La pluie battait violemment contre les carreaux de ce grand manoir. Quoi que les gens disent il était somptueux, effrayant certes, mais vraiment somptueux. Un silence pesant trônait dans la pièce, interrompu de temps à autre par l'aiguille de l'horloge, le craquement du bois dans la cheminé, ou les soupires des deux personnes présentes.
Une vieille femme aux cheveux blancs cours et bouclés, encerclant son visage de mèches folles était tranquillement assise sur un rocking-chair tout de bois sculpté, son visage ridé et fatigué donnait toujours la meme impression d'exaspération et de dureté. Elle portait une longue robe noir et remontait de temps à autre le châle qui couvrait ses épaules. Elle semblait concentrée dans sa couture et ne releva pas la tête pendant plus d'une heure. Pendant ce temps là, une petite fille, ressemblant étrangement à une poupée de porcelaine, tant sa peau était pale, ses cheveux claire et ses lèvres rosées, fixait inconsciemment les flammes dansantes de la cheminé. Attirée par leurs couleurs sublimes, elle fini par s'y perdre.
Le bois craqua de nouveau, déformant la masse compacte qui tombait doucement en cendre, cela eut don de faire sortir la petite fille de ses songes. Elle se releva, secouant sa robe verte pale avant de rejoindre la vieille femme qui se balançait tranquillement, posant sur elle un regard interrogateur. Andromaque n'osait pas parler, elle savait qu'elle serait réprimandée. Elle attendrait donc que la mère de son père daigne lever les yeux sur elle. Et pour cela, elle dut attendre 2 bonnes minutes. « Que veux tu Andromaque ? » se décida à dire la vieille femme. Joignant ses mains derrière son dos, la petite fille ne broncha meme pas en entendant le ton froid et sec employé par sa grand mère, à vrai dire elle en avait l'habitude.
« Quand aurai-je le droit de jouer avec les enfants de la maison ? » S'arrêtant net sous le coup de la surprise, la vieille femme au regard perçant releva doucement la tête et planta son regard azuré dans celui de sa petite fille « Les filles des domestiques ? Jamais, ma pauvre enfant .. » s'insurgea la vieille femme. « Tu as mieux à faire que de jouer à la poupée, tu veux prendre beaucoup trop de liberté, Andromaque. As tu lu le livre que je t'ai donné hier ? » La petite fille était déçue par la réponse, mais pleurer ne lui ressemblait pas, elle, elle détestait. Cacher la profondeur de ses sentiments, voilà la première leçon apprise par sa sorcière de grand mère,c'est pour cela qu'elle garda la tête haute, se masque d'impassibilité sur le visage. Pour toute réponse, Andromaque acquiesça d'un signe de tête. « Oui et j'ai appris par coeur la hiérarchie. » Retournant à ses occupations, Elisabeth remonta une nouvelle fois le châle posé sur ses épaules. « Bien .. »
Il fallait être stupide pour ne pas comprendre ce que cela voulait dire. « dégage Andromaque, tu me gênes .. »
La petite fille se retourna alors pour retourner à sa place. De dos elle ne manqua pas de tirer une grimace en imitant sa grand mère. Cette femme qui l'énervait tant. Pourquoi ne vivait elle plus avec sa mère ? Elle, elle l'aimait et s'occupait d'elle. Lauren était la mère parfaite aux yeux d'Andromaque. Elle lui manquait tellement ..

Combien de temps resta-t-elle accroupie ainsi ? Personne ne peut le dire. De toute manière elle n'avait pas grand chose à faire d'autre quand il pleuvait de la sorte. Le manoir était immense mais elle avait déjà fait le tour 4 ou 5 fois. D'une nature surement trop curieuse, il lui était impossible de dormir sur ses deux oreilles tant qu'elle n'avait pas visité jusqu'à la cave de ce véritable château ! De plus il pleuvait, et meme si son courage à elle n'avait pas de limite, sa grand mère, elle, n'accepterait jamais de laisser Andromaque gambader seule dans l'immense demeure. Alors elle se devait de rester là, assise, à s'ennuyer devant trois buches rougeâtres léchées sans relâche par des flammes qui en profitaient pour danser joyeusement tant leurs repas les ravissaient.
Le temps ne passait pas. L'aiguille, en sale traitresse qu'elle était semblait vouloir prendre tout son temps pour faire le tour du cadrant. Mais ces journées longues et ennuyeuses, cet atmosphère triste et étouffante, elle ne le devait qu'à la femme assise dans la pièce.
Elisabeth, sa grand mère. Quand sa mère lui avait dit qu'elle partait pour ses études, on ne lui avait pas précisé lesquelles. On ne lui avait pas dit qu'elle devrait apprendre à invoquer des démons. Que s'était une chose qu'un Clapton se devait d'apprendre. Son père n'était pas le plus doué en la matière et avait arrêté de pratiquer dès qu'il avait quitté la maison, au grand dam de sa mère, qui voulait que son fils soit, tout comme elle, un brillant démonologue.
Ils étaient donc « logique » qu'Andromaque suive les traces de son père et de son grand père avant elle, et de son arrière grand père aussi, en remontant à plusieurs générations en arrière. Cela faisait maintenant deux ans qu'elle apprenait les bases de cette discipline magique dure et douloureuse. Mais ce n'était pas tout, la petite fille devait aussi suivre des cours donné par un professeur particulier. Interdiction formelle d'approcher un moldu, sa grand mère la brulerait sur place ou se ferait un arrêt cardiaque. Pourtant elle, elle ne les détestait pas. Elle s'en fichait éperdument surtout. Du haut de ses 8 ans elle avait comprit une chose importante. Le sang ne faisait rien. Seule la puissance comptait, tout comme l'intensité du travail. Certaines personnes dotées de pouvoirs magiques mais sans lignage étaient meilleurs que ceux qui avaient la chance de naitre dans une famille de sang pur. Chose que sa grand mère ne semblait pas voir.