soupir presque désespéré avant de s'éloigner pour continuer sa ronde.

« -Emmett-kun. Tu as eu des propositions? » demanda la voix fluette d'une petite fille.
« Non Shizuru-chan. Aucune. La dernière n'a pas aboutie, ils ont choisis Akihide. Il part dans une semaine. »
« L'enfoiré. Il t'arrache tout et va jusqu'aux parents adoptifs potentiels. Aller Leigh t'en fais pas, t'auras une famille un jour. »
« Merci Hidekazu-kun. Mais je ne suis pas vraiment surpris. Depuis le temps que ça arrive. »
« Ouais. Eh, j'ai reçue une lettre de Fumi-chan. Elle habite à Osaka maintenant et a un frère aîné. »
« Elle a de la chance »
« N'es-tu pas jaloux Emmett-kun? Vous étiez proche pourtant. »
« Je préfère me contenter d'être heureux pour elle. La jalousie n'apporte jamais rien de bon. »
« Tu devrais arrêter de penser pour une fois Leigh. »
« Tu devrais commencer pour une fois Gotô. »
« Urusai. Vous êtes des idiots. »

Les deux garçons se turent suite au cris poussé par Shizuru et la regardèrent bizarrement. Elle poussa un profond soupir bruyant puis s'allongea dans son lit avant de mettre sa couette sur sa tête et de s'endormir.

« Tu as entendu? Il paraît que Nori senpai va partir. »
« Vraiment? Mais il n'est pas majeur. »
« Il a trouver un travail et de quoi se loger. Son anniversaire est dans un mois. Inoue-sensei a accepter sa demande. Ça veut dire que Kazuo va devenir le plus âgé. Ca va devenir dangereux pour nous. »

Emmett ne répondit rien. Nori était l'élève de 17 ans qu'il avait vu tout à l'heure en train d'aider Kazuo, la terreur du pensionnat, à travailler. Kazuo était connu pour racketter les plus jeunes âgés de 6 à 9 ans. Puis il faisait passer un teste à ceux de 10 ans pour voir s'ils peuvent intégrer sa bande. Ceux qui échouent deviennent la risée du pensionnat. Jusque là seul un avait échoué et il s'était suicidé après trois mois de persécution. Il avait sauté du toit. C'était le frère d'Hidekazu. Celui-ci à d'ailleurs radicalement changé et commence déjà à rallier d'autres pensionnaires à sa cause afin de détrôner Kazuo. Emmett, en tant que meilleur ami avait été le premier à être recruté, mais le garçon avait décidé de refuser, préférant rester en dehors du conflit. De plus, Kazuo, une fois les vacances d'été finies, partait pour une école spéciale. Personne n'en savait plus. Il laissait alors ses acolytes continuer sans lui.

Avec un soupir, il imita Shizuru et une fois que sa tête atteint l'oreiller, il s'endormit.

Emmett avait à présent 10 ans et avait vu Hidekazu et Shizuru partir. Il s'était fait d'autres amis certes, mais aucun n'arrivait à la cheville d'Hide et Shizu à ses yeux. Kazuo était toujours là et avait à présent 17 ans et disparaissait toujours durant la période scolaire. Il avait perdu son rôle de terreur. Il avait été remplacé par son ancien meilleur ami, qui fut transféré dans un autre pensionnat, suite à un accident.
Assis à la salle d'attente, il attendait qu'Inoue-sensei, la directrice l'accueille dans son bureau pour son compte rendu du mois. Lorsqu'il entendit la prote s'ouvrir, il leva la tête et vit Kazuo sortir et l'appeler à son plus grand étonnement.

« Leigh Emmett-kohai, c'est à toi. »

Le garçon regarda Kazuo curieusement. Pourquoi était-il appelé kohai? Il se leva malgré tout et entra dans le bureau de la directrice. Kazuo ferma la porte derrière lui et alla s'asseoir sur la chaise positionnée à côté d'Emmett. Le visage angélique d'Inoue regardait attentivement le jeune garçon, puis lui tendit une lettre, frappée du logo d'une école qu'il ne connaissait pas.

« Lis la Emmett. Kazuo t'expliquera après. »

Il regarda le jeune adulte à ses côté puis la directrice en face de lui avant d'ouvrir la lettre d'une main tremblante.


***


« Nous partons demain t'acheter tes affaires. Et après demain pour l'école. Je serai là pour t'accompagner. Tu es mon kohai à présent »
« H.Hai Kazuo Senpai. »

Pour la première fois de sa vie, Emmett Leigh bafouillait. Qui ne le ferait pas à sa place? Il venait juste de découvrir qu'il était sorcier et inscrit à la Gakuen'Yamatodamashii. Il salua la directrice puis son nouveau senpai avant de sortir du bureau. Il avait la tête dans un étau, il avait l'impression qu'en plus, on lui avait installer une bombe à l'intérieur même de son cerveau. Heureusement pour lui, il avait l'autorisation de ne pas aller en cours aujourd'hui. Il se dirigea donc vers sa chambre au deuxième étage. Il passa devant la salle de musique sans même regarder la porte et ouvrit celle de sa chambre, numérotée 28, au deuxième étage. C'était une chambre individuelle. A présent, à chaque fois qu'il serait ici, il n'aurait que cela. Une chambre individuelle. Il se laisse tomber à plat ventre sur son lit et s'endormit aussitôt, épuisé autant par les révélations que l'entraînement de Jiu-jitsu qu'il avait subit quelques jours auparavant. Entraînement qu'il avait commencer dans l'espoir d'être qualifié au tournoi national junior.


***


Il se réveilla au son de la voix de son nouveau senpai. En se redressant, Emmett fut heureux de constater que sa douleur à la tête n'était plus là. Il se leva, s'habilla et mangea rapidement sous l'œil attentif de Kazuo qui le surveillait sans arrêt.
Très vite, les deux jeunes gens se retrouvèrent à l'équivalent japonais du Chemin de Traverse. Sa liste sous la main, il fut convenu qu'une fois l'argent récupéré, car il avait eu droit à une bourse, il irait s'acheter une baguette. Il ne fallut d'ailleurs pas beaucoup de temps pour que la baguette réclame le sorcier. Au deuxième essaie c'était la bonne. Aux yeux du garçon, il s'agissait de la plus belle qu'il ait vu. Bien sûr c'était la quatrième, il avait vu celle de Kazuo et celle du vendeur, plus la première qu'il avait essayer. Mais celle-ci était d'une beauté sans égale. Le bois était lisse et brillant, reflétant l'oeil bleu du garçon qui la regardait, médusé. L'espèce de sensation chaude ne le quittait pas, bien que l'effet du choix de la baguette soit parti, lui s'y accrochait. Sa main se refermait à la perfection sur le manche mi-long et confortable. Une fois payée, Emmett la rangea à contre coeur dans sa boîte.

« Dis moi, Emmett kohai, ne s'est-il jamais rien passé de bizarre ces 8 dernières années? Rien dont tu te souviennes? »
« Non Kazuo senpai rien. »

Le jeune homme à peine majeur acquiesça et continua d'avancer en silence, Emmett à ses côtés qui regardait avec curiosité tout ce qui l'entourait. Alors il vit la boutique de quidditch et y courut, suivit immédiatement de Kazuo.

« Kazuo senpai, qu'est ce que c'est? » demanda-t-il en collant le nez à la vitrine où un balais était posé gracieusement.
« C'est un balai volant Emmett. Un Comète 260. Ce n'est pas le plus performant, mais le plus facile à contrôler. Il a été fabriquer par une certaine Anna Morgan, une anglaise. Elle l'a redessiné pour tous les pays, pour qu'il plaise à tout le monde. Ceci est le modèle original. Tu aimes le sport non? Alors tu devrais aimer le quidditch. C'est le sport favori des sorciers. »
« Kazuo senpai, comment as-tu su que tu étais sorcier? » demanda Emmett en changeant de sujet.
« Comme toi, en recevant la lettre, seulement j'étais le seul, aucun autre élève du pensionnat ne l'avait reçu avant moi. Du coup, le directeur de l'établissement m'attendait dans le bureau d'Inoue sensei et m'a tout expliqué. Aller vient Emmett kohai, il te faut acheter encore beaucoup de choses. »



***


Le lendemain matin, très tôt, bien avant que les autres pensionnaires ne se réveillent, les deux garçons quittèrent le pensionnat. Pour Emmett ce fut un déchirement. Il avait eu le droit d'emmener sa guitare avec lui, heureusement, car il n'aurait pas survécu sans elle. Mais ce pensionnat était sa maison. Kazuo le prit alors par l'épaule et l'empêcha de regarder en arrière. Lui assurant alors qu'il allait revoir l'établissement bientôt.

Et voila =) Finie.

Je tiens à préciser que bien que je sois fan de mangas je ne suis une fan du japon. Donc il y a sûrement des erreurs dans cette fiche à propos de ce pays et particulièrement sur les dénominations. Donc s'il y a des erreurs je m'en excuse =). Voila c'est dit .