Writting the Story...

Cela faisait presque une semaine qu'ils étaient revenus de Byzance avec Imran. Les papiers réglés au ministère, ils avaient pu emménager dans l'appartement sous les combles de la bibliothèque et remettre en ordre l'endroit. Mais la bibliothèque n'était pas encore réouverte. Moony devait passer sa dernière accréditation ce jour-là et elle était un peu stressée. Il fallait dire qu'elle avait studieusement employée la toute petite semaine qu'on lui avait laissé pour passer les quatre niveau d'accréditation qui lui manquaient pour pouvoir avoir la responsabilité de la bibliothèque. Elle pourrait passer le reste ensuite au fur et à mesure de sa carrière de bibliothécaire.

Jinan avait repris le boulot et intégré l'équipe de Siobhán. Moony avait donc automatiquement eu la "garde" d'Imran. Elle l'avait traîné partout avec elle en ville, au ministère d'abord, puis à l'université où elle avait passé ses trois premiers niveaux d'enchantements et sortilèges brillamment bien qu'en sentant que les épreuves se corsaient un peu plus à chaque fois. Sur le grand marché aux livres pour préparer la réouverture de la bibliothèque et d'ailleurs, sur l'idée d'Imran, ils avaient enrôlé Jinan un soir dans un atelier de découpage pour aller distribuer des petits cartons d'invitation pour le jour-J.

De nombreuses lunch box plus tard, et pour éviter que ce pauvre Jinan ne devienne fou à force de manger au Shérazade sur les suppliques d'Imran, Moony s'était mise à cuisiner petit à petit. Elle savait faire. Elle manquait seulement de pratique.

Il y avait tellement de nouvelles choses dans leur vie à tous les trois. Cet immense appartement pour lequel ils n'avaient pas de loyer à payer. Vivre ensemble. Londres pour Imran. Moony essayait de lui expliquer comment fonctionnait les choses ici et faisait de son mieux pour lui éclaircir le tableau autant que possible. Pour que les choses ne lui semblent pas misérables quand lui les regarder avec des yeux qui n'avaient vu que des choses merveilleuses toute sa vie, sans s'en rendre compte.

Ce matin-là, Jinan était parti avant l'heure du réveil, quatre heure du matin peut-être. Le métier d'aurors n'était pas facile. Moony s'était levée juste un peu après pour réviser ses sortilèges de maîtrise des livres classé XXXX. Quand Imran se leva, elle était justement en train de s'entraîner au milieu du salon, devant le levé de soleil. Dans cet appartement, c'était comme si le peu de lumière que la grisaille londonienne laissait passer se changeait en or de sorte que l'appartement semblait toujours chaleureux. En voyant qu'elle n'était plus toute seule, Moony posa sa baguette sur la table basse :

« J'ai fait du café ! Tu sais, celui que tu as trouvé sur le marché ? Bien dormi ? »

Elle lui posa un bisou généreux sur la joue et se dirigea vers le coin cuisine...

La première semaine d'Imran à Londres avait été quelque chose d'intéressant. Pas tellement sur le plan de l'amour, comme il le souhaitait depuis qu'il les avait rejoint dans cette île où tout semblait gris et triste, mais sur le plan personnel. Il avait découvert une autre façon de vivre, il avait commencé à penser autrement, essayant de s'habituer au faites que les gens n'étaient pas aussi enthousiastes de vivre que ceux de Byzance. Au final, il pensa beaucoup, suivant Moony de partout, sans jamais rechigner, toujours avec un regard curieux, intéressé. Il n'avait pas hésité à lui poser des questions sur le pourquoi du comment de chaque chose qu'il ne comprenait pas, et elle avait toujours le temps et la patience de lui expliquait les choses. Cette semaine-là, Imran s'était énormément rapproché de Moony. Pour Jinan, c'était très important. Surtout maintenant, qu'il pouvait plus ou moins voyager entre les plans, au vue de son âge, mais surtout, de l'acceptation de son héritage qui était une part essentielle à ce dont il était capable de faire avec sa propre lumière. Le fait que son frère de cœur s'entende bien avec sa future-femme était quelque chose de très important pour lui, et, il fallait dire qu'Imran se débrouillait comme un as dans tout ce qui était des relations humaines. Selon Jinan, Imran ressemblait beaucoup à Moony. Il était naïf, innocent, mais avait un regard protecteur, un regard aimant. Il avait cette passion dans l’œil, cette passion qui vous change une personne par sa simple présence, son amour de la vie. Imran était un Faerie comme on n'en avait plus revu depuis des siècles, depuis Byzance, en faites.

Imran aimait beaucoup Moony. Il veillait sur elle comme si c'était sa soeur, n'hésitant pas à lui venir en aide ou à accepter la moindre de ses requêtes pour lui faciliter son apprentissage. Il n'avait pas trop compris pourquoi elle devait faire tout ça, si ce n'est pour être tranquille avec l'administration de l'état dans lequel ils vivaient. Elle était redoutable avec sa baguette magique. Imran aimait ça. Il adorait la voir utiliser la magie. C'était quelque chose de passionnant, de sensationnelle, comme si tout était possible. Il ne comprenait pas pourquoi il n'avait pas le droit à avoir sa propre baguette, mais d'après la loi universelle, les créatures magiques n'en avaient pas le droit. Au début, Imran l'avait particulièrement mal pris. Être une créature, cela signifiait beaucoup, et rien à la fois. Mais pour Imran, c'était une insulte. C'était comme s'il n'était pas doué d'intelligence, comme s'il n'était pas digne de confiance. Jinan lui avait expliqué alors que les Humains avaient plutôt tendance à classifier les choses dont ils ne connaissaient rien pour avoir un semblant de contrôle sur ce qu'ils ne connaissaient pas, sur ce qu'ils les effrayaient. Il lui parla alors des différentes lois, et des différents problèmes que les sorciers avaient rencontré avec les géants, les trolls, les centaures ou même les gobelins à cause de ces soucis. Jinan lui fit part de son savoir là-dessus, lui faisant changer d'avis sur son frère. Imran ne le pensait pas stupide, loin de là, mais il n'avait jamais pensé qu'il puisse avoir une telle philosophie sur la question, comme si Jinan dégageait une espèce de sagesse qui lui permettait de mieux comprendre les réactions d'un peuple. Imran avait sourit, comprenant alors, mais sa passion pour la magie allait sûrement revenir, elle n'en avait qu'été apaisé, leur laissant la magie, ne faisant de la lumière que pour le plaisir de leur montrer que lui aussi savait en faire, à sa façon.

Ainsi, lorsqu'il se leva ce matin-là, et qu'il vit Moony allait dans la cuisine, en laissant sa baguette sur la table basse, il ne put résister trop longtemps à cette tentation qui lui tenait les entrailles depuis son arrivé à Londres. « J'ai fait du café ! Tu sais, celui que tu as trouvé sur le marché ? Bien dormi ? » Imran s'approcha de la table basse, saisissant alors la baguette avec douceur, comme s'il s'agissait de son bien le plus précieux. Il releva la tête vers Moony, lui répondant avec un grand sourire : « Oui, Moony ! J'ai bien dormi ! Je pense que toi aussi ! » Un sous-entendu de ce qu'il avait entendu la veille dans leur chambre, il eut un petit rire, avant de brandir la baguette vers les livres. Des étincelles jaillirent comme une cascade du bout de la baguette. Il écarquilla les yeux, tendant la main vers les étincelles. Mais cela s'arrêta de couler. Alors, il leva la baguette au dessus de sa tête, et l'abaissa vers les livres avec la ferme intention de les faire léviter.

BoROoOoooOOROOoouUUuuUOooOOoomMmMM !!!!

Imran cligna plusieurs fois des yeux, la baguette explosée en fleur dans sa main, le regard ailleurs, comme sonné. La suit sur le visage, la table explosée, les résidus des pages de livres virevoltant dans toute la pièce, il se retourna vers Muadhnait, sans savoir réellement où il était. Il bredouilla alors : « Je suis désolé, Moony. Je... Je... Je voulais les faire léviter comme tu m'avais montré. » Il entendait mal, comme si sa voix était loin de lui. Il cligna plusieurs fois des yeux, les étoiles de partout, ne parvenant alors pas à les chasser. C'était un étrange spectacle. Imran, plus noir que jamais, avec les pages qui retombaient doucement derrière lui, comme de la neige, tombant d'un ciel d'hiver.

« Oui, Moony ! J'ai bien dormi ! Je pense que toi aussi ! »

Moony vira au rouge pivoine et tout à coup, son regard ne put plus se porter plus haut qu'à quinze centimètres du sol. Jinan et elle commençaient leur relation et c'était vrai que, même en sachant qu'Imran était dans la chambre d'à côté, ils avaient dû mal à ne pas oublier le reste du monde quand ils se retrouvaient seuls tous les deux dans la leur. Et les deux garçons, qui savaient à quel point leur jolie colocataire était susceptible là dessus, ne manquaient pas une occasion de l'embêter là-dessus.

C'était exactement le petit moment de répit dont Imran avait besoin pour ... BoROoOoooOOROOoouUUuuUOooOOoomMmMM !!!! Moony poussa un cri suraigu, se jetant instinctivement derrière la banque de la cuisine pour se protéger d'elle ne savait trop quoi.

Quand sa petite tête blonde reparut, Imran se trouvait au milieu de la pièce, la figure toute noire et l'arme du crime à la main. Moony devint livide s'il était encore possible qu'elle fût encore plus pâle qu'au naturel...

« Je suis désolé, Moony. Je... Je... Je voulais les faire léviter comme tu m'avais montré. »
« ... ... ... ... ... ma ... ma ... ma baguette... »

Cela faisait une semaine qu'elle bachotait à fond ses examens mais sans sa baguette ça ne servait à rien, autant aller se recoucher tout de suite. Non. Si elle laissait tomber maintenant, ce serait comme laisser tomber cet appart, la bibliothèque et tous les bons souvenirs qu'il y avait avec.

« Laisse tomber le café, tu viens avec moi on va chez Ollivander. Je passe mon exam dans sept heures. J'ai besoin de ma baguette. J'en ai besoin. Si j'ai pas de baguette je peux pas passer mon exam. Il faut que je l'ai cet exam. Il faut. Tu comprends, il - »
« STIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITCHT!!!! »

Effectivement...

« Bon, non. Va t'habiller on part dans deux secondes. »

Le pauvre Imran se retrouva poussé dans sa chambre tandis que Moony s'engouffrait dans la sienne. Quatre minutes plus tard il se trouvait traîné malgré lui dehors, direction le haut du chemin de traverse.

« Tu sais c'était pas pour t'embêter que je t'avais dit que tu pouvais pas avoir une baguette... Je l'ai depuis que j'ai onze ans cette baguette. Si je l'ai pas... non, non, non, non. Je VAIS l'avoir. Parce que j'ai toujours de la chance. »

Enroulé dans le col d'Imran, le petit fourreux de Moony regardait tout ça d'un oeil perplexe. Par chance, la boutique d'Ollivander n'était qu'à deux pas de là.

« Vous pouvez faire quelque chose... »

Le vieux ne regarda même pas dix secondes le malheureux petit poireau calciné que Moony lui présentait délicatement emballé dans un mouchoir en soie blanc.

« Hélas, cette pauvre baguette à fait son temps... un sortilège raté ? »
« Mmmoui... c'est ça. », répondit Moony en évitant de regarder Imran pour ne pas attirer l'attention sur lui. « Tu touches à rien hein ? », supplia Moony quand Ollivander lui fit gentiment comprendre qu'il allait devoir reprendre ses mesures pour une nouvelle baguette...

Déjà petite Moony n'avait pas trop aimé cet exercice... Elle jeta un regard désespéré à Imran, heureusement que ça n'était pas censé durer trois plombes. Très vite, Ollivander la laissa tranquille pour aller chercher dans ses rayonnages et Moony, anxieuse, ne pouvait rien faire d'autre que le regarder d'un air désespéré. C'est justement-là que ... BoROoOoooOOROOoouUUuuUOooOOoomMmMM !!!!
« IMRAN!!! »
« Sortilège raté mh? Vous allez me faire le plaisir de sortir de ma boutique jeune "homme"... »

Moony jeta un petit regard d'excuse à Ollivander avant d'aller demander à Imran de bien vouloir l'attendre devant.

« Promis je serais pas longue mais par pitié, ne fait pas de bêtise... mh? »


Le vendredi était un jour de grand affluence pour les filles du lupanar. Mais le vendredi soir seulement. Le matin jusqu'à une certaine heure de l'après midi, les clients étaient retenus par leur travail et il fallait aller les chercher si on espérait faire quelques passe d'échauffement pour le soir...

C'est justement comme cela qu'une très étrange jeune femme aux cheveux blancs et aux grands yeux soulignés de noir et de rouge harponna Imran à la sortie de chez Ollivander. A son accoutrement, n'importe qui pouvait se rendre compte qu'il s'agissait d'une charmeresse mais bien sûr, le garçon sur lequel elle avait jeté son dévolu n'était pas n'importe qui. C'était un naïf et ceux-là, les filles du lupanar savait particulièrement bien les repérer. La charmeresse doubla son sourire d'un battement de cils voluptueux....

« ... ... ... ... ... ma ... ma ... ma baguette... » Elle n'avait probablement pas besoin d'en rajouter. Imran, défait, ne savait plus où se mettre. S'il avait pu se réduire pour aller se terrer dans le trou d'une souris, il l'aurait très certainement fait sans se poser la moindre question. Il y avait beaucoup de tristesse dans le ton de Muadhnait, sans compter également la douleur, et la rancoeur qu'elle lui portait maintenant. Ses épaules disparurent, il baissa la tête, prêt à recevoir sa punition. Elle allait sûrement le transformer en lapin. Non, ce n'était plus possible ça, elle n'avait plus de baguette magique. Il serra les dents, prêt à recevoir une gifle, mais elle n'en fit rien quand bien même il l'avait particulièrement bien mérité. « Laisse tomber le café, tu viens avec moi on va chez Ollivander. Je passe mon exam dans sept heures. J'ai besoin de ma baguette. J'en ai besoin. Si j'ai pas de baguette je peux pas passer mon exam. Il faut que je l'ai cet exam. Il faut. Tu comprends, il - » Imran était entrain de hocher frénétiquement de la tête, quand tout à coup, le fourreux de Moony lui sauta dessus. « STIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITCHT!!!! » Imran eut un sourire affectueux, le saisissant dans ses bras pour le tenir contre lui.

« Bon, non. Va t'habiller on part dans deux secondes. » Imran obéit et, dans la foulée, il disparut se changer. Autant vous dire qu'il choisit des couleurs sobres, de peur d'en rajouter dans l'énervement de Moony. C'était étrange ici, les gens n'aimaient pas les couleurs comme lui et les autres Faeries aimaient ça. Imran se débarbouilla le visage rapidement avant de se faire tirer par Moony pour qu'il se dépêche. Elle n'avait pas une minute à perdre, et il en avait déjà suffisamment fait pour aujourd'hui. Qu'il croyait. Imran attrapa sa main et l'instant d'après, ils étaient au dehors, sur le chemin de traverse pour se rendre chez ce Ollivander's. Son nom lui disait vaguement quelque chose, comme s'il en avait déjà entendu parler quelque part, sans trop savoir où. « Tu sais c'était pas pour t'embêter que je t'avais dit que tu pouvais pas avoir une baguette... Je l'ai depuis que j'ai onze ans cette baguette. Si je l'ai pas... non, non, non, non. Je VAIS l'avoir. Parce que j'ai toujours de la chance. » Disait Moony. Imran acquiesça d'un signe de tête, n'en rajoutant pas plus. Il valait mieux garder le silence.

Ils entrèrent donc chez Ollivander's, et Moony lui montra directement sa baguette en lui disant : « Vous pouvez faire quelque chose... » Imran n'écoutait déjà plus. Il était dans une boutique où il y avait trop de baguettes magiques pour qu'il reste sérieux. Si celle de Moony aurait du lui servir de leçon, il n'en fut rien pour Imran. Persuader qu'il était capable de faire de la magie aussi, persuader que c'était en son pouvoir, Imran ne voulait qu'une chose, c'était faire comme Moony et Jinan. Il se sentait trop étrange par rapport à eux. Quand ils étaient à Byzance, ce n'était pas pareil, il y avait des faeries de partout. Mais là, Imran était seul, et chez les sorciers. Peut-être que celle de Moony avait explosé parce qu'elle était, justement, à Moony, et qu'il ne pouvait pas l'utiliser ? Peut-être qu'ici, il y en avait une qui n'était pas utilisé et qui voudrait bien de lui ? Imran croisa ses bras, faisant les cent pas dans la boutique. Il s'approcha d'une étagère alors que Moony est un peu plus loin avec Ollivanders, à essayer des baguettes magiques.

Finalement, au bout d'une dizaine de secondes d'impatiance, il tend doucement la main vers la baguette sur le promontoire après avoir regarder à gauche, puis à droite. Dès qu'il l'eut en main, il sentit cette dernière vibrait. Il eut un sourire, comme un enfant pouvait l'avoir un matin de noël, puis, il relève la tête, cherchant quelque chose à ensorceler. Son regard se posa sur un bocal de plumes. Changer les plumes en plantes. Oui, c'était une bonne idée. Grand sourire sur les lèvres du Djinn qui lève sa baguette pour la pointer vers le bocal.

BoROoOoooOOROOoouUUuuUOooOOoomMmMM !!!!
« IMRAN !!! »
« Sortilège raté mh ? Vous allez me faire le plaisir de sortir de ma boutique jeune "homme"... »

C'est un Imran anéanti, qui se relevait tant bien que mal du sol, à l'autre bout de la pièce, à bien deux mètres de là où il se trouvait il y a quelques instants, qui laissa tomber ce qu'il restait de la baguette magique "empruntée"  sur le sol, avant de sortir, écœuré de voir que la magie et lui, ça ne serait pas aussi simple que ça l'était pour Moony et sa baguette magique. Il avait saisi l'insistance d'Ollivanders sur le mot "homme", mais il n'avait pas voulu y porter plus d'attention. Il valait mieux faire comme si de rien était, faire comme s'il n'avait pas entendu, et sortir comme le vendeur de baguette venait de lui demander. Il ne regarda même pas Moony, tant il était blessé d'être différent, et de l'être à jamais à leurs yeux.


(...)

Imran sortit dans l'allée, se passant les deux mains sur le visage, avant d'inspirer profondément, plaquant ses mains sur ses hanches avant de les mettre dans ses poches. Il s'adossa doucement à la devanture de la boutique, posant le pieds sur le mur, observant les passants dont certains lui jetaient d'étranges regards à cause de ses tatouages que l'on voyait sur ses bras et au niveau de son cou. Il ne souriait pas, se fichant bien de ce que les gens pouvaient penser de son accoutrement ou de ses tatouages. Il n'avait qu'une envie, c'était de trouver sa lumière, de l'épouser, et de la ramener chez lui, à Byzance. Il se fichait bien qu'elle soit sorcière, humaine, ou whatever. Quoique Vampire... Ou même pas normal physiquement... Bon, d'accord, il ne s'en fichait pas tant que ça, mais...

Le coeur d'Imran rata un battement. Ses yeux s'écarquillèrent doucement sous la surprise, le regard s'adoucissant à mesure qu'ils se plongeaient dans les yeux de la nouvelle venue qui lui faisait un sourire à lui en faire fondre toutes ses défenses. Il posa les mains au niveau de son coeur, comme touché par la flèche de cupidon, avant de la regarder passer devant lui, avec son petit air espiègle qui lui donna l'impression d'avoir tout à coup les jambes en coton. Il se racla la gorge, jetant un rapide coup d'oeil vers l'intérieur de la boutique par la vitrine. Moony allait le tuer s'il partait... Il baissa le regard, hésitant. En même temps, il ne faisait que lui apporter des ennuies, alors s'il s'en allait maintenant pour lui laisser sa journée tranquille, elle réussirait son examen, et elle aurait l'esprit vide de sa présence. Il lui causait du tord, c'était peut-être la seule manière qu'il avait pour lui laisser la tranquillité dont elle avait besoin en ce jour si stressant pour elle.

Un sourire sur ses lèvres, il se détacha du mur, et entreprit à la suivre, les yeux plein d'étincelles. Elle avait un look si particulier, et un si beau visage... Puis ses yeux... Ses formes... Imran déglutit, l'air tout à coup séducteur.

« Le crin de licorne pour vous, assurément... », marmonnait Ollivander, perché sur une échelle assez similaire à celles de la bibliothèque de Moony. Le vieux monsieur cherchait le compagnon idéal pour la petite fée bleue qui se tordait les doigts dans tous les sens, angoissée à l'idée de passer son examen avec une baguette qu'elle ne connaissait pas. L'examen numéro 4 était le plus difficile. Pour le passer, il lui faudrait affronter des livres monstrueux et des malédictions terribles. Le genre de livre dont elle ne ferait jamais commande pour sa bibliothèque mais qu'on pourrait bien lui confier comme on aurait mis une créature dangereuse en pension chez le dresseur approprié. Si sa baguette et elle n'étaient pas en accord parfait, comment pouvait-elle espérer accomplir quoique ce soit. Le coeur battant à tout rompre, le nez en l'air, Moony attendait le verdict du fabriquant de baguette comme on attendrait le messie.

« Frêne peut-être. Oui, essayez donc celle-ci... »

Moony prit délicatement la baguette qu'Ollivander lui tendait mais au moment où ses doigts se refermèrent dessus, la brindille lui asséna une fantastique décharge électrique, à ce point que ses fins cheveux blonds se dressèrent sur sa tête.

« Oh certainement pas! Essayez plutôt ceci. Bois de charme. Ma propre baguette est en bois de charme. »

Moony prit la baguette, méfiante. Mais cette fois-ci l'alchimie se fit et Ollivander afficha un sourire satisfait. Moony sourit, exécutant un simple sortilège de lévitation que la baguette assura merveilleusement bien. Ravie, la demoiselle paya le baguettier et sortit de la boutique toute heureuse et prête à aller emmener Imran déjeuner avant de retourner s'entraîner à la bibliothèque. Mais voilà, lorsqu'elle se retrouva devant le magasin de baguette, Imran, lui, n'y était plus. Moony attendit cinq minutes, en se disant qu'il était aller faire un tour, lassé d'attendre, mais très vite elle se sentit paniquer. Où était-il passé?

Elle commença par interroger les passants, leur faisant la description du jeune djinn de son mieux, puis des commerçants mais personne ne sut rien lui dire.

« Je l'ai vu vot' garçon moi. Il partait avec une charmeresse. Une belle plante d'ailleurs. », l'interpella une voix qui venait d'en bas.

Un pauvre vieux qui mendier sa soupe sur le bord du trottoir.

« Une charmeresse ?! Oh Imran... Vous avez vu par où ils sont partis ? »

La main du mendiant pointa le haut de la rue, bien emmitouflée dans une mitaine rapiécée. Moony partit en courant sans dire merci mais c'était seulement pour revenir cinq minutes après avec un bon repas chaud, une bière et cinq gallions qu'elle avait trouvé par terre. Elle serra les mains de l'homme, généreusement reconnaissante, puis, après l'avoir remerciait chaleureusement, elle remonta la rue en courant, espérant que cette charmeresse aurait assez peu de scrupule pour avoir seulement traîné Imran dans un cul de sac merdique. Mais il fallut bien se rendre à l'évidence, après avoir arpenté le chemin de traverse en long, en large et en travers, taper aux portes et sonné en bas de tous les appartements , après avoir malencontreusement percuté un riche sang pur dans l'effrayante allée des embrumes, ce qui lui avait valu de se retrouver avec un affreux groin de cochon qu'il n'était pas recommandé d'essayer d'enlever seule : elle ne retrouverait JAMAIS Imran comme ça.

Son groin était le cadet de ses soucis. Moony était désespérée. Après que tous ses sortilèges ont échoué, elle poussa même jusqu'à entrer chez une voyante douteuse pour qu'elle lui fasse un charme de localisation pour la modique somme de 10 gallions (autant dire qu'entre ça et Ollivander la fin de mois n'allait pas être très folk) mais l'escroc ne fit rien de mieux que la ramener à la bibliothèque. Sans trop y croire Moony monta les escalier quatre à quatre. Il était midi. Cela faisait trois heures qu'elle cherchait son ami et il n'était bien sûr pas là. Elle transplana à nouveau devant chez Ollivander, espérant qu'il serait revenu l'attendre là. Elle était bien loin de s'imaginait qu'il était sur le marché aux trolls en train de ... bref. Si elle avait eu l'idée de ce genre de scénario, elle aurait probablement préféré ne pas savoir.

La pauvre Moony se prit la tête entre les mains, s'asseyant sur le trottoir en priant de toutes ses forces qu'Imran apparaisse. Et qu'allait-elle dire à Jinan ?

« STIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITCH!! »
« Stitch ?! »

La bestiole lui sauta dessus pour lui faire la fête puis se mit à tirer de toutes ses ridicules forces sur la bretelle de sa robe, comme lorsqu'il voulait qu'elle vienne remplir sa gamelle.

« Tu vas être déçu mon pauvre petit, on est pas prêts de rentrer là... tiens, j'ai que ça... », fit-elle en sortant un petit gâteau du fond de son sac. Stitch examina le petit palet avec défiance avant de le balancer à la tête de Moony, le poil tout hérissé.

« Outch!! Mais ça va pas! »
« STIPSTI-TI-IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITCH!! PITCH!!!! TRIIIIIIIIIII!!! »

Moony fronça les sourcils, agacée par ses cris stridents qui ne voulaient pas vraiment dire quelque chose pour elle, surtout parce qu'elle avait plus important en tête à ce moment-là.

Le petit fourreux, vexé, finit par lui pincer son groin de cochon et l'instant d'après, Moony et lui se retrouvaient dans une ruelle où la chaleur était étouffante et les odeurs aussi riches qu'écoeurante.

« Le marché aux trolls... », reconnut Moony. Siobhán et Jinan lui en avaient souvent parlé même si, jusque là, dans son imaginaire à elle, ça avait plus été un mythe qu'une réalité. « Le marché aux trolls... Imran est ici ?!!! »
« Stitch... », répondit la bestiole en se frappant le visage du plat de la main...

Moony regarda juste en face d'elle. Elle se trouvait devant une enseigne immense qui indiquait : Bienvenue au Lupanar. Un bordel à n'en pas douter même si la devanture faisait très propre voir chic. Un bordel de luxe probablement. Dans quoi Imran avait-il encore été se fourrer... Moony entra en courant, persuadée qu'elle allait trouver ce qu'elle cherchait mais c'est une grande femme aux cheveux noirs et à la peau encore plus blanche que la sienne qu'elle tomba :

« Ttt, je vous arrête tout de suite mademoiselle, les fiancées déçues et les épouses cocues ne sont pas les bienvenues ici. »
« Mais, laissez-moi passer, je cherche un ami... je sais qu'il est ici! »

La gérante se pencha vers elle pour la regarder droit dans les yeux lui susurrant d'une voix de velours :

« Et bien disons que vous ne faisiez que passer et que vous n'avez pas trouvé votre ami... »

Moony afficha un air blasé. Un vampire. Elle n'avait jamais su pourquoi ce truc ne marchait pas sur elle mais visiblement le problème ne venait pas d'Emir. Il serait au moins heureux de l'apprendre.

« Écoutez je - »

Ce fut un formidable rouler-bouler dans les escaliers qui l'interrompit. Mauvais payeur entendit-on clamer du haut des escaliers tandis que le client malmené faisait un plat en bas des escaliers.

Non. Payer pour ce genre de choses, c'était inconcevable pour le djinn. Elle avait beau avoir essayé de lui expliquer que c'était comme ça, et qu'il était obligé de payer après avoir couché avec elle, Imran s'en fichait éperdument. Il avait une fierté, il avait de la dignité - du moins ce qu'il lui restait étant donné qu'il avait tout de même couché avec une pute -, il n'allait pas lui verser une pièce d'or, quand bien même sa vie en dépendait. Alors, au bout d'une heure de négociation, Imran se fit littéralement jeté dehors. La réception sur les fesses en bas de l'esaclier fut douloureuse, mais il n'eut pas le temps de s’apitoyer sur son postérieur, car lorsqu'il leva le regard pour voir où il venait d'atterrir, il croisa le regard de Muadhnait.

Comme s'il avait besoin de ça. Il soupira, avant de se redresser tant bien que mal, lançant un regard meurtrier auprès de la Reine des lieux, puis, il s'approcha de Moony, et il lui murmura :
« On s'en va. » Il s'apprêtait à partir, lorsqu'il vit le nez de la fée bleue. Il éclata de rire, levant sa main pour le toucher, comme pour voir s'il était véritable ou non. Un sourire, il se retourna vers la patronne, avec une expression glaciale, une expression digne de son frère, Rohan.

« Voilà mon prix, cochonne. » Il avait caressé le bout du nez de Moony d'où une petite lumière s'était élevée pour pointer par la suite son index sur Carmilla. Le nez de Moony reprit sa forme normale, mais celui de Carmilla... Imran se retourna vers Moony, la prenant par le bras, lui mumurant : « Maintenant, on cours ! » Ni une, ni deux, Imran se mit à courir le plus vite possible, en prenant Moony sur l'épaule comme s'il s'agissait d'un vulgaire sac à patates.


(...)

Ils avaient retrouvé le chemin de Londres sans qu'Imran ne sache réellement comment il avait fait pour le retrouver. Le Marché aux Trolls était un endroit détestable, et il s'était fait la promesse de ne plus jamais y retourner sauf s'il y était obligé. Les gens étaient tous étranges, d'autres faisaient clairement peur avec leur physique difforme et impressionnants. C'est donc avec un sourire sur ses lèvres qu'il la reposa au sol, dans le chemin de Traverse, devant Ollivander's, avant de s'appuyer sur ses genoux pour reprendre sa respiration. Il lui dit alors : « Tu pourras me tuer après, hein, mais là, j'ai faim, et j'aimerais convertir mon or en votre or parce que je te dois bien ça ! » Il se redressa, se massant le torse, avant de la serrer contre lui comme s'il s'agissait de sa petite sœur.

Lorsque Moony reconnut son ami, elle se précipita pour l'aider à se relever, soulagée de l'avoir enfin retrouvé même si elle ne savait pas encore comme tout cela allait se terminer. Le pauvre garçon était de bien noire humeur et notre écossaise n'aurait jamais cru pouvoir voir cette expression sur le visage de son jovial Imran. Mais il n'y avait en même temps rien d'étonnant à cela. Le monde des mortels était cruel et amer et Imran en faisait durement l'expérience, lui qui était venu chercher son grand amour dans un bordel.

Carmilla Von Dijk, elle, regardait la petite scène sans la moindre espèce d'empathie. Son visage de porcelaine, parfait à tout égard, ne se plissait pas d'une ride et ne donnait aucun signe d'indulgence :

« Touchant. Maintenant si vous voulez bien payer la demoiselle pour ses services jeune homme... », cingla-t-elle d'un ton qui promettait le pire.

Moony écouta la menace d'une oreille, trop occupée qu'elle était à cacher son groin derrière ses deux mains (il fallait au moins ça) tandis qu'Imran éclatait de rire. Finalement elle se fit une raison. Il l'avait vu de toute façon. On ne voyait que ça. Elle aurait l'air fin tout à l'heure à l'exam avec ça... Imran caressa le groin de la pauvre Moony du bout de son index avant de se retourner vers la maquerelle :

« Voilà mon prix, cochonne. », fit le djinn en jetant le groin au visage de la Maîtresse Charmeresse .

Mrs Von Dijk ne se rendit pas tout de suite compte de la supercherie, trop occupée qu'elle était à se dire que sans cet affreux grain la petite était jolie et fraîche une rose. Elle avait un petit quelque chose de sauvageon très très lointain. Sûrement une fille des contrées reculées de l'île à en juger par son accent. Ce n'est qu'en entendant voyant le visage du petit couple de voleurs que Carmilla se mit à voir rouge. Soupçonnant qu'on lui avait joué un tour de cochon, elle passa ses blanches mains aux ongles manucurés sur son visage pour constater que cet insupportable petit gnome l'avait DÉFIGURÉE!!!

Moony n'en pouvait plus. Il fallait dire que c'était toujours plus drôle quand ce n'était pas vous et sûr une "dame" aussi distinguée et pomponnée que celle-ci, c'était à se taper le cul par terre. Mais Imran ne lui en laissa pas le temps. Il la chargea sur son épaule. Moony, surprise, se cramponna. D'où sortait-il une force pareille, lui qui était tout gringalet... Stitch eut tout juste le temps de s'agripper à ses cheveux pour ne pas être laissé en arrière et la drôle d'équipée dévalait la rue principale du Marché aux Trolls poursuivie par les gorilles de Carmilla qui n'aurait décemment pas pu se lancer elle-même à leur poursuite avec ce visage!!! Après quelques détours dans les égouts et les coupes gorges et ils retrouvèrent le grand air.

« Tu pourras me tuer après, hein, mais là, j'ai faim, et j'aimerais convertir mon or en votre or parce que je te dois bien ça ! » hoqueta un Imran tout essoufflé.

Spontanément, ils se prirent dans les bras et Moony sentit toute l'angoisse retomber :

« Ne me refais jamais un coup pareil! J'étais morte d'inquiétude... En plus j'avais prévu qu'on aille prendre notre petit déjeuner chez Florian Fortarôme mais vu l'heure, ça va plutôt être le Sherazade. Moi aussi j'ai faim, et puis, on a bien mérité un vrai repas après tout ça. On pourra aller changer ton or après ? », proposa-t-elle, l'estomac dans les talons.

Mais c'était sans compter sur Imran qui en avait décidé autrement. Contrainte et forcée, Moony dût bien accepter de le conduire jusqu'à Gringott's ou, après une heure d'expertise gobeline, on leur suggéra d'ouvrir un compte parce qu'il n'était pas raisonnable de trimballer une telle quantité de gallions sur soi. Sans compter que Moony n'avait pas de sac sans fond. Tout ceci les mena facilement à quatorze heure ou pas loin et quand ils arrivèrent au Sherazade, le service était fini. Moony soupira profondément et finalement ils durent à contre coeur se rabattre sur les sandwicheries et c'est sur le Wizard Burger qu'ils jetèrent leur malheureux dévolus.

« Un menu Merlin double cheddar pumpkin avec du bacon, potatoes de citrouille, jus de citrouille et... »
« Une citrouille à croquer ? »
« Ben euh... ouais. Et toi Imran? »

La laisser payer après tout ce qu'il avait fait, c'était impensable pour le jeune frère du Sadrazam Misra. Imran insista. Il n'était pas question qu'en plus d'être un boulet dans un monde où les coutumes et les moeurs sont à des années lumières des siennes, il le soit aussi financièrement. Alors, au bout de quelques instants, Muadhnait accepta son souhait, et ils se rendirent donc à Gringott's où ils changèrent cinq pièces d'or en or sorcier. Lorsque les gobelins virent les pièces, au début, ils n'y crurent pas.

L'instant d'après, le gobelin au guichet appela son supérieur, qui appela le sien, qui appela les orfèvres pour expertise, et au final, une bonne demi-douzaine de gobelins s’effaraient autour d'Imran en lui posant diverses questions auquel il ne répondait qu'à demi-mot, ne voulant pas dévoiler ce qu'il était réellement, sans pour autant laisser présager qu'il était un quelconque voleur. Au final, lorsqu'ils virent qu'il ne donnerait pas plus d'informations qu'ils n'en avaient réellement besoin, ils abdiquèrent et firent venir une centaine de sacs de pièces d'or. Imran avait regardé Moony avec de grands yeux, avant d'accepter la proposition de la fée bleue qui était d'ouvrir son propre coffre ici. De toute manière, l'or ne serait pas perdu, et Gringott's était considéré comme l'une des banques les mieux sécurisés du Monde.

Il remplit ses poches d'or, puis il remplit deux belles bourses qu'on lui avait offert qu'il fourra nonchalamment dans sa poche, comme s'il n'avait aucune valeur de l'argent (ce qui était très certainement le cas). Puis, mettant sa clé autour du cou grâce à un lacet de cuir noir, Imran suivit Moony au dehors de la bibliothèque. Cette dernière soupira, constatant alors que pour aller au Shérazade, c'était trop tard, et qu'ils allaient devoir improviser en allant dans cet espèce de sandwicherie à la devanture étrange, et aux couleurs que même Imran trouvait moche (c'est dire). Lorsqu'ils entrèrent dans le restaurant, Imran renifla l'odeur nauséabonde, regardant Moony avec de grands yeux. Il s'apprêtait à lui dire qu'il préférait ne rien manger, mais elle avait tellement enduré ce matin, qu'il la laisserait tranquille, et mangerait à contre-cœur la nourriture qui sentait aussi mauvais.

« Un menu Merlin double cheddar pumpkin avec du bacon, potatoes de citrouille, jus de citrouille et... » « Une citrouille à croquer ? » « Ben euh... ouais. Et toi Imran? »

Imran observa les affiches sans trop savoir quoi penser, ni quoi vouloir. Il posa alors son regard sur Moony, et il lui chuchota dans l'oreille qu'il voulait du poisson et des potatoes, avant de poser un gallion sur le comptoir. Une fois servie, ils allèrent s'asseoir à une table un peu en retrait, et Imran ouvrit sa boîte de beignet de poissons.

« Ils sont bizarres, vos poissons dans ce monde. » Il souleva un beignet comme s'il s'agissait d'une culture de peste, avant de la porter à ses lèvres, et de croquer dedans. Finalement, c'était pas si dégueulasse que ça en avait l'air, mais c'était pas non plus l'extase. C'était trop gras, le poisson n'avait pas vraiment le goût du poisson, peut-être un poisson blanc ? Il n'en savait rien. Maintenant qu'il avalait sa première bouchée, il venait de se rendre compte à quel point, il avait faim. Attrapant sa boisson, il porta la paille à ses lèvres, aspira, et se mit à rigoler dès qu'il eut la boisson dans sa bouche. Résultat, tout retomba sur le plateau. « C'est rigolo, y a des bulles dedans ! » Il affichait un sourire enfantin, avant de reprendre plus sérieusement : « Pas trop stressé, Moony ? »


(...)

À des kilomètres de là, un vampire du nom d'Emir arpentait le marché aux trolls en direction du Lupanar, avec un petit sourire taquin sur ses lèvres. Divinement bien vêtu, comme à son habitude, il poussa les portes de la maison close, arborant son plus beau sourire, et sa plus belle expression sur son visage ottoman. A chaque fois qu'il venait là, il se sentait comme obliger de rappeler à la maîtresse des lieux sa présence, ce besoin qu'il avait de lui rappeler de fâcheux souvenirs qui ne l'était pas pour lui. Il s'était bien amusé ici, il y a deux cents ans, et maintenant, quand il y repassait, c'était uniquement pour emmerder Carmilla.

Emir s'approcha de l'hôtesse d'accueil, et ni une, ni deux, il l'hypnotise pour savoir où se trouve la Reine de la maison. Une affaire urgente le presse à abréger les divers négations ou refus qu'elle se serait apprêtée à faire. Elle devait bien avoir un portrait magnifique d'Emir quelque part derrière le comptoir, avec écrit en rouge : NE PAS LAISSER ENTRER, MERCI.

Finalement, l’hôtesse se leva, tel un pantin, et mena Emir dans une pièce reculée qui devait très certainement être le bureau de Carmilla. Emir esquissa un sourire, demandant à l'hôtesse de dégager avant qu'elle ne meurt entre ses canines, puis toqua à la porte.

Imran n'avait pas besoin de lui dire quoique ce soit : Moony savait qu'il allait détester le Wizard Burger. Seulement il n'y avait pas plus rapide et ils - ou du moins elle - n'avaient pas le temps. Il commanda des nuggets de poissons et mangea sans se faire prier. Tout était nouveau pour lui et quand elle le vit boire son soda, Moony retrouva le sourire malgré la boule qu'elle avait au ventre.

Comment allait-elle se sortir de cet examen ? Avec tout ça elle n'avait pas eu une minute pour se familiariser avec sa nouvelle baguette et ça allait se ressentir sur ses sortilèges, c'était sûr et certain ça...

« Pas trop stressé, Moony ? »
« Ben... », elle haussa les épaules, se réfugiant dans son soda pour ne pas lui mettre ses propres angoisses sur le dos.

Ils engloutirent leur repas et se précipitèrent vers l'université, où avait lieu l'examen.

« Ce n'est pas la baguette qui est enregistrée, je ne peux pas vous laissez entrer. », annonça l'hôtesse d'accueil d'un ton pompeux.

C'était exactement pour ce genre de personnes que Moony ne s'était jamais senti à l'aise à l'Université et qu'elle avait fini par aller postuler directement à la bibliothèque.

« Mais - écoutez j'ai changé ma baguette ce matin. Voici la baguette que j'ai enregistré et - »
« Qu'est-ce que vous voulez que je fasse de cette chose. Si vous n'avez pas de baguette vous ne pouvez pas passer l'examen voilà tout. »
« Mais J'AI une baguette !!! »

Moony soupira. Elle était déjà bien suffisamment stressée. Pourquoi fallait-il qu'on lui rende les choses si difficiles ?

« J'ai... j'ai fait tout ce qu'il fallait pour en avoir une ce matin justement - »
« Vous auriez dû vous faire réenregistrer derechef. Je ne peux rien pour vous, c'est à vous de prendre vos dispositions mademoiselle ... »
« Mais vous savez bien qu'il y a un délai... »

Voilà que maintenant, si jamais - par Merlin sait quel miracle - on les laissait passer, elle arriverait en retard à son examen. Comme si elle avait besoin de ça en plus. Moony ferma les yeux pour reposer les choses et se calmer. J'ai de la chance, j'ai de la chance, j'ai de la chance se répétait-elle.

« Il faut que je passe cet examen aujourd'hui pour garder ma bibliothèque et mon appartement. Ça n'est pas que pour moi, j'ai une famille... »

La secrétaire appliqua son tampon sur la feuille d'entrée et la lui tendit avec un sourire radieux.

« Bonne chance mademoiselle Mc Gill Fhaolain. », fit-elle d'une voix chantante.

Moony fronça les sourcils. Qu'est-ce que c'était que ce changement brusque de personnalité ?

« Euh... merci ? », répondit-elle en prenant la précieuse feuille et en se mettant à courir vers les étages supérieurs où les examinateurs devaient probablement déjà avoir décidé de prendre une pause café vu qu'elle avait plus de cinq minutes de retard.

Ils arrivèrent finalement devant la porte. Moony pilla puis serra fort Imran dans ses bras avant de se précipiter à l'intérieur.

« Merci pour la secrétaire. »


« La peste des djinns et de leur maudite magie !! », Carmilla se regardait dans son miroir depuis semblait-il des heures. Mais que fabriquait Gavroche !! Il ne fallait pas être sorcier pour dégoter un foutu magicien sur le marché aux trolls, nom d'un chien... « Quoi ?!! », cingla-t-elle, furieuse, en entendant qu'on frappait à la porte alors qu'elle avait explicitement laissé la consigne qu'on ne vienne pas la déranger.

Elle voila ce beau visage dont elle était si fière et alla ouvrir la porte d'un geste ample et furibond.

« Toi ! Ce n'est vraiment pas le moment Emir !!! Qu'est-ce que tu veux cette fois-ci?!!! »

La femme était vraiment horrible avec Moony, et Imran ne savait pas quoi faire pour l'aider. Il regardait l'échange se faire entre les deux, la mort dans l'âme, réfléchissant tant bien que mal à une façon possible de la faire changer d'avis. Imran était là, les mains dans les poches, le regard perdu, quelque part entre le bureau, et les mains stressés de Moony, qui ne savait plus quoi dire pour tenter de convaincre cette femme diabolique. C'était à ce moment-là qu'il eut l'idée de la posséder. C'était un acte interdit par la loi de Byzance, qu'aucun Faerie ne faisait, que même Allah avait interdit, banni de son utilisation. Il ne savait pas comment on s'y prenait, car personne ne l'utilisait plus depuis des temps oubliés. Imran savait que cela existait, tout le monde le savait, car tout le monde en avait toujours au moins entendu au moins une fois dans sa vie, que ce soit dans les livres, ou à l'école, lorsqu'on leur apprenait ce qu'ils pouvaient faire, ou ne pas faire. Imran posa alors ses mains sur le comptoir, et il ferma les yeux.

Puisant au fond de lui, il savait que s'il voulait imposer sa volonté, il lui faudrait à tout prix forcer son esprit à se diriger vers l'esprit de la secrétaire. C'est sur cela qu'il se concentra, puisant dans ses ressources une force qu'il parvenait à peine maintenir. Enfin, lorsqu'il parvint à s'en décoller, et que son esprit jaillit de lui, vers la secrétaire avec force, il sentit une goutte de sang coulait sous son nez. La secrétaire changea alors d'avis, acceptant de laisser Moony se présentait à son examen. Il attira de nouveau son esprit à retrouver sa propre enveloppe, avant de s'essuyer rapidement le nez avec sa main. Il posa son regard sur sa main, voyant le sang vermeil sur ses doigts basané. Dieu allait le tuer, mais il avait été obligé de faire cela pour Moony, sinon, il allait lui ruiner entièrement sa journée, jusqu'à même ses chances de réaliser ses rêves. Il ne pouvait pas laisser les choses se faire ainsi. Sa conscience ne lui permettait pas, et sa culpabilité lui pèseraient bien trop longtemps sur ses épaules pour qu'il ne fasse rien qui soit à sa porter pour aider sa meilleure amie. Imran préférait braver les interdits et se punir ensuite, que de la voir triste et qu'elle ne lui parle plus pour le restant de ses jours.

Imran enfoui sa main dans sa poche, se mettant alors à suivre Moony jusqu'à la salle de son examen où elle le serra contre lui, lui réchauffant alors son cœur aux âpres de mauvaises pensées à cause de ce qu'il venait de faire. « Merci pour la secrétaire. » Imran sourit, et lui demanda alors de lui faire apparaître un tapis avant qu'elle n'entre dans la salle, ce qu'elle fit. A la vue du visage de Moony, il comprit que ce n'était pas exactement le tapis qu'elle avait en tête, et même s'il était étrange, Imran le saisit pour l'installer vers le sud est, se déchaussant tout en lui disant : « Entre, je vais prier pour toi, Moony. » Et alors qu'elle rentrait, il se mit sur le tapis, baisant le tapis de son front, et il se mit à prier tout doucement, faisant bien attention à ne pas laisser paraître sa lumière qui aimait s'exprimer dans ces moments-là.


(...)

« Toi ! Ce n'est vraiment pas le moment Emir !!! Qu'est-ce que tu veux cette fois-ci ?!!! » Emir esquissa un sourire. Qu'avait-elle donc à cacher ? Avant même qu'il n'ait la volonté de lui expliquer ce qu'il était venu faire ici, avant même qu'il ne décide se pavaner devant elle, lui rappelant alors ce qu'il avait fait à cette pauvre petite pute d'on-ne-sait-où, le voile lui avait sauté aux yeux, ébranlant sa curiosité jusqu'aux firmaments de son âme. Machinalement, il leva rapidement la main vers elle pour lui retirer son voile.

Lorsqu'il vit le nez en forme de groin, Émir ne put rien faire d'autres que d'éclater de rire. Un rire si fort, et si bruyant, qu'on se demandait encore comme un homme d'une telle classe pouvait sortir un rire que l'on retrouvait facilement dans une de ces fêtes barbares du nord de l’Écosse. Il finit par lui marmonner entre deux éclats de rire : « Putain, mais... Carmilla, qu'est-ce que tu as fait ? » Il s'essuie le coin des yeux pleins de larmes de sang de sa manche noire, avant de réprimer un énième fou rire. Putain, qui avait-elle emmerdé pour avoir ce genre de maléfice ? Un Jongleur ? Un clown ?

Lorsqu'Imran lui avait demandé un tapis, elle avait tout de suite imaginé le tapis d'Aladdin. Bien sûr pas un tapis volant mais un tapis oriental cousu d'or, comme celui de son livre de conte. Une splendeur en somme, pas une espèce de peau de mouton rapiécé synthétique avec un motif de boursoufflet au sourire freedent. Quelle horreur. Moony eut un profond soupir. Ça n'était pas gagné.

« Entre, je vais prier pour toi, Moony. »
« Merci Imran. », répondit-elle sans trop y croire.

Elle poussa timidement la porte. Les examinateurs étaient en train de prendre le thé et la regardèrent comme un ovni. Elle se présenta en essayant de ne pas se démonter. On lui demanda la raison de son retard, puis on lui demanda si c'était vraiment la peine de présenter l'examen avec une baguette qu'elle ne maîtrisait pas. Des petites piques d'intimidations auxquelles Moony s'était attendue. Les examinateurs des filières littéraires avaient toujours eu mauvaise réputation pour ça.

Ils lui demandèrent ensuite de retracer son parcours et relevèrent bien évidemment qu'elle n'avait suivi aucun cursus universitaire. Par chance M. Afez avait plutôt bonne réputation, du moins dans ses activités de bibliothécaire.

« Ne vous attendez pas à ce que nous soyons plus cléments pour autant Mlle Mc Gill Fhaolain. Les évènements des semaines passées ne nous intéressent en rien. »

Moony acquiesça, se disant intérieurement que c'était tant mieux. Elle ne voulait pas tricher pour avoir cette certification. Elle répondit posément aux questions qu'on lui posait sur la gestion de sa bibliothèque, avec même un certain allant. Puis arriva l'épreuve pratique et les sortilèges ratés dû à sa nouvelle baguette qui achevèrent le peu de confiance en elle qu'elle avait acquis pendant l'épreuve théorique.

« Allez finissons-en. », jeta l'examinatrice en chef en voyant que la jeune femme devait s'y reprendre à plusieurs fois pour un malheureux sortilèges multi-alphabétiques.

On amena une boîte en chêne qu'on ouvrit devant elle avec précaution.

« Vous savez à quoi vous avez à faire ? »
« Il s'agit d'un des trois ouvrages de l'archidoxe magique classés 9 au département des mystères. », l'examinatrice paru surprise par la réponse de la demoiselle, « Ces livres sont protégés par des maléfices extrêmement puissants, et pour cause, ils renferment des secrets que même de nos jours le Ministère ne souhaite pas enseigner au grand public. »
« Et bien vous saurez à quoi vous attendre, bonne chance Mlle Mc Gill Fhaolain. »

Moony se retint tout juste de demander "comment ça bonne chance". Elle ne s'était absolument pas attendue à avoir à affronter un truc pareil... et avec cette maudite baguette. Le jury se retira derrière un sortilège de protection et la laissa faire.  Il s'agissait visiblement de ranger le livre dans la bibliothèque juste en face. Moony se laissa cinq secondes pour réfléchir mais à peine eut elle fait un pas vers le maudit livre qu'une fantastique explosion souffla la pauvre petite sorcière comme un fétu de paille. Sur le moment elle ne comprit pas. Sa tête tournait comme si on la lui avait mise dans une cloche avant de la sonner. Elle mit bien dix secondes à comprendre que c'était un hurlement qui avait produit cela et qu'elle se retrouvait momentanément sourde. Le livre la menaçait d'une grande bouche béante qui déformait sa couverture. La solution lui vint tout naturellement et l'instant d'après, la bouche du livre avait disparue. Moony la tenait dans sa main bien fermée. Sous l'effet du stress, elle avait réussi son sortilège du premier coup.

Prudente, elle fit à nouveau un pas vers l'avant et là, c'est le sol qui se mit à trembler, les pavés s'écroulant un à un dans un vide sans fond.

« Everte Statis ! », lança la bibliothécaire.

En face d'elle, la pièce se retrouva sens dessus dessous et, le livre, incapable de faire la différence, exerçait ses maléfices sur le plafond qui s'envolait, pierre par pierre dans une nuit impénétrable. Profitant de ce que le livre était désorienté, Moony jeta un sortilège l'obligeant à s'ouvrir en page centrale puis, ensorcelant une chaise, elle s'envola vers lui pour poser la main sur la page de droite et ainsi l'empêcher de se refermer. La petite fée bleue joua de sa lumière pour la première fois, comme elle se sentait menacée, et cela suffit à apaiser le maudit livre. Doucement, elle scella le livre d'un sortilège, et alla le ranger dans la bibliothèque. Bien sûr il fallut qu'elle rate le sortilège de lévitation mais après s'y être repris, elle finit par se débarrasser de cette épreuve.

Quand elle ressortit de la salle d'examen, il était plus de dix huit heure. Imran était là et Jinan aussi. Moony alla chercher un câlin de réconfort, pas vraiment sûre d'avoir convaincu, mais elle ne voulait pas en parler là. Elle avait besoin d'un break.

« On mange au Sherazade ce soir ? J'ai l'estomac dans les talons. », supplia la jeune femme un peu plus tard, confortablement lovée dans le canapé avec un chocolat chaud.

Elle jeta un petit regard avec un sourire à Imran, espérant le rallier à sa cause, en sachant bien qu'elle n'aurait guère de mal à le convaincre.


Bien loin de là, Carmilla Von Dijk s'arrachait les cheveux.

« Putain, mais... Carmilla, qu'est-ce que tu as fait ? »
« C'est cette peste de petit djinn et sa copine blonde ! Rrrrrrh grouiink j'aurais dû en faire mon dîner !! Je vais lui tordre le cou! Je vais l'envoyer chez le boucher! je vais... grouuiik! Raaaaaaah! Attends un peu que mes hommes mettent la main dessus ! Je lui ferais passer un sale quart d'heure, quand à la gamine j'ai quelques projets juteux pour elle... »

La porcine Carmilla faisait toujours les cents pas dans son cabinet, s'imaginant tout ce qu'elle pourrait bien faire à ce mauvais payeur pour lui faire regretter son trait d'humour qu'elle, trouvait de très mauvais goût.

C'était très certainement tout le contraire de tout ce qu'il s'était fait d'être un Auror titulaire. D'avoir été médaillé, diplômé, et reconnu devant tout le ministère ainsi que la famille de Moony, était quelque chose qui l'avait pourtant rendu si fier, mais maintenant qu'il était Auror, et qu'il passait le plus clair de son temps à potasser des dossiers dont il ne comprenait rien, ou à les remettre à jour, c'était quelque chose qu'il détestait faire, qu'il ne pensait pas continuer de faire. C'était comme si dans la tête de Mustang, il était encore un simple Auror en formation. Putain, grâce à lui, ils avaient arrêté Afez, grâce à lui, ils avaient là, une possibilité d'améliorer les relations du pays avec l'Egypte, et pour le remercier, il était là, derrière ce putain de bureau trois fois trop petit, dans les archives, entourés par des tonnes de documents et de preuves sous scellés. Autant vous dire, qu'il avait vite déchanté, et même si en dehors, il disait qu'il était très fier d'être Auror, aujourd'hui, il regrettait très sincèrement de ne pas avoir fait carrière dans le Quidditch ou quelque chose dans ce goût là. Au moins, il serait pas prostré à déchiffrer des écritures parfois moins déchiffrable que des hiéroglyphes.

Cette journée était donc tout ce qu'il y avait de plus ordinaire dans les Archives du bureau des Aurors. Entouré d'une tonne de gobelets de café pour ne pas s'endormir - car bon Dieu que c'était soporifique -, Jinan se massa les tempes avant de voir qu'il était déjà 17h. Il soupira. La journée était tout de même passée vite, et il était l'heure pour lui de quitter les locaux. Vu qu'on ne le mettait sur aucune affaire, il n'allait tout de même pas faire des heures supplémentaires dans les archives. Et même si ça ne plairait pas à Ansgard, il s'en fichait. Qu'il aille se faire foutre lui et ses documents à la con. En plus, Moony allait très certainement avoir besoin de lui, car il la savait tellement stressé qu'elle allait sûrement vouloir se réfugier contre lui, comme elle l'avait toujours fait, pour penser à autres choses, en discutant de tout et de rien. Il eut un petit sourire en se disant que cette fois, ce serait différent. Elle chercherait ses bras, puis ses lèvres, et enfin, ils partiraient bras dessus, bras dessous avec Imran non loin de là, sûrement entrain de raconter des conneries, ou ce qu'il avait fait aujourd'hui. Un sourire plus intense s'afficha sur son visage. C'était quelque chose qu'il appréciait beaucoup de se savoir si entouré par des gens qu'il aimait. Il ne lui manquait plus que son père et son grand-père, et la boucle serait alors bouclée. Pour Emir, ce serait chose facile, il suffisait de l'appeler pour qu'il vienne, même s'il n'osait jamais avoir de geste affectif. Mais son père, c'était une autre père de manche. Son sourire perdit de sa superbe, avant qu'il ne transplane.


(...)

Lorsqu'il réapparut, Jinan trouva un Imran en pleine prière, là, brillant faiblement d'une étrange teinte. Il était complètement perdu, dans un état de semi-transe, priant dans une langue qu'il connaissait plutôt bien, mais qui attirait le regard des passants comme s'il s'agissait d'un fou furieux. En même temps, quand on voyait le tapis... Jinan manqua un fou rire, avant de se rapprocher doucement d'Imran. Ce dernier s'arrêta tout à coup, toucha le sol de son front, avant de se redresser, main sur les genoux. Il mit quelques secondes à retrouver ses idées, apercevant alors Jinan. Imran eut un grand sourire. Il se releva, et serra Jinan contre lui, avant de se rechausser. Il demanda alors à Jinan de faire disparaître ce tapis, ce que ce dernier fit, puis, il se tut, s'approchant de la fenêtre, suivi de près par Jinan. Ils se murèrent dans le silence en attendant la sortie de Moony.

Une chevelure blonde apparut alors, et Jinan tendit immédiatement ses bras pour qu'elle vienne s'y réfugier, car à la mine qu'elle affichait, cela ne devait pas s'être si bien passé que ça. Jinan eut une moue étrange, comme s'il ne savait pas ce qu'ils allaient bien pouvoir faire, avant d'éxécuter un transplanage d'escorte, Imran posant sa main sur son épaule, pour retourner à l'appartement au dessus de la bibliothèque.

Assis dans le canapé, serrant une tasse de chocolat chaud, Moony sembla retrouver des couleurs, avant de dire d'un ton suppliant, comme si Jinan avait le droit de vie ou de mort sur la chose. « On mange au Sherazade ce soir ? J'ai l'estomac dans les talons. » Jinan esquissa un sourire, avant de soupirer. Qu'est-ce qu'elle pouvait le gonfler avec ce restaurant... Jinan ne comptait plus le nombre de gallions qu'ils avaient dû lâcher dans ce Sherazade. Il acquiesça sous le regard implorant d'Imran, avant de se mettre à rigoler. Imran et Moony s'entendaient si bien, que c'en était fantastique pour Jinan. Il n'avait rien dit, ni à l'un, ni à l'autre, pourtant, les voir toujours d'accord ou voir l'un aidait l'autre, lui faisait du bien, comme s'il voyait une famille soudée. Ce qu'il avait toujours voulu, bien qu'il n'ait pas poussé le raisonnement aussi loin. « D'accord, on a qu'à y aller maintenant, comme ça, vous me raconterez votre journée. » Il fit un large sourire, avant d'attraper sa bourse d'or.


(...)

« C'est cette peste de petit djinn et sa copine blonde ! Rrrrrrh grouiink j'aurais dû en faire mon dîner !! Je vais lui tordre le cou! Je vais l'envoyer chez le boucher! je vais... grouuiik! Raaaaaaah! Attends un peu que mes hommes mettent la main dessus ! Je lui ferais passer un sale quart d'heure, quand à la gamine j'ai quelques projets juteux pour elle... » Emir cessa tout bonnement de rigoler. Qu'est-ce qu'ils avaient bien pu branler ici ? Le vampire soupira, mais ne dit rien. Il était prêt à parier que Moony était venu chercher Imran qui s'y était égaré. Quand Jinan lui avait dit qu'il était pour trouver sa lumière, Emir avait été partagé entre la beauté du geste, et la connerie pur et dure. Il écarquilla légèrement les yeux, comme intrigué tout à coup, presser d'en savoir plus. Dès qu'il finirait ce qu'il avait à faire avec elle, il irait directement les voir.

« OK. Bon, on va la faire comme ça. Je t'amène un sorcier de ma connaissance, il te retire ça, et tu me signes ce contrat... » Il brandit alors un papier qu'il tenait qu'il posa sur son bureau, et ajouta : « ... Où il est dit que tu verseras 5% de tes bénéfices à la Reine des Damnés. » Il afficha son plus beau sourire, ses canines en évidence. Elle pouvait le voir, il avait quelque chose de changer. Quelque chose de plus sombre, mais en même temps, il rayonnait, tant il était heureux en ce moment. Il rajouta : « Bien entendu, je tuerais tous les sorciers dont tu feras appel pour te retirer ce nez de cochonne, jusqu'à ce que tu signes ça. A moins-ce que tu ne veuilles vivre éternellement avec ça sur le visage. » Sourire diabolique, il adorait la faire chier. Là, c'était comme Noël, ou plutôt l'Aïd pour le vampire.

Les bras croisés sur sa poitrine, Carmilla regardait Emir déroulait son petit manège devant elle. C'était comme si les circonstances devaient toujours tourner à l'avantage de ce maudit ottoman. Si elle ne l'avait pas connu de longue date, la maquerelle aurait soupçonné quelque vicieuse connivence avec le maudit djinn qui l'avait affublée de ce stupide groin de cochon et délestée de quelques cents gallions.

« OK. Bon, on va la faire comme ça. Je t'amène un sorcier de ma connaissance, il te retire ça, et tu me signes ce contrat... »

La vampire ne cilla pas, affichant simplement son habituel air gourmé, un sourcil en accent circonflexe jugeant tout ceci de haut :

« ... Où il est dit que tu verseras 5% de tes bénéfices à la Reine des Damnés. »
« GROUIIIIIIIIIIIK! », fut tout ce que la hollandaise put répondre sur l'instant.

Il fallait dire que Carmilla avait durement travaillé à acheter son indépendance et une réputation dans le monde de la nuit. A Londres, la Reine des Damnés, c'était elle. Mais elle n'était pas assez folle pour aller revendiquer ce titre au nez de l'originale. D'ailleurs, moins elle en entendrait parler mieux ce serait pour ses affaires. Dieu savait ce que l'on dirait sur le marché aux trolls si l'on venait à savoir qu'elle versait des dividendes pour acheter sa tranquillité.

Elle transperça ce fourbe d'ottoman du regard, s'imaginant lui découdre ce sourire arrogant du visage et en faire des confettis de chair fraîche qu'elle lui jetterait ensuite au visage.

« Bien entendu, je tuerais tous les sorciers auxquels tu feras appel pour te retirer ce nez de cochonne, jusqu'à ce que tu signes ça. A moins-ce que tu ne veuilles vivre éternellement avec ça sur le visage. »

Les yeux de la gérante du Lupanar étaient maintenant réduits à deux meurtrières. Elle attrapa le premier stylo qu'elle trouva sur son bureau et jeta sa griffe sur le bout de papier avec agacement. Après quoi, elle sembla se tempérer, se faisant plus mielleuse :

« Tu es différent... », fit-ell d'une voix doucereuse en passant sa main sur son torse tandis qu'elle lui tournait autour comme pour l'inspecter.

Séductrice, comme toujours, elle laissa sa main glisser dans la nuque du vampire :

« Je dois reconnaître que tu as toujours eu un certain goût pour les oiseaux rares mon cher Émir. Il y a quelques semaines on entendait dire que la charmeuse de dragons t'avait mis au régime mais force est de constater que les bruits courent bien loin derrière tes ambitions. Comment est-ce le lit d'une Reine alors ? C'est un autre standing que la crotte de mouton et la moiteur des Highlands j'imagine... », demanda-t-elle, taquine.


Il afficha son plus beau sourire, ses canines en évidence. Elle pouvait le voir, il avait quelque chose de changer. Quelque chose de plus sombre, mais en même temps, il rayonnait, tant il était heureux en ce moment. Il rajouta : « Bien entendu, je tuerais tous les sorciers dont tu feras appel pour te retirer ce nez de cochonne, jusqu'à ce que tu signes ça. A moins-ce que tu ne veuilles vivre éternellement avec ça sur le visage. »

« Tu es différent... » Le regard d'Emir se posa sur la main de la putain sur son torse. Son visage semblait, tout à coup, dépourvu de toute émotion. Que faisait-elle ? Que comptait-elle faire ? Qu'attendait-elle de lui ? Il ne broncha pas, il ne cilla pas une seule fois. Il releva son visage, la regardant tourner autour de lui comme si elle comptait en faire son quatre heures. Emir se mit, instinctivement, sur la défensive, prêt à bondir, prêt à se refuser à elle, quand bien même, il aurait très certainement aimé ça, il y a quelques siècles. Non, là, son corps était une propriété de Siobhán, de sa blonde, comme son corps à elle était sien. Carmilla fit glisser sa main contre sa nuque. Il serra instantanément sa mâchoire.

« Je dois reconnaître que tu as toujours eu un certain goût pour les oiseaux rares mon cher Émir. Il y a quelques semaines on entendait dire que la charmeuse de dragons t'avait mis au régime mais force est de constater que les bruits courent bien loin derrière tes ambitions. Comment est-ce le lit d'une Reine alors ? C'est un autre standing que la crotte de mouton et la moiteur des Highlands j'imagine... »

Emir se mouva si rapidement qu'il en défia la vitesse de la lumière. Il saisit la main de la gérante du Lupanar, pour la lui retourner dans le dos, avant de lui plaquer son visage de cochonne contre le mur. Il se colla contre elle, serrant aussi fort que possible la main de Carmilla dans la sienne, avec la ferme intention de lui briser chacun des vingt-sept os que composée une main. On entendit des craquements, puis Emir approcha ses lèvres de l'oreille de la putain pour lui susurrer dans l'oreille : « Je t'interdis de parler de Siobhán. Et je t'interdis de remettre en cause mon amour, ma fidélité pour cette humaine. »

Il colla ses lèvres contre le lobe de son oreille, avant de lui murmurer tout bas, comme s'il tentait de la séduire : « Sinon, je le jure devant Dieu, je te tue. » Puis, comme pour ajouter de la substance à ce qu'il avançait, il ouvrit sa machoire qu'il referma sur son lobe et il mordit de toutes ses forces, avant de sentir le sang de la vampire entre ses lèvres. Emir relâcha la pression, avant de se reculer pour la retourner avec violence. Il la plaqua de nouveau contre le mur, approchant son visage du sien d'une manière féline, avant de lui cracher le sang, son sang à elle, à son visage.

« Je t'envoie mon sorcier. Content de t'avoir vu, Carmilla. » Il s'approcha du bureau, saisissant les documents qu'il avait mené avant de les ranger dans sa poche arrière de pantalon. Emir s'apprêtait à quitter les lieux, quand il se retourna vers elle, une fois qu'il fut sur le seuil de la porte : « La Reine se souviendra de ton allégeance. »

Enfin, il disparaît dans le marché aux Trolls.

Pendant ce temps, bien loin de là, Moony poussait la porte du Sherazade. Elle avait sur le visage ce petit air d'enfant émerveillée, comme si chaque fois qu'elle parvenait à trainer Jinan ici, c'était un peu son Noël à elle. Ça valait presque le coup de l'y emmener rien que pour voir ce petit miracle pétiller dans ses yeux.

La porte leur souffla une bouffée de chaleur chargée de parfums d'épice du bout du monde au visage, comme pour leur souhaiter la bienvenue. A l'intérieur, les couleurs d'ocre et d'orange chaleureuses du mobilier laissaient rêver par avance les pâtisseries dorées de miel et de sucre, les tajines les plus extraordinaires. Les luminaires à l'orientale, multicolores, vous susurraient à l'oreille de leur voix feutrée qui donnait au Sherazade cette ambiance intime, presque précieuse, qui le distinguait de tous les autres restaurants du monde aux yeux de l'adorable bibliothécaire.

Ici, on laissait ses chaussures au bon soin du sourire du réceptionniste, en costume traditionnel, avant qu'il ne vous accompagne jusqu'à votre table et ne vous souhaite une très bonne soirée pour repartir dans un discret tintement de babouche cousue de breloques trébuchantes. En temps normal, on ne vous aurez demandé quelle table vous vouliez mais Jinan et Moony venaient si souvent et depuis si longtemps qu'on ne leur posait même plus la question : c'était la table près de la fontaine en zellige qui laissait échapper dans l'air ce doux parfum d'eau de rose.

Moony s'assit à l'indienne sur un énorme coussin de sol en pashmina devant la table basse en bois où on leur servirait le repas. Elle était peut-être des trois convives celle qui faisait le plus tâche dans le décor soigné mais pas surchargé du Sherazade, mais elle était aussi assurément la plus heureuse de se trouver ici. Et ça ne tenait pas qu'à la nourriture. Une serveuse vint les accueillir avec un grand sourire, apportant d'office deux cartes, pour Jinan et Imran, et un jus de grenade anisé à Moony sans que celle-ci ait rien eu à demander.

La jolie écossaise posa son regard sur Jinan avec un doux sourire d'excuse comme Imran commençait à raconter leurs mésaventures de cette journée qui semblait ne plus jamais vouloir se finir. Elle savait bien que si ça n'avait été que de lui, le Sherazade aurait sûrement fini englouti sous une centaine d'autres restaurants, jeté aux oubliettes de la restauration, bien loin derrière le paquet de chips ou de biscuits périmés dont il devait rêver à ce moment précis.

« C'est promis, dès Imran aura trouvé sa lumière je ne t'y emmènerai plus... pendant un mois ? deux mois ? ... c'est long deux mois... », elle sentait que sur ce coup là Jinan allait se montrer très dur en affaire... « Je te jure qu'avec la journée qu'on vient de passer c'est largement mérité. Sept heure du mat, Imran bousille ma baguette. J'étais folle. Juste le jour de mon exam, j'ai vraiment cru que j'allais t'étrangler Imran. Mais c'est même pas ça le pire ! », racontait-elle d'un ton vif qui incitait à s'abandonner à la discussion.

Le Sherazade était très certainement le restaurant préféré de Moony, ça, cela ne faisait aucun doute. Depuis le temps qu'elle l'y traînait, Jinan ne pouvait plus en douter. Mais lui, ça le gonflait. Il fallait se l'avouer, c'était très cliché qu'il y aille, au vue de ses origines, et au début, Jinan avait longtemps pensé que sa meilleure amie, aujourd'hui petite amie, avait choisi ce restaurant juste pour lui faire plaisir, pour qu'il noue des liens avec ses origines orientales. Et même s'il y avait peut-être de cela, Jinan s'était très vite rendu compte qu'en réalité, tout cela faisait rêver Moony, qui adorait cette culture, peut-être plus que certains orientaux. Jinan, lui, n'aimait pas vraiment qu'on l'associe à ce genre de trucs. Non pas qu'il soit mal à l'aise dans le fait d'être typé oriental, non, mais parce qu'indirectement, c'était une manière de montrer toute cette frustration qu'il avait emmagasiné au cours de son enfance contre son père, qui, à ses yeux, représentés tout cela. Jinan en a longtemps souffert, et il en souffre encore aujourd'hui, mais tout cela était désormais une page du passé qu'il lui fallait tourné. Or, même si l'explication de Moony tenait la route, il ne dirait rien aujourd'hui.

Quoique même s'il avait eut quelque chose à redire, la réaction d'Imran lui imposa de garder ses lèvres closes. Imran avait ce petit regard brillant comme s'il retournait chez lui après un long voyage. C'était quelque chose d'amusant, mais aussi de très touchant. Imran avait du mal, cela se sentait, cela se voyait. Disons qu'il n'était pas très patient, et après avoir vécu presque quatre siècles dans un espèce de paradis, voir le monde extérieur devait manqué de saveurs. L'acclimatation serait difficile, mais pour Imran, c'était comme si tout ce qu'on lui avait dit sur l'extérieur était faux. La misère était présente dans certaines rues, et son expérience sur le marché aux trolls n'arrangerait probablement pas son point de vue sur l'extérieur. Intérieurement, Imran ne rêvait que d'une chose : Retourner à Byzance. Mais sa volonté de vouloir trouver sa lumière lui imposait une certaine dignité de sortes à ce qu'il ne se plaigne pas trop. C'était peut-être deux jours, mais pour quelqu'un comme Imran, quelqu'un qui vit tout à cent pour cent, qui se lance passionnément dans tout ce qu'il faisait, observant les choses avec le cœur, et non la raison, avec la naïveté et sans le recul nécessaire, c'était déjà énorme.

Alors, quand Moony eut finit de parler, et qu'ils se soient installés, Imran affichait un sourire enthousiaste, regardant les choses avec de grands yeux. Il finit par se tasser dans son coussin, regardant Jinan, puis Moony, et il murmura : « J'ai presque l'impression d'être à la maison, c'est génial comme endroit, j'espère qu'ils font de la vrai nourriture ! » Jinan esquissa un sourire amusé. Il revoyait la tête d'Imran lorsque Moony lui avait raconté leur journée et leur repas au Wizardburger. Un soupire s'échappa de ses lèvres... Encore un truc qu'il ne pourrait probablement plus mangé avec Imran à la maison. « Par contre, j'espère qu'ils ont du Soda, j'aime bien les bulles. » Imran changea alors de sujets comme si l'on passait du coq à l'âne. « Il n'y a pas de serviteurs pour se laver les mains ? » Demanda-t-il, très sérieusement. Jinan eut un petit rire, secouant la tête. « Viens, on va se laver les mains. Faut aller dans les toilettes pour ça. » La couleur s'échappa des joues d'Imran qui devint aussi pâle qu'un linge. Jinan éclata de rire, et emmena Imran dans les toilettes pour lui montrer le lavabo.


(...)

Quelques instants après qu'Imran et Jinan aient quitté la table, un autre basané fit son apparition dans le restaurant du Sherazade. L'homme à l’accueil blêmit littéralement lorsqu'il vit les canines du vampire qui s'adressaient à lui, en lui demandant s'il avait vu une jolie petite blonde accompagnée de deux garçons dont un lui ressemblant énormément. Il retira ses chaussures à son tour, avant d'entrer dans la pièce principale. L'homme lui montra la fontaine, l'air pas très sûr, avant de laisser le vampire seul. Il vint s'asseoir à côté de Moony, avant de la prendre dans ses bras. « Coucou, toi. »

Emir lui fit un sourire, avant de se grattouiller le visage. « Ils sont où ? » C'est à ce moment-là, qu'Imran et Jinan réapparurent. Imran se figea quelques instants, regardant Emir en fronçant légèrement les sourcils, tandis que sur la figure de Jinan l'on voyait un intense sentiment de joie. Emir se leva alors, avec un grand sourire, avant de s'arrêter devant Jinan. On voyait très bien qu'il avait envie de le prendre contre lui, mais il ne le fit pas. Jinan esquissa un sourire, comme d'habitude. Il comprenait énormément le pourquoi du comment, et c'était très certainement normal qu'il n'ose touché un membre de sa famille en sachant ses antécédents. Par contre lorsqu'il posa son regard vers Imran, Emir se mit à rire, avant de le prendre dans ses bras. Un petit pincement léger au cœur de Jinan, un Imran figé dans la pierre, Emir qui part dans un fou rire, la situation était étrange. Finalement, Imran posa ses mains sur le dos d'Emir, qui recula son torse pour mieux le regarder. Il posa sa main sur la joue d'Imran, et il lui dit : « Allah ta’âla ! Ce que tu as fait à cette catin, mon frère, c'est le plus beau cadeau que l'on ait pu me faire ces quatre derniers siècles. » Emir s'essuya le coin de l'oeil où une larme avait perlé tant il avait rit. Imran se détendit aussitôt, éclatant de rire à son tour, et il dit : « Ca lui va bien, hein ? Elle voulait que je paye pour avoir toucher une de ses femmes ! Comme si un Misra avait besoin de payer pour ce genre d'activité ! »

Jinan eut un petit rire, mais il se tut vite lorsqu'il entendit Emir dire : « Misra ? Comme... Rohan Misra ? » Emir était très sérieux tout à coup, il se recula quelques instants, tournant la tête vers Jinan qui, tout à coup, semblait curieux, comme intrigué. Jinan regarda ensuite Moony, les sourcils levés. Imran bredouilla, prit de court. « Euh... Oui. Oui, oui. Mais... Mais comment tu connais le nom de mon frère ? » Un sentiment de nostalgie et de quiétude étrange traversa le visage d'Emir pour s'y installer l'espace de quelques instants. Jinan ne l'avait jamais vu comme ça. Même avec Siobhán, où Emir semblait totalement normal, fou d'amour, là, Emir avait une fierté qu'ont les grandes personnes de ce monde, une lueur vive dans le regard, et un profil tout à coup impérial. Emir murmura : « Tu es le frère de mes femmes, donc, tu es... Tu es le grand oncle de Jinan. » Rajouta-t-il à la fin, les yeux grands ouverts, comme s'il venait de se prendre un seau d'eau glacé sur la tête. Pour seul réaction, Jinan s'assit, complètement sonné. Imran fronça légèrement les sourcils, regardant Moony et Jinan.

« Tu... Jinan, tu ne le savais pas non plus ? » Jinan secoua machinalement de la tête, regardant Imran autrement tout à coup. Ils s'étaient toujours considérés comme des frères, les meilleurs amis, ils avaient toujours pu se parler de tout quand bien même ils n'avaient pas vécu grand chose ensemble. Cela s'était fait instinctivement, comme s'ils avaient toujours eut cet espèce de connexion étrange qu'ont deux meilleurs amis. Imran posa son regard vers Jinan, puis se mit à sourire. Jinan baissa le regard, souriant à son tour, comme intimidé, puis Imran murmura : « Mais alors... Pourquoi Rohan ne me l'a jamais dit ? » Jinan murmura à son tour : « Pourquoi MON père ne me dit jamais rien... Mais... Pourquoi Rohan me traite-t-il, comme ça ? Je veux dire, il n'a jamais été très démonstratif... » Emir, qui semblait mal à l'aise d'avoir lâché une telle bombe, regarda les deux Djinns, avant de dire : « Je ne comprends pas tout ce secret. Entre lui, et Atesh... Ils auraient au moins pu vous le dire. »  

Jinan haussa les épaules ne sachant plus s'il devait se réjouir, ou juste être dégouté de l'attitude de son père et de Rohan. Il chercha machinalement la main de Moony, comme pour se consoler, c'est à ce moment-là, qu'on vint leur prendre commande.

« Coucou, toi. »

Moony sursauta mais un joli sourire ravi vint ensoleiller sa frimousse quand elle vit que c'était Emir qui venait la prendre dans ses bras. De toute petite, elle avait toujours été dans les bras des uns et des autres, sous les baisers aimants de tous les membres de sa famille, ou leur regard bienveillant. Il n'y avait donc rien de plus naturel que le geste d'Emir à ses yeux. Après tout, il était tout autant que Jinan, un membre de sa famille, du moins c'était comme ça qu'elle le voyait.

« Ils sont où ? »
« Partis se laver les mains. Qu'est-ce que tu fais là ? », demanda-t-elle avec curiosité comme elle savait bien que la nourriture n'était pas vraiment sa tasse de thé.

Il venait pourtant presque tous les dimanches dans les Highlands depuis qu'il était avec Siobhán et c'était un effort qu'Aileen, la mère des filles, appréciait beaucoup. Mais personne ne se voilait la face et, si Moony avait plusieurs fois manqué inviter le vampire dans son restaurant préféré, elle s'était toujours rappelée à la dernière minute que c'était probablement le dernier endroit où il aurait eu envie de la suivre.

La jolie blonde posa les yeux sur Emir, se demandant comment lui et sa soeur ainé géraient ce genre de chose dans leur couple.

C'est justement à ce moment que Jinan et Imran revinrent. Il n'échappa pas à notre écossaise que leur invité était particulièrement tendu chaque fois qu’Émir était là. Jinan lui, tout au contraire, semblait oublié qu'il se trouvait au Sherazade. La présence de son grand-père suffisait à lui rendre le sourire. Malheureusement, cela ne dura qu'une seconde car, lorsqu'il le vit prendre Imran dans ses bras, un voile sombre passa sur son visage. Moony ne dit rien mais elle savait tout ce qu'il pouvait souffrir que les deux seuls membres de sa famille se montre distants avec lui, même si de la part d’Émir, c'était plus par peur de faire mal que par manque d'envie ou par maladresse. Moony sentit comme un pincement au coeur, elle aussi, loin de se douter de ce qui allait se passer ensuite.

« Tu es le frère de mes femmes, donc, tu es... Tu es le grand oncle de Jinan. », l'annonce fit l'effet d'une claque sur les trois jeunes gens. Jinan vint s'asseoir près d'elle tandis qu'Imran échangeait un regard avec eux incrédule. Rajouta-t-il à la fin, les yeux grands ouverts, comme s'il venait de se prendre un seau d'eau glacé sur la tête. Pour seul réaction, Jinan s'assit, complètement sonné. Imran fronça légèrement les sourcils, regardant Moony et Jinan.

« Tu... Jinan, tu ne le savais pas non plus ? »

Moony baissa le regard. C'était quelque chose qu'elle n'était pas capable de comprendre. Sa conception de la famille était à des années lumières de celle des Jawhari. Du moins de celle du père de Jinan. Moony n'avait jamais compris pour quelles raisons les choses avaient tournées de cette manière.

Il lui était déjà difficile à elle d'envisager une famille qui ne consiste qu'en trois ou quatre personnes. Que dire donc de tout cela ? Émir semblait partager sa consternation, Jinan lui, glissa sa main dans la sienne, cherchant un brin de réconfort. Doucement, elle serra plus fort ses doigts autour des siens et leur lumière apparut sous le couvert de la table, en une fine poussière bleue.

Moi je serais toujours là, pensa-t-elle en espérant qu'il entendrait.

« Mais alors... Pourquoi Rohan ne me l'a jamais dit ? »
« Pourquoi MON père ne me dit jamais rien... Mais... Pourquoi Rohan me traite-t-il, comme ça ? Je veux dire, il n'a jamais été très démonstratif... »
« Je ne comprends pas tout ce secret. Entre lui, et Atesh... Ils auraient au moins pu vous le dire. »

Juste à ce moment-là, un élégant serveur leur apporta un plateau de diverses préparation en briques et feuilletés, un bol d'ezme, des petites verrines de kizir et de caviar d'aubergine.

« Mais Émir, qu'est-ce que tu faisais dans un bordel ? », demanda Moony pour chasser le lourd silence qui s'était installé.

Jinan serra un peu plus fort que d'habitude la main de Moony, comme s'il espérait trouver le réconfort nécessaire à ce qu'il venait de ressentir. Ce qu'il trouva. Muadhnait et lui avaient toujours su se remonter le moral sans jamais avoir à faire grand chose, comme si la présence de l'un vers l'autre suffisait à guérir tous leurs maux, toutes leurs douleurs, toutes leurs souffrances, quelles soient passagères, ou étalés dans le temps. Et c'est ainsi que Jinan retrouva plus ou moins vite son sourire sur ses lèvres, tandis qu'Imran s'asseyait à son tour, comme s'il flottait sur un petit nuage. Son regard vers Emir avait alors changé, comme si cette annonce avait suffit pour lui retirer toutes ses inhibions au faites qu'Emir soit un vampire. Ce n'est que lorsqu'Imran échangea un regard vers Jinan, que ce dernier se sentit beaucoup mieux, comme si rien de tout cela ne s'était passé. Au final, cela ne changerait probablement pas grand chose à leur relation, si ce n'est la rendre plus... Plus officielle en quelque sorte.

On posait les plats devant eux, lorsque Moony demanda au vampire : « Mais Émir, qu'est-ce que tu faisais dans un bordel ? » Emir éclata de rire, comme s'il s'était attendu à cette question depuis le début de leur conversation. Jinan fronça légèrement les sourcils, tandis qu'Imran, qui n'avait alors pas encore regarder les plats posés devant lui. Emir répondit : « Rien qui ne compromette mon amour envers ta soeur, Moony. Juste des trucs de vampires. » Il n'en dira pas plus, mais dans son regard plein de lumières, encore chaud de son étreinte avec Siobhán de la veille, on ne voit aucune trace de mensonges. De toute manière, il n'a rien à gagner à mentir. Surtout pas à Jinan et Moony. Il tenait beaucoup trop à eux pour faire ce genre de choses.

Jinan eut un sourire comme s'il voulait se venger de quelque chose, demandant : « Quels trucs ? » Emir soupira. Il n'avait pas envie d'en dire plus, mais les propos de Sashka comme quoi ils étaient peut-être prêt à en entendre un peu plus sur sa propre vie le poussa à répondre. « Je travaille pour la Reine des Damnés. » Imran écarquilla grands ses yeux, mais alors qu'il s'apprêtait à dire quelque chose, Emir posa sa main sur la sienne, en lui disant, droit dans les yeux : « Tu n'as pas à t'en faire, Imran. » Jinan regarda Moony, puis dit : « Ça sent bon ! »

Le frère du Sadrazam regarda Emir longuement comme s'il le jugeait. Mais à aucun moment le vampire ne rompit leur échange silencieux. Finalement, il sourit, regardant Jinan puis Moony, et enfin les plats. Ses yeux se mirent à briller, et il ne put s'empêcher de dire qu'il était heureux de voir enfin de la nourriture comme il l'aimait. Emir esquissa un sourire, regardant les plats qu'il aurait très probablement adoré manger s'il n'avait pas été vampire. Il eut un sourire en regardant Jinan et Moony, puis les embrassa et se retira doucement.

Savoir qu'Emir s'était rapproché d'un personnage qui se faisait appeler la "Reine des Damnés" ne rassura guère Moony. Mais la blondinette ne dit rien du tout. Ca avait au moins le mérite d'apporter un nouveau sujet de conversation sur la table, en même temps que de délicieux plats d'ailleurs. Tout le long du repas, elle garda discrètement un oeil sur son auror en herbe mais elle laissa la conversation suivre son cours, Imran se chargeant d'apporter le principal de la matière.

Mais quand ils rentrèrent à l'appartement, après avoir "couché" Imran (c'était marrant à dire mais parfois Moony avait l'impression d'avoir un gamin à la maison), ils se retrouvèrent dans la chambre. Lui avec son petit air de rien et elle dans son habituel "pyjama avec les chiens" les mains cachées dans le dos. L'odeur de poulet frit la trahissant, Moony ne tarda pas à sortir un petit paquet en papier rouge et blanc typique de ce fast food dont ils raffolaient tous les deux mais qu'Imran aurait probablement détesté.

« Pour me faire pardonner le Sherazade... », minauda-t-elle en lui tendant le petit sac alléchant.

Elle grimpa sur le lit, le gratifiant d'un petit sourire adorable. Elle n'était pas vraiment sûre de vouloir lancer le sujet d'elle-même. Elle préférait qu'il y vienne de lui-même et en même temps, il fallait qu'il en parle au moins avec elle plutôt que de tout garder pour lui.

Comment lui faire faire le premier pas sans avoir l'air de rien ?

« Je t'aime Jinan. », fit-elle en s'allongeant de son côté du lit.

La petite blondinette replia les jambes contre elle, tirant sur son pyjama pour couvrir un peu ses cuisses, machinalement.

« Pour me faire pardonner le Sherazade... » Jinan s'était retourné vers Moony, amusé. Il ne dit rien, l'observant avec des yeux pleins d'amour. Il saisit la poche, la posant sur sa table de chevet, avant de la regarder une seconde fois. Il hocha brièvement de la tête, retirant son tee-shirt et son pantalon pour s'allonger sur le lit. Elle n'y était pour rien, mais depuis qu'ils étaient revenus du Sherazade, Jinan avait eut ce poids sur son ventre, sans trop savoir comment s'en débarrasser. Voir son grand-père prendre tout le monde dans ses bras sauf lui et apprendre encore une fois un superbe secret de famille - Même s'ils avaient pu faire bien pire - étaient toujours quelque chose qui lui restait sur l'estomac comme s'il était fatigué de voir répéter ses mêmes faits, ses mêmes gestes, comme s'il n'en sortirait jamais, et que, famille signifierait toujours emmerde, pour lui. Il regarda Moony revêtir son affreux pyjama, avec un sourire amusé, malgré sa mine déconfite. Il ne put s'empêcher de rire après quelques instants. Il lui murmura : « Et pour ça ? Comment vas-tu te faire pardonner ? »

Pour toute réponse, Muadhnait grimpa sur le lit avec un sourire sur son visage. Quelque chose lui trottait dans ses pensées car elle lui donnait l'impression qu'elle marchait sur des oeufs. Il ne dit rien car elle le connaissait un peu trop bien. Elle allait sûrement élaborer un plan sans faille pour réussir à lui extirper les informations nécessaires à son mal être, et à son besoin de réconfort dont il avait souvent besoin, étant donné l'état déplorable de ce qu'il restait de sa famille : Un père avec deux mains gauches, ne sachant pas comment s'y prendre pour établir un réel lien avec son fils et un grand-père qui n'ose vous prendre dans ses bras de peur de vous bouffer la moitié du visage. Autant vous dire que parfois, il en supportait plus qu'il n'en avait besoin.

« Je t'aime, Jinan. » L'Auror sentit son coeur émettre un battement d'une rare intensité. Machinalement, il s'approcha d'elle, l'enlaçant de ses bras, avant de lui répondre que lui aussi, il l'aimait. Il ne blottit sa tête contre la sienne, laissant passer un ange, avant de lui répondre quoique ce soit car son je t'aime était lourd de signification, et le premier était très certainement qu'il pouvait parler de ce qu'il le tracassait car elle serait là pour l'écouter. Son coeur se serra, et finalement, après une profonde inspiration, il dit, dans un sourire jaune : « Tu sais comment t'y prendre pour me faire parler... » Un silence s'installa. Ca le tracassait, car cela lui faisait éveiller énormément d'émotions pour si peu. Et la jalousie, c'était quelque chose qu'il n'aimait pas. Surtout lorsqu'il s'agissait d'Imran, de gens qu'il aime. Mais ce n'était pas la seule chose qu'il avait sur le coeur. Il avait parlé à sa mère de ce qu'elle devait leur dire, leur faire part de son choix cornélien, entre son amour, ou sa famille. Vivre éternellement et voir décrépir les siens sans changer physiquement, ou vieillir en même temps que eux, et laisser l'emprise du temps vous arracher petit à petit à cette terre si aimante, mais loin d'être parfaite.

Finalement, il murmura tout bas : « Ça me déchire le cœur à chaque fois... Emir vous prend dans ses bras, il est tactile avec vous, et moi... Moi, rien. Il me regarde, il me fait me sentir bien, mais quand je vous vois dans les bras de mon grand-père, ça me... » Il n'en dit pas plus, honteux de ressentir ce genre de sentiment. Il cacha son visage dans le cou de Moony. « Puis... Imran, c'est mon oncle. C'est... Combien de secrets me cachent-ils encore ? » Jinan soupira, fermant ses paupières le plus fortement possible pour ne rien laisser paraître. Il serra un peu plus Muadhnait contre lui. Quelques instants passèrent, mais elle ne dit rien, car elle se doutait qu'il y avait autre chose. Jinan finit par ajouter, retenant in extremis un sanglot qu'il eut du mal à cacher. « Puis... Puis, j'ai fais le con, Moony. J'ai... J'ai parlé de ton choix à ta mère. J'ai peur de ton choix... Et... En même temps, je le trouverais normal. C'est normal que tu choisisses ta famille. Mais ça me broie le coeur. Juste quand toi et moi, on ... »

Une larme perça ses défenses, coulant dans le cou de Moony. Il serra les dents, prenant une profonde inspiration. « Je t'aime tellement Moony, je veux pas te perdre, je te jure, tu es ce qui met arriver de mieux dans la vie, et tout ce que j'ai fais jusque là... Je crois que je l'ai fais pour t'impressionner. » Il se blottit un peu plus contre elle, puis il reprit dans un murmure saccadé, comme secouer de larmes invisible. « Je lui ai dis que tu avais ce choix... Mais je lui ai pas dit ce qu'il en retournait. J'aime tellement ta mère, et elle me connait si bien... J'ai pas su lui mentir. » Jinan défit son étreinte, se reculant dans le lit pour aller se rouler en boule de l'autre côté du lit. Il s'essuya les yeux à la lumière de la lune, avant de remettre correctement la couverture sur ses épaules nues. « J'espère que tu arriveras à me le pardonner, Moony... Bonne nuit. »


Dans la pièce d'à côté, Imran ronflait déjà.

Elle voyait bien que ce n'était pas facilement pour lui de se confier, même à elle. Ca n'était pas nouveau. Depuis toujours, Jinan avait tendance à se replier sur lui-même quand quelque chose n'allait pas, quitte à se fâcher avec la seule oreille qu'on voulait bien lui prêter pour être sûr d'être vraiment seul, sans personne avec qui parler. La première fois qu'il lui avait fait le coup, ils ne s'étaient plus parlé d'une semaine. Ils avaient quelque chose comme douze ans. Avec le temps, Moony avait appris à approcher le fauve sans se faire bouffer ou à le laisser tranquille quand il ne voulait rien savoir.

« Tu sais comment t'y prendre pour me faire parler... »

Elle eut un petit sourire chafouin de la peste qui n'entendait pas s'arrêter en si bon chemin même après avoir été prise la main dans le sac. Après ça, elle le laissa parler sans l'interrompre. Il avait besoin de vider son sac et, même si elle ne pouvait vraiment rien faire pour arranger les choses, elle pouvait au moins l'écouter et pour le moment ce serait suffisant.

. « Puis... Puis, j'ai fais le con, Moony. »

Blottie dans ses bras, l'écossaise fronça les sourcils, se demandant de quoi il pouvait bien parler. Elle s'écarta juste assez pour chercher ses yeux noirs, ses doigts courant sur son avant-bras en laissant de jolies traînées bleues sur sa peau couleur caramel. Il expliqua difficilement comment il s'était confié à sa mère à elle, ramenant sur le tapis le sujet qu'ils avaient soigneusement évité jusque-là. Puis tout à coup il se referma. Elle le sentit s'échapper puis lui tourner le dos :

« J'espère que tu arriveras à me le pardonner, Moony... Bonne nuit. »

Dans la chambre d'à côté, elle entendait Imran ronfler. Curieusement, ça cassait l'ambiance un brin mélodramatique autant que ça lui mettait du baume au coeur. Elle passa la main dans ses cheveux et s'allongea sur le ventre, le menton posé sur ses poings et ses yeux sur l'épaule de Jinan.

« Tu n'as pas à t'excuser Jinan. Ma mère t'aime comme un fils. D'ailleurs elle t'aime probablement encore plus que ça vu qu'elle a pas eu de fils. », fit-elle pour détendre l'atmosphère, « Tu avais tout à fait le droit de lui en parler. Tu fais partie de la famille. Ma famille. »

Comment le lui dire maintenant ? Elle ne voulait pas perdre trop de temps à dérouler son fil mais elle ne voulait pas lâcher ça comme elle aurait pu sortir n'importe quelle banalité au petit déjeuner. C'était quelque chose d'important. Elle posa la main sur son épaule pour qu'il se retourne, pour qu'elle puisse le regarder dans les yeux. Elle sourit tendrement et finalement :

« Je l'ai déjà fait mon choix Jinan. Depuis le début. Depuis le Poudlard Express je crois en fait... »

Chacun des mots de Muadhnait résonnaient dans la tête de Jinan, qui ne s'était toujours pas retourné vers elle, sentant son propre cœur se serrait sous la pression, avec la peur d'entendre ce qu'il ne voulait pas entendre. « Je l'ai déjà fait mon choix Jinan. Depuis le début. Depuis le Poudlard Express je crois en fait...  » Jinan se figea. Sa respiration se coupa, et il se défit des bras de Moony, pour se retourner vers elle. Il se redressa quelques instants, l'observant avec des yeux candides, le regard embué de larmes de bonheur, puis, il leva une de ses mains à la hauteur de ses lèvres comme pour se contenir. Non, il ne pouvait sauter de joie. C'était quelque chose qu'elle avait du mûrement réfléchir, et devoir regarder vieillir sa famille sans prendre une ride devait être quelque chose de violent à ressentir. Jinan laissa retomber sa main, puis il baissa le visage, observant les plis du drap à la lueur de la lune. Il se passa une main dans les cheveux, avant de sentir ce qu'il était entrain de ressentir. Son petit côté égoïste semblait jubiler, et son cœur semblait devenir de plus en plus rapide. Il esquissa un sourire sur ses lèvres, se passant doucement la langue sur ses lèvres. Jinan ne pouvait s'empêcher de voir la beauté de son geste, et en même temps, ce qu'elle avait fait, semblait le combler. Elle sacrifiait, entre guillemets, ses parents pour lui. Son amour pour lui était plus fort que pour ses parents. Elle acceptait alors de tourner le dos à tout pour lui.

Il se sentit rougir de ressentir ça. C'était nul et il le savait, mais Jinan avait cette impression bizarre d'être la seule chose qui comptait réellement pour elle maintenant. Comme s'il était au centre de son univers, et pour Jinan, c'était véritablement la première fois qu'il se sentait ainsi. C'était quelque chose de très intense pour lui. Il se retourna alors, et s'approcha de Muadhnait avec un sourire plein d'amour. Ses yeux étaient toujours embués de larmes, mais il se fichait bien maintenant qu'elle ne voit ses larmes, qu'elles soient de joie ou de tristesse. Jinan retira alors son tee-shirt, avant de passer chacun de ses bras autour de sa tête à elle, puis il se pencha pour l'embrasser. Un baiser timide, mais qui laissait présager à quelque chose de plus intense dans ce qui allait se passer ensuite. Il leva une de ses mains, s'appuyant sur son autre bras pour lui caresser délicatement le visage, et là, une douce lumière verte s'éleva alors. Une espèce de poussière voleta à quelques centimètres du visage de Moony, sous le regard émerveillé de Jinan, qui la contempla quelques instants avant de reposer ses yeux noirs dans les yeux bleus de Moony. Il lui murmura alors : « Je suis ton Green Lantern et toi, tu es ma Carol Ferris. »

Jinan se pencha de nouveau vers elle, et cette fois, il n'y avait plus de timidité. Seulement la passion, et l'amour. Il l'embrassa comme si sa vie en dépendait, tandis qu'avec sa main libre, il chercha à la passer sous son pyjama, qui, franchement, ne payait pas de mine. Mais là, il s'en fichait. Il n'avait pas envie d'en rire, il avait envie de la posséder toute entière, de la faire sienne, de ne faire plus qu'un avec elle. Elle sacrifiait tout pour lui, c'était ce qu'il comprenait dans ce qu'elle venait de lui dire. Il ignorait bien, même si inconsciemment il s'en doutait, qu'elle faisait cela par amour pour lui. Mais il ne pensait déjà plus. Pour tout vous dire, son corps brûlait déjà de plaisir, et il n'avait qu'une envie, c'était de la mettre dans le même état que lui. Il se redressa quelques instants, poussant les draps, avant de l'enjamber. Il ne parvenait pas à défaire avec une seule main son chemisier, alors, il se pencha vers elle, déboutonnant les boutons un à un en partant du haut, posant alors ses lèvres sur son corps, jusqu'à pouvoir lui embrasser les seins. Il ouvrit son chemisier, sous un panache et avec panache de lumières vertes, dont on percevait la lumière dorée de Jinan. Son bras où les inscriptions étaient apparus lors de la lune bleue à Byzance s'était illuminé de sa propre lumière.

S'il ne se retournait pas pour la prendre dans ses bras maintenant, elle ne savait plus comment l'atteindre. Les secondes semblaient des heures. Moony se pinça la lèvre mais Jinan se retournait vers elle. Elle le gratifia d'un petit sourire teinté d'un brin d'appréhension. Bien sûr elle savait qu'il accepterait sa décision, mais malgré tout, elle ne savait pas pourquoi ses yeux cherchaient une réponse dans ceux de Jinan. Il se déroba une seconde avant de retourner vers elle des yeux embués de larmes qui n'allaient probablement pas couler mais qui scintillaient de bonheur même à contre-jour. Elle leva la main pour lui caresser le bout du nez de l'index. Il retira son t-shirt et automatiquement, comme chaque fois, de gourmandes petites fossettes se mirent à sourire malgré elle à la commissure de ses lèvres.

Elle tendit la joue pour aller chercher la caresse de sa main contre sa joue. Leurs lumières se mêlèrent l'une à l'autre dégageant cette fine poussière luminescente couleur de pomme qui leur faisait battre le coeur à chaque fois. A ses yeux à elle, il n'y avait rien de plus merveilleux que cette lumière. Elle aimait cette lumière autant qu'elle aimait leur couple, depuis le début.

« Je suis ton Green Lantern et toi, tu es ma Carol Ferris. »
« Je serais une amoureuse bien plus constante... », promit-elle.

Elle glissa ses doigts dans ses cheveux noirs comme elle aimait tant le faire. Jinan croqua dans son sourire amoureux. Elle sentait la chaleur de sa peau à nue, juste au dessus d'elle. Ses mains glissèrent sur ses épaules. Son ventre se creusa sous les doigts du jeune homme qui, dans leur impatience, lui donnaient le sentiment d'être la dernière goutte d'eau de l'univers, la dernière étoile dans le ciel...

Doucement, elle se cambrait sous ses lèvres, le guidant sans vraiment le vouloir en posant ses mains sur ses épaules. Ses mains ne savaient plus si elles voyaient se perdre dans ces magnifiques cheveux noirs, ou soulever cette fine poussière d'or vert en caressant sa peau quitte à s'y brûler les doigts. Quand il posait ce genre de promesses sur sa peau, elle n'avait jamais les idées claires. Elle se sentait de plus en plus impatiente et sa pudeur s'endormait, sans doute lovée dans le creux de l'épaule de Jinan.

Sans savoir comment, elle glissa hors de son bas de pyjama, emportant avec lle caleçon de Jinan dans une caresse. Leurs corps se collèrent l'un à l'autre, feignant de s'étreindre déjà. Leurs souffles se mêlaient et comme la prolongation de leur âme, s'allumaient de flammèches d'or, de saphir et de jade avant de s'évanouir dans un baiser ou une caresse, en poussières précieuses et fugaces.

« Viens... », supplia-t-elle en faisant courir ses baiser de la nuque au torse de son amant.

Elle était toujours timide dans le verbe mais dans le corps, elle ne rougissait de rien, tant qu'elle était dans les bras de son Jinan.

Chacune de ses caresses dans ses cheveux, ou sur sa peau, l'excitait toujours un peu plus. Ses gestes étaient précis, mais Jinan ne savait plus quoi faire. Sa passion était à son paroxysme, et son envie commençait à le rendre fou. Il ne savait plus s'il devait attendre chacune de ses caresses, ou s'il devait continuer tant le plaisir était grand. C'était quelque chose de tellement plaisant. Il se souleva quelques instants presque machinalement lorsqu'elle posa ses mains sur son bassin pour lui retirer son caleçon, tout comme elle retira son bas de pyjama. Aussitôt, il se pencha, lui embrassant le creux du ventre avec douceur, faisant glisser l'une de ses mains le long de sa cuisse, mais déjà, elle le rappelait à lui pour l'embrasser avec passion, lui demandant alors, d'y aller, utilisant ce mot, ce verbe avec une timidité qui contrastait avec ce que son corps faisait. Elle le cherchait, elle le voulait pour lui, elle ne voulait plus que faire un à son tour. Jinan lui écarta alors ses jambes avec une de ses mains pour s'y glisser, puis, la seconde d'après, il entrait dans la porte du plaisir avec un soupir d'extase.

Si au début, chacun de ses va-et-viens se firent timides, Jinan trouva rapidement l'envie et le plaisir de presser un peu plus le pas, lui baisant chaque partie de son corps accessible de ses lèvres, lui mordillant l'oreille, frottant sa joue contre la sienne. Le plaisir allait grandissant et les soupirs se faisaient chaque fois plus fréquemment. Leur corps s'épousait l'un et l'autre dans une danse qui n'était que la leur. L'amour qui les unissait s'exprimait toujours un peu plus à mesure que la lumière verte s'élevait de leurs caresses. Une vive lumière verte semblait les entourer sans pour autant les illuminer.

Jinan se retira tout simplement au bout de quelques instants, en plein milieu de ses va-et-viens pour lui tapoter la cuisse, comme pour lui annoncer qu'il comptait la changer de position. Il l'aida à prendre la position qu'il souhaitait qu'elle prenne, l'embrassant dans le dos, jusque dans le creux de ses reins, avant de se redresser pour rapprocher son bassin. Leur bassin s'épousèrent de nouveau, Jinan eut un feulement de plaisir, avant de prendre ses aises pour reprendre ses mouvements de va-et-viens avec plus d'intensité, plus de passion. Il ne pensait à plus rien, sinon à cette envie, à ce plaisir qui viendrait au bout.

Lorsque le plaisir se fit plus pressant, ses feulements se firent plus fréquent, ses gestes plus rapide, plus intense, plus fort peut-être. Enfin, lorsque vint la fin, qu'il se cambra sous le plaisir, Jinan s'immobilisa quelques instants, reprenant son souffle, sa respiration saccadée. Il eut un léger sourire qui plana quelques instants sur ses lèvres, puis, il se retira, avant de se laisser tomber à côté de Moony, l'air apaisé, son torse se levant au rythme de sa respiration. Il tourna la tête vers elle, la lumière disparaissant peu à peu, tout doucement, un sourire sur ses lèvres. Il approcha son visage d'elle, et déposa un baiser sur ses lèvres, avant de toucher son front avec le sien, plus amoureux que jamais.

Les caresses de Jinan, à la fois tendres et jalouses, auraient pu lui faire oublier tout de ce qui pouvait bien la préoccuper. Moony ne savait plus qu'une chose à cet instant-là, c'était que si le paradis existait, il était là. Dans les bras de Jinan, contre sa peau. Elle se donnait à tous ses baisers, les siens esquissés entre deux soupirs pour mourir de plaisir sur le corps de Jinan.

Elle gémit de plaisir quand il céda à sa supplique voluptueuse, son corps irradiant de plaisir sous les attouchements fluides qu'ils se prodiguaient l'un l'autre, le corps soudé dans une danse suave et langoureuse à laquelle Jinan semblait vouloir donner des airs de tango argentin. Parfaitement abandonnée à lui, doucement mais fermement, Moony passait une jambe autour des reins du jeune homme pour apporter un peu de stabilité à leur jeu amoureux et pousser le plaisir un peu plus loin encore. Quand il n'y tint plus, ils quittèrent leur première étreinte pour s'essayer à une autre. La jeune écossaise se cambrait alors de plaisir, étouffant des gémissements plus marqués dans le moelleux de l'oreiller, ou dans le creux de sa main qui serrait les draps de toutes ses forces.

Sur ses lèvres, les noms les plus doux passaient en caresses implorantes pour la seule oreille de son grand amour. Quand enfin l'ardeur céda la place à l'épuisement, il s'allongea tout contre elle, front contre front.

La fatigue pesait doucement sur ses épaules comme un drap qu'on aurait tiré pour l'inviter à s'endormir. Elle plongea son regard dans celui de Jinan et ferma les yeux, un sourire amoureux sur les lèvres.