Une silhouette se trouvait là, rien à faire d’autre que d’attendre. Elle ne bougeait pas d’un cil, elle respirait doucement et les battements de son cœur étaient trop rythmés pour ne pas remarquer sa peur. Si on s’approchait plus, on pouvait voir que la silhouette était une jeune fille, tremblante mais surtout fragile, aussi fragile qu’une feuille. Ses mains étaient hésitantes, dans les mains une feuille, une plume usée et écorchée, les lèvres bleuies et le visage effacé. Elle aurait pu être ainsi pendant quelques minutes mais une légère brise glaciale vint couper ce moment vide et aussi intéressant que l’intérieur d’un défunt en décomposition. Ses dents claquèrent et des larmes coulèrent, on aurait pu croire que c’était anodin –« Bah oui, cette jeune fille elle traîne depuis quelques jours par là et elle pleure souvent. »- mais au contraire. Ses larmes étaient meurtrières, comme une lame assassine qui vous effleure doucement le cou avant de vous le trancher avec précision.

« Je ne sais pas vraiment pourquoi j’écris, je suis seule et je préfère le dire que le penser. Je sais bien que ça fait plusieurs jours que ça endure mais ma solitude me ronge de plus en plus, comme un cafard, comme une maladie qui vous ronge le cerveau, les moelles. Et puis, le manque de vie me donne des frissons. A chaque pas, à chaque souffle étranger, je suis sur mes gardes. J’ai si peur, je me sens piteuse et sans réel intérêt. Qui pourrait s’intéresser à quelqu’un comme moi, réellement ? Je ne sais pas. J’écrirai plusieurs fois « Je ne sais pas » sur ce papier déchiqueté puisque le doute m’emporte, je ne sais même plus ce que je dois être réellement. Ma vie est remplie d’erreurs, mon enfance trop heureuse et puis cette école magique, ma sœur défunte, mes pleurs, mon deuil, Aaron, Rose, personne n’est plus là. Mon cœur est parti en vadrouille faire le tour des personnes susceptibles de lui plaire mais il n’est plus dans ma cage thoracique. Je déteste tout ce qui peut bien s’appeler comme moi, je déteste ma personne et je n’ai qu’une envie : y mettre fin. Bien que le suicide ne me tente pas, je veux prendre un pastel multicolore et dire que j’aime cette vie, mais non je reste ici à rien faire. Rien faire pourrait être mon surnom ou insensible. Je deviens aussi fragile que cette feuille, maudite soit cette feuille … »

Sur le coup, Elise s’arrêta respirant un bon coup pour ne pas faire tomber quelques larmes sur cette feuille. Malheureusement, si la première puis la seconde et elle fit tomber le papier par terre, mettant ses bras autour de ses jambes sanglotant en silence. Le papier était quelque peu tâché mais tant pis, il n’était destiné à personne juste à elle-même. Non, elle allait le brûler. Elise prit sa baguette doucement, la sortant de sa poche trouée et elle voulut murmurer le sort de disparition quand elle eut cet affreux trou de mémoire, comme ce fameux trou de mémoire que l’on a lors d’un examen mais là ce n’en était pas un et pourquoi avait-elle aussi peur, à présent ? Elle allait devenir une sorte malade mentale, à chagriner pour rien.

Qu’est-ce qu’on fait quand on est aussi bêtes que moi ? Je crois que je vais aller à Sainte Mangouste dès que je trouve le moyen de partir pour me faire interner.

Un hululement parvint aux oreilles de la blonde et ses yeux bleu clair entourés de larmes séchées, virent sa bête de compagnie : Neige. Cela faisait quelques jours qu’elle ne l’avait pas vu. Son pelage blanc étincelant faisait le contraste avec les pierres cireuses de l’Impasse. Quand son regard océan rencontra celui de sa chouette, Elise sourit pour la première fois de la journée et soudain, la chouette attrapa son morceau de papier qu’elle avait complètement oublié.

- Neige ! Naaaan ! Rends-le moi ! NEIGE ! C’EST DESTINE A PERSONNE LE PAPIER ! cria Elise mais elle n’entendit que l’écho de sa petite voix.

A quelques coups d’ailes, elle était déjà rendue vers d’autres horizons… Mais ce qu’Elise ne savait pas c’est qu’en voyant un mulot, une chose à manger, Neige allait oublier le papier dans son bec et le lâcher directement vers un endroit très dangereux de Poudlard plus connu sous le nom de la Forêt Interdite.

Elise essayait désespérément de s’endormir, elle mit son oreiller sur ses oreilles, elle bougeait sans cesse essayant de chercher le sommeil mais rien ne put faire pour que les bras d’Orphée arrivent de la fenêtre, elle devait être de mauvaise humeur. Autant que Kévin la mettait en tout cas, Madame McMerry avait eu la fâcheuse idée de mettre une radio magique et depuis le souper, il ne mettait que du R&B moldu ou du rap, qu’importe c’était toujours la même chose et ça hurlait pour presque rien : horrible, en sorte.

- Fais taire cette chose !
- Mhh… formula t-il en pleine chanson.
- KEVIN ! Tu vas pas me faire chier, je suis crevée et j’en ai marre de ta m***e en barre ! Eteins cette foutue radio ou alors je la désintègre ! hurla t-elle dans la pièce mais personne ne pouvait l’entendre.

Et si Kévin avait baissé le volume, cela restait trop fort pour quelqu’un cherchant le sommeil. La petite pointa la baguette sur sa propre personne puis sur la radio et ce dernier, effrayé, arrêta de suite la radio. Elise lui fit un petit signe de remerciement avant de se remettre le coussin sur la tête pour ne pas entendre ses plaintes sur cette « Bouffone, Bouffondor ». La petite avait songé à sa lettre, si quelqu’un l’avait lu ou avait-elle été laissé à l’abandon dans le paysage de Poudlard ou alors de Londres, et là tout le monde saurait que c’était elle. Elise Shields en difficulté, tout le monde la connaissait. Même les plus pervers, elle était d’une gentillesse inouïe quand elle le voulait et ses textes avaient été donnés à beaucoup de personnes. Son cœur se serra autant que la griffe de son hibou agrippait un papier. Elise voulut redire toutes les méchancetés du monde à ce Kévin mais le bruit venait du carreau. La fenêtre de l’étage avait de la compagnie, on pouvait même entendre quelques battements d’ailes et des hululements de son animal de toujours : Neige.

Elise émit un petit cri de surprise et se leva, se précipitant avec sa couette vers le carreau mais on ne pouvait l’ouvrir. La petite maudit cette fenêtre d’une médiocrité extrême et murmura un « Alohomora » ce qui ouvrit la fenêtre avec un grincement à en faire mal aux dents. Neige était si contente de revoir sa propriétaire qu’elle tournoya autour d’elle, avec son présent. Elise lui arracha des pattes et elle caressa son plumage soyeux en s’excusant intérieurement de ne rien pouvoir lui donner à manger.

Après avoir lu maintes fois la lettre, le cœur de la petite chavira. Elle était vraiment touchée qu’on prenne autant d’attention à ses propos et surtout première fois depuis pas mal de temps : qu’on la comprenait. Cette personne était sûrement une personne sorcière ou alors moldue alors non, elle n’allait pas dévoiler son identité à Qui le veut bien. Elise allait rester toujours énigmatique et en jouer pour essayer de comprendre la personne qui était en face d’elle. Elise repartit avec sa couette –elle n’avait aucun habit pour la nuit- et s’assit sur le plancher assez poussiéreux. Shields murmura un faible « Lumos » pour avoir assez de lumière pour écrire et elle fouilla dans sa couette pour retrouver sa plume. Malheureusement, elle n’avait pas d’encre alors elle allait utiliser sa baguette, tant pis.

«
Cher inconnu,

Je ne peux cacher ma surprise et ma joie de votre réponse. Pour une fois, je dis bien pour une fois, qu’on ose s’intéresser à moi, à me répondre et surtout : me comprendre. C’est ce qui me touche le plus dans tes phrases, je crois. La compréhension est un atout pour une relation durable même les ennemis peuvent se comprendre, comprendre leurs torts et leurs raisons à ce mal causé l’un à l’autre alors ils se respecteront tout de même. J’ai trouvé un toit, sinon. Ce toit est des plus terribles que je n’ai encore jamais vu, de la poussière et des poils de chat en abondance. Ce n’est pas que je ne m’y plais pas, ça pourrait être supportable si le ménage était fait, si mon colocataire était respectueux des femmes et si j’avais des vêtements appropriés. Et toi, inconnu, que fais-tu ? Que ressens-tu en ce moment ? Je pense que tu es un sorcier mais d’où viens-tu… Parait-il qu’à Poudlard, les cours sont donnés par des Mangemorts sans cœur. Parait-il que c’est horrible.
Je te laisse mon colocataire grogne.
J’éteins ma baguette.


E. »

Après les grognements de Kévin –« c’est pas bientôt fini ton bordel ?! je remets ma radio ! »-, Elise murmura un « Nox » et elle s’endormir contre les lattes du plancher, trop flemmarde pour remonter dans son lit aussi confortable que si on dormait sur ce par terre. Ses yeux se fermèrent juste après avoir vu sa chouette lui donner quelques coups de becs, prendre le papier par les serres et repartir de là où elle venait. La fenêtre était restée entre ouverte et la nuit, malheureusement pour eux, allait être fraîche.



Elise avait signé un E pour dire l’Espoir mais pour aussi donner une piste sur son prénom sans qu’elle s’en aperçoive.