Depuis la dernière fois qu'elle avait vu Imran Misra, Lorelei avait beaucoup réfléchi. Il fallait dire que le jeune homme lui avait largement donner matière à le faire. Entre les révélations qu'il lui avait faites sur sa nature et celles qu'il avait faites sur ses sentiments... de quoi tenir la brunette occupée pendant toute une semaine. Une semaine pendant laquelle elle était très peu venue à la bibliothèque d'ailleurs.

L'idée d'accepter plus que de l'amitié entre elle et lui l'avait bien évidemment travaillée mais finalement, elle en venait plutôt à la conclusion que ce n'était pas un garçon pour elle. Ou plutôt, elle n'était pas une fille pour un mec comme ça. Lorelei se connaissait suffisamment bien pour savoir que quand elle regardait Imran, ce petit truc qu'elle ressentait relevait plus d'une forme de sympathie que d'autre chose. Elle s'ennuierait trop vite avec un garçon aussi gentil même si en soi, c'était tout sauf un défaut. Elle n'avait pas envie de se réveiller un matin en se rendant compte que ça ne pourrait pas aller plus loin. Elle verrait probablement toujours en lui un ami même si - par la force des choses - la façon dont il la regardait la mettait parfois un peu mal à l'aise.

En clair, cette semaine passée loin de la bibliothèque avait été mise à profit pour développer tous les contre arguments possibles. C'était souvent comme ça que Lorelei finissait par faire tout le contraire de ce qu'elle avait envie au fond mais pour le moment, elle ne se rendait compte de rien. Studieusement penchée sur un livre, le coude sur un porte folio bleu turquoise, elle semblait complètement absorbée par ce qu'elle faisait. Complètement mais pas au point de ne pas remarquer qu'Imran se dirigeait droit vers elle. Comme d'habitude elle le salua amicalement mais alors qu'elle s'apprêtait à lui montrer les photos qu'ils avaient faites ensemble, le bibliothécaire se fendit d'une grande annonce...

« Euh... pardon?! Tu vas quoi? »

Lorelei posa son stylo. Son air dubitatif avait déjà tout dit.

Si Lorelei aimait les mauvais garçons, Imran allait être un mauvais garçon. Il avait cherché et s'était renseigné sur ce qu'était réellement un mauvais garçon, et rapidement, il déchanta très vite à en devenir un dans le sens strict du terme. Ne pas se laver, porter que du noir et du cuir, ou même fumer des trucs pas très bon pour l'organisme et se détruire le foie avec de l'alcool n'était pas vraiment sa tasse de thé, pour reprendre une expression qu'il avait comprise et entendu il y a peu. Non, Imran allait juste s'arrêter sur : Traîner dans de mauvais endroits. Le reste ne l'intéressait pas, puis il n'aimait pas faire du mal pour faire du mal. S'il devait faire du mal, il voulait que ce soit pour une bonne raison. Imran était droit, et il comptait bien le rester.

Mais Lorelei était son objectif. Il n'hésiterait pas à prendre des chemins détournés, même s'il éviterait de traîner dans des trucs bien trop sombres où seule la Magie Noire préside.

Ainsi, après une petite semaine à rêvasser et à traîner dans des coins pas très recommandable alors qu'il était vêtu de la façon la plus sobre et sombre possible (avec capuche, s'il vous plaît), Imran était tombé sur cette affiche de combat privé, dans une arène clandestine, quelque part dans Londres. C'était un endroit où il ne semblait pas bien d'aller lorsqu'il vit la tête du type qui le renseigna, et c'était avec un sourire joyeux qu'il signa de son propre sang le document, sous le regard moquer du sale type.

Alors, lorsqu'il trouva enfin Lorelei, il n'hésita pas à lui en parler, pensant qu'elle le trouverait forcément sexy, et qu'elle n'hésiterait pas à lui sauter dessus lorsqu'elle le verrait combattre.
« Euh... pardon ?! Tu vas quoi ? » Il répéta, l'air tout guilleret. « Je vais me battre dans une arène, quelque part sur le marché aux trolls. Il y a cinq bonhommes qui font froid dans le dos, tous avec un truc en particulier. Ils ont l'air costaud, mais rien d'insurmontable. » Il afficha un sourire freedent, avant d'ajouter en tapotant un espèce de demi-géant sur l'affiche. « Et à la fin, on affronte celui-là. Je relève le défi, ça a l'air amusant. »

Il saisit l'affiche, la regardant sérieusement, l'air pensif. Imran releva la tête, avec une moue légèrement agacée. « Le seul truc qui m'agace un peu, c'est de devoir les tuer pour le spectacle. Je trouve ça bizarre de mourir pour le spectacle, m'enfin, si c'est le prix à payer pour être un mauvais garçon, pourquoi pas. » Il roula la fiche avant de la mettre dans sa poche, et ajouta le ton innocent : « Tu viendras me voir me battre ? Je vais te montrer ce que vaut un... Ce que je vaux en combat. » Il avait failli dire Djinn, mais il s'était ravisé sur le dernier moment, de peur que les gens autour d'eux n'écoutent leur discussion, bien que ce ne soit probablement pas le cas.

« Je vais me battre dans une arène, quelque part sur le marché aux trolls. Il y a cinq bonhommes qui font froid dans le dos, tous avec un truc en particulier. Ils ont l'air costaud, mais rien d'insurmontable. »

Lorelei n'accorda même pas un seul regard à l'affiche tant l'expression enthousiaste d'Imran focalisait toute son attention. On aurait cru un gamin devant un paquet de bonbons explosifs. C'était à se demander si ...

« Imran, tu es au courant que ce sont de vrais gens là... l'image n'est pas en taille réelle... », elle essayait de comprendre ce qui avait bien pu lui passer par la tête. Est-ce qu'il avait cru qu'il allait jouer un jeu d'échec version sorcier ou que sais-je ? Il ne pouvait pas être demeuré à ce point pour ne pas voir qu'il allait finir en hachi parmentier à l'orientale s'il se présentait dans quelque arène que ce soit.

Pour la défense de la jeune femme, il fallait dire qu'Imran devait peser à vue d'oeil cinquante kilos tout mouillé. Elle se demandait même s'il n'allait pas s'envoler si le mec qu'il lui pointait sur la fiche lui éternuait dessus...

« Et à la fin, on affronte celui-là. Je relève le défi, ça a l'air amusant. »
« Mh mh... »

Inutile d'en rajouter. Il la faisait marcher c'était pas possible autrement.

« Le seul truc qui m'agace un peu, c'est de devoir les tuer pour le spectacle. Je trouve ça bizarre de mourir pour le spectacle, m'enfin, si c'est le prix à payer pour être un mauvais garçon, pourquoi pas. »
« Attends quoi?! Mais c'est quoi cette histoire ? Pourquoi tu veux "être un mauvais garçon"? C'est pas un truc qu'on devient ça Imran. C'est... je sais pas. Ca doit être dans les gênes mais ce qui est sûr c'est toi tu ne seras JAMAIS un mauvais garçon. Qui t'as mis une idée pareille dans la tête ? »

Visiblement le djinn était résolu et tout fier de lui. Il fallait à tout prix qu'elle trouve le moyen de lui faire comprendre que ça n'était pas un jeu le marché aux trolls et qu'il n'en reviendrait pas tout pimpant comme il se l'imaginait.

« Tu viendras me voir me battre ? Je vais te montrer ce que vaut un... Ce que je vaux en combat. »
« Toi ? Pff arrête ton char, je vais pas venir te voir te faire ratatiner. Si tu veux je t'apporterai des fleurs à Ste Mangouste si tu arrives jusque là... »

« Toi ? Pff arrête ton char, je vais pas venir te voir te faire ratatiner. Si tu veux je t'apporterai des fleurs à Ste Mangouste si tu arrives jusque là... » « L'infirmerie sorcière ? » Imran fronça les sourcils. Pourquoi Lorelei voulait lui apporter des fleurs là-bas ? Et comment savait-elle déjà par avance qu'il allait se faire ratatiner ? D'ailleurs, cela voulait dire quoi, ça, ratatiner ? Il lui jeta un regard perçant, avant de comprendre. Il éclata de rire. « Mais... Lorelei ?! ?!! Je vais pas me faire avoir ! Je vais gagner, c'est couru d'avance ! »

Il ressortit l'affiche qu'il déroula de nouveau sur la table, en tapotant le papier de son index gauche. « Y en a aucun qui doit m'arriver à la cheville. Je suis le meilleur lutteur de mon pays, et j'arrive même à battre mon frère, même s'il trouve toujours une excuse sur sa propre défaite. » Comment pouvait-elle penser qu'il n'en était pas capable ? Il était parfait, et savait où frapper et comment faire mal, malgré sa faible carrure. C'était d'ailleurs pour cela que les gens le sous-estimait. Et c'est là qu'il comprit ce qu'elle devait penser. Il baissa le regard sur son torse, tirant le tee-shirt pour voir la peau brune qu'il cachait grâce au tissus.

Imran murmura : « Tu es comme les autres, Lorelei. Tu me juges sur mon apparence. » Il releva la tête, plus fier que jamais. « Je suis un Misra, et un Misra gagne. Un Misra a le goût de la victoire pour tout ce qu'il entreprend. Viens, et tu l'apprendras en me regardant fracasser leur crâne. » L'espace d'un instant, il semblait dégager quelque chose de fort, quelque chose de profondément intense, de charismatique. Il y avait cette petite lueur dans son regard qui appuyait cet étrange aura qui émanait de lui tout à coup. « Quand je te ramènerais la tête de ce demi-géant, tu me verras comme le grand guerrier que je suis. Tes yeux obscurcissent trop ton jugement. » Une flamme brillait dans ses iris.

« Mais... Lorelei ?! ?!! Je vais pas me faire avoir ! Je vais gagner, c'est couru d'avance ! »

L'étudiante le regarda des pieds à la tête ostensiblement.

« C'est couru d'avance oui... », fit-elle sans se rappeler que neuf fois sur dix il ne captait pas l'ironie.

D'ailleurs pour ne pas faire faire exception à la règle, Imran ne se rendit compte de rien continuant de lui expliquer avec son enthousiasme naturel qu'il serait le meilleur dans l'arène. C'est comme ça que Lorelei découvrit qu'il pratiquait la lutte mais, allez savoir pourquoi, elle n'était pas persuadée que la tenue moulante flashy et le casque soient d'une grande utilité sous la massue qui servait de poing au demi-géant du grand final.

« Imran ! Je crois que tu te rends vraiment pas compte... », finit-elle par dire plutôt fermement pour le sortir de son délire.
« Tu es comme les autres, Lorelei. Tu me juges sur mon apparence. Je suis un Misra, et un Misra gagne. Un Misra a le goût de la victoire pour tout ce qu'il entreprend. Viens, et tu l'apprendras en me regardant fracasser leur crâne. Quand je te ramènerais la tête de ce demi-géant, tu me verras comme le grand guerrier que je suis. Tes yeux obscurcissent trop ton jugement. »
« Oh non mais on est en plein délire. Viens-là ! », commanda-t-elle en le trainant dans un rayonnage désert de la bibliothèque où ils pourraient être tranquilles. On se demandait pour qui était fait les panneaux SILENCE qui flottaient un peu partout ... « Tu comprends pas ce que je veux te dire. C'est dangereux le marché aux trolls. Surtout pour quelque comme toi. », expliqua-t-elle plus sérieuse tout à coup. Ses yeux pistache plongèrent dans les siens pour s'assurer d'avoir toute son attention et aussi pour être sûr qu'il comprenait bien ce qu'elle disait, « Tout ce que tu vas gagner c'est que tu vas finir dans un bocal à cornichon sur la table de nuit d'un vieux riche en mal de virilité pour satisfaire la meuf qu'il a levée dans une poubelle avec une rivière de diamants !! C'est complètement débile Imran !!! »

Elle n'y avait même pas fait gaffe mais elle s'était énervée.

« Excuse-moi. Je voulais pas te parler comme ça c'est juste... tu te rends vraiment pas compte. Et puis qu'est-ce qui t'es passé par la tête ? C'est à cause d'une fille c'est ça ? Si c'est ça tu sais t'as pas besoin de changer pour plaire. Si ça lui suffit pas, perds pas de temps avec elle, c'est qu'elle est trop conne pour toi. C'est pas toi qui as un problème mh... »

« Lorelei, tu n'es pas trop conne, tu... Tu te sous-estimes beaucoup, c'est différent. » Elle le faisait exprès, ce n'était pas possible, plus possible. Imran fronçait les sourcils, se demandant alors où elle voulait en venir, ce qu'elle attendait désormais de lui. Elle ignorait donc ce qu'il lui avait dit dans la forêt ? Elle ignorait alors ce qu'il ressentait réellement pour elle ? Ce qu'il était prêt à faire pour elle ? Il baissa la tête. Cela sonnait plus comme une gifle verbale qu'autre chose. Il pourrait changer d'avis, mais non. Elle était sa lumière. Elle était son avenir. Elle était sa moitié, sa future famille.

Il leva sa main, lui saisissant la sienne avec douceur. Avec son pouce, il lui caressa le dos de la main, élevant alors cette fine poussière dorée sur le passage de son doigt. Imran esquissa un sourire, et ajouta : « Tu te penses mauvaise, c'est fou ça. Je fais tout pour te prouver le contraire en essayant d'attirer ton attention, et tu continues à ne pas le voir, ou plutôt à faire semblant de ne pas le voir. » Imran lâcha la main de Lorelei, enfournant les siennes dans ses poches. Dans son regard, il était déterminé, même si cela pouvait sonner plus comme une résignation qu'autre chose.

« De toute manière, je dois y participer maintenant. J'ai signé avec mon sang. J'espère vraiment que tu y viendras, car je rendrais la chose magique à regarder. J'aime quand c'est spectaculaire, tu vois. » Il sourit, et ajouta doucement : « C'est quelque chose que je tire de mon frère. » Il haussa les épaules, avant de faire mine de partir. Visiblement, la discussion était close. Elle ne changerait pas d'avis, et lui non plus.

« Lorelei, tu n'es pas trop conne, tu... Tu te sous-estimes beaucoup, c'est différent. »
« Comment ça je suis pas c- »

Lorelei s'arrêta net en comprenant que c'était à cause d'elle s'il se jetait à corps perdu dans une entreprise aussi débile. Elle soupira mais le laissa prendre sa main tout en se disant qu'elle ne devrait pas.

« Tu te penses mauvaise, c'est fou ça. Je fais tout pour te prouver le contraire en essayant d'attirer ton attention, et tu continues à ne pas le voir, ou plutôt à faire semblant de ne pas le voir. »
« C'est pas ça Imran. J'avais juste espéré que... » tu sois passé à autre chose, « Ecoutes, j'ai pas envie que tu ailles te faire taper dessus pour me prouver quoi que ce soit. »
« De toute manière, je dois y participer maintenant. »
« Il te suffirait de pas y aller... », suggéra-t-elle en réfléchissant à ce qu'elle pourrait lui proposer pour le convaincre...
« J'ai signé avec mon sang. »
« Attends, attends, attends : TU AS QUOI ?!!!! »

Lorelei était carrément devenue livide pour le coup. Il fallait être complètement malade pour signer quoi que ce soit au marché aux trolls avec son sang. Surtout lui !!!

« J'espère vraiment que tu y viendras, car je rendrais la chose magique à regarder. J'aime quand c'est spectaculaire, tu vois. C'est quelque chose que je tire de mon frère. », conclut-il en tournant les talons.
« Imran !! IMRAN!!! J'te préviens il est pas question que j'y aille!!! On peut faire n'importe quoi d'autre... »

Peine perdue. Ce que ça pouvait être borné un djinn...


Le combat - ou plutôt la boucherie - avait lieu dans un trou pourri du marché aux trolls, pas trop loin d'une sortie d'égout (plus facile pour se débarrasser des perdants). Lorelei n'avait eu aucun mal à se procurer le flyer auprès d'un de ses amis dealers. Ca lui avait évité d'avoir à repasser par Imran à qui elle ne parlait plus. Quel tête à claques celui-là quand il s'y mettait. Si elle venait ce soir-là, ce n'était pas pour le voir combattre (ou plutôt essayer de survivre) c'était avant tout pour essayer de récupérer ce maudit papier qu'il avait eu la riche idée de signer avec son sang.

La demoiselle se fondait plutôt bien dans la foule qui commençait à s'amasser autour de l'arène avec son jean usé jusqu'à la corde et son t-shirt un peu trop large. Mais c'était surtout son regard qui lui servait de laisser passer. Personne ne se demandait ce qu'elle foutait-là elle. Elle n'était pas sûre que ce soit la même histoire pour Imran et ses amis qu'elle avait cru apercevoir de très loin. La tête blonde de Moony et son petit blouson et ses petits souliers bien sages ne passaient pas inaperçus.

Lorelei les ignora, se disant que ce n'était pas plus mal si on les emmerdait tellement à l'entrée qu'Imran n'arrivait jamais dans les lices où les "champions" étaient censés attendre. Elle se faufila dans une tente, loge improvisé d'un gros demi-elle-ne-savait-pas-trop-quoi qui n'était autre que l'organisateur du match. Elle entra avec un sourire aguicheur faisant croire qu'elle voulait absolument voir les champions dans les cages avant le match :

« T'as de quoi payer poupée ? », fit le type en lui collant une main aux fesses...
« Une aussi jolie fille que moi a toujours de quoi payer... », fit-elle avec un sourire entendu...

Imran était décidé, et ce n'était pas Lorelei qui allait l'en empêcher. Ce ne fut pas non plus Jinan et Moony, bien qu'ils aient également tout tenté pour l'en dissuader. Lorsqu'il leur révéla qu'il avait signé un document de son sang, Jinan et Moony s'étaient lancés un long regard silencieux, avant de finalement accepter de venir le voir combattre, bien que Jinan ferait tout, laisser un pareil document en libre-service, dans le marché aux trolls.

C'est donc vêtu assez sobrement, le visage couvert par une capuche, qu'ils sortirent tous les trois pour se rendre au lieu de rendez-vous. Jinan avait bien prit soin de laisser son badge d'Auror à l'appartement, au cas d'une fouille corporelle un peu trop poussée et qui risquerait de leur causer pas mal de tord à tous les trois. Imran était persuadé que Lorelei viendrait, malgré ce qu'elle avait laissé entendre, l'air rageuse. Ils ne se parlaient plus, et c'était quelque chose qu'Imran ne parvenait pas à comprendre malgré ce que lui dirent Moony et Jinan. Imran était beaucoup trop... Féérique pour ce monde-là, et c'est ce que lui dit Jinan. Mais Imran haussa les épaules, en lui disant que c'était peut-être eux qui était indigne d'être des adorés de Dieu avec toutes leurs mauvaises pensées plus obscures les unes que les autres.

Baguette à porté de main, Jinan fermait la marche, veillant sur Imran qui l'ouvrait, et Moony qui se trouvait au milieu. Une main qu'il tendait de temps à autre pour caresser l'épaule de sa tendre fée bleue, ils finirent par arriver là où Imran avait rendez-vous. Là, ils se quittèrent pour qu'il puisse se préparer comme il fallait. Jinan croisa le regard moqueur d'un des hommes en regardant Imran se dévoilait. Une pulsion haineuse s'empara de lui, sa main sur sa baguette, avec l'envie d'en découdre. Il soupira lorsque Moony lui prit sa main pour le traîner sur le lieu des rencontres.

Lorsqu'ils arrivèrent, des combats avaient déjà commencé dans l'arène où le sang se rependait comme si l'on nettoyait une maison à grande d'eau un beau matin de printemps. Jinan détourna le regard quand la tête d'un homme tomba au sol avant de se faire écraser par une espèce de grosse bête mi-homme mi-jesaispasquoi. Quelques instants après, on vit Imran entrait dans l'arène, le torse-nu, avec à la main une lame similaire à celle que l'on croisait dans certains milieux de la piraterie. Jinan posa son regard sur son frère-oncle qui prenait visiblement la chose au sérieux. Jamais il ne l'avait d'ailleurs vu aussi sérieux que lorsqu'il entrait sur le terrain pour se battre à Byzance. Jinan soupira puis il murmura à l'oreille de Moony : « Je vais chercher ce document. Si jamais ça se passe mal pour lui, fais tout ce que tu peux pour l'aider, je ne serais pas long. »

Un bruit sourd se fit entendre. Jinan leva la tête, et il vit Imran debout, l'épée ensanglanté, et le corps de l'étrange créature. Il esquissa un sourire, avant de disparaître dans la foule.


(...)

Jinan se dépêcha. Passant ici et là, posant des questions, n'hésitant pas à utiliser son don télépathique que lui offrait sa condition de Djinn. C'est ainsi qu'il trouva rapidement les locaux où tout était gardé. Devant lui, il y avait Lorelei qui entrait dans une tente. Baguette sorti, il se dépêcha tant bien que mal avant d'entrer à son tour. Le corps d'un type était au sol, Lorelei debout entrain de chercher quelque chose. « Lorelei ?! ?!! Qu'est-ce que... ? » Un bruit se fit entendre au dehors. Jinan se plaqua derrière le tissus, baguette prête. Un homme passa l'ouverture tout en regardant Lorelei en disant : « Mais qu'est-ce que.. ? » Jinan pointa sa baguette sous sa gorge et le stupéfia. « Si c'est la signature que tu cherches, bouge-toi, ça va finir par rappliquer et on ne pourra plus rien faire après. »

« Lorelei ?! ?!! Qu'est-ce que... ? »

Lorelei sursauta se prenant le chandelier qui flottait au dessus de sa tête sur le haut du crâne. Elle se retourna les deux mains dans les cheveux, une grimace douloureuse sur le visage.

« Jinan ? Mais qu'est-ce que ... ? Ah ben ouais j'suis con. J'aurais pu m'en douter. » C'était déjà une bonne nouvelle que de savoir que le meilleur ami auror d'Imran ait pensé à la même chose qu'elle en l'entendant annoncer fièrement qu'il avait signé une connerie sur le marché aux trolls avec son sang. Ils étaient au moins deux à être censés... « Tu me donnes dix secondes ? », fit-elle en s'accroupissant devant le bookmaker qui ronflait sur sa chaise la bave aux lèvres.

Cela aurait pu paraître franchement pas net et... soyons honnête ça l'était carrément. Lorelei tira sur la braguette du type et lui mit le pantalon sur les genoux histoire de ne rien laisser au hasard... Juste à ce moment un type fit irruption... Jinan régla la question en deux coups de cuillère à pot :

« Si c'est la signature que tu cherches, bouge-toi, ça va finir par rappliquer et on ne pourra plus rien faire après. »

La brunette fronça les sourcils. Elle avait horreur d'être prévisible, surtout s'il s'agissait de ses ... enfin bref de son intérêt pour quelque chose dont elle n'avait pas envie de parler.

« T'inquiète jamais pas franchement l'intention de m'éterniser... », fit-elle en lui montrant un petit bout de papier qu'elle avait glissé dans son soutien gorge. Elle approcha du jeune homme lui collant le papier sur le torse, « Tiens d'ailleurs. Je te laisse te charger de ça... », conclut-elle avec l'intention de partir.


« Mais qu'est-ce que.. ? » Jinan pointa sa baguette sous sa gorge et le stupéfia. « Si c'est la signature que tu cherches, bouge-toi, ça va finir par rappliquer et on ne pourra plus rien faire après. »

Jinan saisit le papier où la signature d'Imran figurait. Une écriture particulière de quelqu'un qui a l'habitude d'écrire dans une autre langue aux arrondies plus prononcés. Il fit apparaître une boule de lumière dans sa main. L'instant d'après, elle craqua, et une jolie flamme blanche lévita dans la paume de sa main dorée. Il mit le bout du parchemin qui prit le feu aussitôt. L'instant d'après, le papier tombait doucement vers le sol, les flammes le dévorant pour ne laisser que des cendres. Jinan lui prit alors la main, et ils retournèrent près de Moony.

Il apparut à côté de Moony, capuche sur la tête, lui prenant sa main avec douceur. Imran s'essuyait la bouche, du sang en coulait. Jinan fronça les sourcils, regardant une... La cinquième personne qu'il devait affronter au sol, remarqua Jinan en comptant le nombre de corps au sol. Il posa son regard vers Moony, tandis qu'Imran levait le regard vers eux. Il afficha un sourire amusé, tandis que l'animateur des combats semblait aussi hystérique qu'un présentateur de Quidditch lors d'une finale de Coupe d'Europe/du Monde.

Un silence s'installa enfin. De lourdes portes en bois s'animèrent et aussitôt le fameux demi-géant entra, traînant une lourde masse derrière lui. Jinan déglutit péniblement, avant de tenir les deux mains (celle de Moony et celle de Lorelei. « C'est Imran, il ne crai- oh putain, Imran ! » Telle une poupée de chiffon, Imran se retrouva encastré dans le mur, sonné. Le demi-géant était rapide, malgré sa corpulence. Il maniait sa masse avec dextérité. C'était quelque chose d'effrayant, et lorsqu'il se mit à courir vers le mur, alors qu'Imran ne bougeait toujours, Jinan se mit à fermer les yeux, se mettant à prier en faerie.

Lorsqu'il les réouvrit, Imran apparaissait derrière le demi-géant, qui se retournait directement. L'instant d'après, Imran se retrouvait de l'autre côté, tailladant l'arrière du genou gauche pour lui couper les tendons. L'instant d'après, il disparaissait à nouveau dans une lumière intense pour se retrouvait à l'autre bout de l'arène, en garde, prêt à ré-attaquer. Jinan sentit la main de Moony lui serrait la sienne avec force. Il esquissa un sourire amusé, et murmura : « J'aurais du parier mon salaire sur Imran, je me serais fais les couilles en or ! »

Imran chargea, continuant sa danse. Il lui rompit les tendons des genoux, puis lui perça les bras, esquivant les autres baffes avec une certaine aisance qu'il ne devait qu'à sa condition féerique (ses tatouages étaient illuminés). Le Demi-géant était acculé, il ne savait plus où donner de la tête, ne pouvant plus bouger comme il l'aurait voulu, s'appuyant uniquement sur sa volonté de vouloir écraser ce djinn qui l'affrontait. Alors qu'il levait ses bras au-dessus de sa tête, la masse prête à écraser le frère du Sadrazam, Imran leva son sabre au-dessus de sa tête, les deux bras levés, pour la rentrer dans sa gorge.

Le demi-géant se figea alors, émettant un bruit étrange avant de se mettre à tousser. La masse tomba derrière lui tandis qu'il portait les mains à son cou. Imran retira la lame, puis disparut, pour réapparaître sur le côté du demi-géant, en l'air. Il prit de l'élan pour sa lame, et il l'abattit dans le cou de la créature qui tomba face contre terre. Imran attérit à côté, retirant le sabre pour l'abattre de nouveau jusqu'à ce que la colonne vertébrale ne craque, et qu'il puisse retirer la tête du corps du Demi-Géant. Une fois fait, il la leva aux yeux de tous, sous le regard ébahi des spectateurs. Il n'y avait plus aucun bruit.

L'instant d'après, le présentateur s'écria de nouveau, l'annonçant victorieux. L'homme descendit dans l'arène, lui donnant une grosse bourse pleine d'or, puis les portes de bois s'ouvrirent de nouveau, permettant à Imran de quitter l'arène. Jinan saisit les filles par les mains, et les attira vers la sortie.

Ils attendirent quelques longues minutes, peut-être dix. Imran finit par sortir, une main sur son torse. Il respirait difficilement, mais il avait le sourire. Dans son autre main, il y avait la tête du demi-géant. Jinan esquissa un sourire, un de ces sourires que l'on a lorsqu'on a l'esprit tranquille après s'être fait beaucoup de soucis pour une personne que l'on aime. Imran posa la tête au pieds de Lorelei, et il lui dit : « J'ai été comment ? » Jinan ne put s'empêcher de répondre : « Fantastique ! Ton frère aurait dû voir ça ! » Imran eut un petit rire, avant de dire tout en se tenant les côtes. « Je pourrais toujours le refaire ! » Jinan éclata de rire.

L'intention première de Lorelei était de partir une fois qu'elle en aurait fini avec le bout de papier. Jinan ne l'entendait pas de cette oreille, elle lui jeta un regard noir lorsqu'il la traîna jusque dans le public mais n'opposa pas tant de résistance que ça.

Elle accorda à peine un regard à ce qui se passait dans la fosse. En vérité, elle préférait ne rien voir du spectacle, le son lui suffisait et de toute manière Jinan et Moony faisaient les commentaires et l'animation. Il n'y a qu'en se rendant compte que finalement, la demie portion féérique s'en tirait mieux qu'elle n'aurait pensé. Progressivement, elle tourna la tête suivant ce qui se passait avec plus d'attention qu'elle voudrait bien l'admettre.

Finalement, le combat avec le demi-géant arriva et ce le moment que ce demeuré d'Imran choisit pour lever les yeux vers eux. A ce moment-là même Lorelei ne put contenir un petit cri étouffé de panique. Imran allait finir en purée de djinn en pâte sablée... Lorelei se couvrit le bas du visage avec sa libre, détournant à nouveau le regard et à partir de là elle ne regarda plus rien du tout. Elle avait cette ride du lion caractéristique sur le front et quand le vainqueur débarqua tout fier de lui en demandant : « J'ai été comment ? », Lorelei s'abstint de tout commentaire.

Moony sautait au cou d'Imran et le serrait fort pour relâcher la pression. Ce n'est qu'après coup que Lorelei se rendit compte de ce qu'Imran avait posé à ses pieds. La brunette afficha une moue horrifiée. Jinan lui parlait pour tous : « Fantastique ! Ton frère aurait dû voir ça ! » Imran eut un petit rire, avant de dire tout en se tenant les côtes. « Je pourrais toujours le refaire ! »

Lorelei leva les yeux au ciel profondément agacée. Elle enjamba la répugnante tête de demi-géant, jetant son sac sur l'épaule en annonçant : « Bon c'était cool. Je rentre. »

Et là dessus, elle transplana. Chez elle, elle retrouva Joe entre deux packs de mauvaise bière et Franck en serpillère dans l'entrée, la tête dans son vomi. Machinalement, Lorelei donna un coup de baguette enjambant la loque humaine pour aller à la salle de bain se démaquiller et enfiler un truc plus décontracte. Après ça, elle allait s'échouer sur le canapé à côté de Joe devant la télé.

Elle avait prévu de finir sa soirée comme ça quand elle entendit qu'on tapait à la porte. Intriguée, Lorelei se releva pour aller ouvrir. Comme d'habitude elle passa juste la tête par l'embrasure de la porte histoire qu'on ne puisse pas voir à l'intérieur de la maison.

« ??!!!! »

Imran était devant la porte. Elle ne lui laissa le temps de rien dire l'attrapant par le col pour transplaner. Deux secondes après ils se retrouvaient dans une rue totalement anonyme :

« Mais qu'est-ce qui te prends de venir chez moi ?!! Qu'est-ce que tu veux ? »

Comme Jinan et Moony s'en doutèrent, Lorelei n'apprécia pas vraiment ce qu'Imran avait fait pour elle. Disons que c'était très certainement l'une des choses les plus stupides qu'il ait pu faire, mais au moins, il avait eut le mérite d'y arriver, et ce, haut la main. Imran était doué pour le combat, et c'était très certainement parce qu'il prenait ça comme un jeu, plutôt qu'une lutte à mort où le stress pouvait parfois vous tétaniser, bien que l'instinct de survie ne reprenne rapidement le dessus. Mais chez le Djinn, tout n'était qu'amusement. C'était déroutant ! Pourtant, Jinan restait persuadé que sous cette carapace de naïveté et d'innocence, il se cachait un Imran redoutable qu'on ne souhaitait très certainement pas connaître.

Imran soupira lorsqu'il la vit partir. C'était encore un échec, et il y avait comme un goût d'amertume dans sa bouche. Il ne comprenait pas pourquoi elle avait réagit ainsi. Pour lui, c'était quelque chose qu'elle était obligée d'aimer. Il avait été un véritable mauvais garçon à se battre ainsi, dans une arène clandestine. Mais elle semblait fâchée, comme... Incomprise. Il esquissa un faible sourire lorsqu'il entendit la voix de Jinan alors qu'il lui prenait fermement le bras : « On transplane, maintenant. »

Le frère du Sadrazam leva la tête pour voir ces mêmes types qui l'avait fait signé cet étrange document avec son sang. A la main, il avait les baguettes et il ne lui fallut guère plus de temps pour comprendre qu'ils n'allaient probablement pas pouvoir partir aussi tranquillement qu'ils ne l'auraient souhaité. Jinan lança une petite boule qui, au contact du sol, éclata en un immense nuage noir et profond, les aveuglant totalement. Il sentit à nouveau le bras de Jinan lui serrait l'avant-bras, puis à nouveau, cette sensation horrible.

Ils disparurent dans un volute de fumé doré, largement bien camouflé par la poudre d'obscurité instantanée du Pérou.


(...)

Imran ne put se déshabiller tout seul. Jinan vint l'aider pour retirer son tee-shirt. Il avait un hématome de la taille d'une pastèque. Imran s'assit sur un tabouret, s'effleurant faiblement le torse en grimaçant. Jinan s'agenouilla et pencha légèrement la tête comme pour mieux voir l'hématome. « Est-ce que tu as une potion ou quelque chose comme ça, j'en peux plus là... » « Euh, je vais voir avec Moony. » Jinan quitta la pièce. La pression et l'adrénaline étaient retombées. Mais la douleur se révéla être beaucoup plus vivace qu'il ne l'aurait pensé. Il ferma les yeux, avant d'entendre la porte se refermait.

Jinan se pencha de nouveau et il lui dit : « Me reste de ça. Moony va t'en faire une nouvelle pour que ça aille mieux. » Imran esquissa un sourire, avant de dire : « Tu sais guérir avec ta lumière ? » Jinan fit un non de la tête. Imran lui prit sa main. « Tu ne pourras pas réellement me guérir de toute manière, par contre, tu pourras diminuer la taille de l'hématome, ce qui me permettrait de respirer un peu mieux. Concentre ta lumière dans la paume de ta main, et demande à Dieu qu'elle soit suffisamment bienfaitrice pour m'aider à m'en remettre. Après, tu auras juste qu'à me masser doucement. » Jinan fronça les sourcils, concentrant alors de la lumière dans sa main. « Pourquoi tu... ? » « Parce que ça serait trop simple, sinon. » Coupa Imran qui voyait où il voulait en venir.

Le fils d'Atesh approcha sa main de l'hématome, mais rien ne se produisit. Imran esquissa un sourire, avant de dire : « Je ne ressens même pas de la chaleur. Pense avec ton cœur, pas avec ta tête ! » Jinan se mordit la lèvre, fronçant les sourcils. « Fais le vide. Et dis toi, que, si je peux le faire, toi, tu peux aussi le faire. » Jinan hocha de la tête, puis il ferma les yeux. La lumière dans sa main s'éteignit. Il inspira puis expira plusieurs fois. Au bout de quelques minutes, alors qu'Imran grimaçait toujours, Jinan ouvrit les yeux, et une lumière aveuglante jaillit de sa main. L'espace de quelques instants, la lumière perdura dans la pièce, avant de réduire doucement. La lumière dans la paume de main, il entreprit à la passer sur l'hématome d'Imran qui se cramponnait sur la chaise.

Tout doucement, l'hématome réduisit, tandis que la peau de son frère reprenait sa couleur habituelle. Jinan avait un sourire qui s'étirait d'une oreille à l'autre. Imran le remercia, puis se leva. Jinan quitta la pièce, puis, Imran se doucha.

Lorsqu'il eut fini, qu'il eut enroulé tant bien que mal la serviette autour de sa taille, Imran appela Jinan qui vint lui étaler la mixture. Enfin, il s'habilla, puis le frère du Sadrazam vint les rejoindre dans le salon, en leur disant, l'air décidé : « Je vais retourner la voir. Je connais son adresse grâce à sa fiche à la Bibliothèque, il faut que je m'excuse, j'ai été un peu crétin, je crois. » « Un peu ? » Imran haussa des épaules, puis il disparut dans une petite détonation de lumière.


(...)

Imran tendit l'oreille, observant le couloir d'un drôle d'oeil. Finalement, il leva sa main et tapa. Lorelei apparut par l'ouverture de la porte. Imran inclina machinalement sa tête avec un sourire, mais cette dernière semblait tout à coup effrayer par quelque chose. Elle passa l'ouverture de la porte, la referma derrière elle tout en lui cachant l'intérieur de son corps, et ils transplanèrent sans qu'il ne s'y attendent.

Lorsqu'ils réapparurent, Imran porta automatiquement les mains à son torse. Une faible douleur se faisait sentir. La patte fonctionnait plutôt bien. Lorelei ne lui laissa pas plus de temps pour reprendre ses esprits qu'elle lui balança un : « Mais qu'est-ce qui te prends de venir chez moi ?!! Qu'est-ce que tu veux ? » Imran croisa son regard, l'air triste, puis il baissa le regard, laissant un ange passé. Il ne savait pas vraiment quoi lui dire, ni quoi faire pour s'excuser. Puis sa réaction était trop étrange pour qu'il n'y pense pas non plus.

La mort dans l'âme, il releva le visage, se forçant également à sourire comme pour se donner du courage, et il lui dit : « Je... Je viens m'excuser de t'avoir fait peur, Lorelei. Je n'aurais pas du faire ça, et... » Il baissa de nouveau le visage, regardant ses pieds, pour ajouter dans un murmure : « Je veux tellement être celui que tu aimeras toute ta vie, que je réfléchis pas vraiment aux conséquences. » Il soupira, avant de reprendre de vive voix, son regard se plongeant dans celui de Lorelei avec une profonde sincérité comme bouée. « Je veux te montrer que je peux te protéger, que je peux m'occuper de toi, que je peux être celui qui t'aidera, qui ne fera qu'un avec toi tout au long de ta vie. Je veux être ta moitié, ton âme soeur, ta lumière. Laisse-moi, Lorelei... Laisse-moi percer ta sombre et lourde carapace... Je suis déterminé, Lorelei. » Il déglutit péniblement, avant de perdre son regard quelque part sur la gauche de Lorelei, l'air désespéré.

La voix de Lorelei était dure mais au fond elle, n'était pas vraiment en colère, elle avait juste un peu de mal à évacuer le stress accumulé et comme toujours, chez elle cela s'exprimait sans réelle délicatesse. Il fallait qu'elle réagisse comme un chat écorché à chaque fois même si jusque là, elle avait réussi à limiter la casse avec Imran. Mais cette fois-ci était différente. Le djinn ne fanfaronnait pas comme à l'accoutumée. Au contraire, il semblait tout penaud et baissait le regard, l'air sérieux :

« Je... Je viens m'excuser de t'avoir fait peur, Lorelei. Je n'aurais pas du faire ça, et... Je veux tellement être celui que tu aimeras toute ta vie, que je réfléchis pas vraiment aux conséquences. »

Il fallut qu'elle s'y reprenne à plusieurs pouvoir faire sortir le moindre mot de sa bouche mais finalement, elle laissa toute son angoisse éclater sans essayer de paraître maîtriser quoi que ce soit pour une fois. Elle ne faisait plus la dure ni l'indifférente ou l'adule et quand elle parlait c'était avec ses mains, en levant le ton, en s'agitant comme si elle s'était à nouveau retrouvée sur le marché aux trolls dans la foule des allumés qui prenaient leur pied en regardant les mecs les plus improbables du monde se bousiller pour que dalle :

« Mais tu te rends pas compte ! Tu aurais pu mourir là dedans !!! Tu aurais pu - !!!! », pestait-elle en shootant une canette métallique que quelqu'un avait jetée là. Elle passa furieusement la main dans ses cheveux puis croisa les bras sur sa poitrine dans une étrange tentative de se calmer.

Elle reporta une fraction de seconde son attention sur Imran avec clairement l'envie de tuer :

« Je veux te montrer que je peux te protéger, que je peux m'occuper de toi, que je peux être celui qui t'aidera, qui ne fera qu'un avec toi tout au long de ta vie. Je veux être ta moitié, ton âme soeur, ta lumière. Laisse-moi, Lorelei... Laisse-moi percer ta sombre et lourde carapace... Je suis déterminé, Lorelei. »

Elle ne dit rien, mais l'expression de son visage avait radicalement changée. Sa pression retombée laissait place à une expression à la fois sensible et stupéfaite. Un petit moment précieux pendant lequel on put voir le doute disparaître une fraction de seconde des yeux pistache de Lorelei Kyle. Elle eut comme un soupir de soulagement puis elle lui tourna le dos une seconde, toujours agitée, mais par d'autres émotions.

« C'est le truc le plus ... », le plus quoi exactement ? Lorelei s'éclaircit la voix, pas forcément très à l'aise dans ce registre là, « ... qu'on m'ait dit. »

Ses yeux vert pistache plongèrent dans ceux d'Imran longuement comme si elle se demandait ce qu'ils allaient faire de tout ça à présent.

Imran ne put réprimer un petit sourire. Il n'était pas celui que l'on arbore lorsque l'on parvient enfin à obtenir un objectif que l'on attend depuis longtemps. Non, il était délicat, il était timide, il y avait quelque chose de profondément sain derrière ce sourire. Plus que son objectif, il lui faisait également prendre conscience qu'elle n'avait pas à se cacher devant lui, même si elle devait lui tourner le dos pour ne pas trop se trahir non plus. Elle souhaitait rester maître, peu importe la situation dans laquelle elle se trouvait. Cela avait quelque chose de profondément sexy, et en même temps, elle ne pouvait s'empêcher de rester la petite fille fragile qu'elle avait toujours été sous cette armada de fer et de pierres dont elle avait entouré son cœur, pour le sceller dans un des donjons les plus imprenables que le monde n'ait pu porté.

Il lui laissa quelques instants, avant de poser sa main sur son avant-bras pour qu'elle ne se retourne enfin. Il la contempla avec un sourire béa, plein d'amour, avant de s'approcher doucement d'elle. Imran leva sa main, la posant délicatement et avec douceur sur sa joue, pour l'amener contre lui, où il déposa un baiser sur son autre joue. Il la serra contre lui avec tendresse, préférant attendre un peu avant de tenter quelque chose vers elle. Lui, il ne rêvait que de ça. De l'embrasser, de lui faire l'amour, de la demander en mariage, puis de lui faire des enfants. Mais au vue de tout le travail qu'il avait du accomplir en deux semaines, quelque chose lui laissait entendre qu'il allait devoir avancer doucement, et qu'il devrait être encore plus attentif et prévoyant que s'il devait se mettre à courir sur un chemin d'oeufs.

Au bout de quelques minutes, il se recula enfin, lui caressant la joue du bout des doigts. Puis, il la laissa tomber le long de son corps, avant de lui saisir sa main. « Allons manger, j'ai faim ! »

Généralement les choses ne se passaient pas comme ça pour Lorelei. D'ordinaire elle rencontrait un mec à une soirée, ils faisaient leur petite affaire et si pour une raison x ou y l'un des deux ne s'était pas échappé du lit avant que l'autre ne se réveille, ils pouvaient passer quelques jours de plus ensemble. Mais Lorelei se lassait toujours très vite.

Imran la prit dans ses bras. Il avait l'air heureux et amoureux et c'était quelque chose d'extrêmement sécurisant pour elle. Elle se lova dans cette étreinte avec un petit temps de retardement mais finalement, elle finit par s'y sentir bien et lâcher prise elle aussi. Elle prenait le temps de sentir son odeur, sa chaleur contre son visage, souriant au creux de son épaule alors que pendant une fraction de seconde, le centre de ses pensées semblait complètement éteint.

« Allons manger, j'ai faim ! »
« Tu m'en diras tant. Moi aussi j'ai la d- j'ai faim. », fit-elle un brin plus taquine.

Elle glissa sa main dans la sienne sans rien dire et l'entraînant une énième fois dans le coeur battant de Londres. Par habitude, c'est vers le KFC moldu qu'elle le guida.

« ... en fait je t'amène là mais si tu veux aller autre part... »
« Vous êtes la fille de la pub ? Vous pouvez me la signer... s'il vous plait, s'il vous plait, s'il vous plaiiiiiiiiiiiit ... »

Lorelei éclata de rire. Cette pub du gel douche au chocolat l'avait propulsée à un tout autre niveau de popularité. Elle était consciente que ça ne durerait qu'un temps mais elle s'était décidée à en profiter :

« Bien sûr. Vous avez un stylo ? »
« Vous êtes son copain ? »

Lorelei se décomposa, glissant un regard à Imran comme pour sous entendre qu'elle le laissait répondre à ça.

« En tout cas vous êtes un sacré petit veinard !!! »

Quant au restaurant, il fallait dire qu'Imran s'en fichait bien. Il lui fallait manger quelque chose, car il avait l'estomac dans les talons. Alors lorsqu'il reconnut le chemin pour le KFC, son visage se fendit d'un sourire en comprenant qu'il était très certainement l'endroit préféré de sa petite copine. A cette pensée, il eut un petit sourire, envoyant son coeur dans la stratosphère comme s'il venait tout simplement de comprendre. Il serra sa main sur la sienne, observant leur main jointe avec un regard plein de tendresse, avant de regarder droit devant lui, sur son petit nuage.

Ceci dit, il finit rapidement par retomber lorsqu'un homme s'approcha d'eux pour parler à Lorelei. Il lui demandait de lui signer un papier en l'abordant au sujet de cette fameuse pub de gel douche au chocolat. Imran fronça les sourcils, son visage se durcissant à vue d'oeil. Il dévisagea le nouveau venu d'un mauvais regard, tandis que Lorelei semblait prendre cela à la rigolade. Imran n'avait jamais vraiment compris qu'en réalité, il n'était pas le seul à voir cette pub, que cette pub était très certainement vue par des milliers de gens dans le monde. A cette pensée, un poids phénoménal tomba dans le creux de son ventre. Il n'avait qu'une envie, c'était de l'embarquer direction Byzance, et de ne plus jamais l'y sortir.

Imran la voulait pour lui seul.

Surtout maintenant qu'elle avait enfin accepté ses sentiments à son égard, et qu'elle comprenait enfin la nature du lien qui les unissait.

A moins ce que cela ne la dépasse toujours ?

Imran haussa les épaules, regardant ailleurs pour ne pas la mettre mal à l'aise. C'était à ce moment-là que le jeune homme se tourna vers lui pour le flatter d'avoir une pareille copine. A ce moment-là, le coeur d'Imran s'emballa énormément, et il ne put s'empêchait de rougir. Il posa son regard plein d'amour vers Lorelei, puis, il sourit au jeune homme sans rien dire. Il attendit que ce dernier ne parte, pour se mettre à rigoler. « Je suis flatté quand même. Allah t'a mise sur mon chemin. Moi, qui aimait ta beauté, je suis vraiment content de voir qu'Il t'a fait belle aux yeux de tous... »

Il baissa la tête timide, avant de passer son bras autour de son cou. Il ne le retira que lorsqu'il alla ouvrir la porte d'entrée du KFC pour qu'elle puisse y rentrer.

En voyant la tête d'Imran se décomposer quand l'autre mec lui avait demandé un autographe, Lorelei avait compris deux choses. Premièrement la réponse à la question posée par l'inconnu était oui je suis son copain. Et secondement la réponse à la question qu'il n'avait pas posé : et je suis carrément jaloux. Un petit sourire mi fier mi moqueur vint planer sur les lèvres de Lorelei qui avait décidé de le laisser répondre par lui-même. Mais visiblement, Imran n'avait absolument pas l'intention d'adresser la parole à ce type. Il était très probablement en train d'élaborer toute une série de stratagèmes loufoques pour s'éviter d'avoir à se retrouver dans cette situation.

« Moi je dirais que c'est plutôt moi qui ai de la chance... », répondit la jeune femme en posant sa griffe sur la feuille de magasine découpée. C'était le seul moyen qu'elle avait trouvé de répondre à Imran et de ne pas répondre à ce type contre qui elle n'avait rien de particulier mais avec qui elle n'avait pas envie de partager ce qu'il y avait entre elle et le djinn.

Satisfait, le type n'en demanda pas plus et se contenta de partir en leur criant de loin qu'ils étaient géniaux. Lorelei éclata de rire puis reportant son attention sur Imran :

« J'ai rêvé ou tu viens seulement de te rendre compte qu'il n'y avait pas que toi qui la voyait cette pub ? »
« Je suis flatté quand même. Allah t'a mise sur mon chemin. Moi, qui aimait ta beauté, je suis vraiment content de voir qu'Il t'a faite belle aux yeux de tous... »
« Ouais mais... y a que les tiens qui comptent ... non ? », répondit-elle un brin embarrassée.

Elle ne voulait pas trop lui montrer qu'elle avait la capacité émotionnelle d'une petite cuillère et chaque fois qu'elle faisait un effort dans ce sens, elle se rendait compte à quel point elle était mal à l'aise dans cet exercice.

Elle poussa la porte du KFC et se focalisa sur la commande. Ca elle savait parfaitement gérer.

« C'est la première fois que je vois quelqu'un prendre une salade dans ce resto... enfin la première fois à ma table... », releva-t-elle en observant la salade très fluo qu'Imran avait commandée et qui exhibait fièrement deux minuscules filets de poulet passé au gril (sans panure s'il vous plait).

« Une salade, ça ? Ça n'a aucun goût, oui ! Puis... » Imran partit dans une longue tirade où il expliqua ce qu'était réellement une salade, et qu'une sauce ne devait pas être aussi grasse, sinon, autant boire de l'huile d'olive pur, que les tomates étaient toutes petites (oui, il ne connaissait pas les tomates cerises) et que le Poulet était aussi tendre que la semelle de ses babouches à Byzance. Il expliqua aussi à Lorelei que c'était pas bon de trop manger ce genre de conneries, qu'il avait lu plusieurs articles là-dessus dans les journaux à la Bibliothèque, et que beaucoup préconisaient de ne pas y manger.

Il lui parla alors de son régime alimentaire habituelle, que l'on ne mangeait de la viande que très rarement, et que c'était quelque chose que l'on réservait uniquement pour les fêtes, pour célébrer quelque chose, ou pour les guerriers qui en avaient le plus besoin pour se remettre de leurs blessures, ou autres. La viande n'était pas un plat crucial dans la cuisine des Djinns comme dans pratiquement toutes les cultures féeriques. Qu'ils avaient plus l'habitude de manger des légumes, qu'ils accompagnaient de graines, de semoules, et autres condiments. Ils préféraient les choses sucrées, et c'était l'une des principales raisons pour lesquels ils mangeaient souvent des raisins ou des abricots séchés.

Imran parla plus qu'il ne mangea. Il repoussa rapidement son bol, se disant qu'il mangerait probablement à la maison, préférant discuter avec Lorelei, lui expliquer ce qu'il était vraiment, ce qu'il devait faire, leur but, leur foi en Dieu. Tant et si bien qu'un serveur finit par venir pour leur demander de partir. Imran esquissa un sourire désolé, avant de prendre la main de Lorelei, tandis que le serveur prenait leur plateau. Ils se levèrent et quittèrent le restaurant.

Imran se mit à marcher un peu, au côté de Lorelei, sans trop parler. Il avait un sourire sur ses lèvres. Son regard était ailleurs, et il se sentait comme apaisé, comme si toute l'inquiétude, la frustration et la douleur de ne pas être compris de ces quinze derniers jours étaient enfin parti. Il leva plusieurs fois son regard vers elle, avant de la fuir du regard, rougissant presque à chaque fois qu'elle le surprenait à la regarder.

Tout à coup, des bruits de transplanage se firent entendre tout autour d'eux. Imran s'immobilisa instantanément, tenant Lorelei contre lui. « Vous n'irez nul part. Toi, la fée, tu viens avec nous sans broncher, et on ne lui fera aucun mal. » ajouta-t-il en désignant Lorelei d'un mouvement de tête. Imran les reconnut. C'était ceux de l'arène. Il fronça les sourcils, durcissant ses muscles près à en découdre. L'un des hommes rit en le voyant faire.

Sortir avec un mec c'était tout nouveau pour elle et au début, elle avait un peu appréhendé le blanc dans la conversation ou les moments de gêne. Mais à peine cinq minutes assise à table avec lui et Lorelei comprit que ce n'était pas la peine de s'inquiéter : Imran n'était pas prêt de laisser un blanc.

Elle l'écoutait sans vraiment l'écouter, un demi-sourire sur les lèvres, tandis que lui critiquait tout ce qu'il y avait sur la table. Elle, continuait de savourer ses délicieux morceaux de poulet frits plein de cholestérol, acides gras saturés et autres joyeusetés dont Imran semblait se méfier comme de la peste. Elle lui fit gentiment remarquer que ces "petites" tomates qu'il fustigeait tant étaient probablement la meilleure chose qu'il avait dans son assiette, tout en poussant vers lui le seau de poulet pour deux qu'elle avait pris. Quand il lui fit remarquer que ce n'était pas bon pour la santé, Lorelei lui fit remarquer que c'était bon tout court et que puisqu'elle ne fumait ni ne buvait pas elle pouvait bien continuer de manger à KFC. Il lui parla ensuite de son quotidien à Byzance, de qui il était. Et là, Lorelei écouta patiemment en se demandant quelle place elle pourrait bien trouver là dedans... Il était plus ou moins tout ce qu'elle, n'était pas. Mais pour le moment ça ne posait pas de problème. Elle aurait pu l'écouter parler toute la nuit sans que rien ne se passe entre eux si seulement on ne les avait pas virés du KFC.

Qu'à cela ne tienne, ils étaient bien partis pour continuer en se baladant main dans la main. De temps en temps, Imran la regardait, puis dès qu'elle s'en rendait compte il s'arrêtait, comme s'il avait été timide alors qu'avant ce soir, il ne s'était jamais gêné pour lui dire ce qu'il attendait d'elle, ce dont il avait envie. A un point que c'en avait été très déstabilisant pour elle.

Tout à coup des types les abordèrent en pleine rue. Il ne lui fallut pas cinq secondes pour reconnaître le type à qui elle avait fait du gringue pour cramer le maudit contrat qu'Imran avait signé avec son sang :

« Vous n'irez nulle part. Toi, la fée, tu viens avec nous sans broncher, et on ne lui fera aucun mal. »

En temps normal, Lorelei aurait éclaté de rire de se voir menacer puis elle aurait été foutre son poing dans la gueule du type. Là elle éclata de rire parce que...

« ... Pardon mais... », fit-elle en se tenant les côtes, « "fée" c'est pas très... au putain, il m'a tuée là... »

Si le regard d'Imran se rembrunit au point de perdre toutes ces petites étincelles qui illuminaient habituellement son regard, Lorelei, elle, éclata de rire. Imran fronça les sourcils, tournant son visage vers elle, l'air interrogateur. Ce n'est que lorsqu'elle parvint à bredouiller ce qui la faisait rire, qu'Imran comprit. D'accord, être une fée, dans ce monde-ci, ça faisait PD. Il eut une moue blasée, avant de lever de nouveau son regard vers les hommes qui avaient un petit sourire en coin.

Sa colère s'intensifia. Il allait leur montrer ce qu'était qu'un Faerie. Il poussa Lorelei doucement, puis ferma les yeux. Lorsqu'il les rouvrit, une fine poussière d'or s'était élevée de son corps pour se mettre à tournoyer autour de lui avec intensité lui donnant des attraits divins, comme s'ils furent façonnés par les anges eux-mêmes. « Lorelei, admire ce qu'un fée est capable de faire. »

L'instant d'après, il fonçait déjà sur ses ennemis de devant, la lumière s'intensifiant à certains moments, renvoyant les faisceaux que les sorciers lui envoyaient pour tenter de la maîtriser.

"En fait...", Lorelei pensait à reprendre son souffle et il lui fallut quelques secondes de plu pour terminer sa phrase, [color=mediumvioletred]" ... en fait, ça se met même pas au masculin. C'est bon, c'est bon, j'me tais.

En fait Imran n'avait pas besoin de sa bénédiction. Sur son corps déjà les étranges tatouages commençaient à apparaître. Elle les avait déjà remarqué dans la forêt deux semaines plus tôt. La lumière s'intensifiait au point qu'on distinguait mal les contours du faërie, les traits de son visage fondant derrière une agressivité qui n'augurait rien de bon. Lorelei connaissait bien ce genre de regarde et elle ne fut pas longue à réagir. On apprend certaines choses dans la rue qu'on n'apprend pas ailleurs. En un coin d'œil, elle avait levé la baguette et jeté un stupefix sur plus ou moins tout ce qui se trouvait à proximité. Les types qui s'imaginaient leur faire la peau et embarquer Imran pour leur combats clandestins se retrouvaient statufiés. Imran, lui, se trouvait seulement étrangement ralenti. Sa magie étant trop ancienne, trop hors norme pour être comptée d'un seul coup de baguette. Lorelei en resta étonnée une fraction de seconde mais elle ne tarda pas à le libérer.

"On peu t savoir ce que tu avais l'intention de faire avec cette tête te tueur ?"

Elle avait presque déjà la réponse dans la question qu'elle posait. C'était plus histoire de mettre les choses à plat avant qu'il fasse une vraie connerie.

Lorsqu'il s'apprêta à bondir sur les hommes, il sentit comme un picotement entre ses deux omoplates. L'instant d'après, Imran ne parvenait plus à bouger aussi vite, comme si l'on avait tenté de la statufier. Il tourna lentement son visage vers Lorelei pour la voir entrain d'étourdir tout le monde avec sa baguette magique. Il fronça les sourcils un peu plus, avant de la voir pointer sa baguette vers lui. Il s'apprêtait à la maudire lorsqu'il retrouva enfin la pleine capacité de son corps. Il serra la mâchoire, avec cette violente envie de la gifler juste parce qu'elle avait manié sa magie sur sa personne, lorsqu'elle lui demanda ce qu'il comptait faire d'eux.

Imran baissa le regard vers les hommes inconscients au sol, avant de cracher au visage de l'un d'entre eux. « Les tuer. » Imran releva le regard vers Lorelei, et reprit d'un ton très sérieux, dont on percevait une pointe de colère. « Ne refait plus jamais ta magie sur moi, Lorelei, où je risquerais de me mettre très en colère. Nous, les Faeries, on a tendance à ne pas trop aimer les sorciers, justement à cause de ça. » Il soupira, avant de fermer les yeux, qu'il conserva clos quelques instants, avant de lui prendre la main avec délicatesse. Il ouvrit de nouveau son regard, et cette fois, la lumière joyeuse qu'on y voyait habituellement été revenu. Il reprit comme si de rien était, avec son ton toujours enjoué : « Et si on allait mangé une glace le long de la rivière ? »

« Les tuer. »

Oui ça elle avait bien compris. Si ça n'avait été de la tête d'Imran, Lorelei aurait répondu avec sarcasme.

« Ne refait plus jamais ta magie sur moi, Lorelei, où je risquerais de me mettre très en colère. Nous, les Faeries, on a tendance à ne pas trop aimer les sorciers, justement à cause de ça. »

A son tour Lorelei fronça les sourcils et ses yeux s'assombrirent. A l'entendre on aurait cru qu'elle lui avait jeté une maladie vénérienne ou malédiction. Elle n'allait pas épiloguer mais ce qu'il venait de dire extrêmement blessant. Qu'est-ce que cela voulait dire tendance à ne pas trop aimer les sorciers ?

« Tu dis ça comme si je m'en étais pris à toi. Tout ce que j'essayais de faire c'est t'éviter le baiser du détraqueur et je crois pas une seconde que ça t'aurait arrêté que je me contente d'un petit s'il te plait. C'est dans ma nature la magie. Et c'est efficace... »

Lorelei était quelqu'un de dur. Jamais elle ne choisirait la diplomatie devant l'efficacité. Question de survie. Elle chassa la ride du lion qui lui durcissait le visage, comme si elle voulait sincèrement faire les efforts qu'il fallait pour que ça marche entre eux, aussi mal que ça s'annonce pour un commencement.

Visiblement Imran aussi semblait prendre sur lui pour éviter une dispute alors qu'ils ne sortaient pas ensemble depuis deux heures. Il lui prit les mains, changeant d'expression du tout au tout.

« Et si on allait mangé une glace le long de la rivière ? »
« Ok. Mais laisse moi régler ça à ma façon avant. »

Elle secoua la tête, faisant la tournée des types qu'elle avait stupéfiés pour achever de "régler" le problème. Pas la peine de dire à Imran ce qu'elle faisait. Nul doute qu'il y trouverait à redire lui qui passait si aisément de Ghandi à la grande faucheuse. C'était comme s'il n'y avait pas de juste milieu avec lui.

Imran la regarda faire sa magie sur les hommes qui avaient tenté de l'enlever. Il ne dit rien, mais il n'en pensait pas moins. Lui, il les voulait mort. Mort, car ils avaient attenté à sa vie, et qu'ils comptaient s'en prendre à un faerie. Imran s'éloigna un peu de Lorelei pour la laisser faire son schmilblick. De loin, il l'observait, entendant encore ses mots à ses oreilles. Il lui avait peut-être mal parlé, il l'avait peut-être blessé en disant les choses comme ça, sans réfléchir. Mais... Il secoua la tête. Il avait raison, il n'avait pas à se justifier. Non. Il releva la tête vers elle, ses lèvres s'étirèrent doucement dans un sourire. Elle avait droit à des excuses. Il l'avait blessé et ça, il n'aimait pas ça.

Alors, lorsqu'elle revint vers lui, qu'il lui tendit la main pour prendre la sienne, il lui dit doucement : « Excuse-moi de m'être emporter comme ça, Lorelei. C'est juste que... Qu'on nous élève en nous faisant bien comprendre qu'il faut toujours se méfier des sorciers, de leur magie, des vampires, et même de certains humains. » Il l'attira contre lui, passant son bras autour de ses épaules pour ajouter : « Tu es ma lumière, désormais. Les gens risquent de te prendre pour un des miens à cause de mon aura sur la tienne. » Il déposa ses lèvres sur sa joue, puis il dit, sautant du coq à l'âne : « Il est où ce glacier alors ? Je pourrais en prendre une au chocolat ? » Lui demanda-t-il en faisant des yeux de merlan fris.

« Excuse-moi de m'être emporter comme ça, Lorelei. C'est juste que... Qu'on nous élève en nous faisant bien comprendre qu'il faut toujours se méfier des sorciers, de leur magie, des vampires, et même de certains humains. »
« Non ça va, j'comprends. C'est juste... j'ai pas envie que t'ai peur de moi. », concéda-t-elle tandis qu'il l'attirait contre lui.

Elle sourit sans trop savoir pourquoi. Les câlins ça n'avaient jamais été son truc et pourtant elle commençait à prendre réellement plaisir à ce genre de truc même si ça n'était jamais elle qui y venait la première.

« Tu es ma lumière, désormais. Les gens risquent de te prendre pour un des miens à cause de mon aura sur la tienne. »

Elle éclata de rire, sceptique :

« T'inquiète, ils se rendront bien vite compte que j'ai absolument rien de féérique. »

Elle se détourna pour attraper ses lèvres alors qu'il cherchait à lui poser un baiser sur la joue. Ce petit jeu-là, avec elle, avait vite fait de porter ses fruits même si Lorelei c'était promis de faire les choses différemment cette fois.

« Il est où ce glacier alors ? Je pourrais en prendre une au chocolat ? »
« Ok mais tu gère. », répondit-elle en se doutant qu'il n'allait rien gérer du tout. C'était quelque chose le chocolat...

Elle glissa sa main dans la sienne se laissant guider pour une fois. Elle finit cependant par tilter :

« Mais - on va pas à Hyde Park ? », quand il avait dit la rivière, elle avait pensé, la "serpentine" pas...