Ca faisait maintenant deux ans que Lola et Lucas vivaient au Mexique. Le petit garçon grandissait parfaitement bien et c'était une merveille de le voir apprendre avec déjà l'avidité que ses parents avaient bien pu avoir. Sa mère avait toujours un oeil sur lui, sans pour autant l'étouffer et il y avait une espèce de confiance, de complicité douce et aimante entre eux.
Lucas n'était pas un petit garçon tout à fait comme les autres. Il était plutôt précoce ce qui pouvait être vu comme un atout ou une gêne. Sa mère l'aidait à ne pas trop se renfermer, c'était elle même une femme très ouverte aux autres ce qui était très bon pour Lucas, mais quand il piquait une colère, qu'il avait ce regard qui faisait si mal à sa mère ça compliquait un peu la tâche à Lola.

Ce regard là il lui rappelait tellement... Noir, froid, fermé. Trait pour trait l'expression même de Tyler dans les traits de son fils. Quand cela arrivait, la jolie mexicaine fermer les yeux un instant avant de se montrer suffisamment ferme pour que l'enfant cesse son caprice. Mais elle sentait un tel pincement à son coeur... mais finalement c'était tout. Lola n'avait pas pleuré une seule fois. Ni quand Russel lui avait montrer ce qu'elle aurait préféré ne pas voir. Ni quand tard dans la nuit elle se forçait à écrire à Tyler, pour lui tenir compte des progrès de son fils, sans froideur bien sûr mais elle même semblait tellement absente de ses propres textes. Jamais un mot de trop, un mot de colère, ni de regret, ni d'amour, ni d'amitié. Seulement les nouvelles de leur fils. Elle s'en tenait à ça, sans plus rien laisser ressortir de ce qu'elle ressentait ou pas au fond d'elle même. Elle avait classé le dossier Tyler ce triste soir où elle n'avait même pas pris la peine de lui dire au revoir tant sa colère était forte et sa décision irrévocable.

Lola avait toujours été très forte et elle continuait de l'être paraissant inébranlable, même lorsqu'elle avait raconté à la Mama le pourquoi de son retour au Mexique, même lorsque Talia l'avait serrée contre elle. Elle n'était pas froide, loin de là, mais elle s'était faite très réservée sur certaine chose, à commencer par sa sensibilité à l'égard de Tyler.

En revanche, pour Lucas, il avait toujours entendu parler de son père en des termes plutôt positifs. Il connaissait très bien son nom, son visage même et il était très curieux de lui, demandant souvent pourquoi ce dernier ne venait pas. Lola répondait toujours avec beaucoup de tact. Elle avait été très claire avec les autres membres de la famille à ce sujet, elle ne voulait pas entendre la moindre chose au sujet de Tyler, désagréable ou pas.

Lucas s'était levé avec le sourire ce matin là, comme beaucoup d'autres, faisant remarqué qu'il ne pleuvait pas. C'était presque un petit rituel chez lui de se réjouir du beau temps et d'ailleurs les rares fois où il pleuvait, il affichait une triste mine, plus irritable qu'aux beaux jours sans doute parce qu'il n'était pas encore assez expérimenté pour expliquer en mot pourquoi il détestait à ce point la pluie... on se demandait d'où pouvait bien lui venir cette aversion affichée pour un malheureux phénomène atmosphérique.

Lola et Lucas étaient dans le salon, en train de jouer à assembler un puzzle à 1000 pièces. En fait c'était un passe temps que Lola aimait bien mais elle n'arrivait jamais à empêcher son fils de venir baver sur les pièces et tout éparpiller. Talia avait gentiment proposé de passer le week-end ensemble, puisqu'elle revenait de lancer sa dernière collection de vêtements. Les deux soeurs discutaient tout en surveillant que Lucas n'avale pas de pièce quand on sonna à la porte.

Talia-Deja. Me voy.

La jeune femme se leva, dynamique comme toujours, et se dirigea à grands pas vers la porte, ses talons claquant sur le sol. Elle ouvrit la porte et sa première pensée fut de refermer la porte au nez du connard qui se trouvait derrière, surtout après son entrée en matière particulièrement sympathique:

Tyler-"Ah. C'est toi."

Talia ne répondit pas. Ses yeux noirs fixés sur lui comme deux charbons ardents. Sous peu elle allait sortir sur le palier pour congédier Tyler à sa manière mais la voix de sa soeur la retint de rien faire.

Depuis le salon Lola ne pouvait pas voir qui se trouvait à la porte. Elle eut un mouvement de la tête pour repousser ses longs cheveux sur le côté, se penchant un peu pour essayer de voir. Finalement elle se leva, un petit regard suspicieux pour Lucas qu'elle éloigna des pièces de puzzle avant de rejoindre sa soeur:

Lola- Talia? Quien...Talia? Qui...
Je viens voir Lola. Et Lucas. Je suppose qu'ils ne sont pas là, pas vrai ?
Lola-...es.'

La voix de la mexicaine mourut sur ses lèvres quand son regard se posa sur la silhouette d'un homme qu'elle croyait ne plus jamais revoir de sa vie. Elle pâlit. Talia s'en rendit compte:

Talia- Quieres que... Tu veux que...
Lola-Sta bien Talia.'coupa-t-elle d'une voix encore blanche....est-ce?

Mais elle se ressaisit très vite, reprenant des couleurs. Ses yeux se posèrent sur Tyler, plutôt dissuasifs, ils brillaient d'une étincelle noble mais particulièrement inhospitalière.

Talia-Puedo erchar el a la calle si lo quieres...Je le fous dehors si tu veux
Lola-Dejanos, esta bien, puedes ocuparte de Lucas por favor? No te preocupaLaisse nous, t'inquiétes. Tu peux t'occuper de Lucas s'il te plait. C'est bon.

Talia leva un sourcil méprisant à l'égard de Tyler avant de laissait la place à Lola. Cette dernière ne cilla pas. Face à elle, elle avait ce même Tyler qui l'avait trompée et qu'elle avait quitté sans un mot de plus. Il ne semblait pas avoir changé pour un sous.

Lola- Qu'est ce que tu veux?

Elle n'allait même pas s'abaisser à lui montrer à quel point le revoir après tout ce temps lui faisait mal, ni combien elle le détestait. Elle préférait s'en tenir au minimum. Clair et concis.

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.

La démission du Ministre Anglais, Thomas Slayers.

- Jamais, ils vont le laisser tranquille, avec ça... ? Ca fait plus de trois semaines qu'ils en parlent ! Faisait Maria, dessinant quelques croquis sur un bloc-note en papier blanc, avec son crayon 2B. Un magnifique costume semblait se faire apercevoir, alors que Dakota était un peu plus loin, debout, entrain de jouer avec Celio à lui faire faire l'avion. Lola était au sol, à jouer avec son fils, à faire un puzzle d'une bonne centaine de pièces, d'après un rapide regard de Javier. Miguel, qui lisait le journal, dans un fauteuil d'une classe sans pareil, et d'un noir hallucinant, retira doucement ses fines lunettes, pour poser son regard sur sa tendre moitié.
- Pas quand on est ministre, bella. Surtout que Thomas a redressé l'Angleterre... Ils ne comprennent pas, alors ils affabulent Thomas. On sentait du ressentiment dans sa voix, tandis qu'on sonnait à la porte. Talia s'était déjà levée sous le regard intrigué de son père, mais pas moins impassible. Javier posa Celio au sol, qui était hilare, avant de l'approcher de Lucas et de Lola avec un sourire aux lèvres.
- Viens on va faire chier Tata avec Lou'. Javier eut un sourire en croisant le regard de sa soeur, avant que cette dernière ne tente de regarder pour voir qui c'était. Celio éclata de rire, encore une fois.
- Je comprends toujours pas pourquoi, il refuse, lui et Ariane, de venir passer quelques jours ici... Ca leur ferait que du bien...
- Il est fier comme un lion, mon Thom'... Fit il avec un léger sourire, tout en rebaissant son regard sur son journal. Lola finit par se lever, tandis que Dakota s'asseyait au sol, prenant une pièce qu'il regardait tranquillement, tout en regardant ce qui avait déjà été fait. Il n'eut pas le temps d'en placer deux, que déjà, Lucas et Celio en avaient déjà placé quatre ou cinq. Miguel, qui entendit sa fille levait légèrement la voix, reposa son journal sur le genou, tenant ses lunettes dans sa main. Talia revint.
- Quien es ?
- C'est un pauvre con.
- Pas devant les enfants, Talia, enfin ! Rouspetta Maria, tandis qu'elle posait son regard sur Celio et Lucas, tandis que Dakota leur montrait comment tout défaire de façon rapide et expéditive, les faisant rire par la même occasion.
- Maria, regarde qui c'est.
- C'est personne. C'est une erreur. Mais déjà, Maria se levait doucement, tout en posant son cahier sur la table, même si elle gardait son crayon dans la main.
- On ne fait pas d'erreur, ici. Je crois que nos familles, Oleivera, Almadovar, Sandovar et de Rivera ont suffisamment travaillé pour savoir qu'ici, on sache qui habite. Non ? Fit il avec une arrogance particulière. Maria revenait, et elle lui fit comprendre qui c'était. Il acquiesça et son regard se posa sur Dakota qui hocha doucement la tête.
- Où est ma baguette, Maria ?

Talia leva un sourcil, laissant glisser sur Tyler un vague regard si méprisant que s'en était de la pure provocation. Elle l'avait toisé de haut en bas l'air de lui dire "t'es qu'un merde qu'est-ce tu rigoles?". Le pire c'est qu'après ce regard on ne peut plus explicite, elle ne semblait lui prêtait plus aucune attention.
Quand son père lui demanda elle ne put s'empêcher de lui répondre ce qu'elle pensait réellement mais elle dut tenter de rattraper le coup, sachant que Lola voulait être seule et que c'était vraiment important pour elle. Mais c'était comme qui dirait légèrement trop tard... Talia regarda Dakota laissant passer une vague inquiétude dans son regard. Pas pour avoir gaffé mais pour leur grande soeur. Elle savait que Lola était forte mais elle avait peur de la voir s'effondrer après ça, surtout que jusque là elle n'avait pas craqué, rien laissé passer.

Miguel- On ne fait pas d'erreur, ici. Je crois que nos familles, Oleivera, Almadovar, Sandovar et de Rivera ont suffisamment travaillé pour savoir qu'ici, on sache qui habite. Non ?Où est ma baguette, Maria ?

Entendant ces derniers mots de son père, Lola détourna un instant son attention de Tyler. Elle n'allait laisser personne s'en prendre à lui, en dehors d'elle, quoiqu'elle eut une confiance absolue en son père. Il fallait qu'elle règle ça seule.
Inconsciemment elle se plaça devant le père de son enfant, comme pour le protéger:

Lola-Papa, es bastante. Je... je m'en occupe, laissez le.

Elle plongea son regard dans celui de son père. C'était un regard fort, qui lui montrait qu'elle avait de qui tenir et qu'il ne devait pas s'en faire pour elle. Après un petit instant elle reporta son regard sur Tyler, l'isolant de nouveau du reste de la famille.

Que dire après tant de temps passé à l'éviter pour le retrouver là, devant sa porte? Que vouliez vous qu'elle dise hormis "qu'est-ce que tu veux?". Lui crier toute sa haine? devant sa famille, son père surtout, ça aurait été un manque de self contrôle qu'elle ne se passerait pas à elle même, surtout pas avec Tyler qui savait si bien lui montrer qu'il n'était qu'un mur de pierre sans émotions, sans le moindre intérêt pour ce qu'elle pouvait éprouver pour lui autrefois.

Elle était en colère. Ca se sentait dans son aura. Quelque chose autour d'elle intensément noir et dense, et en même temps on sentait qu'à l'intérieur ce n'était pas du tout l'ère glaciaire. C'était une fournaise prête à tout incinérer sur son passage pour laisser place nette. On l'avait rarement senti si près de tout exploser. Mais, dans sa colère elle ne pouvait pas faire abstraction de ce qui l'entourait. Notamment le rire de son fils et de son neveu. Ce fils qui ressemblait tant à Tyler et qui tous les jours lui rappelait qu'elle avait autrefois porté au cou un petit cœur d'argent qui appartenait à Tyler à présent. Une foule d'autres souvenirs lui revenaient, comme pour la déstabiliser. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir remarqué quelques nuances dans les expressions de Tyler. Si infimes. Mais elle refusait de s'y laisser prendre.

Tyler- Je suis venu voir les ruines du Tikal, il parait que c'est magnifique à cette époque de l'année."

Elle resta impassible. Elle ne voulait plus de ce cynisme ridicule que pourtant elle savait aimer profondément au fond d'elle. Oui c'était vrai, avant elle aurait ri à ce genre de réponse, c'était presque sûr, elle aurait peut-être même continué sur cette lancée mais là, le voir si... si Tyler, tout ce dont elle ne voulait plus jamais entendre parler, et naturel avec ça, comme si de rien était. Ca lui faisait mal, ça la mettait en colère.

Tyler- "Je viens voir Lucas. Et te demander de revenir."

Elle détourna la tête, un sourire arrogant naissant sur ses lèvres. Elle eut presque un "hum" pour souligner le tout mais elle n'était pas aussi sadique que ça et quoiqu'il arrive elle ne prendrait aucun plaisir à cette situation, elle le savait. Donc autant faire court.

Lola- Me demander de revenir? Pour qui? Pourquoi je reviendrai?

Son regard s'était fait incisif, terriblement proche. Elle même était plutôt proche de lui, à un point qu'il devait sentir son odeur de mangue, la chaleur de sa colère...

Lola- Donne moi une seule vraie bonne raison. Une seule.

Elle pouvait bien le mettre à l'épreuve de le faire: il n'y avait pas une seule bonne raison au monde de retourner dans les bras Tyler. Pas une. Même pas de savoir qu'elle l'aimait au moins aussi fort qu'elle pouvait être en colère ce qui dans le fond, ne faisait qu'alimenter encore un peu plus sa colère.

Volontairement elle n'avait encore rien dit pour Lucas.

Lola le vit détourner un bref instant le regard, sentant qu'elle l'avait blessé ou qu'il lui céder quelque chose, lui qui jamais ne cédait à personne. Elle n'en retira cependant aucune satisfaction. Elle ne cherchait pas à rabaisser Tyler ou à gagner quoique ce fut. Tout ce qu'elle voulait c'était qu'ils mettent les choses à plat et qu'elle le raye définitivement de sa vie. Elle voulait savoir ce qu'il pouvait bien venir chercher ici, ce qu'il espérait. Lucas. Elle s'en serait doutait et au fond d'elle elle était satisfaite de cette réponse, surtout pour leur fils. Elle. Elle ne s'y était pas attendue, pensant avoir été suffisamment claire dans sa façon de le quitter. Qu'elle revienne? Ca lui paraissait complètement insensé qu'il puisse ne serait-ce qu'y croire alors même qu'il ne semblait pas avoir changé d'un pouce. Cependant... Tyler faisait preuve d'une transparence qu'elle ne lui connaissait pas et elle savait qu'il devait énormément prendre sur lui pour oser venir lui demander ça.
Elle n'en restait pas moins froide et tenace. Il voulait qu'elle revienne? Soit, mais lui? Qu'avait-il fait pour qu'elle parte? Que ferait-il pour qu'elle reste cette fois? Elle ne connaissait aucune bonne raison de faire une chose pareille.

Tyler : " Parce que... Je t'aime."

La phrase si difficilement accouchée frappa Lola comme un revers en plein visage. Intérieurement elle se sentait ébranlée, extérieurement elle était terriblement expressive, ne cachant rien du flot de ses sentiments mêlés et divers.
Elle ne dit d'abord rien. Elle savait précisément ce que ça devait représenter pour Tyler de prononcer ces trois mots. Jamais avant il ne l'avait fait, à tel point que par fois et surtout sur la fin, elle avait pu douter de son amour pour elle. Alors l'entendre lui dire ça... Maintenant... c'était...

Elle posa ses doigts sur la poignée de la porte, sortant sur le palier et fermant derrière elle.
Il paraissait si sûr de lui, droit et fier comme toujours. Elle était déstabilisée. Elle ne pouvait pas l'entendre lui dire ça. Pas maintenant. Relevant les yeux vers lui, elle mit un petit moment avant de pouvoir répondre quoique ce soit:

Lola- Je t'aime aussi...', un long long silence plana avant qu'elle ne poursuive, son ton s'élevant légèrement et se raffermissant, '... mais c'est trop tard!

Elle avait retrouvé ce regard de feu, celui qu'il avait souvent vu dans leurs disputes qu'on ne comptait plus. Ce n'était plus le regard haineux de tout à l'heure mais un regard beaucoup plus vrai et sincère: révélant une colère éminente et surtout violente.

Lola-Comment est-ce que tu veux que je te fasse confiance? Dis-le moi, dis-le moi, je ne demande que ça de savoir comment je pourrais? Mais c'est pas possible! Comment je pourrais avoir confiance alors que tu m'as laissée! Oui c'est toi qui m'a laissée Tyler! Tu en aimais une autre, tu ne m'as rien laissé de nous deux que des promesses illusoires... pires que des insultes! Comment tu croyais que je réagirais?

Elle le regardait toujours les yeux furibonds. Elle sentait sa gorge se nouer en se rappelant tous ses souvenirs. Non cette fois elle n'allait rien garder pour elle.

Lola- Tu n'imagines même pas ce que j'ai pu vivre! Les critiques et les menaces des autres et toi qui te foutais de ma gueule alors que je portais ton enfant! Un homme qui ne respecte pas ça, ne mérite l'amour d'aucune femme et pourtant je t'aimais et j'aime Lucas plus que tout. Alors toi tu débarques un jour, on ne sait même pas pourquoi, ce qui te prends tout d'un coup de frapper à la porte... mais qu'est ce que tu vas faire maintenant Tyler? Tu vas entrer dans la vie de ton fils pour en ressortir immédiatement après et lui montrer le père qu'il n'aura jamais? Celui qu'il appelle la nuit quand il fait un cauchemar. Oui parce que c'est toi qu'il appelle, pas moi. Qu'est-ce qui se passera quand je t'aurais laisser re-rentrer dans nos vies? Tu vas encore me briser? Je peux tout te pardonner Tyler mais pas ça... comment je pourrais te pardonner d'avoir menti, de m'avoir trompée un nombre incalculable de fois? Tu m'as fait trop mal... j'aurais pu comprendre que tu ne m'aimais plus. Il suffisait de le dire tout simplement, mais poser tes lèvres sur moi alors que c'est une autre que tu aimes ça je ne te le passerai jamais! Je ne veux pas être ton amuse gueule! Je ne mérite pas tant de mépris. Si vraiment j'étais garce j'essayerai de te faire souffrir autant que moi j'ai souffert mais tu sais quoi: j'y arriverai pas. Est-ce que tu as seulement pensé à moi quand j'étais seule en train de mettre ton enfant au monde? Est-ce que tu sais seulement à quel point ce moment a été difficile pour moi tellement j'étais fatiguée? Est-ce que tu pensais à moi quand tu faisais l'amour à ta Ashka? Je ne veux même pas le savoir et je suis sûre que non! Tu sais pourquoi? Parce qu'à ces moments là j'étais seule, vraiment seule et c'est tout ce qui compte! Il t'as fallu deux ans pour te rendre compte que je t'avais quitté c'est dire la place que j'occupais dans ta vie. C'est ridicule hein? Risible même quand on y pense. Tu vois je devrais souhaité de tout mon cœur qu'elle t'as fait mal comme tu m'as fait mal quand elle t'as quitté, parce que suppose que c'est aussi pour ça que tu es là, mais tu vois je ne suis même pas assez méchante pour ça. Je suis juste trop bête mais je me contrefiche de ton arrogance, de ton mépris et de tes moqueries tu vois, je peux très bien m'en passer.

Elle sentait son coeur s'emballer à un point tel qu'elle en avait mal. Le ton de sa voix était devenu emporté, et défensif. Elle ne parlait jamais comme ça, jamais aussi crument. Lola était quelqu'un qui savait mesurer et contrôler ce qu'elle disait, ce qu'elle montrait d'elle aux autres, choisissant le plus souvent de ne laisser aucune zone d'ombre. Mais là ce n'était pas du self-control, c'était un abcès qui se crevait, une douleur vive et profonde qu'elle ne pouvait montrer qu'à lui car il était le seul à pouvoir la comprendre puisqu'il en était l'auteur et peut-être aussi le potentiel guérisseur.

Elle se tenait là devant lui, si forte et si prêt de choir. On sentait qu'il suffisait qu'elle s'abandonne un instant pour que tout s'effondre et peut-être qu'elle ne se mette à pleurer. De rage? De douleur? De soulagement pour avoir su garder tout ça pour elle si longtemps sans jamais se plaindre, arborant toujours le sourire.

Lola- Ami ou amant je n'avais besoin que de toi... et tu n'as jamais été là.

Elle sentait à bout, fatiguée en un rien de temps. Le voir devant elle en sachant qu'il fallait qu'elle lui ferme la porte au nez semblait trop difficile même si près de le faire. Elle avait l'impression qu'on lui demandait encore un effort surhumain, qu'on lui en avait déjà assez demandé. Elle se sentait suffoquer de douleur et de haine et en même temps elle voulait que ce soit lui qui la serre dans ses bras, qui la console, qui la rassure. Mais c'était trop tard pour ça...

- Parce que... Je t'aime.

Miguel, qui s'était levé, le regard vers sa femme qui amenée les deux enfants dehors du salon, sûrement pour les mener dans le jardin en passant par le couloir, tandis que Dak' secouait négligemment la tête, tout en s'approchant de Talia qu'il prit doucement dans ses bras, écoutait ce qui se passait dans le hall, à l'étage. Un léger sourire vint se loger sur ses lèvres hispaniques, et il ne put s'empêcher de ressentir un profond plaisir. Et sa fierté n'en fut que plus grande. Un sourire triomphant sur ses lèvres, il détendit sa main qui serrait sa baguette magique, avant de se retirer doucement de sa "cachette" pour écouter ce que Lola disait. Et lorsqu'elle s'était mise à parler, il s'était approché de la balustrade, posant sa main sur la rempart du balcon intérieur qui donnait sur le hall où Lola et Tyler discutaient assez fortement, pour regarder Tyler avec une certaine arrogance, une certaine supériorité, et comme pour dire qu'il était là pour veiller. Néanmoins, il eut un léger sourire envers Tyler, alors que Lola avait le dos tourné à son père, qui était sur le balcon. Miguel tapota sur le rebords du balcon, avant de se retirer et de retourner dans la pièce.

- Talia... rejoins ta mère et les gamins. Javier... Tu vas aller me chercher Güiza. Je pense qu'il est temps de le mettre à l'épreuve...
- De mettre quoi à l'épreuve ?
- Talia ne l'ouvre pas, merci. Fit il, alors que Talia allait sûrement ajouter quelques choses. Miguel la regarda avec sévérité, mais sans froideur. Puis, il reposa son regard sur Dakota, et il ajouta :

- Mais parce que le monsieur est amoureux... On ne marie pas n'importe quoi à une Almadovar.

Javier eut un léger sourire, avant de poser ses lèvres sur l'épaule de Talia. Il se retira doucement sous le regard de Miguel qui s'engageait dans le couloir pour aller préparer le... Bureau.

Que se passe-t-il quand l'amour de votre vie se tient devant vous et vous avoue pour la première fois qu'il vous aime et qu'alors c'est un profond sentiment de rage qui vous consume de l'intérieur? Y a-t-il encore une issue heureuse possible? Que peut-on répondre à la souffrance de l'autre quand on en est l'auteur?

Il n'y a rien. Rien que l'on puisse dire qui importe, qui aie réellement une valeur, qui puisse vous racheter aux yeux de celle que vous aimez. Tout n'est qu'une question de sincérité et de confiance aussi. Lola se tenait là, devant Tyler, et lui devant elle. Et rien, personne, pas même Miguel qui se tenait au dessus d'eux, omniscient et omnipotent, rien au monde n'aurait pu dire ce qu'il allait se passer. Le coeur d'argent de Lola, battant quelque part dans une des poches de Tyler, souffrait en silence sans pouvoir dessiner de près ou de loin l'issue de ce duel entre raison et sentiment.

Car Lola était une femme de coeur. Elle n'avait pas honte de ses sentiments. Elle les portait comme une force insubmersible en elle. Mais cette fois, son amour pour Tyler, aveugle et innocent lui semblait un poison la rongeant de l'intérieur. Elle ne savait pas que décider. Elle pouvait jouer au plus sûr, ne pas prendre de risque. Devant les arguments de Tyler, forcer une contenance de marbre, froide et mensongère pour se protéger. Ou alors elle pouvait écouter ce que Tyler lui disait, se laisser surprendre par son éloquence et par les aveux qu'il lui faisait lui qui était si secret. Elle le connaissait assez pour savoir qu'il lui coûtait sans doute beaucoup de lui parler si ouvertement.
Malgré tout, la belle hispanique avait laisser se construire un mur entre elle et son ancien amant, instaurant une distance infranchissable tant qu'elle ne l'aurait pas permis.

Elle le regardait et effectivement: elle le plaignait elle aussi. Pourquoi? Parce qu'il venait là, jusque chez elle sans savoir si vraiment ses efforts payeraient? Non. Certainement pas. Elle le plaignait de ne pas pouvoir vivre en harmonie avec ses sentiments, d'être sans cesse en lutte, cherchant à étouffer une partie de lui même qui avec le temps c'était tue, prostrée, et finirait par s'atrophier et mourir complètement. Elle ne voulait pas que ça arrive. Pourtant, au fond d'elle elle savait que ça finirait de cette façon là. Elle avait toujours vu en Tyler, quelque chose de profondément bon et admirable, dissimulé derrière des idéaux plus que discutables à son goût. Mais pourtant ce n'était pas elle de l'aider. Ce n'était plus à elle. Elle avait renoncé à cette place il y avait longtemps maintenant. Pourquoi aurait-elle du accepter de souffrir sans aucune garantie? Car en amour on ne prend pas de garantie. C'est un acte beaucoup trop désintéressé.

Tyler- « Je ne sais pas ce que c'est que d'aimer quelqu'un, de vouloir prendre soin de cette personne et de rester à ses côtés. Enfin je l'ignorais. Avant de te connaître.


Elle le regardait toujours sans ciller, mais ses yeux trahissaient ce duel qui se jouait en elle. Le mal que lui faisait les mots de Tyler alors qu'ils auraient du la toucher en plein coeur comme un baume doux et apaisant. Elle avait beaucoup trop de colère pour se laisser faire ainsi. Il allait falloir qu'elle se libère d'une telle pression... Voir Tyler lui avouer ses sentiments, posément, sans mélodramatisme, sans rien ajouter qui aurait pu bassement jouer en sa faveur: voilà ce qui faisait le plus mal à Lola sur l'instant. La sincérité de Tyler.

Tyler- Je sais que ça n'effacera rien. Mais je suis désolé. Pour le mal que j'ai pu te faire. En vérité les mots sont inutiles, ils ne suffisent pas. C'est aussi pour cela que je suis ici.»

Lola le regardait. Ces mots d'excuses, comme les choses les plus rares et les plus précieuses au monde que Tyler lui aurait offert sur un plateau d'argent et qu'elle aurait tout simplement vous lui jeter à la figure. Pour qui? Pour quoi? C'était bien ce qu'elle lui avait demandé un peu plutôt. Voilà pour quoi: pour lui simplement, pour eux elle pouvait revenir. Mais elle ne s'y autorisait pas, encore trop blessée. Un mélange de fierté froissée et de coeur mis à mal par trop d'erreur. Lola en serait devenue folle de ne pas pouvoir trancher pourtant la seule vérité absolue à cet instant était qu'elle l'aimait.

Elle avança vers lui, cherchant le réconfort de ses bras. Posant doucement son visage contre son torse elle ferma les yeux un instant chassant des larmes qui attendaient leur heure depuis trop longtemps déjà. Elle se mit à pleurer doucement, puis un peu plus abondamment. Sentant les bras de Tyler l'entourer, elle ne put plus rien contenir de ce qu'elle ressentait, cet atroce mélange de sentiments divergents mais pour autant tous sincères. Elle posa ses poings serrés sur le torse de Tyler comme pour le repousser mais elle avait besoin qu'il la retienne, qu'il la soutienne. Elle pleurait à chaudes larmes tout ce qu'elle n'avait pas pleurer jusque là et bientôt elle se sentit envahir par une telle colère qu'elle ne put s'empêcher de lui répondre, la voix entrecoupée de sanglots:

Lola- i Te odio! Te odio! Me odio de quererte tanto! Me duele tanto... te echo tanto de menos que cada dia es un otra tortura! No me deja mas te lo ruego... Je te hais! Je te déteste! Je me déteste de t'aimer à ce point... tu me manques à ce point que chaque jour est une autre torture...ne me laisse plus j'ten prie...

Ainsi, en même temps que les mots coulaient dans cette belle langue qui était sa langue natale, Lola sentait sa haine, sa rage la quitter avec les larmes et la douleur, la laissant peu à peu s'apaiser... C'était une femme de pardon, pour peu que le pardon soit sincère.