TYLER. - « Sors de ta cachette. Je te vois. »

Un gémissement étouffé se fit entendre ; ce genre de plainte lancinante qui vous prend à la gorge lorsque la peur vous assaille et que vous devenez aphone sous l'élan de votre palpitant à l'agonie bondissant dans votre poitrine. Et pourtant, elle avait beau retenir sa respiration, recroquevillée derrière ce meuble de fortune tentant de se dissimuler des yeux sombres du prédateur, ce dernier s'approchait d'elle un pas lent dans un sourire carnassier. Le regard qu'il posa sur elle lui brûla les omoplates, elle sentait cette flamme meurtrière du pouvoir destructeur de ses beaux yeux noirs s'abattre sur elle. Alors dans un dernier élan plein d'espoir, la jeune femme tenta de se lever dans un bond vif, malheureusement pour elle la main du prédateur fut plus rapide, et il l'empoigna fermement avant de la forcer à se lever. L'homme eut un sourire amusé, portant sur lui le charme du diable, elle sentit son estomac se contracter à la vue de cet homme si charismatique et terrifiant, alors qu'il la ramena brutalement à lui. Tyler s'en amusa, se pinçant les lèvres tout en réprimant un rire, il lui murmura un "bouh" plein de cynisme qui fit tressaillir la victime. La suite s'achèverait dans le même rituel ; une innocente prise de force finissant à l'agonie dans son propre sang, à la chair découpée par un couteau affûté. Le travail de bourreau accompli, satisfait et rassasié de son appétit interrissable de sang et de larmes, l'aîné Carlson finit par transplaner chez lui, dans un loft luxueux quelque part à Londres. Son regard d'ébène accrocha un miroir lui faisant face, détaillant rapidement sa chemise entâchée de sang, ses yeux froids se posèrent alors sur la silhouette intruse s'y miroitant. Tyler se retourna d'un geste pourtant assuré, le regard assassin et la mine sombre. Néanmoins ce dernier se détendit lorsqu'il reconnut l'un de ses amis. Markus, celui-là même qui l'avait aidé à sortir d'Azkaban, avança en de grandes enjambées vers Tyler, tressaillant d'une colère qu'il contenait pour autant. Au vu du degré de violence de Carlson, on évitait toujours de le faire sortir de ses gonds, aussi le membre du magenmagot fit tout pour demeurer calme.

Markus. - « Je savais que tu serais là, un de tes gars m'a dit que tu étais chez Treever. »
TYLER. - « Et bien quoi ? Tu m'as l'air bien tendu. » fit le mangemort d'une voix basse et suave, avant de se servir un verre de whisky dans un sourire en coin.
Markus. - « Tu ne devrais même pas être ici ! Mais à Pou... » l'homme soupira, exaspéré. Il savait que quoiqu'il dise, Carlson ne l'écouterait pas. Alors il secoua la tête, un sourire semi amusé aux lèvres bien qu'il tentait encore de le réprimander. « Ok, je sais que tes activités de boucher te manquent, mais pour l'instant évite de t'en prendre à la première jolie fille que tu croises. »
TYLER. - « Je sais ce que je fais. Je n'ai pas besoin de tes conseils. » renchérit l'homme à l'aura sombre d'une voix atrocement dure et glaciale.
Markus. - « C'est vrai, excuse-moi. Mais en ce moment c'est pas la joie au Ministère, ils virent tous parano. Ils sentent que les mangemorts approchent, je suis venu pour te prévenir. Reste à Poudlard pour le moment, essaie de te tenir à carreaux. »
TYLER. - « Poudlard... » répéta le jeune homme dans une expression de mépris avant d'avaler une gorgée de son whisky, comme Markus se servit également au mini-bar.
Markus. - « J'imagine bien que tu t'y ennuies là-bas, rester tranquille à ne rien faire. Trouve-toi une occupation. »

Les deux hommes ne purent que réprimer quelques sourires sombres, car dit ainsi, il était encore évident que Carlson pouvait trouver pour lui tant de façons de tuer le temps, seulement pas toujours dans les bonnes moeurs. Le mangemort eut alors un soupir, l'attente était longue, et l'ennui allait en s'amplifiant. On lui demandait déjà de ne pas toucher aux élèves, voilà qu'en plus on lui conseillait d'endormir ses instincts sanguinaires. Foutue impatience.



Une cigarette roulant entre les mains, l'odeur du tabac à la fumée tournoyant dans les airs recouvrant ses doigts fins porteurs habituellement du parfum âcre du sang de ses victimes, Tyler repensait à ce qui s'était passé la veille. Une belle jeune femme frêle et frémissante en pâture entre ses griffes, les paroles de Markus trahissant l'inquiétude du membre du magenmagot, et cet ennui permanent que de se montrer ange malgré sa nature de diable. Sa cigarette alla s'écraser dans le cendrier comme son regard noir se posa un instant sur le piano installé dans un coin de ses appartements du château. Après un long moment de brèves réflexions, le jeune professeur finit par se lever, son parfum envoûtant le précédant, il se dirigea vers la porte de sa chambre avant d'en passer le seuil. La froideur des couloirs lui mordirent la peau, mais Tyler ne réprima aucun frisson ; l'Islandais était habitué à ces atmosphères glaciales. Sa baguette enveloppée d'un halo fin de lumière, il parcourut les couloirs d'un pas assuré et fier, le visage hautain et arrogant, la mine sombre et pourtant si séduisante, sachant visiblement exactement où il se rendait. Quelques tableaux se réveillèrent sous la lumière crue les aveuglant, mais reconnaissant alors le professeur Carlson, ils réprimèrent leurs râles avant de feinter de se rendormir : beaucoup de personnes ici n'osaient guère lever la voix sur ce nouveau professeur, et ce , malgré son jeune âge. Il avait pour lui de l'expérience, une intelligence aiguisée qui faisait de lui un génie, on le respectait pour son parcours, on le craignait pour son passé d'un dit Jack l'éventreur... Du moins s'il était coupable, car il était sorti d'Azkaban en innocent. Mais personne encore n'avait osé lui poser de questions sur cette affaire, tant il s'imposait par un simple regard froid et un sourire carnassier.

Sa silhouette droite et fière passa les portes de la bibliothèque ; ce soir il souhaitait s'avancer dans ses recherches, bien souvent tournées vers la magie noire. Par ailleurs, quelle heure était-il : minuit passé, sans doute une heure du matin. Quelle importance au final, puisque le lendemain il se savait sa matinée de libre. Une demi- journée de repos avant de reprendre son enseignement à des adolescents bourrés d'hormones. Il détestait les gamins, et avait bien souvent pour eux des regards méprisants, mais fort heureusement, certains d'entre eux ressortaient du lot. Le jeune professeur se rendit dans la réserve ; un simple sort basique suffisait à faire sauter la serrure de la porte. Les ombres dansaient dans ces lieux obscurs à l'atmosphère presqu'oppressante, pour autant le mangemort était habitué à des parfums bien plus macabres encore. Il se dirigea alors vers une étagère qu'il connaissait bien, en sortit un livre avant de s'asseoir à une table bancale à la lumière de sa baguette. Cependant, le calme ne régna guère longtemps, car très vite son ouïe fine fut à l'affût de quelques bruits de pas feutrés et légers résonnant dans l'antre de la réserve. Doucement, le jeune homme à l'aura frémissante referma son livre avant de se lever, se fiant à ses instincts de meurtrier expérimenté pour retrouver l'intrus. Enfin, une silhouette se dessina non loin de lui : une jeune fille à la chevelure blonde, portant en ses mains un livre qui ne pouvait être que prohibé. Un sourire en coin se dessina alors sur le visage sombre de Tyler, son regard noir se fit d'autant plus perçant : il régnait en maître dans l'obscurité, diable parmi les Lucifers, les ténèbres étaient son élément. Des effluves charismatiques mais dangereuses émanèrent de son aura froide, il semblait se satisfaire de pouvoir installer le doute et peut-être la frayeur dans le coeur d'un élève. Dans une discrétion édifiante, le mangemort s'approcha de la silhouette qui lui tournait le dos, se devant de réprimer ses instincts de prédateur : habituellement c'était lorsqu'il allait pour planter les crocs que le loup était autant aux aguets. Sa main alla frôler la hanche de la jeune fille, quand dans un sourire le jeune professeur passa sa tête par dessus l'épaule de cette dernière, d'une proximité que l'on ne permettait pas d'un enseignant face à son élève. Mais qu'importait. Sa voix grave et séduisante s'éleva alors, légèrement amusée et teintée de vices qu'il n'arrivait pas à réprimer. Markus ne pouvait comprendre ô combien il était difficile de cacher sa véritable nature.

TYLER. - « Hé bien Miss Clapton. On viole le couvre-feu, et on pénètre en plus dans la réserve en toute illégalité ? » Son regard sombre avisa un instant le vieil ouvrage trônant dans les mains de la jolie blonde avant de reprendre dans un voix vous octroyant des frissons. « Voyons, quelle punition devrai-je vous administrer... Je vous laisse choisir, Miss Clapton. »

Sa voix se faisait murmure d'un timbre à la fois séduisant et oppressant, alors que son parfum suave le précédait. Le prestige d'être professeur, c'était aussi inventer des jeux de la sorte.

Certes la sanction avait été démesurée, surtout pour une simple escapade dans les contrées sombres et peu accueillantes de la réserve étroite de la bibliothèque. Comble de l'ironie, les Serpentards demeuraient les élèves les plus en vue du professeur, directeur de cette même maison de surcroit, il était vrai qu'il portait déjà bien plus dans son coeur les vert-et-argent que les autres blasons. Qu'aurait donc été la punition de la jeune fille si cette dernière ne s'était pas retrouvée dans la digne Maison de Salazard, voilà une question qui quelque part faisait froid dans le dos. Néanmoins Carlson ne développa pas ce qu'il entendait par "sanction illégale", bien que sa façon de toiser la jeune élève sur l'instant n'avait rien de très sage ni même avenant de la part d'un professeur. Carlson avait toujours été avide de courbes féminines, et l'idée de blasphémer la peau de la jeune blonde lui vint alors en tête, pensée qu'il dut s'efforcer de sortir de son esprit. En effet le mangemort se devait de rester sage au moins le temps que ses congénères ne sortent de l'ombre, bien que réprimer ses instincts un peu trop violents et immoraux n'avait rien de très aisé. La preuve en était de ses paroles profilées vaguement que la jeune fille ne comprit pas -fort heureusement pour elle sans doute-, mais qui laissaient le lourd sous-entendu que le professeur n'aurait pas été contre le fait de la glisser dans son lit, détournant ainsi d'une manière plus perfide, ce que l'on pouvait entendre par punition corporelle. Diablement intelligent, mais aussi terriblement pervers au point de ne pas parvenir à effacer ce genre de pensée. Il le fallait pourtant, car Tyler s'était tenu à ne pas toucher à ses élèves ; la paranoïa du ministère vis à vis des mages noirs était bien trop présente pour qu'il ne se permette de faire un seul faux pas. Aussi ce fut amusé que son attention se détourna sur le visage habituellement de marbre de la jeune Clapton à la peau opaline mais à l'air véritablement frustré ; visiblement le fait de voir son précieux butin confisqué ne l'enchantait guère. Fait presque compréhensible après tout ; la jeune fille avait dû violer le couvre-feu, passer outre les préfets ou les professeurs rôdant potentiellement dans les couloirs, ruser pour pénétrer dans la bibliothèque... le tout pour finalement se faire prendre au dernier moment. Et malgré les dires de la demoiselle, le professeur resta insensible, muré dans son aura ténébreuse et presqu'oppressante, ne souhaitant pas répondre à ses suppliques. C'était tout de même la preuve que la jeune fille tenait tant à récupérer son livre, après tout elle ne pouvait tout de même pas espérer que son professeur, si sombre de réputation, ne lui cède l'ouvrage sous prétexte qu'elle en avait besoin. Restant muet quant à la requête de la demoiselle, préférant la renvoyer dans son dortoir fulminante de rage tant il lui était jouissif de jouer les bourreaux, et ce peu importait la façon de le faire, Tyler ne releva pas les dires de la Serpentard alors que cette dernière s'avança vers lui. Le regard du professeur se fit alors de plomb, dur et froid comme les tombeaux ; la voir ainsi ne pas se plier aux ordres commençait nettement à attiser sa colère froide sommeillant en lui. Chose pour le moins à éviter, car la violence de Carlson était connue pour être... dévastatrice. Aussi le jeune homme garda néanmoins son calme, posé et esquissant un sourire cynique à la demoiselle qui s'était arrêtée à seulement quelques centimètres de ce dernier, jouant la proximité pour prouver qu'elle ne ploierait pas, sans doute... Mais la pauvre petite chose devait ignorer que lorsque Carlson avait décider de faire plier quelqu'un, il finissait par l'avoir, et ce pas toujours de la manière la plus tendre possible.

« Mes dons, comme vous dites, ne regarde que moi. Et je n'oserai jamais dire que je les utiliserai si vous vous montrez gênant mais je n'en pense pas moins .. Maintenant que vous savez la vérité, vous comprendrez que j'ai besoin de ce livre .. »

Que d'audace et d'insolence venant ainsi bercer les doux traits du visage angélique de la jeune fille. Cela n'eut que pour effet de rendre d'autant plus carnassier le sourire du professeur. Ainsi la demoiselle proférait des menaces, à lui dont le fidèle couteau sommeillait dans sa poche, et qui maintes fois avait tailladé la peau de ses victimes parfois encore conscientes... Pire encore, les secrets de Carlson ne s'arrêtaient pas là, sa famille demeurait détentrice d'une magie encore millénaire qui, si elle ne pouvait pas prétendre à la violence fougueuse de la démonologie, pouvait lui tenir tête. Et cette fois ce fut le médaillon doré gravé au nom de Loki sommeillant dans la poche interne de son veston qui en était témoin. Alors le professeur s'avança, son parfum envoûtant le précédant comme il approchait ses lèvres de l'oreille de la jeune fille, un murmure suave à vous en arracher des frissons.

TYLER. - « Il y a tant de choses que vous ignorez de moi mademoiselle. Ne tentez pas le diable ou je me verrai dans l'obligation de vous rendre vos menaces, mais pas seulement par la parole. »

Le visage plus assombri et ténbreux, portant sur lui les effluves de ses réelles menaces dont il ne se gênerait guère à mettre à exécution, le jeune homme se redressa, plantant durement son regard ténébreux dans les prunelles satinées de la jeune fille, tel le loup aux aguets prêt à croquer l'agneau. Son rictus froid avait disparu, il ne lui restait plus que ce charisme écrasant et à la fois oppressant, qui s'accentua alors lorsque enfin le professeur à l'aura frémissante reprit de sa voix basse et suave.

TYLER. - « Sachez que je ne négocie jamais. Je vous laisse une chance cependant. Donnez moi une seule bonne raison qui me pousserait à vous redonner ce que vous êtes venue voler. »

Cette fois-ci, le professeur reprit son sourire charmeur et carnassier, ne cillant pas sous ses mots prononcés d'un timbre de voix parfait. S'il ne négociait jamais, il était vrai que Carlson aimait jouer, pire encore son attitude changerait sans doute du tout au tout à la réponse de la jeune fille. Réponse qui n'était pas certaine de trouver preneur, en outre Tyler n'agissait que pour ses propres intérêts, aussi s'il jugeait que ce que pouvait rétorquer la belle jeune fille ne l'intéressait pas, malgré la cohérence qu'elle pourrait avoir, le professeur pouvait tout aussi bien lui refuser son dû. Alors, cassant le silence oppressant des lieux, il rajouta de sa voix séduisante dans un conseil avisé :

TYLER. - « Prenez votre temps pour répondre. »

N'y avait-il rien de plus frustrant, pour un meurtrier aux moeurs bouchères, que de voir sa proie demeurer de marbre malgré les effluves violentes de cette peur s'infilitrer en elle comme un venin acide ? Gageons cependant que le jeune professeur à l'aura sombre et à l'expérience affûtée, saurait arracher ne serait-ce qu'un frisson ou un souffle court à l'élève au visage de porcelaine avant qu'il ne quitte les lieux... Carlson restait des plus fiers et arrogants, et demeurer confronté à une personne de sa trempe, même si cette dernière était plus jeune, ne faisait que changer les règles du jeu. Plus perfides, plus aiguisées, demandant plus de patience également. En outre les menaces de la jeune fille ne l'affectait guère, l'Islandais avait bien assez vécu, malgré son jeune âge, il s'était aventuré sur beaucoup de terrains glissants et dangereux, son esprit en perpétuelle quête de connaissances le poussaient à toucher à tout. Ayant déjà pour lui un parcours des plus éloquents, ce n'étaient guère quelques paroles se voulant mençantes qui lui arracheraient ne serait-ce qu'une once d'angoisse. Ses recherches poussées l'amenaient à étudier tant de magies obscures, dont la démonologie bien qu'il ne la pratiquait pas, son couteau affûté avait déchiqueté tant de chairs, sa baguette avait tant de fois arraché des supplications perçantes de ses victimes agonisantes, son palpitant de pierre avait tellement broyé le coeur de beaucoup de jolies victimes... que cela se dressait en fière barrière auxquelles ne venaient que se heurter les fulminations à son encontre. Tant de fois, on avait voulu sa peau, tant de fois encore les provocations avaient fusées envers Tyler qu'il parvenait à présent à en jouer de sorte à faire frémir de rage ses adversaires. Une arrogance telle que même face à une menace explicite de mort, l'Islandais conservait son sourire sombre et cynique. Voilà pourquoi le jeune homme agaçait autant qu'il intriguait, il semblait si confiant, sûr de lui et incernable qu'on en venait à penser qu'il n'avait aucun point faible... Fait bien sûr complètement idiot, car s'il demeurait un monstre de par ses meurtres insoutenables, il n'en portait pas moins l'essence même d'un être humain, fait de ses forces et de ses faiblesses. Seulement Carlson, sans tenter de les dissimuler, avait pour lui une personnalité si complexe à la limite de la démence qu'il en demeurait indéchiffrable. Néanmoins la petite poupée de porcelaine semblait avoir compris le jeu pervers du professeur ; il la mettait au défi de relever son autorité, dans le simple but de pouvoir laisser son impulsion agressive et violente faire le reste, ainsi que de sentir cette sensation grisante et perfide de tenir entre ses mains joueuses l'entier contrôle de la situation. Alors elle garda son calme et sa sérénité, bien que Tyler était persuadé qu'il dormait en elle une rage aussi violente que le venin. Dans le fond, ils ne semblaient pas tant différents. La jeune fille semblait alors prendre ses aises, mauvais coup joué sur l'échiquier, car il était peu probable que cela ne plaise alors au professeur, qui esquissant alors un rictus carnassier mais imperceptible, commença à l'écouter cependant attentivement.

« parce qu'il y a peu de démonologues dans le monde, que nous ne sommes que deux ou trois familles en Angleterre, ce qui fait de moi un atout de taille, surtout que je suis l'une ou la plus jeune, vous ne mettriez quand meme pas en travers de mon apprentissage. Je sais que vous n'êtes pas un ange, je jurerai par Lucifer que vous êtes un mangemort ou que vous avez des fréquentations étranges et des activités qu'il vaut mieux garder secrètes. Peu être partageons nous le meme idéal. Je sais que nous en avons déjà un, la soif de savoir et de pouvoir; sinon nous ne serions pas tout deux dans la reserve à une heure si tardive ..»

Et déjà Carlson ne l'écoutait qu'à moitié. Tant de mots pour ne rien dire, si prévisibles et carrés, rien qui ne pouvait dès lors attirer l'attention de l'arrogant jeune homme. Qu'aurait-il fallu qu'elle lui rétorque, pour qu'il ne cède alors et qu'elle ne monte dans son estime ? Le surprendre sans doute, après tout l'imprévisibilité faisait partie intégrante de sa vie mouvementée, tout autant que de sa personnalité complexe. Par ailleurs l'Islandais ne releva pas, gardant son visage assombri et pourtant charismatique, son ombre s'entrecoupait dans la lumière tamisée comme un diable se mettant pourtant en position de force. La fixant de tout son haut, droit et confiant, son visage sérieux ne portait plus que les effluves charmantes du diable et de ses vices. Le regard perçant du mangemort darda la jeune fille qui alla dès lors s'asseoir sur l'étagère, gonflée d'un orgueil qui arracha un sourire à Tyler tant il trouvait ça risible, lui qui étrangement était des plsu arrogants... Mais à la différence de la demoiselle, Carlson qui pourtant demeurait un génie n'étalait jamais son savoir et ne le mettait guère en avant dans ses conversations. Certes il utilisait parfois des termes trop pointus et semblait parler comme une encyclopédie ambulante à ses heures, pouvant vous passer de la métaphysique aux schémas mathématiques d'une dernière sonate reconnue, mais restant dans son halo mystérieux et épais, il était rare qu'il ne s'étende même lorsqu'on lui posait dès lors la question. Et l'orgueil mal placé de la jeune fille -du moins aux yeux du professeur qui demeurait des plus intolérants- ne put en vérité que jouer en sa défaveur. L'arrogance était une chose, s'en servir décemment en était une autre. Après tout, fallait-il vraiment qu'elle lui pose une question sur ce démon se prénommant Valafar si ce n'était pour ne pas lui laisser répondre ? C'était sous-entendre que lui, le génie cruel et à la limite presque de la démence, n'avait pas la réponse. Certes il ne pouvait prétendre à savoir invoquer les démons, il ne pouvait prétendre baigner dans ce monde, il ne pouvait pas même prétendre tout savoir ni même en connaître bien plus que la jeune fille qui pratiquait cette magie... Mais l'homme avide de connaissances qu'il était ne semblait pas supporter ce qui était à ses yeux un affront, bien qu'extérieurement il gardait pour lui ce rictus froid. Dans le fond, finalement, il trouvait à cette petite un charme affirmé dû à son assurance terrible... Le reflet de ce qu'il était lui-même lorsqu'il était adolescent, il n'y avait pas encore si longtemps.

« ...Voilà pourquoi j'en ai besoin ce soir. »
TYLER. - « Parfait. » fit-il alors dans un murmure suave et incandescent, laissant alors planer le doute quant à sa réponse qui ne vint pas dans l'immédiat.

D'un pas assuré et lent, portant sur lui ce parfum épicé et à la fois léger qui le précédait, il s'avança dans un froissement d'étoffes vers la jeune fille, son regard d'ébène ne se détachant jamais de sa silhouette frêle. Il avait pris malgré lui les traits du loup prêt à croquer sa brebis, ne pouvant complètement dissimuler son naturel derrière le masque d'un professeur aux moeurs justes bien que discutables... S'approchant bien trop prêt de nouveau de la poupée au visage de porcelaine, le professeur rompit toute décence lorsqu'il apposa ses mains glacées sur la joue de cette dernière dans une douceur frémissante, plongeant ses yeux trop sombres dans l'azur de la demoiselle, laissant dès lors le silence s'installer un instant comme il pouvait laisser glisser son souffle chaud sur sa peau d'opaline.

TYLER. - « Mais laisse moi t'arracher de ton visage ces vils traits d'orgueil qui gâtent ta beauté. »

Elle ne put esquisser un mot que déjà le parfum du mangemort le précéda comme il se pencha vers cette dernière. Posant ses lèvres sur la coupe des siennes dans une tiède volupté, son baiser légèrement mordant était loin d'être chaste sans pour autant demeurer indécent. Seulement lascif et sensuel, le baiser se fit brûlant alors même que le jeune homme se contenta dans un premier temps de seulement effleurer ses douces lèvres afin de lui en soutirer un frisson... Bien vite ce dernier néanmoins bien moins sage, bien que le mangemort ne se retint de le faire trop mordant. Il se redressa alors, fixant un instant la demoiselle qui ne pouvait rester de marbre, elle ne pouvait qu'être muée dans une attitude stupéfaite, offusquée voire gênée, mais dans tous les cas il n'avait pu que balayer cet orgueil et cette impassibilité trônant sur son visage. Même si ce n'était là que pour un court instant, il lui avait ôté comme promis cette arrogance trop gonflée qui l'exaspérait tant. Et ce, même si c'était à la limite de l'indécence. Reprenant alors son timbre de voix suave et son regard sombre, nullement gêné par son attitude licencieuse, le professeur donna alors son verdict.

TYLER. - « Ma sanction tient toujours... Seulement vous avez droit de ne pas l'appliquer. »

En d'autres termes, il gardait l'ouvrage pour lui, et si la belle était véritablement décidée à l'étudier, elle ne pouvait que se résigner à accepter. Les conditions de Carlson demeuraient toujours à double tranchant, fier joueur qu'il était.