Un jour, tu grandiras. Un jour, tu comprendras.

Qui a dit qu’on ne trouvait personne sur le campus de Kew dans les alentours de quatre heures du matin ? Certainement pas Karly. Un peu plus tôt dans la soirée, Malcom et Aénor avaient débarqués au baraquement n°12 en vu de faire sortir la jeune brune de sa tanière. Il était vrai qu’entre les anciens de Poudlard et les nouveaux de Kew, elle avait un peu de mal à combiner les soirées. Pourquoi n’avaient-ils tous pas les mêmes goûts et les mêmes sorties de prévu ? Dans tous les cas, il était impossible de refuser la soirée actuelle. Pas quand Malcom ramène Aénor. Et surtout pas quand ils prévoient leur coup à l'avance. C'est ainsi que la petite troupe se dirigea vers le Manticore pour rejoindre d'autres sorciers. Apparemment, il s’agissait du dernier pub à la mode. Enfin, d’après Malcom. Les artistes étaient décidément plus pub que boite. Soit. Les heures passèrent et défilèrent comme les bouteilles d’alcool et les discutions animées. Finalement, l’ambiance avait légèrement tournée et les tables se transformèrent rapidement en piste de danse. L’art de la magie. Finalement, Karly ressentit qu’elle devait rentrer. La fatigue surement. Mais aussi parce qu’elle avait envie de rentrer. En cette période de l’année, elle avait tendance à être plus bougonne que fêtarde.

Resserrant sa cape sur ses épaules, elle s’en alla dans les petites ruelles pour finir par arriver à l’université de Kew. La marche à pied dans le froid faisait toujours du bien avant d’aller se coucher. Le jardin des Roses Blanches. Un magnifique jardin auquel l’université semblait tenir. La seule entrée encore ouverte à une heure si matinale. Silencieusement, Karly poussa la grille pour entrer sur les divers chemins menant au campus. Le seul bruit qu’on semblait distinguer était celui du vent se faufilant dans les dernières feuillages. Avec lui, il entrainait les feuilles rosies dans une danse endiablée et funeste. Les roses blanches commençaient à connaître leurs dernières heures de félicité. On ne voyait qu’elles dans cette nuit noire où seul un quart de lune resplendissait. Au loin, on pouvait entendre différentes voix. Apparemment, certains étudiants avaient décidé de faire la fête dans le jardin même. Cependant, il semblerait que cela ne soit pas le seul bruit que Karly distingua malgré sa soirée arrosée. La sensation d’être suivie depuis qu’elle avait posé les pieds sur ce chemin. Horrible sensation que cette dernière. Surtout quand la silhouette vous semble familière. Pour la jeune femme, il ne pouvait s’agir que d’une seule personne. Surtout quand la situation s’était déjà produite une semaine plus tôt.

Un peu de mal à parler la brunette, ce soir. La cause : l’alcool. D’ailleurs, ca se voyait dans sa manière de parler et de marcher. Quoiqu’on aurait pu croire que Karly se dandinait légèrement tout simplement. Pas besoin de trop marcher droit même si elle s’y concentrait. Une haute consommation d’alcool en cette soirée. Les raisons : assez obscures. A dire vrai, tout était assez obscur dans la tête de la jeune femme ce soir-là. Les degrés de vodka et de whisky avaient surement été corsés. A moins que la descente ne devienne que plus rapide et moins contrôlée. Karly n’aimait pas les mois d’Octobre. Pas depuis deux ans. Funeste automne. Revoir de vieux visages n’était pas non plus pour panser cette blessure mais fuir de nouveau l’élargirait encore plus. Continuant sa route comme si elle venait de parler à la Nature, rien ne semblait avoir altérer les traits de la jeune femme. Agacée, certes. Malcom n’était pas méchant. Un peu trop protecteur. Pourquoi ? La question se posait encore. Et dire qu’elle avait déjà Matthew sur le dos, elle n’avait pas besoin d’un deuxième frère ainé. Au bout de quelques minutes, l’exaspération commençait à se faire ressentir. Surtout quand il ne se manifeste pas… mise à part cette espèce de chasse silencieuse. La traque. Quoi de plus haïssable lorsqu’on a l’impression d’être le gibier ?

Dernière mise en garde. Elle en était parfaite capable et le jeune homme le savait bien. Il était bien gentil à se prendre pour son grand frère qui la sociabilise mais elle n’avait pas besoin d’aide. Combien de fois Aénor l’avait-il mis en garde qu’il ne pousse pas le bouchon trop loin ? Il fallait toujours croire Aénor. Elle était bien cette petite. Se retournant excédée au plus haut point – et l’alcool n’aidant pas – Karly se planta au milieu de l’allée. Au bout de celle-ci, on pouvait apercevoir une silhouette mais la nuit noire ne permettait pas de voir plus haut que les genoux. A y regardait de plus près, on pouvait apercevoir que Malcom avait dû changer de chaussures et de pantalon. Ce qui n’était surement pas le cas. Il ne s’agissait donc pas de Malcom… mais l’information ne parvint pas à la jeune femme qui était bien trop fatiguée et amochée pour s’en soucier. Cependant, comme toute bonne sorcière entrainée durant la guerre, elle avait laissé sa baguette glisser le long de sa manche pour finir par arriver en main. Dans l’esprit de la jeune brune, Malcom avait surement envie d’un bain, lui laissant ainsi l’avance nécessaire pour rentrer chez elle.