La demoiselle, radieuse comme toujours, apparut un sourire aux lèvres ne détachant plus son regard de son hôte au visage ténébreux et pourtant séducteur. Toute sa vie il n'avait fréquenté que des filles faciles, peu farouches, voire même peu fréquentables, des jeunes femmes qui en un sens étaient le reflet de lui-même, faisant partie de son monde trop sombre, bien qu'il lui arrivait souvent de corser ses jeux sadiques en faisant tomber dans ses bras des petites ingénues quelque peu effrayées qui finissaient toutes par succomber. Ange n'en faisait guère partie, il la trouvait unique, inclassable, mais elle n'en demeurait pas moins la brebis que le loup se devait de croquer et sur laquelle le piège se refermerait. Aussi l'Islandais portait sur lui les effluves sombres mais légères des regrets qu'il avait déjà à son encontre ; refermer le piège sur la jeune femme c'était sans doute se trahir lui-même et son palpitant qui semblait revivre, alors que ne pas mener à terme ce qu'il se devait de faire c'était aussi se tromper sur sa véritable nature. Elle avait beau être radieuse et le faire sourire, il avait beau se sentir plus humain à ses côtés, il ne pouvait effacer sa véritable personnalité d'un claquement de doigts. Tyler demeurerait toujours ainsi ; trop violent et impulsif bien que posé et réfléchi, galante et gentleman bien que rustre à ses heures ; un véritable paradoxe incernable et une énigme à lui seul, sans compter qu'il demeurerait toujours ce mangemort dangereux et insensible aux cri de terreur de ses proies. Si elle savait, la pauvre Ange aux ailes brisées, combien de cadavres il avait fait tomber, combien de fois il s'était mué en tueur sadique couteau en main, combien de fois il s'était montré impulsif et sans coeur... Alors au final, n'était-ce pas la protéger que d'éviter d'avoir pour elle quelconques sentiments, c'était ce que Carlson s'évertuait à se dire, tentant de nier catégoriquement qu'il sentait son palpitant qu'il pensait mort, battre un peu plus vite à la seule pensée de Ange. Un fait qui ne devait pas être, le mangemort s'était toujours évertué à refouler et rejeter tout sentiment positif de ce genre, ce n'était pas pour lui, c'était un domaine qu'il ne connaissait pas et qu'il ne voulait pas connaitre, il ne s'accomplissait que dans la barbarie et le sang, pas dans le coeur et les yeux d'une autre. Ce soir donc, le jeune homme paraissait partagé, mais ce fut finalement sa véritable nature qui l'emporta ; il fit taire ce maudit palpitant semblant revivre à la vue de la divine jeune femme, et garda pour lui son visage sombre malgré son sourire amical et se voulant chaleureux. Car il ne voulait pas que cette histoire ne porte plus loin, il ne voulait pas se laisser emporter par une affaire de sentiment qui n'avait pas lieu d'être, il ne voulait pas sentir cette humanité l'envahir. Lui qui s'était toujours sentit exclu et incompris, tout en étant pourtant fort et coriace, s'était construit son propre monde où les faibles n'étaient pas acceptés, où il régnait dans toute son arrogance, où les choses étaient si aisées : sang et luxure. Pourquoi donc bouleverser ce monde-ci alors qu'il s'y plaisait tant , autant de questions et de réponses contradictoires s'entrechoquant dans son esprit qui le troublèrent d'autant plus. L'homme demeurait pourtant trop sombre pour oser prétendre à une affaire sentimentale, c'était ce qu'il finissait toujours par se dire après ces brèves réflexions, et s'il pensait à la douce Ange c'était simplement parce qu'elle était devenue son obsession du moment : il se devait à tout prix de l'enrôler.

La laissant alors entrer dans son loft aux couleurs épurées, il esquissa un sourire quant à la tirade de la jeune femme. Si la brebis n'était pas effrayée d'être dans l'antre du loup, c'était qu'il avait dès lors acquis une partie de sa confiance et que les sens de la demoiselles étaient endormis. Tyler avait déjà mené une partie de sa mission à bien, il était parvenu à lui faire effacer les préjugés, pourtant vrais pour la plupart, que la belle avait pu avoir pour lui, ne montrant dès lors que la facette la plus douce à la belle auror. Le regard de l'Islandais suivit dès lors l'oeillade de la jeune fille posé sur le piano ; un point auquel sans doute Carlson ne lui avait jamais touché mot ; sa passion pour cet instrument était grande, et il était presqu'injuste de voir qu'un être aussi cruel pouvait jouer aussi divinement bien et laisser s'échapper des notes aussi pures. La voix du mangemort résonna alors, grave, suave et basse, portant sur elle des effluves charismatiques à vous en faire frissonner l'échine.

TYLER. - « Je jouerai un morceau seulement pour toi, si tu le désires bien sûr. »

Ce soir, le diable se voulait atrocement séducteur, quoi de plus agréable finalement que de s'entendre dédier une chanson magnifique jouée seulement au piano, là où il n'ignorait pas qu'Ange avait déjà joué de cet instrument. De quelques pas lents, sans jamais la quitter du regard, Tyler contourna la jeune femme afin de ne plus avoir vue seulement sur les courbes de son dos délicat, accrochant dès lors son regard satiné.

Ange – « Ton loft est sublime .. »

Pas de réponse, seulement son éternel sourire en coin un peu trop ténébreux, alors que le jeune homme dans un geste inhabituellement doux mais aussi inattendu, s'empara doucement de la main de la demoiselle avant de le frôler de ses lèvres dans un baiser chaste, reposant ses yeux sombres et qui se voulaient amusés sur le visage de la demoiselle. Néanmoins le diable ne voulait qu'attiser un peu plus le désir de la demoiselle, tentant de la frustrer peut-être en lâchant une tirade dans un murmure qui sans doute la ferait rire, mais qui lui laissait percevoir que le geste avait tout d'amical, sans se trouver être une quelconque déclaration. Car il ne pouvait se permettre de se laisser aller trop vite au jeu du flirt, après tout la demoiselle devait sans doute ne tenir qu'à leur "amitié" sans vouloir aller plus loin. Voilà pourquoi là où habituellement Tyler aurait murmuré quelques mots charmeurs, il s'évertua à faire une légère pointe d'humour afin de faire sourire la belle.

TYLER. - « Le baisemain permet de voir si les bijoux sont vraiment en or. Technique de voleur gentleman accompli. »

Un sourire amusé alors qu'il releva ses prunelles d'ébène sur la jeune femme avant de se redresser, tenant toujours délicatement sa main dans la sienne afin de l'entrainer galamment sur le canapé écru. Le jeune homme s'assit alors, à une distance raisonnable de la belle auror afin de ne pas vouloir précipiter les choses, se tournant dès lors vers elle et accrochant son regard sans ciller. Une nouvelle fois, le mangemort tenta l'approche tactile, souhaitant inconsciemment sentir les légers frissons parcourir la peau d'Ange sous ses doigts, il dégagea quelques mèches de cheveux de cette dernière non sans frôler dans une caresse qui se voulait involontaire mais qui ne l'était pas, le cou opalin de la jeune femme. Son regard se fit étrangement plus sérieux tandis qu'il ne cillait toujours pas, sa voix tel un murmure suave rompant alors le silence apaisant des lieux, dans une intimité tamisée à la lueur des bougies.

TYLER. - « J'aimerai savoir ce qui se cache derrière ces beaux yeux. Ce tu ressens vraiment, ce que tu penses vraiment, si ce sont de vrais sourires que tu as pour toi. J'ai parfois l'impression que tu ne te sens pas à ta place, j'aimerai pouvoir t'aider. »

Son regard se planta dans les yeux satinés de la demoiselle, avant même de se plier aux normes de l'hôte qui impliquaient qu'il se devait de lui offrir un verre, Tyler commençait déjà la conversation. A croire que le loup s'impatientait, et qu'il désirait voir son piège se refermer au plus vite.

Elle avait un divin sourire, des yeux pétillant de joie et un rire débordant de gaieté ; elle demeurait ce rayon de soleil qui lui manquait pour dissiper ses sombres nuages, le vent frais soufflant sur son monde trop ténébreux. L'ange gardait ce visage radieux tandis que le diable portait sur lui les effluves sombres mais séduisantes de son sourire. Tout chez Tyler, de la personnalité jusqu'à l'apparence demeurait enveloppé d'un halo mystérieux et obscur, tandis qu'elle, rayonnait. Jamais, il n'avait fait attention à l'ancienne Gryffondor lorsqu'il s'était trouvé à Poudlard, la pensant inintéressante et légèrement agaçante, elle et sa bonne humeur perpétuelle. Il était tout de même faux d'avancer que Tyler n'avait jamais lui aussi ses peines et ses joies, seulement ses sourires et ses rires étaient toujours teintés de ces effluves sombres ou cyniques, rien qui ne soit jamais vraiment humain ou pleinement lâché dans des rires cristallins. Aujourd'hui par la force des choses, l'Islandais avait été contraint de se rapprocher de l'Auror, une obligation au début teintée de sourires hypocrites et d'une attitude chaleureuse et amicale poussée, qui au fil du temps était devenu naturel, un réel plaisir, la volonté de demeurer encore et toujours à ses côtés lorsque l'heure du rendez-vous sonnait les au revoir. Lui qui pourtant aimait son indépendance et sa liberté, voilà qu'il avait ses pensées tournées vers une jeune femme, pour la première fois de sa vie sans doute. Une Auror de surcroit, celle qui sans doute il se devait d'affronter un jour ou l'autre sur le champ de bataille, celle qu'il se devrait peut-être un jour de tuer, celle qui un jour ou l'autre comprendrait que derrière l'homme charmant se dissimulait le cruel Jack l'éventreur. Et alors elle voudrait sa peau, quoi de plus naturel. Tyler ne se formalisa pas de ces pensées là, en vérité ce qui le troublait c'était encore de sentir ce palpitant s'éveiller à la vue de la jeune femme. Pourtant il connaissait depuis peu une autre jeune fille particulière ; si Ange lui rendait le sourire et le faisait se sentir bien, la petite serdaigle, elle, lui apportait une douceur qu'il ne connaissait pas... Mais le mangemort la jugeait trop jeune, quand l'auror qu'il avait en face de lui et qu'il se devait d'attirer dans ses filets avait l'âge d'une jeune femme en fleurs. Que ferait-il donc, une fois le piège renfermé, une fois qu'elle aurait éventuellement rejoint les mages noirs, une fois qu'il se devait de révéler sa véritable nature à la belle. En avait-il vraiment envie, après tout il y avait déjà longtemps, après de nombreux rendez-vous déjà, que Tyler ne s'efforçait plus d'être chaleureux et charmeur, c'était Ange qui le rendait ainsi ; toujours aussi entier, ce sourire toujours un peu sombre, mais plus humain et plus vrai, comme si toutes ces différences qu'il portait en lui étaient balayées d'un revers de main. Plus d'une fois dans ses pensées, le jeune homme avait songé l'avoir dans ses bras pour humer son parfum, et ce sans une de ces sempiternelles arrière-pensées qui lui traversaient habituellement l'esprit, sadiques, perverses et parfois cruelles. Il n'y avait rien, seulement cette sensation de plénitude, cette volonté de partir à la rencontre de ces lèvres, loin du monde trop ténébreux qu'il s'était forgé... Mais la réalité était tout autre, et Tyler avait choisi son devoir à son coeur, sans doute avait-il également peur de ne ressentir quelque chose de trop fort pour la belle, chose qu'il s'interdisait formellement. Et tôt ou tard, le jeune Islandais savait pertinemment que le jour où il ressentirait un noble sentiment pour la belle demoiselle, il se montrerait dès lors agressif avec cette dernière pour l'éloigner de lui ; réflexe d'auto-défense peut-être idiot mais dont il ne pouvait parvenir à se détacher.

Encore une fois, comme toujours, Tyler était perdu, ne sachant vraiment décoder ce coeur s'agitant dans sa poitrine envers la belle Ange, s'évertuant à demeurer pourtant ce loup noir prêt à croquer l'agneau, ne sachant pas vraiment s'il faisait véritablement ce qu'il désirait, dicté par ses idéologies extrêmes. Un homme tiraillé à l'âme meurtrie, c'était ce qu'il demeurait, exorcisant ses peines et sa colère par des meutres horribles, allant jusqu'à se mutiler par des entaillades afin de retrouver ce parfum âcre du sang dont il était à présent dépendant. Il en portait par ailleurs quelques marques sur ses avant bras. Le génie se complaisant dans sa folie meurtrière, dans sa soif de savoir intarrissable qui le poussait à jouer aux chirurgiens cruels, ce désir de vengeance le poussant à tuer et à violer dans une bestialité effrayante... Ce besoin d'extérioriser ses démons pour ne pas imploser. Aussi dans le fond, il ne pouvait que percevoir le mal être d'Ange, pas véritablement le même, différent par sa forme mais si semblable dans son contenu ; elle était rongée de l'intérieur tout en se montrant pourtant forte. Là où le jeune homme avait opté pour le côté sombre, elle s'était réfugiée dans une facette lumineuse pour tenter de continuer, en offrant des sourires continus et tristes que chacun interprétait comme un signe positif là où Tyler avait saisi l'appel à l'aide. Il n'était guère psychologue, ni même ne faisait partie de ceux qui, vraiment, tendaient la main par pure bonté, l'Islandais n'aidait que s'il pouvait en tirer profit, mais il avait perçu aussitôt les tréfonds de l'âme de la jeune fille, allant droit au but, comme toujours.

Ange – « Je crois que jusqu’au bout tu parviendras à me surprendre .. »

Légèrement troublée, elle accrocha doucement le regard sérieux de Tyler qui déjà n'esquissait plus de sourire mais dont la main continuait à frôler dans une douce caresse ses cheveux fins, finissant par laisser promener ses doigts sur ses joues dans un autre frôlement frémissant. Les yeux sombres du jeune homme se posèrent dès lors sur les lèvres de la demoiselle, perdu dans son appétence soudaine bien qu'il écoutait toujours la belle auror.

Ange – « Je ne pense pas que quiconque puisse m’aider. Il y a des blessures qui jamais ne guérissent, il suffit simplement d’apprendre à vivre avec. Voilà ce que cachent souvent mes sourires, ces blessures que d’autres avant moi ont vécu et que d’autre vivront sûrement. Je ne suis qu’une fille avec une histoire qui préfère sourire à la vie plutôt que de baisser les bras. J’essaye d’être optimiste, j’essaye de garder la tête haute. Je pense que je m’en tire plutôt bien. »

Un sourire léger se dessinant sur ses lèvres alors que doucement son regard froid et sombre glissa sur le visage d'Ange, ses doigts parcourant toujours sa joue rosée dans quelques caresses chastes qu'il ne semblait pas vouloir cesser, écoutant toujours attentivement la jeune femme. Ne pas interrompre la petite proie dans sa confession, laisser planer le silence pour alourdir l'instant et ainsi faire en sorte que ses propres paroles aient par la suite plus de poids, bien qu'intérieurement il demeurait au fond de lui, une petite part de lui même qui l'écoutait véritablement en tant qu'ami, et non pas en tant que prédateur qui pourtant controlait la situation.

Ange – « J’ai l’impression que tu lis en moi comme si je n’étais qu’un vulgaire livre ouvert. »
TYLER. – « Tu n'es pas un vulgaire livre. Tu es une oeuvre fascinante et difficile à décrypter. C'est peut-être pour cela que l'envie de t'embrasser m'assaille depuis un peu trop longtemps. »

Il retira alors doucement sa main dans un bruissement d'étoffes, détournant son regard un instant en esquissant une fausse mou légèrement gênée. Une stratégie de plus de la part du mangemort qui habituellement aurait agit plutot que de parler, déposant un baiser sur les lèvres de la jeune femme désirée, mais puisque jusque là il n'avait joué que le registre "amical" et les hommes galants, il ne pouvait s'autoriser à ce faux pas. Alors il réprima un sourire avant de hocher la tête.

TYLER. – « Je m'égare, je crois que je ne remplis pas bien mon rôle d'ami, oublie ça. » fit-il dans un léger sourire avant de reposer son regard en biais sur Ange. « Mais je comprends, je ne suis pas si différent de toi. Mais j'ai trouvé ma voie, et je m'y plais... La magie noire Ange, nous connaissons tous ses risques et le côté cruel qu'elle représente. Mais certains n'ont pas encore compris que c'était l'avenir, je sais qui je suis depuis que j'ai foi en ce que je fais. »

Son regard sérieux et sombre darda les prunelles satinées de la jeune femme dans un murmure suave et bas. Carlson jouait cartes sur table, attendant dès lors la réaction d'Ange, positive ou négative, pour contrer la parade et continuer sur sa lancée première : la convaincre de rejoindre les mangemorts.

Bien sûr qu'il demeurait toujours ce meurtrier cruel sans foi ni loi, peu importait ce qu'il ressentait sur l'instant, peu importait la façon dont il pouvait la toiser dans un regard sensuel et brûlant, peu importait ce coeur s'éveillant après avoir trop dormi dans sa geôle de glace. Il eut été trop poussé d'affirmer que Tyler ressentait les effluves de l'amour, n'y connaissant rien à ce noble sentiment, il ignorait jusqu'à pourquoi son coeur battait sous l'afflux de telles pulsasions rythmées, mais il savait seulement que cela lui faisait du bien. Ressentir autre chose que de la haine, de la jouissance perverse ou de la colère, une touche plus apaisée dans son palpitant pourtant presqu'affolé, malgré son regard toujours aussi sombre. Il aurait toujours pour lui les mains tâchées de sang, ces envies de meurtres, de cris et de larmes, rien ne l'arrêterait dans sa véritable nature, seulement ce soir il était plus... humain. Pourtant d'autres jeunes filles avaient déjà autrefois succombé à son charme ; sur les bancs de Poudlard, aux abors de l'université en Russie, ou simplement pour une nuit dans ses bras ; quand elles espéraient plus, lui ne leur offrait que quelques heures. Mais les demoiselles ne connaissaient que sa façade ténébreuse, la seule personne susceptible de le connaître vraiment demeurait une de ses élèves qu'il jugeait trop jeune et sans doute trop naïve pour comprendre vraiment ce qu'elle ressentait envers lui. Alors que ce soir, il faisait face à une jeune femme dont le sourire divin lui en arrachait un autre, moins lumineux sans doute, mais sincère et qui ne portait pas les effluves d'une volonté de l'attirer vraiment dans ses filets. Une beauté fragile et particulière, si bien que Tyler aurait pu lui composer une sonata des touches d'ivoire de son piano simplement pour elle, bien que loin d'avoir pour lui les qualités d'un grand romantique, il fallait avouer que la douceur de la jeune fille ne le laissait pas insensible. Ce soir, était-ce donc la brebis qui tombait dans le piège du loup, ou était-ce véritablement le loup qui se montrait masochiste pour s'éprendre de sa jolie proie... Là où il sortait du gouffre noir, elle descendait des astres ; histoire impossible qui bientôt deviendrait d'autant plus difficile à gérer si la belle rejoignait le rang des mangemorts ; voilà pourquoi Tyler s'interdisait de trop s'attacher à la belle. Trop tard sans doute... Que le petit génie se sentait stupide par cette erreur grossière, comment avait-il pu lui offrir la clé de l'écrin de son palpitant, en échange seulement de ses rires cristallins ? Ne sachant plus que faire ni que penser, ce soir pourtant il préférait ne pas y songer, si ce n'était seulement que l'embrasser sans se soucier de la suite de l'histoire. Finirait-il par achever la douce à terre, la donnerait-elle en appât aux aurors afin de concrétiser leurs sombres desseins, ou au contraire finirait-il par la sauver de cette issue. Monstre ou héros, l'Islandais avait le choix : en l'instant il avait décidé d'emmener la belle au plus profond des abysses avec lui. Alors vouloir savoir ce qui abritait ses pensées, comme le lui confia Ange, était tout autant légitime lorsque l'on savait que les yeux sombres de l'Islandais n'inspiraient que le mystère et qu'il était une énigme à part entière. Ce qu'il pouvait penser en l'instant : tout et rien... La musique mathématique entre les étoiles, ses sombres desseins ; ceux passés comme à venir, cette perception étrange qu'il ressentait au niveau de son palpitant, la victime qu'il allait tuer demain, la quête d'un pouvoir trop grand, cette incompréhension vis à vis de lui -même et des autres, son malêtre, sa force de vivre également, cette colère lui prenant aux tripes malgré cette apparence sereine, contre lui et tout le monde, ce sentiment de ne pas être comme les autres, exclu et à la fois supérieur... Trop de pensées, beaucoup trop, s'entrechoquant dans son esprit bien que son regard apaisé et assuré n'était plus qu'appétence pour la jeune femme. Aussi il ne répondit pas, se contentant d'esquisser un sourire sombre. Tyler répondait rarement aux questions, ou bien à demi-mots, là encore il demeurait énigmatique. Et s'il se devait de répondre sincèrement à son interlocuteur sur ce qu'il pensait réellement, sans doute s'épancherait-il sur un grand schéma philosophique, indéchiffrable, n'ayant de sens que pour lui... Aussi il était toujours demeuré taciturne face à cette question banale, et ce depuis sa plus tendre enfance.

Quelques mots de plus pour tenter de la convaincre ; le doute s'installant dans la voix de la belle demoiselle lui donnait cet espoir tenace qu'il pouvait la rameuter à ses cotés ce soir. L'on appâtait que trop facilement ceux qui ne savaient quel chemin prendre, il n'était que trop aisé d'installer le doute chez une personne déjà troublée : un mot, un regard, un sourire, et l'on pouvait perturber facilement une personne. C'était le désir de Tyler ce soir : la troubler pour mieux l'appâter, répondre à son propre désir également, il était vrai ; celui de lui voler un baiser tout en tentant de ne pas apposer trop bestialement ses lèvres sur les siennes, comme il avait toujours eu l'habitude de le faire. Son goût prononcé pour la luxure faisait de lui un amant aussi doux que sauvage, mué dans des caresses à la fois tendres et des baisers mordants, ce soir le jeune homme se devait de rester entièrement doux pour ne pas effrayer la jeune et délicieuse auror ; c'était encore trop tôt, sans doute. La belle jeune fille continua sur sa lancée de sa voix légère ; approuvant à demi-mots les dires de Tyler ; plus le mangemort parlait, plus il parvenait à la convaincre. Un bon point pour Carlson qui jamais ne la lâchait du regard, la dévorant des yeux avec tant d'insistance que ç'en devenait presque indécent ; il n'était guère poli de déshabiller les jeunes filles du regard... Mais le jeune homme n'avait que faire des bonnes moeurs et ne se gênait guère pour parfois bien faire comprendre ce qu'il désirait. Son regard se fit néanmoins plus sérieux lorsqu'elle se confia à lui à propos de ses parents : sujet délicat qu'elle n'avait jamais abordé jusque maintenant. C'était la preuve que l'Islandais gagnait peu à peu la confiance d'Ange, aux dépends de la demoiselle cependant. Il n'ignorait pas les problèmes rencontrés par la belle sur le parcours de sa vie, ayant fait correctement son boulot de mangemort à ses débuts c'était finalement avec un véritable intérêt que Tyler avait finit par se renseigner sur Ange. Certes ce n'était pas la meilleure façon pour se renseigner sur une personne appréciée, mais on ne pouvait effacer les mauvaises manies de Carlson en un claquement de doigts. Lui, avait toujours ses parents de vivant, des gens biens, honnêtes et droits, même si Tyler ne supportait pas la condition de moldue de sa propre mère ; le génie sanguinaire se sentait capable de mettre un terme à la vie de cette dernière. Il n'avait jamais perdu de proche, bien que la vie de son jeune frère à qui il tenait tant ne tenait qu'à un fil, aussi il ne pouvait comprendre le désarroi d'Ange pas plus qu'elle ne pouvait comprendre le sien... Et pourtant ces obstacles et ce malêtre étrange les rapprochaient, même si Tyler demeurait un homme fort et qui continuait d'aller de l'avant, sans jamais se plaindre ni même baisser les bras. Il ne supportait pas la faiblesse, et la sienne propre encore moins, cela lui était insupportable. Respectant le calme apaisé de la belle auror, tout autant que ses confidences, l'Islandais ne répondit pas, se contenant de l'écouter tel un ami de bonne foi ; Tyler croyait en la puissance du regard plus que par celle des mots, parfois il était inutile de parler pour se prononcer. Sans pour autant y faire impasse, l'Islandais finit par lui murmurer quelques mots de sa voix suave ; « si tu as confiance en moi et en ce dont je suis capable, ferme seulement les yeux. »

Et la demoiselle s'exécuta, sous les prunelles sombres et étrangement sérieuses de Tyler, lui conférant cet aspect si charismatique. Un léger silence s'installa après qu'elle ait clos les paupières, silence apaisant durant lequel le jeune homme la dévorait toujours du regard sans un mot. Enfin, son parfum le précéda alors qu'il se pencha dans un bruissement d'étoffes vers la demoiselle ; sa main alla effleurer la joue légèrement rosée de la jeune femme, d'un toucher d'abord réservé. Non pas qu'il demeurait timide, mais l'incandescence de l'instant se devait d'être progressive. Ses lèvres enfin, partirent à la coupe des siennes, et il y déposa un baiser d'abord chaste, puis un autre encore, plus prononcé alors que sa main caressa plus sensuellement sa peau, de nouveau un baiser se transformant en une passion plus mordante ; Tyler ne parvenait plus à s'arrêter face à ce désir montant ; l'indécence et l'envie avaient pris le pas sur sa raison qui le sommait de se montrer plus doux. Car déjà sa main descendit le long de son visage dans une caresse frémissante, parcourant les lignes de son cou avant de s'éprendre des courbes délicates de ses hanches, le jeune homme s'épenchait tant et si bien sur la demoiselle que bientôt elle finirait par se retrouver totalement allongée sur le canapé écru, sous la silhouette du mangemort. Et déjà il savait... il savait que si elle commençait à se débattre, il continuerait malgré tout, porté par ce désir violent alors que ses baisers devenaient tellement plus explicites et sauvages... Trop de pulsions violentes frappant alors son esprit, il ne devait pas faire de mal à la belle... mais il la voulait tellement... Peu importait au final s'il se retrouvait à la prendre de force, ici même dans le salon... Non, il ne devait s'abaisser à une telle bestialité avec elle, pas avec Ange, il désirait ses sourires, et non ses larmes. Alors porté par toutes ces pensées trop vives, Tyler se stoppa brusquement, conscient soudain que sa main déjà beaucoup moins chaste tentait de se glisser sous le chemisier de la belle auror, à la recherche de la douceur de sa peau. Il la ôta avec brusquerie, comme si une brûlure se faisait sous ses doigts, se redressant alors avant de toiser Ange de son regard faussement gêné ; celui qu'il empruntait lorsqu'il endossait le rôle de l'innocent et non plus du violeur trop pervers.

TYLER. – « Je n'aurai pas dû, tu devrais rentrer avant que... »

Il ne termina pas sa phrase, secouant doucement la tête avant de se lever sans reposer son regard sombre sur la jeune fille. Dans un soupir et visiblement troublé, Tyler tourna le dos à son hôte avant d'aller se poster devant sa large fenêtre donnant sur son balcon et sur une ruelle pleine de vie et illuminée. Mise en scène savamment calculée ou véritable envie de la voir partir pour ne pas lui faire de mal ? ... les deux sans doute.

Il sentait ce désir le consummer de l'intérieur, trop présent et tenace, une flamme dévastatrice l'habitant alors qu'il se retenait néanmoins. Malgré ses baisers mordants et bien plus sensuels qui ne laissaient que trop témoigner l'envie du jeune homme de s'unir à elle dans quelques ébats passionnés, il réprimait des caresses qu'il aurait voulu laisser promener sur ses courbes. S'approprier ses hanches à la caresse sensuelle de ses mains, le galbe de sa poitrine ou encore son ventre plat, laisser promener ses lèvres sur les lignes de son cou où se logeait son souffle chaud... Mais il n'en fit rien, ne voulant pas effrayer la demoiselle pour le moment alors qu'elle s'était figée quelques instants sous la spontanéité du baiser de Tyler, ce dernier effectivement réprima ses ardeurs avant de laisser ses instincts parler sans même qu'il ne s'en rende compte. Dans un bruissement d'étoffes, voilà que le jeune Islandais s'était penché sur la belle auror à présent glissée sous sa sihouette, l'embrassant avec une passion mordante et laissant glisser ses doigts sur sa peau dans des caresses brûlantes et des plus désireuses, à lui en faire frémir l'échine. Sa main passant alors sous son chemisier ne laissait témoigner que de son envie montante de la dévêtir et de ne plus s'écouter, l'avoir pour lui dans son entier et partager quelques ébats dans des entracts gémissants et des soupirs de plaisir, ici même dans le salon. Mais que se passerait-il si, soudain, la belle finirait par se dire qu'ils devaient stopper, que se passerait-il si pour une raison ou pour une autre, Ange finirait par le repousser... Il n'écouterait que ses instincts, déjà un peu trop sauvage dans ses baisers et bestial dans ses caresses désireuses, il avait envie d'elle, il la voulait dans l'instant, et ses baisers se faisant plus rapides et brûlants le lui faisait bien comprendre. Si elle venait à tout stopper, Tyler ne se sentait pas la force d'arrêter, porté par son impulsivité légendaire il finirait par la prendre de force, quoiqu'il arrive. Aussi sa raison le ramena enfin à lui, et le jeune homme dut faire un effort inouï pour se stopper dans tout ce désir montant alors qu'il s'apprêtait à la dévêtir, la respiration saccadée, le coeur agité et porté par cette excitation et cette envie prenante ; il se devait de se stopper lui-même, être certain que c'était elle aussi ce qu'elle voulait, pour ne pas que le rendez-vous ne se transforme en cauchemar et le flirt léger en un viol de plus. Pas avec elle, il ne pouvait s'y résoudre, et c'était parce qu'il se rendit compte alors qu'il tenait à la belle que Tyler se stoppa brusquement, sous l'agitation d'un palpitant toujours sous l'emprise d'un désir foudroyant. Evitant le regard d'Ange sans même savoir pourquoi, sans doute de peur qu'elle ne lise ses horribles pensées dans ses obsidiennes, le jeune Islandais avait finit par se lever, lui tournant alors le dos non sans ressentir cet élan lancinant à son coeur trop froid. Il n'avait pas le droit d'échouer, pas maintenant, pas après tous ces instants de complicité ; il ne fallait pas qu'il craque à ce moment-ci en laissant parler son impulsivité. La voix de la jeune femme résonna alors, calme mais teintée d'une tristesse froide alors que Tyler ferma les yeux dans un bref soupir.

Ange – « Avant que quoi ? Finis ta phrase. »

Aucune réponse venant du mystérieux jeune homme, son regard sombre se posa sur la fenêtre sans que les mots ne viennent... Finir sa phrase, et pour lui avouer quoi... Je te veux, tant et si bien que je serai capable de te prendre de force ? Lui montrer sa façade obscure, les pensées horribles qui l'avaient assailli et qu'il se refusait alors qu'il ne voulait que ses sourires... Au moins le diable s'était arrêté, la preuve qu'il tenait énormément à elle malgré tout, malgré son refus, malgré le fait qu'il feintait de ne pas écouter son propre coeur battre trop fort. C'était pour elle, qu'il s'était stoppé, il voulait avant tout être certain qu'elle désirait elle aussi bien plus que de simples baisers, mais comment le lui dire sans abaisser son masque.

Ange – « Donc c’était ça .. Je n’étais qu’une fille choisie au hasard que tu voulais tester ? Je n’étais qu’une parmi tant d’autre ? Réponds-moi, j’aimerais comprendre. »

Toujours aucune réponse, mais après un léger silence il s'évertua dès lors à se retourner vers elle. Ange avait tout faux, se fourvoyant en erreurs cela trahissait néanmoins son état d'esprit. Elle était venue en connaissance de cause ; savait que Tyler demeurait un célibataire sans attache, et sans doute avait-elle douté longuement de sa sincérité, ayant peur qu'il ne la jette comme toutes les autres. La voix du jeune homme s'éleva alors, dans un murmure suave et bas, mais légèrement tranchant. Carlson avait toujours manqué de tact, pourtant il ne demeurait aucune agressivité dans son timbre de voix incandescent.

TYLER. - « Si tu n'avais été qu'une fille de plus, il y a longtemps que je t'aurai mise dans mon lit. »

Direct et franc, il lui lança cette vérité dérangeante mais pourtant si sincère. La fixant alors de ses yeux sombres, l'on percevait cette lueur qui habituellement n'habitait jamais son regard ténébreux ; une pointe de tendresse, quelques sentiments forts brillant au fond de ses prunelles habituellement trop froides, trahissant un élan du coeur qu'il tentait de faire taire en vain. Ne la lâchant plus du regard de son visage soudain sérieux, Tyler ne bougea pas, jusqu'à ce qu'il ne voit cette unique larme rouler sur la joue de la demoiselle. Ils n'avaient rien commencé ensemble, et déjà il lui faisait du mal. Ses yeux bifurquèrent un instant, avant de se poser de nouveau sur son visage si doux ; et enfin le jeune homme se dirigea de nouveau vers elle, s'accroupissant à ses côtés afin de se trouver à sa hauteur. Accrochant son regard brillant de larmes naissantes, il vint essuyer d'une main la perle humide avant de venir lui caresser la joue. Le démon se montrait tendre, mais il avait encore conscience qu'il pouvait la briser, voilà pourquoi il s'était stoppé dans son élan.

TYLER. - « Et la vérité Ange, c'est que je te veux.» Une pause légère dans la franchise extrême de ses paroles alors qu'il continuait de la fixer avec appétence, caressant sa joue dans un frémissement d'envie. « Mais pas pour une simple nuit. Et j'ai peur de te faire du mal. Je te veux Ange, tu me brûles de l'intérieur, que se passerait-il si tu venais à me repousser, là, tout de suite. » De nouveau un silence alors que son murmure suave s'éteignit sans pour autant que son désir envers la demoiselle ne s'endorme. « Regarde toi, où est parti ton sourire... Même si tu es divinement belle lorsque tu pleures. »

Un sourire en coin qui s'effaça aussitôt, le regard désireux de Tyler ne désemplissait pas de cette envie grandissante sous ses mots sincères. Il jouait dès lors carte sur table, lui avouant qu'il la voulait pour lui sans savoir si elle-même était prête à continuer.

Qu'elle était d'autant plus belle, perdue dans les tréfonds de ses doutes ; une beauté fraîche et manipulable, le coeur au bord des lèvres alors qu'elle plongeait son regard triste dans le sien. Le jeune homme aux airs de sombre prince n'avait pas ôté sa main de sa joue quelque peu humide par les perles de ses larmes, il était revenu auprès de sa dulcinée après l'avoir repoussée. Pour lui éviter un mal, pour que dans toutes sa mise en scène il ne soit que certain qu'elle voulait de lui, pour qu'il observe les réactions de la demoiselle. S'il était vrai que Tyler la voulait, et pour plus qu'une simple nuit comme convenu, le mangemort avait perçu dans le sourire triste de la belle qu'elle aussi, le voulait pour elle. Et au-delà des affaires nobles des sentiments, cela le confortait dans son idée qu'il serait aisé de la manipuler ; l'Islandais pour la première fois, pensait avec son coeur autant qu'avec sa raison, des doutes entremêlés entre ces affaires de sentiments éveillant son coeur, et son aspiration à gagner la bataille contre les aurors. Frêle poupée prise au piège d'une histoire naissante, elle ignorait qu'elle devenait là à la fois l'objet et le désir du jeune homme ; jeu dangereux où sans doute elle se brûlerait les ailes, et où lui-même perdrait sans doute quelque chose à l'issue de la bataille. Leurs yeux ne se quittaient plus, se dévorant dans un regard où s'éveillait l'envie et le désir, les mots n'étaient pas nécessaires pour les deux nouveaux amants que tout semblait séparer. Elle était la lumière qui vous apaise de ses sourires cristallins, il était l'obscurité vous enveloppant pour mieux vous étouffer ; elle se sentait bien dans la douceur et loin de l'amertume, tandis que lui, c'était dans son monde morbide et sanglant qu'il se complaisait. Carlson sans doute, faisait alors la plus grosse erreur de sa vie ; laisser une auror pénétrer son coeur. Il savait pourtant, pour en être de ces derniers, que l'on ne changeait personne dans un claquement de doigts, et quand bien même Ange rejoindrait leurs rangs, rien ne les mettait à l'abri de redevenir un jour ennemis. Et ce jour venant, l'Islandais frapperait fort, préférant son pouvoir à la force invisible de l'amour, le sens des priorités de Tyler faisait souvent froid dans le dos. Pour le moment il s'accomodait de la prendre par les sentiments, tombant lui-même dans son propre piège, loup destabilisé par sa trop jolie proie, afin de la rameuter à ses côtés. Mais pour la première fois sans doute, il n'y avait ni pure affaire de manipulation -bien que la base de leur relation n'était faite que de cela-, ni jeu cruel aux dépends de la brebis ; il demeurait sincère dans ses dires, dans son regard sombre, dans son sourire charmeur et charmé, sentant son coeur battre plus fort dans sa poitrine dans un mal qui lui était inconnu.

Ange – « Et qui te dit que ce n’est pas aussi ce que je veux ? Qui te dit que je t’aurais repoussé ? Parce que je ne l’aurais pas fait, pour rien au monde je ne t’auras repoussé Tyler. »

Aussi à présent, voilà qu'il en était certain. Elle voulait de lui comme il voulait d'elle, seulement en retour Ange paierait bien plus cher qu'une dépendance à son coeur. C'était corps et âme qu'il la voulait, sans doute n'avait-on pas prévenu la demoiselle que se tourner vers Tyler, c'était pactiser avec le diable. Cette nuit dans ses draps, contre lui et au creux de ses bras, elle signerait sans doute un contrat qui lui serait fatal. Il lui prometterait de la rendre dépendante à lui, à ses charmes, à ses sourires et son parfum, jusqu'à l'obliger à le suivre dans les méandres des géhennes... sans qu'elle ne le voit véritablement venir. Pour le moment, le diable se satisfaisait de sa nouvelle âme, belle et pure, mais il avait dès lors conscience que son coeur y était rattaché à présent, et que la suite de leur histoire ne serait sans doute guère aisée à vivre. Quelques mots sur sa beauté sublimée par ses larmes, et la jeune fille lui déposa un baiser tendre, quelque peu hésitante au début elle finit par lui accorder un sourire malicieux. Sourire rendu en retour par le jeune homme qui semblait tellement plus humain, alors qu'il se leva avant de glisser sa main dans la sienne, y frôlant ses lèvres dans une caresse et d'un baise-main amusé alors qu'il redressa son sombre regard sur Ange.

TYLER. – « Alors à présent tu es à moi... Tu devrais rester ici pour cette nuit. » Un léger sourire en coin malgré le sérieux de son visage comme il la dévorait du regard avec appétence. « ... et les nuits à suivre également. »

Un murmure suave comme il l'invita à se lever ; visiblement enclin à faire visiter la chambre à coucher à la demoiselle. Les silhouettes des deux amants plongés dans l'obscurité denses se trouvaient confinés dans une intimité légère et apaisante. Cette nuit sans doute, de part les ébats des deux jeunes gens, était vouée à devenir nuit blanche teinte du désir des deux jeunes gens que tout semblait vouloir séparer.