Si Luo avait réagi de la sorte à l'égard d'Asphodèle, c'est qu'il y avait bien plusieurs raisons. D'une, la nature l'avait faite pour lui. Et ce n'était que pour servir ses propres desseins ( ceux de la nature, pas ceux de Luo ). Certes, elle était aux goûts de Luo, mais jamais une seule seconde, il n'avait pu pensé que la nature lui avait créé les sentiments qu'il ressentait à son égard. La nature donne trop pour être à ce point manipulatrice. C'était ce que Luo ne cessait de dire aux plus jeunes lorsqu'il se devait de faire un brin d'éducation. Quoiqu'il en soit, en ce jour, le gitan était tout à son avantage. Ce que sa soeur ne tarda pas de remarquer alors qu'il rentrait de sa baignade, l'air frais, propre, et surtout, apaisé.

- C'est quoi cette air que t'affiches ? T'as un rendez vous galant ?
- Euh... C'est quoi cette question ? Fit il, l'air complètement ahuri.
- Ché pas... D'hab', quand tu sors avec des filles, t'es bien plus négligé que ça, quoi. Et là, t'es sur ton trente et un. On dirait que tu veux te la serrer à tout prix, celle là.

Luo rougit furieusement. Sa sœur avait un parler que lui n'avait pas. Et surtout, elle parlait comme l'un de ses hommes qui n'en ont rien à foutre des femmes. Quoiqu'en même temps... Cela ne l'étonnait guère. Elle avait des tendances possessives, c'est dernier temps. Alors, une fois de plus ou une fois de moins... Cependant, Luo répliqua, l'air un peu plus dans la situation, le regard devenant orageux. Dans ses yeux, l'on voyait des nuages noirs s'approchaient pour donner à son regard, une importance particulière.

- Je ne te permets pas, Maya. Si toi, tu ne sors qu'avec des mecs pour te faire sauter, c'est ton problème. Mais ne confond pas ma façon de voir les choses, et la tienne. Comprendido ?
- Monsieur se la joue rebelle, attention, ça rigole plus. Trois poils au menton, et ça se sent plus... Bonne soirée avec ta pouffiasse !

Dans les yeux de Luo, des éclaires déchirèrent les pupilles noirs. Sa main ne fit qu'un tour. Ce fut rapide.

- Bonne soirée, toi aussi.

Et il contourna sa soeur, pour entrer dans la grande villa qui s'étalait sur peut être 50 mètres. Maya se tenait la joue, les larmes coulant le long de ses joues halées. Lorsqu'elle retira la main, l'on voyait la marque de la main de son frère aîné. C'était le seul qui se permettait de la gifler lorsqu'elle le blessait. Les autres répondaient par des joutes verbales à n'en plus finir à moins d'être séparer, ou par des duels magiques. Mais jamais on lui rabaissait son caquet de la sorte. Luo n'avait pas peur de ses colères. Ce qui l'énervait toujours. Maya s'essuya rapidement les yeux et s'en alla d'un trait.



Le hibou était partit.



Tout se mettait doucement en place. Sans l'aide de personne, il dressait doucement la table, au milieu de cette magnifique clairière où une tour tombait délicatement en ruine, après avoir souffert les douleurs du temps. Elle était prise par des fougères, et d'autres herbes différentes qui la recouvrait d'un pied, à sa base, et de la mousse recouvrait délicatement la roche par endroit. Surtout, à l'intérieur, vers le nord, cachait par le soleil. Cela sentait une petite odeur d'humidité pas du tout désagréable. Non loin de là, il y avait cette magnifique est grande fontaine. Elle montrait un bel ange jouant un morceau à la harpe pour une douce amazone aux traits gracieux et splendides. Une fabuleuse statue faite de bronze. La végétation semblait maîtresse des lieux, mais pourtant, elle n'empêchait personne de s'y installer. C'était un refuge, un endroit que peu de gens connaissaient, hormis la famille Oleivera et quelques rares élues... Cette fontaine, que beaucoup chantent comme étant la fontaine de jouvence, était un cadeau fait par le prince de Byzance, en l'honneur de son amour pour Luna. Tentant de la courtisée, il lui fit ce cadeau inestimable. Sans grand succès, cependant.

La table, sculptée et travaillée de façon à être aussi fine et délicate que la rosée qui les accompagnerait lors du dinée, était magnifiquement montée. Quelques serviettes grisonnantes, rappelant le gris de ses yeux, étaient accompagnés d'une nappe aux couleurs des iris d'Asphodèle. Un petit bouquet d'œillet était posé aux centres de sortes à ce qu'il ne gène rien, et donne, à la table, un petit air classe, sans faire trop surchargé. De plus, une asphodèle était posée en son centre, avec une petite cuillère d'argent contenant un peu de sable de Luo. Comme si... Il mêlait leur essence, de façon symbolique. Il y avait des bougies un peu partout autours de la table. Elles étaient positionnés de sortes à ne pas trop encombré, mais surtout à ce que, lorsque la nuit tomberait, l'ensemble soit allumée de façon homogène. Les couverts d'argents étaient positionnés aux millimètres près, et un petit meuble permettant de maintenir un petit tonnelet, voir même de la taille d'un de ces petits chaudrons qu'il y avait en sale de cours sur les paillassons. Il était rempli de glaçons, et à l'intérieur, il y avait une bouteille de rouge. Visiblement un bon cru au vue de la jolie couleur de la robe du vin. La table était parfaite. Quant aux chaises, elles étaient de pairs avec la table, contenant un petit coussin couleur indigo. Enfin, c'était comme si de la poussière d'étoile tombait d'un peu partout, comme pour rendre l'ambiance encore plus magique. C'était comme si la nature allait tout mettre à disposition pour réunir son Adam et sa Ève, dont elle avait besoin pour ses desseins.

L'air ravi de sa décoration, il attrapa une tige d'une fougère dont il enleva les feuilles pour la joindre à ses lèvres. Il se déshabilla, puis, partit se baigner un peu, tant que le temps lui permettait encore.



Le deuxième hibou venait de partir. Luo attendait 18h. Seulement, quand Asphodèle arrivera, il ne sera pas présent. Du moins, pas de suite.

Luo était tranquillement allongé dans l'eau, faisant la planche à sa surface. Il avait l'air totalement ailleurs, comme si les évènements du monde n'avaient aucune prise sur lui. Il était dans son monde, ne faisant chier personne. Il était à des années lumières, rigolant de ses propres pensées, ou de ses conneries qu'il faisait, ou lorsqu'il perdait équilibre pour avaler la tasse. Luo était apaisé, serein. Il en avait presque oublié son dîner du soir, lorsque tout bonnement, il s'aperçut que le ciel prenait une allure orangée, délicate, mais somptueuse, relevant d'une beauté sans pareil. A ce moment là, Luo se redressa dans l'eau, et il manqua de boire une troisième fois la tasse. Se dirigeant rapidement vers le rivage, il saisit sa serviette, et s'essuya rapidement avant de vêtir ses vêtements en lin blanc, dont le col était légèrement entrouvert. Sa couleur de peau et ses cheveux ressortant magnifiquement bien avec la couleur du tissus. Il finit par se diriger doucement vers l'endroit du rendez vous, un léger sourire s'agrandissant au fur et à mesure qu'il se rapprochait de la tour de jouvence. Ce n'est que lorsqu'il arriva aux abords de la clairière qu'il s'arrêta doucement, tendant l'oreille pour entendre faiblement :

- Luo ?

Le gitan eut un léger sourire. Ses yeux prirent une teinte crépusculaire, et on avait cette impression que, dans ses yeux, il y avait une partie du ciel emprisonné dans ses globes oculaires, dans ses iris, plus principalement. Il sortit des fougères, gardant toujours son éternel sourire canaille, avant de murmurer doucement :

- Asphodèle... Il s'approcha encore un peu, avant de dire : Je suis là. Mets toi à l'aise...

Dans ses yeux, l'on vit une petite lueur amusée, relevé par une pointe d'admiration non caché. Il lui fit savoir sa pensée.

- Tu es... Affreusement magnifique dans cette robe...

Il s'approcha doucement, lui prenant délicatement la main pour l'aider à s'asseoir à table. Il saisit délicatement la bouteille de vin, et la débouchant, il en servit deux verres, comme si il avait fait ça toute sa vie. Posant délicatement le verre de vin dont la robe délicate et pourpre, semblait apparaître comme étant un vin purement magique, il se servit un verre, avant de le poser devant sa chaise où il s'assit.

- Je crois que je te dois quelque chose...

Son sourire qui ressemblait énormément à celui de tout gamin lorsqu'il fait une connerie, s'élargit, et il tendit la main vers la gauche, dans un mouvement gracieux. Du sable, et une légère brise que Luo semblait contrôler sembla se lever pour se diriger délicatement vers la paume de sa main. La fameuse rose de jade apparut et il la tendit, dans un sourire, à Asphodèle.

- Tiens.

- Merci je... Luo, pourquoi fais-tu tout ça pour moi ? Comment sais-tu toutes ces choses ? Cette robe... elle me va comme si elle avait été faites pour moi. Et tu savais que je ne pourrais pas venir ici par mes propres moyens, tu connaissais mon nom, l'endroit où me trouver... explique moi.

Il ne lui répondit pas tout de suite, préférant garder un peu de mystère pour répondre à cette question avec sincérité, mais surtout, en utilisant les bons mots pour ne pas l'effrayer ou la pousser sur la défensive car ce n'était pas du tout ce qu'il voulait, bien au contraire. Il préférerait sûrement se couper un bras que de blesser la jeune femme qu'il ne connait, pourtant, que depuis peu. Il la regarda doucement, la caressant du regard, avant de lui prendre doucement la main pour la mener à la table où il allait manger. Tel un gentleman, il lui indiqua sa chaise, la lui tirant, avant de lui servir doucement un verre de vin. Il s'en servit un, également, à son tour, avant de s'asseoir doucement devant elle. Il eut un léger sourire, ne lui répondant toujours pas. Luo leva son verre à la hauteur de ses lèvres, et il y trempa ses lèvres dans la robe pourpre du vin qu'il venait de déboucher. Le vin sentait quelque chose de doux, et de fruité. Et lorsque le liquide coula le long de sa bouche, puis de son oesophage, on pouvait ressentir avec une délicatesse particulière le goût du raisin noir. La liqueur provoquait une petite chaleur sans pour autant vous brûler les intérieur. Il y avait un petit ingrédient particulier qui rendait ce vin totalement unique en son genre. Luo eut un petit sourire face au compliment qu'Asphodèle lui fit, par la suite.

- Ta magie me fascine...
- C'est parce que tu me fascines à ton tour... Il eut un léger sourire, avant de lui dire doucement : Je vais te répondre.

Il posa délicatement son verre sur la gauche, retirant l'ensemble de la décoration de la table pour la poser doucement au sol, ou sur la pierre de la petite fontaine qui se trouvait à côté de la table où il allait passer le repas. Il tendit doucement ses bras devant lui, les posant au centre de la table, les paumes tournées, vers les cieux. Doucement, il lui dit sur un petit ton mutin :

- Donne-moi tes mains. Il eut un petit sourire, ajoutant : N'aie pas peur...

Et lorsqu'elle posa ses mains sur les mains de l'hispanique, et qu'il leva légèrement les mains pour éviter qu'elles ne touchent la table, il déchaina son don. Tout autours d'eux sembla se magifier. La beauté des lieux prit une teinte sublime, presque parfaite. Comme un rêve. Et le crépuscule semblait comme... Amplifier la chose. Il eut un léger sourire. Elle pouvait le voir avec des yeux d'une impressionnante beauté. D'un gris parfait, magique, et clair. Un regard qui surprenait lorsque l'on voyait réellement, et pour la première fois ses iris, ses vrais iris, pas celle qu'il arborait habituellement, et qui n'était qu'un reflet du ciel. C'était sa marque. Autours d'eux, il y avait comme un vent magique, un vent d'une douceur pas croyable. Et cette douce odeur de vacance... L'ensemble semblait parfaitement donner un aspect particulièrement irréel. L'eau de la fontaine devenait d'une blancheur particulière, et une étrange lumière tamisée agissait autours d'eux. Enfin, avec douceur, il murmura quelques mots que personne ne pouvait comprendre, et il retira délicatement ses mains de celle de la métisse. Presque avec regret cependant. Enfin, son sourire s'élargit quelque peu, avant qu'il ne dise :

- Voici ma vision du monde. Plus, les choses sont purs, plus, elles sont lumineuses... Je ne sais pas comment toi, tu vois le monde qui nous entoure, mais moi, je le vois ainsi. Si tu regardes bien mes pupilles, tu verras que, contrairement à y a quelques minutes, elles ne sont plus grises, mais représente le ciel au moment même où nous parlons.

Il baissa doucement son regard, avant de sourire d'une façon légèrement coquine, mais qui n'avait rien de tout cela, en vérité. C'était comme si il avouait une bêtise, comme un enfant de quelques années.

- Et puis... Je suis voyant. Tout ce que je dois savoir, tout ce que je veux savoir... Il me suffit de me stimuler, et je peux savoir avec exactitude l'histoire d'une personne à qui on m'aurait donné son prénom... Cependant, il faut vraiment que je me stimule...

Luo eut un léger sourire.

- Toi, je te connais depuis longtemps... Je t'ai vu alors que tu n'avais que quelques jours...

Son regard s'attendrit quelque peu, avant de baisser finalement le regard, comme honteux.