Maav - Paaaapaaaa !

Derrière la baie vitrée de la pergola de leur grande maison, Maav renversa ses cubes de bois sur le carrelage couleur saumon et se leva précipitamment. Son père venait de rentrer du travail, poussant de sa main puissante la porte blanche de leur petit jardin et souriant déjà à sa "petite sirène" comme il l'appelait. Maav, vêtue d'une robe blanche cintrée à la taille par un ruban de soie rouge vif, ouvrit avec difficulté la lourde porte de la pergola et se précipita vers son père, traversant l'espace rempli d'herbe qui les séparait encore et se jetant dans ses bras.

Maav - Papa ! répéta la fillette avec bonheur en se blottissant dans ses bras chauds.

Son père déposa un baiser sur la joue de sa fille, alors âgée de 6 ans, et interrogea en voyant que personne d'autre ne s'était précipité pour l'accueillir :

Anton - Où est maman, ma princesse ? Et où est Cathan ?

Une inquiétude soudaine avait percé dans sa voix, une inquiétude qu'aucun parent n'aurait ressenti aussi vite en découvrant la maison vide. Mais quand on s'appelle Anton Liimatainen et qu'on vient d'annoncer aux siens qu'on ne veut plus faire partie des Mangemorts, on se met forcément en danger, soi mais surtout sa famille. L'homme avait déjà reposé sa fillette sur l'herbe et se précipitait dans la maison en appelant :

Anton - Desi ? Desislava tu es là ? Cathan ? Cathan ?!
Maav - Papa ! le rappela à l'ordre Maav en levant les yeux au ciel. Maman et Cathan sont partis à la gare. Cathan va à l'école aujourd'hui !
Anton - Ah oui... murmura Anton. Poudlard. J'avais complètement oublié.
Maav - Oui, Cathan n'était pas content. Il a dit que tu lui avais promis de venir avec lui.
Anton - C'est vrai s'excusa-t-il à demi-mots, bien conscient qu'il perdait son fils un peu plus chaque jour en revenant sans cesse sur ses promesses. Mais qui s'occupe de toi alors ?
Maav - Eh ben Lila ! s'exclama Maav avec impatience en constatant à quel point son père était distrait.

En entendant son nom, le petit Elfe de maison passa sa tête par l'entrebâillement de la baie vitrée, prêt à répondre au moindre désir de ses maîtres. Anton lui fit signe de la main que sa présence n'était pas requise et Lila s'éloigna en sautillant. Anton laissa tomber sa cape sur le fauteuil de cuir près de la cheminée puis se laissa glisser dans un rocking-chair proche en poussant un soupir de soulagement. C'était comme si cette vie ne lui appartenait plus. On l'avait pourtant prévenu qu'on ne quittait pas les Mangemorts autrement que les pieds devant et il l'avait accepté, mais comment aurait-il pu prévoir qu'il allait rencontrer une sublime moldue et qu'elle allait lui donner deux enfants magnifiques ? Et à présent, bien plus que sa mort, il craignait celle de ses proches.

Maav - Papa ? Une histoire ! demanda-t-elle en tirant sur sa manche et en lui tendant un vieux livre élimé.

Anton ouvrit les yeux et plongea son regard dans celui bleu outremer de sa fille. Cela encore était un problème. Maav était la seule de la famille Liimatainen, de cette génération, à avoir un regard aussi bleu et des cheveux aussi dorés. Ses nièces, Khâlina et Ora, étaient toutes deux aussi brunes que leur mère, une Japonaise, tandis que les filles de son autre frère, Yulia et Yelena, venaient à peine de naître. Alors que sa sœur aînée, celle qui avait porté la malédiction de la Loreleï jusque maintenant, était décédée il y a maintenant trois ans... Anton essaya de dissimuler son appréhension lorsque lui apparut devant les yeux l'idée que sa fille puisse avoir été choisie par l'esprit errant comme sa nouvelle enveloppe corporelle. Il attrapa le livre et l'ouvrit à la page du "Petit Chaperon Rouge".

Anton - Il était une fois, une petite fille aux cheveux d'un noir de jais. Sa maman lui avait tricoté une cape avec un capuchon rouge, si bien que tout le monde la surnommait...
Maav - Non, pas celle-là, celle de la sirène !

Anton déglutit péniblement : il ne voulait pas le moins du monde lui lire cette histoire mais refuser aurait provoqué une foule de questions de la part de Maav, questions auxquelles il n'avait pas le cœur de répondre.

Anton - Mais elle n'est pas dans ton livre celle-là.
Maav - Maman la connait, elle !
Anton - D'accord, d'accord. Loreleï était une jeune femme de toute beauté. Elle avait de longs cheveux aussi dorés que les blés et des yeux aussi bleu que le ciel. Elle vivait dans le minuscule royaume de Bacharach et avait pour amant un noble seigneur qui vivait dans un immense château alors qu'elle n'était elle-même qu'une paysanne. Un jour qu'elle voulut rendre visite à son amant pour lui faire une surprise, elle le surprit dans les bras d'une noble dame et elle en éprouva un immense chagrin. Alors, désespérée, elle appela la mort de ses vœux. Ce fut un ange de Dieu qui entendit ses prières et, ému et fasciné par sa beauté, il la raisonna et entreprit de la conduire dans un couvent. Sur le chemin, Loreleï demanda à pouvoir regarder une dernière fois le château de son amant du haut du promontoire sur lequel ils s'étaient rencontrés la première fois. L'ange accepta et Loreleï, après un dernier regard vers la demeure de celui qui l'avait trahie, se jeta dans les flots du fleuve. Cependant, même le dieu du fleuve, blessé par sa beauté, ne put lui permettre de mourir et il en fit une sirène. Ainsi Loreleï passa-t-elle le restant de son existence assise sur le rocher au milieu du fleuve, coiffant sa longue chevelure blonde et chantant son amant perdu. On dit que les marins, en entendant ce chant, ne voyaient plus les récifs qui entouraient le rocher sur lequel elle se tenait et se précipitaient d'eux-mêmes vers une mort certaine.
Maav - C'était vraiment une sirène ?
Anton - C'est ce que dit la légende, bébé.
Maav - Et la vraie histoire ?
Anton - Mais c'est la vraie histoire, dit-il un peu trop nerveusement.
Maav - Papa. Je sais que toi tu la connais.

Anton soupira et acquiesça. Étonnante la façon dont cette petite poupée blonde parvenait à lui faire faire tout ce qu'elle voulait.

Anton - Dans les grandes lignes, la légende moldue et la légende sorcière se complètent. En vérité, Loreleï fut bien trompée par son amant, mais c'était une Vélane et jamais elle n'aurait eu l'idée de se tuer. Pare vengeance, elle décida de semer le chaos dans le pays en séduisant les hommes et en leur faisant perdre leur âme.
Maav - C'est quoi une Vélane ?
Anton - Ce sont des gardiennes de la nature qui prennent soin des arbres, des cours d'eaux et des fleurs qui sont sur leur territoire. Elles sont extrêmement jalouses des belles femmes. Leurs humeurs sont aussi variables que le temps et elles peuvent à la fois provoquer ou soigner les maladies. Un humain essayant de goudronner leur territoire peut être tué par une flèche ou mourir soudainement d'une crise cardiaque, d'un lumbago, ou être emporté par une avalanche. Les Vélanes ont le teint clair et des cheveux blonds et bouclés qui tombent à leurs pieds.
Maav - Que s'est-il passé ensuite ?
Anton - Un chevalier de l'époque finit par assassiner la Loreleï pour sauver le pays. Avant de mourir, la Vélane le maudit en condamnant chaque fille de sa nouvelle génération d'héritiers à abriter son esprit dans leurs corps...

Maav ne répondit pas et sembla réfléchir de longues minutes.

Maav - C'est bizarre, papa, hein ? Je n'ai jamais entendu cette histoire, mais c'est comme si je la connaissais déjà.

Anton ne répondit pas et se dirigea vers la salle de bain en silence. Puis, se regardant dans le miroir, il se mit à pleurer.

Voix - Nous arriverons à Poudlard dans cinq minutes. Veuillez laisser vos bagages dans les compartiments, ils seront acheminés séparément dans les locaux scolaires.

Maav sentit son estomac se contracter. Lorsque le train s'arrêta enfin, tout le monde se précipita vers la sortie et descendit sur un quai minuscule plongé dans la pénombre. L'air frais de la nuit la fit frissonner. Une lampe se balança alors au-dessus de leur tête et Maav entendit une voix grave et chaude :

Garde-chasse - Les première année, par ici. Suivez-moi. Les première année sont tous là ? Allez, suivez-moi. Et faites attention où vous mettez les pieds. En route !

Glissant et trébuchant, la file des élèves suivit le garde-chasse le long d'un chemin étroit et escarpé qui s'enfonçait dans l'obscurité. Maav pensa qu'ils devaient se trouver au cœur d'une épaisse forêt. Personne ne parlait beaucoup.

Garde-chasse - Vous allez bientôt apercevoir Poudlard. Après le prochain tournant.

Il y eut un grand "Oooooh". L'étroit chemin avait soudain débouché sur la rive d'un grand lac noir. De l'autre côté du lac, perché au sommet d'une montagne, un immense château hérissé de tours pointues étincelait de toutes ses fenêtres dans le ciel étoilé.

Garde-chasse - Pas plus de quatre par barque, lança-t-il en montrant une flotte de petits canots alignés le long de la rive. Tout le monde est casé ? Alors, en avant !

D'un même mouvement, les barques glissèrent sur l'eau du lac dont la surface était aussi lisse que du verre. Tout le monde restait silencieux, les yeux fixés sur la haute silhouette du château. Les barques franchirent un rideau de lierre qui cachait une large ouverture taillée dans le roc. Les bateaux les emportèrent le long d'un tunnel sombre qui semblait les mener sous le château. Ils arrivèrent dans une sorte de crique souterraine et débarquèrent sur le sol rocheux. Guidés par la lampe du garde-chasse, Maav et ses camarades de première année grimpèrent le long d'un passage creusé dans la montagne et arrivèrent enfin sur une vaste pelouse qui s'étendait à l'ombre du château. Ils montèrent une volée de marche et se pressèrent devant l'immense porte d'entrée en chêne massif. Puis, le garde-chasse leva son poing et frappa trois fois à la porte du château.



Lorsque le chapeau eut terminé sa chanson, des applaudissements éclatèrent dans toute la salle. Le chapeau s'inclina pour saluer les quatre tables, puis il s'immobilisa à nouveau. Le professeur Evans s'avança en tenant à la main un long rouleau de parchemin.

Pr. Evans - Quand j'appellerai votre nom, vous mettrez le chapeau sur votre tête et vous vous assiérez sur le tabouret. Je commence : Abbey, Holly !

Plusieurs élèves furent ainsi répartis dans les différentes maisons. Maav remarqua que le chapeau prenait parfois le temps de la réflexion avant de se décider. Le professeur appela les noms qui commençaient par "L". Enfin, il arriva à Maav. Cette dernière avait un teint verdâtre lorsqu'elle enfila le chapeau, en proie à une véritable panique.

Choixpeau magique - SERPENTARD !



Sean - Maav Liimatainen, de l'équipe de Serpentard, s'empare immédiatement du Souafle. Cette fille est décidément un excellent poursuiveur, et en plus, elle est plutôt jolie...
Pr. Evans - COLLINS !
Sean - Excusez-moi, professeur. Maav passe à Anna Flint, qui jouait comme suppléante l'année dernière. Nouvelle passe à Liimatainen et... non, c'est John Crosby, le capitaine des Poufsouffle qui reprend le Souafle et qui vole comme un aigle vers les buts adverses, il va mar... non, le tir est arrêté par Cathan Liimatainen, le gardien de Serpentard.

L'action se précipita. Protégée des Cognards par ses deux batteurs, Maav parvint à marquer le premier but pour Serpentard. Sur les gradins, les supporters de Serpentard saluèrent l'exploit avec des cris de joie tandis que les partisans des Poufsouffle se répandaient en lamentations.



Sean - La classe...
Maav - Oui, c'est vrai, lâcha-t-elle dans un sourire, main dans la main avec son camarade de Serdaigle.

Là, dans la salle des trophées, une petite plaque dorée indiquait : "Maav Liimatainen, recordwoman du plus grand nombre de buts marqués dans un match de quidditch scolaire".

Sean - Tu vas faire quoi, après ?

Maav ne répondit pas tout de suite. Sa septième et dernière année à Poudlard allait bientôt s'achever et il lui fallait penser à ce qu'elle allait faire pour son avenir.

Maav - Tu vas faire quoi, toi ?
Sean - Du journalisme, je pense. Mais tu n'as pas répondu à ma question !
Maav - Auror. Je serais Auror.
Sean - Auror ? C'est peu commun pour une Serpentard, ceux de ta maison vont te renier, tu sais ? conclut-il en plaisantant.
Maav - J'ai de bonnes raisons de vouloir chasser les mage noirs.
Sean - Vraiment ? Ne le prends pas mal mais... j'ai entendu dire par ton frère que ton père avait été mangemort...
Maav - C'est vrai, il n'a pas menti.
Sean - Alors... pourquoi ?
Maav - Quand mon père a voulu quitter les mangemorts, ils l'ont menacé mais il n'a pas cédé. Alors ils sont venus chez nous pour le tuer. Ma mère était une moldue et elle ne comprenait pas vraiment ce qui se passait. Elle s'est mise devant lui pour le protéger. Ils sont morts tous les deux. Et Cathan... Mon frère est parti avec eux...
Sean - Je ne savais pas...
Maav - Personne ne sait.

Elle lança un regard bleuté à son camarade et il devint soudainement terriblement nerveux, presque maladroit quand il voulut ranger son livre de potions et que plusieurs feuillets s'en échappèrent, se répandant sur le sol. Maav l'aida à les ramasser, effleurant la main du jeune homme au passage. Leurs regards se croisèrent et Loreleï entra en action.